Magnus Chase et les Dieux d'Asgard
L'Épée de l'Été

Titre original :
Magnus Chase and the Gods of Asgard : The Sword of Summer
Éditeur :
Albin Michel (Collection Wiz)
Date de publication USA :
Le 02 mars 2016
Collection :
Magnus Chase et les Dieux d'Asgard
Auteur(s) :
Rick Riordan
Autre(s) Date(s) de Publication :
Disney•Hyperion (US) : Le 6 octobre 2015
Nombre de pages :
544

Le synopsis

Orphelin vivant dans les rue de Boston, Magnus Chase meurt et découvre qu'il est le fils d'un dieu viking. Rejoignant le camp d'entraînement des demi-dieux, il lui faut retrouver l'épée de son père et sauver le monde...

La critique

rédigée par

Magnus Chase et les Dieux d’Asgard : L’Épée de l’Été est le premier tome de la quatrième série de Rick Riordan située dans l’univers de Percy Jackson et qui met en scène les demi-dieux d’origine scandinave. Cette fois-ci, le récit se positionne du point de vue unique de son protagoniste éponyme.

Rick Riordan est l'un des auteurs de fantasy jeunesse et jeunes adultes les plus connus du monde occidental, ayant créé l'univers de Percy Jackson traduit dans quarante-deux langues et inspiré de la mythologie grecque. Son premier roman s'intitule pourtant Big Red Tequila et appartient à une autre série du genre policier nommée Tres Navarre. Au-delà de l'univers mythologique auquel l'immense majorité de ses romans appartiennent, il a coécrit la série The 39 Clues publiée chez Scholastic entre 2008 et 2016.

D’emblée, l’auteur parvient à incorporer efficacement cette nouvelle histoire à l’univers de Percy Jackson grâce au nom de famille du héros qui affiche son lien de parenté avec une héroïne bien connue, Annabeth Chase. Magnus est ainsi le cousin d’Annabeth, et il est d’ailleurs introduit à la fin de la série des Héros de l’Olympe (Disney•Hyperion (US), 2010-2014 ; Albin Michel (France), 2011-2015), lorsque cette dernière mentionne avoir un oncle et un cousin à Boston qu’elle n’a pas vus depuis longtemps. Aussi, à l’instar de la jeune fille, l’un des parents de Magnus est un dieu, cette fois-ci d’origine scandinave ou viking. Après s’être concentré sur les dieux grecs, égyptiens et romains, Rick Riordan a donc choisi les anciennes croyances du nord pour sa nouvelle série de romans.

À l’image de la culture viking connue pour sa poigne et sa relative férocité, le monde de Magnus est plus dangereux et violent que ceux précédemment développés par l’auteur, sans pour autant quitter le genre des romans jeunesse et jeunes adultes. La situation originelle du héros est aussi plus tragique que celle des protagonistes des autres séries en cela qu’il est orphelin et sans domicile fixe. L’auteur aborde plus en profondeur ces deux thématiques qu’il avait déjà effleurées et sensibilise les lecteurs à des personnes souvent beaucoup trop invisibles et incomprises par la société. Faisant écho à ces différents sujets, le sens de l’humour de Magnus, s’il peut être considéré comme sarcastique à l’instar de celui de Percy ou Léo, est plus sombre. Le personnage partage souvent avec le lectorat de durs souvenirs et des expériences qui lui ont conféré une perspective éprouvée et cocasse de la vie. Il est également un cambrioleur qui vole les riches par nécessité.

Continuant de développer la diversité culturelle dans ses romans, Riordan a inclus un personnage dont la lignée remonte à l’explorateur et ethnographe Ahmad ibn Fadlan du Xe siècle ayant vécu à la cour du Calife abbaside Al-Muqtadir : la Valkyrie Samirah al-Abbas. De confession musulmane, cette demi-déesse porte le foulard, ce qui rentre en conflit avec ses fonctions de valkyrie qu’elle cache à sa famille. Il s’agit d’un personnage-clé et fort qui va aider le héros dans ses aventures et dont le lectorat va partager les dilemmes personnels. Pour en revenir au calife, il est intéressant de noter que le nom de naissance de ce dernier était Ja`far, dont le règne a été assez catastrophique en raison d’incompétences, rappelant ainsi le Jafar d’Aladdin (1992) même si celui-ci reprend en réalité le nom du sorcier du conte des Milles et une Nuits, Aladin ou la Lampe Merveilleuse.

La culture viking étant le plus souvent représentée comme une civilisation violente comportant un style de vie très dur, les scènes décrites dans le livre sont plus violentes que dans les autres séries de Rick Riordan. Mais il faut noter qu’il s’agit là quelque peu d’un stéréotype, puisque que ce soient les Celtes, les Huns, les Grecs, les Romains ou les Angles, les autres civilisations n'étaient pas moins violentes dans leurs interactions avec les cultures étrangères. Cette idée vient sans doute des Britanniques qui ont été profondément marqués par l’invasion viking à partir du VIIe siècle, lesquels ont décimé les peuples germaniques qui avaient eux-mêmes combattus les Britons et les Britto-Romains après le départ des Romains.

Le monde de Magnus et le lieu de sa formation sont bien différents de celui du Camp des Sang-Mêlé et du Camp Jupiter présentés dans les autres romans, mais le but reste le même : apprendre et s’entraîner tout en se liant d’amitié avec des camarades de son âge. Dès le départ, l’auteur mentionne et joue avec les Neuf Mondes des anciennes croyances vikings qu’il adapte et décrit à merveille. Il intègre le monde de la vie après la mort très tôt dans l'histoire en comparaison avec les autres séries où, même s’il était présent, il semblait moins accessible. L’auteur pose des bases riches de façon efficace et complète, ce qui permet au lectorat de rapidement se familiariser avec cet univers évoluant en parallèle du monde des demi-dieux grecs, romains et égyptiens de Riordan.

La série s’inscrit dans la lignée des (Les) Chroniques de Kane (Disney•Hyperion (US), 2010-2012 ; Albin Michel (France), 2011-2013) en cela que l'histoire ne fait guère intervenir les héros de Percy Jackson (tout du moins dans ce premier tome), et seul le lien familial unissant Annabeth et Magnus est évoqué. Comme Les Chroniques de Kane, Magnus Chase et les Dieux d’Asgard est la seule autre trilogie de Rick Riordan, l'auteur étant plutôt coutumier des pentalogies. Le lectorat retrouve néanmoins dans le roman les concepts de base des séries de Riordan : les personnages sont de jeunes adultes demi-dieux qui suivent une formation dans un monde magique qu'ils ont récemment découvert et ils sont menacés par des antagonistes divins bien connus des anciennes croyances. En accomplissant des quêtes, ils grandissent, apprennent à se découvrir, à trouver leur place dans le monde et sauvent leur univers dont le centre est situé aux États-Unis. En réalité, c’est une recette qui fonctionne et dont le lectorat ne peut pas se lasser du fait de l’immense talent de Rick Riordan. En lisant cette nouvelle série, la seule question que le lectorat a en tête est la suivante : quelle sera la prochaine culture abordée par l’auteur, que le lecteur aura plaisir à (re)découvrir en sa compagnie ?

Les récits de l’auteur étant toujours assez manichéens, l’un des antagonistes principaux est bien sur Loki, lequel est ici trop diabolisé toutefois. Dans les croyances vikings, Loki est l’antagoniste, mais sous la forme d’un dieu « fripon » complexe ayant une relation difficile avec les autres dieux, et il n’est en aucun cas le mal incarné. Joanne Harris dans sa tétralogie des Rune Novels (publiée en Angleterre chez Gollancz entre 2014 et 2018 et dont seul le premier tome L’Évangile de Loki a été traduit pour la France chez Pannini Books en 2015), mettant en scène Loki comme personnage principal, en a d’ailleurs tracé un beau portrait, qui a marqué les esprits ces dernières années dans le domaine de la littérature fantasy pour jeunes adultes. Dans ce roman, l’auteure a su présenter l’histoire du dieu et les moments tragiques qu’elle comporte avec toutes les nuances de bien et de mal qui le constituent. Le parti pris de Rick Riordan ne dérange pas cependant outre mesure dans ce premier tome, étant donné qu’il s’agit là à l’instar des autres romans d’une interprétation libre des histoires polythéistes et la tendance manichéenne de l’auteur permet la création de récits dans la lignée des contes classiques.

Deux réels bémols demeurent toutefois dans ce premier ouvrage, à commencer par la trop grande quantité d’aventures et d’informations. Une pléthore de missions, de mondes, de nouvelles créatures se succèdent en effet, au point que le lecteur finit par se dire que le livre aurait peut-être mérité d’être scindé en deux. Et deuxièmement, la manière dont les animaux sont traités dans l'histoire surprend quelque peu de la part de l'auteur qui a habitué son public à tout autre chose.

Magnus Chase et les Dieux d’Asgard : L’Épée de l’Été est un excellent premier roman pour cette nouvelle série ambitieuse qui s’éloigne des sentiers battus tant au niveau culturel que de la situation originelle du personnage principal, du ton du récit et des héros bien connus des autres séries de Riordan. C'est donc un nouvel ouvrage qui ravira les amoureux de la plume de l’auteur.

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