Titre original :
Inside Out
Production :
Pixar Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 19 juin 2015
Genre :
Animation 3D
IMAX
3-D
Réalisation :
Pete Docter
Ronaldo Del Carmen
Musique :
Michael Giacchino
Durée :
94 minutes
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Cinq Émotions sont à leur poste au Quartier Général, le centre nevralgique situé dans la tête de la petite Riley, 11 ans. Ainsi, Joie, débordante d'optimisme et de bonne humeur, veille à ce que l'adolescente soit heureuse. Peur, anxieux et timoré, se charge lui de sa sécurité. Colère, le bougon de service, cherche pour sa part à ce que la justice règne. Dégoût, quant à elle, empêche Riley de se faire empoisonner la vie - au sens propre comme au figuré. Enfin, Tristesse, elle-même, n'est pas très sûre de son rôle. (En y regardant de plus près, les quatre autres non plus, d'ailleurs !). Mais voilà, Joie et Tristesse se perdent accidentellement dans les recoins les plus éloignés de l'esprit de Riley, emportant avec elles certains souvenirs essentiels : Peur, Colère et Dégoût sont alors obligés de prendre le relai...

La critique

rédigée par
Publiée le 20 mai 2015

Vice-Versa est assurément la nouvelle pépite de Pixar. Après deux opus décevants (Cars 2, Rebelle) et un sympathique (Monstres Academy), le studio à la lampe revient au meilleur de sa forme avec le film le plus inventif de son catalogue. En essayant de décortiquer les rouages de l'esprit, Pete Docter, le réalisateur de Monstres & Cie et de Là-Haut livre, en effet, un véritable travail d'orfèvre. Dans une démarche pseudo-médicale, il joue au psychologue qui, en terrain soi-disant connu, explorerait les recoins de l'esprit, donnant de fait à son récit un côté adulte comme jamais auparavant chez Pixar. Pourtant, et il y a là un véritable tour de force, l'imagerie choisie pour représenter les émotions - des concepts au final très abstraits -, reprend les codes de l'animation la plus enfantine de par la simplicité même des situations et les couleurs chatoyantes retenues. Voici la grande force de Vice-Versa : proposer un film qui parle à tout le monde grâce à des strates aussi intelligentes que nombreuses. L'esprit de tout un chacun n'est-il pas au final connu de tous mais aussi le plus grand mystère qui n'ait jamais existé ? Le voyage que propose Pixar permet donc d'emmener les spectateurs sur des terrains connus mais aussi de visiter une contrée inexplorée : ses propres souvenirs et émotions ! Dès lors et à n'en pas douter, Vice-Versa est du Grand Pixar. Pourtant, malgré ses belles et nombreuses qualités, il lui manque un petit quelque chose pour le hisser au sommet des autres chefs d'œuvre du studio. Brainstorming.

Vice-Versa doit tout à son réalisateur, Pete Docter.
Devenu en quelques années seulement un des piliers de Pixar, il a, somme toute, une jeune carrière derrière lui. Il se découvre dès l'âge de huit ans une vraie passion pour l'animation et réalise alors ses premiers « flipbooks ». Il étudie par la suite au California Institute of the Arts - CalArts à Valencia, en Californie, une école fondée par Walt Disney lui-même, où il signe plusieurs films d'étudiants dont Winter, Palm Springs. Son projet de fin d'études, Next Door, est logiquement primé aux "Oscars des Ecoles". Diplôme en main, Pete Docter se consacre d'abord à l'animation 2D dans plusieurs studios prestigieux dont celui de The Walt Disney Company. Les débuts de sa collaboration avec Pixar remontent en fait à 1990. Il commence d'abord par animer et réaliser des films publicitaires, puis, aux côtés de John Lasseter et d'Andrew Stanton, développe l'histoire et les personnages de Toy Story, le tout premier long-métrage animé entièrement réalisé en images de synthèse et le premier "Pixar" de l'histoire du cinéma. Il en assurera finalement la supervision de l'animation. Il travaille ensuite sur le scénario de Toy Story 2 et le storyboard de 1001 Pattes (a bug's life). Sorti renforcé de cette collaboration, il a la chance d'être le premier artiste à succéder à John Lasseter en tant que réalisateur d'un film Pixar. Pete Docter fait ainsi ses débuts avec Monstres & Cie, nommé à l'Oscar du meilleur film d'animation et qui reste, aujourd'hui encore, une des œuvres les plus poétiques du studio. Il contribue également au développement de l'histoire de WALL•E, lui valant une nomination à l'Oscar du meilleur scénario original. Là-Haut devient ensuite sa deuxième réalisation de long-métrage qu'il partage toutefois avec un co-réalisateur en la personne de Bob Peterson, faisant l'ouverture du Festival de Cannes, nommé pour l'Oscar du Meilleur Film et remportant l'Oscar du Meilleur Film d'Animation. Il replonge une troisième fois dans la réalisation avec Vice-Versa, conjointement avec Ronaldo Del Carmen. Là, Pete Docter est aussi à l'origine de l'idée et le scénariste. Vice-Versa est clairement son film de A à Z.

Pete Docter en trouve l'inspiration chez sa fille qui avait notamment fait la voix de la jeune Ellie, la fillette pleine de vie dont Karl tombe amoureux dans Là-Haut. A la fin de la production, la fille du réalisateur a, en effet, désormais onze ans et se révèle plus calme, renfermée et silencieuse. En tant que père, le réalisateur se demande alors ce qu'il se passe dans son esprit et notamment ce qu'elle pense ; puis il se rappelle comment sa propre adolescence a été un moment de grands changements. Le point de départ de Vice-Versa est trouvé tandis que le vrai coup d'accélérateur vient de la décision de personnaliser les émotions.

Pour les trentenaires français, le concept de personnification de ce qui passe à l'intérieur d'un corps n'a rien de très nouveau. Beaucoup se souviennent, en effet, de la série, Il Était une Fois... la Vie créée par Albert Barillé et représentant cellules, globules blancs et autres parties du corps, dont le cerveau. Même si le principe de base semble le même, il y a néanmoins une grosse différence par rapport à Vice-Versa. Pete Docter a eu, il est vrai, l'envie d'explorer non pas le cerveau en tant qu'organe mais bien le côté abstrait de l'esprit avec le mécanisme de la pensée, des souvenirs et des sentiments. En ce sens, Vice-Versa se rapproche plus d'une œuvre patrimoniale de The Walt Disney Company dont Pixar est justement la filiale. Dès 1943, le cartoon Raison et Émotion montre, de la sorte, visuellement comment les émotions et la raison pilotent chaque être humain. Cette idée de personnifications des émotions sera d'ailleurs reprise une autre fois chez Disney : en 1989 dans l'attraction, désormais fermée, Cranium Command située alors dans le pavillon Wonders of Life de Future World à Epcot à Walt Disney World en Floride.

La première et grande force de Vice-Versa est assurément son univers non seulement dense et foisonnant mais aussi inventif et intelligent. Il s'agit là du film le plus riche conceptuellement parlant des studios Pixar ; encore plus que Monstres & Cie, Toy Story ou WALL•E. La représentation qui y est faite d'une chose aussi abstraite que l'esprit avec ses mécanismes et ses rouages est tout bonnement impressionnante. Parce que c'est une véritable exploration des concepts de l'esprit que proposent les artistes Pixar. En plus des cinq émotions de bases (la joie, la tristesse, la peur, le dégoût et la colère), de nombreuses idées aussi extraordinaires les unes que les autres défilent, en effet, devant les yeux ébahis des spectateurs. Les lieux sont extraordinaires comme le Quartier Cérébral, centre de contrôle des émotions et de stockage des souvenirs récents. Mais de nombreuses autres trouvailles sont également présentes comme le Dépôt des Souvenirs, le Stockage de la Mémoire à long terme, la Production des Rêves, le Pays de l'Imagination, le Subconscient, la Pensée Abstraite, le Train de la Pensée, les Îles de la Personnalité ou l'Ami Imaginaire. Autant d'idées formidablement mises en image qui font du film un outil indispensable à n'importe quel professeur de psychologie humaine.

D'ailleurs l'aspect psychologique du récit fait de Vice-Versa le film plus adulte jamais réalisé par les studios Pixar. Ce n'est pas moins qu'un propos sur le psychisme et la manière dont les émotions fonctionnent qui attend le spectateur. L'idée d'alterner le monde de l'esprit avec celui de la réalité permet ainsi de voir l'interaction des émotions entre elles et comment elles influencent sur le comportement de tout un chacun, en se basant ici sur une petite fille. De nombreux concepts sont aussi montrés comme par exemple, la présence d'une émotion dominante qui définit la personnalité principale avec les quatre autres gravitant autour d'elle, l'ensemble formant alors toute la subtilité de la personne. Dans le film, Riley a la Joie comme émotion principale tandis que sa mère repose sur la Tristesse et son père sur la Colère. L'autre source d'analyse et de réflexion de Vice-Versa provient de l'époque où se déroule l'action ; à savoir, les onze ans de Riley. La fillette entre, en effet, dans la préadolescente en vivant, en plus, une expérience potentiellement traumatisante : un déménagement de sa campagne enneigée du Minnesota pour la grande ville californienne de San Francisco. D'ailleurs, il sera noté que, pour une fois, la cité du Golden Gate n'est pas dépeinte comme une ville idéale. Elle a un côté extrêmement réaliste en particulier dans son côté sâle, loin des visions de cartes postales. Le fait de creuser la psychologie de l'adolescente parlera forcément aux parents qui reconnaitront les réactions de leur propre progéniture mais également aux différents adultes via la restitution des souvenirs de Riley qui a de quoi prendre chacun aux tripes et faire remonter une grosse dose de nostalgie. Car Vice-Versa raconte tout simplement le fait de grandir, de quitter la petite enfance pour l'adolescence et la façon d'appréhender ces étapes de vie avec ses émotions.

Fort heureusement, malgré son propos extrêmement mature, le film n'oublie pas pour autant les enfants. De part son visuel, Vice-Versa est déjà l'opus aux couleurs et au ton les plus enfantins jamais fait par le studio Pixar, en tout cas pour tout ce qui concerne le visuel de l'esprit. Etrangement, un air de Dumbo se dégage dans certaines scènes, en particulier le Pays de l'Imagination. Tout est ici coloré et imagé en proposant un univers d'une richesse incroyable mais à la représentation la plus limpide qui soit. Il est étonnant de voir des éléments si complexes aller pourtant naturellement de soi, et ce pendant toute la durée de l'aventure. Il n'y a aucune fausse note artistique. Que cela soit les interactions entre l'esprit et la réalité mais aussi le voyage dans les tréfonds des pensées de Riley : tout est beau, chatoyant et doux. Que dire, par exemple, de l'apparence du Pays de l'Imagination façon parc à thèmes ou de la représentation de la Production des Rêves aux airs de studio hollywoodien, si ce n'est qu'elles sont fabuleuses ? La mécanique narrative qui consiste en un passage de monde en monde n'a toutefois rien de vraiment innovant : il a déjà été vu, notamment récemment, chez Disney dans Les Mondes de Ralph (2012) ou chez Warner dans La Grande Aventure Lego (2014). Pour autant, Vice-Versa propose un incroyable voyage, visuellement impressionnant. Les enfants s'approprieront tout de suite cet univers. De plus, son aspect de cocon est rehaussé par l'apparence tout douce des personnages. Sorte de conglomérat d'énergie, les cinq émotions ressemblent, en effet, à des personnages en mousses qui voudraient être câlinés. De par leurs couleurs caractéristiques, ils sont forcément reconnaissables avec le jaune ensoleillé de la joie, le vert de brocoli du dégoût, le rouge de colère, le violet de la peur ou le bleu de la tristesse.

Les personnages du monde l'esprit sont parfaitement bien définis dans leurs caractéristiques et leurs différenciations.
Depuis toujours, Joie veille à ce que Riley soit heureuse en permanence. Optimiste, pleine de bonne humeur et d'énergie, elle est décidée à voir le bon côté des choses, quelle que soit la situation. C'est Joie qui est l'émotion en chef dans l'esprit de Riley même si elle a besoin, comme la petite fille, de grandir et de voir la vie sous un autre point de vue. Charlotte Le Bon (Les Recettes du Bonheur) a été choisie pour doubler le personnage tandis que sa voix anglaise est tenue par Amy Poehler.
Dégoût (Mélanie Laurent en français, Mindy Kaling en anglais) a, elle, des idées bien arrêtées : d'une franchise absolue, elle empêche Riley de se faire empoisonner la vie, au sens propre comme au figuré. Elle scrute avec attention les gens, les lieux et les choses qui entrent en contact avec la fillette allant des brocolis à la mode vestimentaire de l'an passé.
Colère (Gilles Lellouche en français, Lewis Black en anglais) tient à s'assurer que Riley soit traitée de façon équitable. Cet impétueux n'hésite pas un instant à littéralement exploser quand tout ne se passe pas comme prévu. Il a tendance à surréagir sur tout et a n'avoir aucune patience vis-à-vis des petits tracas et autres imperfections de la vie.
La mission principale de Peur (Pierre Niney en français, Bill Hader en anglais) est de protéger Riley en veillant à sa sécurité. Vigilant, il est à l'affut des catastrophes potentielles et passe son temps à évaluer les dangers, les pièges et les risques que comportent chacune des activités quotidiennes de la petite fille.
Enfin, aucune des autres émotions ne comprend réellement le rôle de Tristesse (Marilou Berry en français, Phyllis Smith en anglais). Elle aimerait bien être plus optimiste et plus utile au bonheur de Riley, mais elle a énormément de mal à se montrer positive. Parfois, il est plus facile pour elle  - et pour les autres ! - de renoncer, se coucher et attendre que le temps passe...
Les personnages du monde réel sont, quant à eux, beaucoup moins nombreux. Il y a évidemment la mère de Riley qui essaye d'être toujours à l'écoute de sa fille et son père qui va tout faire pour rendre le déménagement le plus positif possible. Ce dernier, qui adore sa famille, le hockey et les prises de risque, n'a en effet pas hésité une seconde à venir s'installer à San Francisco pour son travail. Et puis, enfin, il y a Riley. Mais est-ce réellement un personnage ou plutôt le décor des émotions de son esprit ? C'est là, le questionnement de tout le film...

S'il y a bien une chose que Vice-Versa réussit particulièrement, c'est l'humour. Chacune des cinq émotions provoquent, il est vrai, rire et sourire en apportant son lot de drôlerie par ses gestuels, actions ou dialogues avec, par exemple, Colère qui voit sa tête explosée comme un volcan à la façon de Hadès ou Tristesse qui se morfond tout le temps. Et c'est encore plus drôle dans les rares scènes où les émotions sont dépeintes dans une autre tête que celle de Riley comme celle du père ou de la mère. En particulier, il est fortement conseillé de rester pendant le générique où Pixar revient à une pratique que le studio affectionnait pendant ses premiers films : faire rire le spectateur à la fin de la séance. Mais l'humour est aussi présent de façon plus subtile dans la représentation que font les artistes de Pixar des différents éléments de l'esprit que cela soit les rêves, l'imagination ou même la pensée l'abstraite dont la séquence est particulièrement hilarante mais aussi incroyablement bien rendue au niveau de l'animation.
Il faut dire que cette dernière, comme dans tous les Pixar, est tout bonnement splendide même s'il avait été étonnant d'en attendre moins de la part du studio pionnier de l'animation par ordinateur. Un gros travail a ainsi été fait en particulier sur la lumière et les textures ; et ce, aussi bien dans le pays imaginaire avec un côté très enfantin et sucré que dans la réalité avec un rendu presque réaliste à la façon du cartoon, Le Parapluie Bleu. Enfin, les couleurs sont aussi splendides donnant à l'ensemble un visuel réellement attrayant et tout simplement beau.

Comme sur Là-Haut, Pete Docter fait appel à Michael Giacchino pour la musique. Et bien lui en a pris tant la partition est belle ! La musique sait, en effet, se rendre entêtante tout en étant variée en fonction des lieus rencontrés. Elle devient en outre somptueuse dans le dernier acte : envoutante et émouvante à souhait, elle souligne alors parfaitement l'action.

Après cinq ans de vache maigre, Vice-Versa offre aux studios Pixar de retrouver les faveurs de la Critique. Présenté le 18 mai 2015 en sélection officielle, hors compétition, lors du 68ème Festival de Cannes, le film reçoit, il est vrai, une standing ovation. Nombreux sont alors les observateurs à le considérer comme le meilleur de Pixar usant de superlatifs dans des papiers plus dithyrambiques les uns que les autres. Certains journalistes ont même estimé que Vice-Versa était le meilleur film de la sélection et qu'il aurait dû concourir pour un prix, accusant de la sorte la direction du Festival de snober les films d'animation. Cette dernière remarque n'est d'ailleurs pas dénuée de fondement tant dans l'esprit de certains festivaliers, les films d'animation sont des sous-genres destiné à un public familial supposé être moins exigeant...

Si Vice-Versa connait une véritable et légitime pluie de louanges, elle ne peut toutefois pas masquer qu'il lui manque un petit quelque chose. Le film - superbe - est certes très intelligent et conceptualise à merveille les émotions. C'est dit ! Néanmoins, en personnifiant ces dites émotions et en en faisant les personnages principaux  (Riley n'étant au final que le « décor » de l'action), l'opus prend le risque d'une outrance segmentante et d'une linéarité pesante. Par définition, une émotion est, en effet, linéaire et unique et va donc avoir du mal à changer au cours du récit. Certes, elle va apprendre et évoluer mais elle reste globalement la même (Sauf une, précisément, dont la réaction à un moment du long-métrage s'éloigne à quatre-vingt-dix degrés de ce qu'elle est intrinsèquement et donc sonne faux.) Aussi drôles et amusants que peuvent être les cinq personnages-émotions, ils ne sont pas attachants à proprement parler plombés qu'ils sont par leur côté caricatural venu de leur nature mono-émotionnelle. Même Joie, avec son optimisme à tout crin peut finir par être agaçante à toujours être sur une pile électrique. Et la remarque se fait encore plus flagrante quand Joie et Tristesse rencontrent un personnage secret qui a, lui, plusieurs panoplies de sentiments. Il est en fait le seul à parvenir à se rendre totalement attachant mais n'est, malheureusement, qu'un personnage secondaire, simple compagnon de voyage.
L'autre personnage qui touche au cœur des spectateurs est bien sûr Riley mais comme elle n'est, au final, qu'un environnement pour ses émotions, son aura est entravé. Chaque fois qu'elle réagit, un aller-retour se fait entre la réalité et son esprit : ce procédé, nécessaire pour montrer le fonctionnement des émotions, coupe alors la scène de sa force dramatique pour se consacrer sur le comique, la plupart du temps. La fin du film est en revanche parfaite, réussissant enfin à connecter le public à la fillette.

Autre bémol, Vice-Versa a tendance à s'adresser principalement aux adultes. Certes, le monde coloré et les personnages aux formes géométriques accrocheront les enfants mais comprendront-ils vraiment la conceptualisation du psychisme ? De même, pour les adolescents de l'âge de Riley, il y a un côté traumatisant à voir le passage de l'enfance à l'âge adulte avec des pans entiers de la personnalité qui s'effondrent littéralement. Le film, en représentant les tréfonds de la conscience et de l'inconscience, est somme toute réellement effrayant quand il décrit le surmoi de chacun, celui dont personne n'a conscience. Enfin, certains spectateurs auront l'impression de sortir d'une séance de psychothérapie pendant laquelle toutes leurs émotions ont été décortiquées. Car Vice-Versa explique trop les émotions et ne laisse pas ses personnages retranscrire, par leurs simples gestes, regards, silences, ce qu'ils ressentent. Il manque au film des scènes fortes où le spectateur pleure à chaudes larmes comme par exemple lorsqu'une petite fille câline son meilleur ami monstre qu'elle ne reverra plus jamais ; lorsque la vie d'un vieil homme défile ; lorsqu'un robot tombe amoureux et attend le reveil de sa douce ; lorsqu'une bande de jouets, piégés dans un incinérateur, se dit au revoir du regard ou encore lorsqu'un critique gastronomique retrouve le goût de la ratatouille de son enfance... En fait, même s'il se déroule dans l'esprit, Vice-Versa s'avère trop cérébral et oublie que les émotions viennent du cœur !

Vice-Versa se situe objectivement dans le haut du panier des studios Pixar aux cotés de Monstres & Cie, Ratatouille, WALL•E, Là-Haut et Toy Story 3. Il fait largement oublié les films décevants qui le précèdent au catalogue (Cars 2 et Rebelle). L'opus est, il est vrai, d'une intelligence rare arrivant à conceptualiser des notions aussi abstraites que les émotions, les rêves, les souvenirs, et ce, d'une façon aussi fine que superbe. Chaque plan est une invitation au voyage alors que la destination est pourtant l'esprit d'une adolescente. En cela, Vice-Versa est un véritable tour de force. L'humour est omniprésent et l'émotion parfaitement calibrée. Un peu trop peut-être... A trop décortiquer les sentiments, le film perd, en effet, toute spontanéité. Vice-Versa est comme le jeu des émotions : indispensable mais imparfait !

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