Au Pays de la Berceuse

Au Pays de la Berceuse
L'écran titre
Titre original :
Lullaby Land
Production :
Walt Disney Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 19 août 1933
Genre :
Animation 2D
Réalisation :
Wilfred Jackson
Musique :
Franck Churchill
Leigh Harline
Durée :
8 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Un petit bébé et son chien en peluche vont se promener au pays des berceuses où le sol est fait de douces couvertures patchworks et les arbres dotés de hochets à la place des feuilles...

La critique

rédigée par
Publiée le 25 octobre 2017

Au Pays de la Berceuse est un cartoon assez typique des Silly Symphonies au premier abord mais qui s'avère, en grattant un peu, d'une belle richesse thématique dans ses paraboles.

Le court-métrage est librement inspiré des personnages et du ton des poèmes d'Eugene Field présent dans son recueil Love Songs of Childhood publié en 1894.
Né le 2 septembre 1850 à Saint-Louis dans le Missouri et décédé le 4 novembre 1895 à Chicago, Eugene Field est donc un écrivain américain connu pour ses poésies pour enfants et ses essais humoristiques. L'auteur inspirera ainsi les artistes Disney par trois fois, d'abord pour Au Pays de la Berceuse en 1933 puis  Au Pays des Étoiles en 1938 qui représente en quelques sortes une suite du premier court-métrage bien que spécifiquement basé sur le poème A Dutch Lullaby (Wynken, Blynken and Nod) et enfin également, un projet avorté, le cartoon Little Boy Blue.

Au Pays de la Berceuse mériterait à l'évidence d'être proposé en cours de psychologie. Les métaphores qu'empreintent, en effet, le court-métrage sont littéralement passionnantes. Il débute ainsi par une mère qui berce son bébé, son chant le plongeant au pays des rêves. La figure maternelle et féminine est donc ici synonyme d'imagination et de rêve à travers cette voix qui guide son petit dans un lieu magique. Le bébé arrive donc dans un pays où le sol est fait de coussins, les arbres sont des hochets et les fleurs du talc sans oublier son doudou, un chien en peluche, qui prend vie... En fait, ce pays ressemble beaucoup au Pays des Merveilles comme l'imagineront les artistes de Walt Disney dans le classique de 1951. De nombreux panneaux de signalisation indiquent, en effet, le nom de "Lullaby Land" mais pointent tous dans une direction différente. Le spectateur peut d'ailleurs bien se demander à qui sont destinées ces indications puisque le bébé ne sait évidemment pas lire. Peut-être sont-ils là pour les parents qui regardent ce cartoon "rêvé" pour mettre des mots sur ce que le bébé ressent lui-même...

Le court-métrage se poursuit ensuite par un défilé, pratique courante dans les dessins animées Disney de l'époque. Chaise haute, pot de chambre, biberon, épingle à nourrice, huile de castor, peigne et couche paradent, en effet, amusant là le bébé qui se met à les suivre. Il est possible à ce stade de se demander si le bambin apprécierait forcément ces objets synonymes de soins plus que de jeux. Le cartoon répond d'ailleurs à la question puisque son regard est tout de suite subjugué par un jardin délimité appelé "Forbidden Garden" (Jardin interdit en français). Là aussi, son entrée est entouré de panneaux conseillant de rester au dehors de ce lieu prohibé. Mais comment pourrait-il les comprendre puisqu'il ne sait pas lire ? Les parents qui assistent à ce rêve savent en revanche bien eux que le bébé court un grand danger. Ciseaux, couteaux, tire bouchons, allumettes... Des objets tranchants, brulants et coupants pullulent ici ! Il y a même un arbre à horloge dont les montres ne demandent qu'à être cassées grâce aux fleurs à marteaux placées juste à côté. En réalité, cet endroit cauchemardesque représente pour les parents toutes les peurs des accidents qui pourraient arriver au bébé. Le nouveau-né est, lui, au contraire, subjugué par ces choses interdites. C'est d'ailleurs la première fois dans le cartoon qu'il est actif plutôt que de subir l'action et de se laisser trimbaler d'un endroit à un autre.

Deux autres figures, assez opposées, vont alors servir à conclure le court-métrage. Le premier, ou plutôt les premiers puisqu'ils forment un trio, est le croque-mitaine. Le croque-mitaine est un personnage maléfique présenté aux enfants pour leur faire peur et ainsi les rendre plus sages. Il sert souvent à marquer les interdits vis-à-vis de moments ou de lieux considérés comme dangereux. Il apparait ici pour punir toutes les bêtises accomplis dans le jardin interdit. Pour y échapper, le bébé s'enfuit ainsi du lieu dangereux et tombe sur un second personnage, le marchand de sable. Il s'agit d'un vieux monsieur avec une longue barbe blanche, un chapeau pointu vert et un manteau bleu avec des étoiles jaunes. Ce dernier va l'endormir en lui lançant du sable dans les yeux. Il faut signaler que c'est ici la seule figure paternelle ou masculine de tout le court-métrage ! Et si la mère débutait le cartoon en stimulant son imagination, le père termine lui le récit et endort avec bienveillance le bébé tout en le ramenant à la réalité, sa chambre.

Au Pays de la Berceuse n'est pas avare en chansons. Il possède, il est vrai, trois comptines originales sur des paroles écrites par Larry Morey : Lullaby Land of Nowhere composeé par Franck Churchill, In the Land of Musn't Touch et Dance of the Bogey Man, toutes deux sur la musique de Leigh Harline. Trois autres berceuses, connues cette-fois, sont brièvement utilisées : Rock-a-Bye Baby, Peek-a-boo et Lullaby.

Au Pays de la Berceuse est un cartoon bien plus pour adulte qu'il n'y parait avec une représentation surréaliste de toute beauté. Le court-métrage est, en réalité, une représentation de ce que pourrait être le monde tel que le voit le bébé avec également toutes les visions adultes mêlant interdits et soins. Tout est ici présenté sous forme de jeu alors même que les jouets sont peu présents. Les figures parentales ont aussi un rôle central dans le récit portant un message que ne renierait pas Freud.

L'équipe du film

1907 • 1969
1901 • 1966

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