C'est la Faute de la Samba
Titre original : Blame it on the Samba Production : Walt Disney Animation Studios Date de sortie USA : Le 1er avril 1955 Série : Genre : Animation 2D |
Réalisation : Clyde Geronimi Ken Anderson Musique : Ray Gilbert Ernesto Nazareth Durée : 6 minutes |
Disponibilité(s) en France : |
Le synopsis
Chantée par les Dinning Sisters, cette séquence raconte l'apprentissage par Donald et José Carioca de la samba enseignée par l'Aracuan, accompagné à l'orgue par Ethel Smith. |
La critique
Le court-métrage, C'est la Faute de la Samba, est à l'origine partie intégrante du long-métrage d'animation, Mélodie Cocktail, sorti le 27 mai 1948.
Sa conception remonte, en fait, à 1941, année pendant laquelle les artistes Disney, formant El Grupo, se rendent en Amérique du Sud pour mieux s'imprégner du continent et imaginer des œuvres avec la matière alors récoltée. Ainsi, à l'origine, ils envisagent de réunir toutes les idées retenus dans une trilogie dont chacun des opus serait constitué de quatre cartoons reliés entre eux par des séquences "live" délivrant des informations sur les pays visités. Le premier film à voir le jour dans ce cadre est ainsi Saludos Amigos. Le second s'éloigne lui du concept qui lasse Walt Disney. Jugeant le format retenu trop étriqué, le Maître accorde, en effet, plus de libertés à ses animateurs, les invitant à le surprendre. La démarche prend des airs d'aubaine et permet l'aboutissement d'un nouveau chef d'œuvre : Les Trois Caballeros. Le troisième film de la « série » est, lui, imaginé, un temps, sous le titre de Carnival : il reprend le format du premier opus, contenant pas moins de quatre séquences axées, respectivement, sur Cuba, la Colombie, le Mexique et le Brésil. La seule survivant finalement au projet sera la brésilienne : rien d'étonnant à cela dans la mesure où le pays est le premier visité par El Grupo et sur lequel il a ramené le plus d'informations et de documents.
C'est la Faute de la Samba reprend, à la fois, les codes de Saludos Amigos (en particulier ceux de la séquence d'Aquarela do Brasil) et la folie visuelle des (Les) Trois Caballeros avec beaucoup de dessins suggestifs soulignant l'atmosphère et la musique. L'utilisation de notes de musiques de façon abstraite et du plongeon dans le verre met ainsi bien en exergue, l'ivresse (due à la danse et l'alcool) sans que jamais (joli tour de force) aucun intervenant ne soit pris en train de s'enivrer...
Le cartoon reprend également la marque de fabrique des (Les) Trois Caballeros : un mélange réussi de toons et d'acteurs aux premiers rangs desquels se trouve l'actrice Ethel Smith qui joue pour l'occasion du piano. Ethel Smith est, en effet, une organiste américaine qui s'est fait connaître de Walt Disney au Casino de Copacabana, où elle remplaçait Eddy Duchin et son orchestre lors du passage d'El Grupo à Rio de Janeiro. Sous le charme de la belle, le papa de Mickey lui propose bien vite de participer à l'un de ses films latino-américains. Des problèmes de plannings l'empêchent dans un premier temps de donner une suite favorable à la proposition ; le projet de collaboration se concrétisant finalement pour Mélodie Cocktail...
Coté musique, la chanson de la séquence C'est la Faute de La Samba est due à l'origine au compositeur brésilien, Ernesto Nazareth qui la signe sous le titre Apanhei-te, Cavaquinho. Walt Disney en acquiert les droits et en confie l'adaptation anglaise à Ray Gilbert. Devenu Blame it on the samba, l'air est alors interprétée par les Dinning Sisters tandis qu'Ethel Smith en joue une version instrumentale à l'orgue.
C'est la Faute de La Samba est aussi l'occasion de célébrer les retrouvailles de Donald et José Carioca, dans une relation proche de leur première rencontre (amis et bienveillants l'un vis-à-vis de l'autre) : oublié, en effet, le temps des (Les) Trois Caballeros où le perroquet brésilien avait tendance à taquiner le canard américain...
Donald retrouve d'ailleurs une autre connaissance rencontrée, elle, pour la toute première fois dans Les Trois Caballeros : l'Aracuan. Ce drôle de spécimen d'oiseau d'Amérique du Sud est un étrange volatile, vêtu d'une tenue rappelant un maillot de bain occidental du début du 20ème siècle, totalement déjanté, particulièrement envahissant et prompt à apparaitre aux quatre coins de l'écran, sans contrainte d'espace, de sens ou de logique. (Donald le retrouvera une nouvelle fois dans un cartoon de 1947, Le Clown de la Jungle). Les relations entre le canard et l'oiseau changent de nature à chaque rencontre : dans Les Trois Caballeros, ils n'interagissent pas ensemble ; dans le Clown de la Jungle, le premier embête le second ; dans C'est la Faute de la Samba, l'Aracuan est dans de meilleurs dispositions vis-à-vis de Donald puisqu'il entreprend de lui rendre sa bonne humeur...
C'est la Faute de la Samba présente enfin la particularité de
constituer la dernière apparition au cinéma de José Carioca et de l'Aracuan.
Le premier donnera toutefois rapidement de ses nouvelles, sur le petit écran
cette fois-ci, dans l'émissions
d'anthologie Walt Disney Presents pour l'épisode Les Deux Copains
puis celle intitulée Walt Disney's Wonderful World of Color pour
l'épisode Carnival Time, diffusés respectivement les 5 février 1960 et 4
mars 1962. Les deux personnages apparaitront de nouveau - mais bien plus tard -
au cours des années 1990/2000, dans les séries Mickey Mania
et Disney's Tous en Boite.
Jolie pépite, C'est la Faute de la Samba (Blame it on the Samba) renoue avec la folie visuelle et communicative des (Les) Trois Caballeros, mettant à l'honneur trois de ses personnages emblématiques, Donald, José Carioca et l'Aracuan. Un divertissement rythmé et coloré, assuré !