Titre original :
Noelle
Production :
Walt Disney Pictures
Date de mise en ligne USA :
Le 12 novembre 2019 (Disney+)
Genre :
Comédie
Réalisation :
Marc Lawrence
Musique :
Cody Fitzgerald
Clyde Lawrence
Durée :
100 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Noëlle, la fille de Kris Kringle, emplie d’esprit de Noël, souhaite trouver sa place et notamment pouvoir faire quelque chose d’important dans sa vie, comme son frère bien-aimé, Nick, qui, lui, est appelé par tradition séculaire à succéder à leur père, le grand et merveilleux Père Noël. Aussi, quand Nick, empreint de doutes, est sur le point de s'effondrer sous l’effet de la pression qui pèse sur ses épaules, Noëlle lui suggère de faire une pause le temps d'un week-end. S'il écoute sa sœur et part décompresser, il ne rentre pas après les deux jours convenus...

La critique

rédigée par
Publiée le 01 décembre 2019

Noëlle est une petite comédie de Noël comme le label Disney n'en avait pas fait depuis plus de dix ans.

Le label Disney a pourtant longtemps proposé des films à prises de vues réelles tournant autour des fêtes de Noël. Le plus ancien, Un Drôle de Noël, remonte ainsi à 1985. Il est suivi par le cultissime Noël Chez les Muppets en 1992 avec les fameuses marionnettes ; enchaînant ensuite par le non moins célèbre Super Noël en 1994 avec l'acteur Tim Allen au début de sa gloire. Par la suite, il viendra l'anecdotique Sacré Père Noël (1998) avec Jonathan Taylor Thomas puis les deux suites de Super Noël, Hyper Noël (2002) et Super Noël Méga Givré (2006). Le label Disney ne sort alors plus de films de Noël au cinéma mais continue à en proposer directement en vidéo avec la saga des Copains (Air Buddies en anglais) et ses dérivés : Les Copains Fêtent Noël : La Légende de Chien Noël (2009), La Mission de Chien Noël (2010) et Les Chiots Noël : La Relève est Arrivée (2012).

Le projet de Noëlle est, quant à lui, annoncé par Disney au début de l'année 2017 avec pour titre provisoire Nicole. Le tournage commence neuf mois plus tard et se termine près d'un an après que le film eut fait parler de lui. Il est d'ailleurs prévu à l'origine pour sortir au cinéma avec une date d'arrivée en salles fixée au 8 novembre 2019. Il s'agit alors du premier film de Noël devant se voir proposé au cinéma depuis Super Noël Méga Givré en 2006. Mais en mars 2018, soit deux mois après la fin du tournage, il est retiré du line-up tandis qu'il est annoncé qu'il sera proposé en exclusivité, sous le titre Noëlle, sur la nouvelle plateforme que The Walt Disney Company veut lancer : Disney+.

L'ouverture historique le 12 novembre 2019 de Disney+, une plateforme de service de vidéo à la demande par abonnement créée par The Walt Disney Company, est, en effet, un tournant aussi stratégique qu'historique pour le studio aux grandes oreilles. Actant le nouveau comportement des (télé)spectateurs qui délaissent la télévision linéaire pour un nouveau type de consommation de flux audiovisuel, Disney+ a alors deux objectifs. D'une part, elle remplacera à terme les sorties en vidéo des films cinéma sur support physique dont le grand public s'est détourné, préférant en majorité l'achat en digitalisé. D'autre part, elle permettra à Disney de revenir sur des genres de films qu'il avait déserté en salles faute de succès ou d'appétit suffisant des spectateurs.

Les films à petit budget, prévus un temps pour le cinéma comme Noëlle, sont finalement réorientés pour une sortie directement sur la plateforme. Le choix est compréhensible car le public préfère malheureusement se déplacer en salles de plus en plus pour des franchises qu'il connaît bien. Les studios Disney se contentent alors de lancer au cinéma uniquement des films à gros budgets, certes aux risques plus importants mais aux retours sur investissement conséquents. Le problème de cette politique est que le label Disney s'est concentré sur un seul type de films, délaissant des genres qui faisaient la part belle de son catalogue au cinéma les décennies précédentes : la comédie, les films d'adolescents, les films sportifs ou les aventures humaines. Disney+ permet donc au label de proposer de nouveau des longs-métrages moins ambitieux mais plus variés. Chose notable, Noëlle et Togo : The Untold True Story (lui aussi réservé à Disney+) sont les SEULS films originaux, c'est-à-dire qui ne sont pas une suite ou un remake, de l'année 2019 du label Disney, Pixar inclus.

Noëlle est, à l'arrivée, un film sympathique et inoffensif de Noël avec ce qu'il faut de lutins, de neige, de bons sentiments et de Pôle Nord. Il possède quelques bons ingrédients comme par exemple cette chasse au Père Noël qui a fait un burn out ou encore son remplaçant un peu geek et informaticien qui a automatisé des tâches manuelles qui nécessitent plutôt émotions et empathies. D'autres idées sont vues et revues comme celle du père divorcé qui cherche à être un parent exemplaire face à son garçon qui ne désire qu'une chose : sa présence pour les fêtes. Et il y a bien sûr l'avalanche de bons sentiments indispensables à ce genre de production, notamment avec cette jeune fille mal-entendante qui pense plus à sa mère sans emploi qu'à son bien-être. Cette petite morale est rentrée au chausse-pied mais s'avère tout de même efficace, réussissant à attendrir le spectateur.

Mais la vraie thématique du film repose surtout sur la fille du Père Noël qui donne son nom au film. Elle cherche, en effet, sa place dans l'entreprise familiale qui se transmet depuis des générations de père en fils. Mais voilà, lors de la dernière descendance, le fils qui est censé reprendre les "rennes" de l'affaire de famille ne s'avère pas du tout intéressé par le job mais, surtout, n'a pas les qualités requises pour devenir le Père Noël. C'est bien simple, il déteste le concept. Inversement, sa sœur semble avoir l'enthousiasme et l'esprit nécessaire pour comprendre et appréhender ce qu'est Noël. Mais des traditions séculaires l'empêchent même d'envisager une seconde de reprendre le rôle de son père. Bien sûr, les plus grincheux verront dans le message du film une conséquence poussive du mouvement #MeToo alors même que Noëlle arrive pourtant à proposer une réflexion intéressante sur le fait qu'un "travail" ou une "tradition" devrait être offert à n'importe qui en a envie ou en a la capacité, et ce sans aucune distinction mis à part son talent et sa motivation. Cette jolie morale est d'ailleurs à l'origine de l'un des meilleurs moments du film lors d'un discours particulièrement touchant et émouvant autour de la fin de l'opus.

Malgré ses quelques atouts, Noëlle est toutefois loin d'être parfait. Son humour tombe tout d'abord souvent à plat. L'idée de transformer Nick, héritier du Père Noël, en prof de yoga ne fonctionne notamment pas du tout. Étonnamment, il rend le personnage un peu antipathique et énervant. Mais de façon générale, toutes les scènes à Phoenix sont poussives. Dans ce genre de comédie, le ressort comique repose en effet sur les actions décalées des personnages qui ne se trouvent pas à leur place. Mais, même si Noëlle semble un peu naïve et innocente, le contraste n'est pas assez marqué pour provoquer le rire. L'autre problème est que ce genre de situations cocasses dans des films de Noël a déjà été vu et revu, et souvent en mieux. Si la partie terrestre déclenche à peine le sourire, la partie au Pôle Nord ne fait, elle, qu'effleurer l'émerveillement. Le pays du Père Noël n'est ici ni très magique, ni vraiment dépaysant. Il ne donne pas envie de le visiter, ne permettant ainsi pas de se désoler du départ du jeune Père Noël puisqu'au final, le spectateur a plutôt tendance à être d'accord avec Nick : le Pôle Nord ne vaut pas vraiment la peine d'y rester...

Les décors et les effets spéciaux sont eux aussi plutôt moyens. Les habitations du Pôle Nord comme la fabrique du Père Noël sont notamment quelconques. Le réalisateur n'arrive en réalité pas à faire ressortir le charme et la chaleur de décors réels en plateau ou en plein air et se contente d'offrir un air de déjà vu sans imagination. Les effets spéciaux peuvent être certes parfois sympathiques, notamment toutes les scènes avec le traîneau, mais demeurent dans l'ensemble plus que discutables. Le bébé renne montre qu'il est clairement fait en CGI tandis que son incrustation n'est pas des plus réussie ; son côté factice sur écran vert ressortant souvent.

Le casting de Noëlle brille quant à lui principalement grâce à son rôle-titre.
L'actrice Anna Kendrick, connue chez Disney pour avoir joué Cendrillon dans la comédie musicale Into The Woods : Promenons-Nous Dans les Bois, est tout simplement une fille du Père Noël radieuse, aussi charmante que pleine de vie et d'optimisme. Elle illumine toutes les scènes auxquelles elle participe et constitue clairement l'atout du film. Elle arrive parfaitement à faire passer l'émotion alors que son rôle, plutôt mal écrit, l'entraînerait à sombrer dans la niaiserie. Au contraire, elle arrive à rendre son personnage aussi sincère que déterminée.
Malheureusement, Bill Hader, l'humoriste qui s'est fait connaître grâce au Saturday Night Live, a été la voix de Colère dans Vice-Versa et a récemment brillé dans le rôle de Richie Tozier dans Ça : Chapitre 2, s'avère ici plutôt décevant. C'est bien simple : il n'arrive jamais à rendre son personnage de Père Noël dépressif et stressé, attachant ou drôle. Même quand il se transforme en professeur de yoga, la sauce ne prend vraiment jamais, comme s'il ne croyait pas lui-même à ce qu'il joue.
Parmi les autres personnages, il sera noté Polly, jouée par Shirley MacLaine, une elfe de maison grognonne et râleuse, là encore pas très sympathique. Plus attachant est sûrement le personnage de Jake Hapman, un père divorcé maladroit avec son garçon interprété par Kingsley Ben-Adir. L'intervenant le plus drôle reste peut-être Gabriel Kringle dont le rôle est tenu par Billy Eichner qui a prêté sa voix à Timon dans le remake du (Le) Roi Lion. Ici, le cousin de Nick et Noëlle est, en effet, un geek informaticien disposant d'autant d'empathie qu'un disque dur...

Au final, Noëlle est un film Disney typique de la saison comme le label en sortait dans les années 90 : mais voilà, les spectateurs ne se déplacent plus dans les salles pour découvrir ce genre de récit. Rien d'étonnant dès lors à voir le studio décider de le proposer directement sur la nouvelle plateforme de streaming Disney+.

S'il manque à l'évidence de drôlerie et de magie, Noëlle n'en demeure pas moins, au final, globalement sympathique, porté qu'il est par un joli message, un bel esprit de Noël et une Anna Kendrick décidément pleine de fraîcheur.

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