Les Recettes du Bonheur

Titre original :
The Hundred-Foot Journey
Production :
DreamWorks Pictures
Date de sortie USA :
Le 08 août 2014
Distribution :
Touchstone Pictures
Genre :
Comédie dramatique
Réalisation :
Lasse Hallström
Musique :
A.R. Rahman
Durée :
123 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Hassan Kadam a un don inné pour la cuisine : il possède le fameux « goût absolu »... Emigrant d’Inde avec sa famille, il s'installe dans le sud de la France, dans le paisible petit village de Saint-Antonin-Noble-Val où il projette d'ouvrir un restaurant indien, la Maison Mumbai. Mais c’est sans compter sur Madame Mallory qui, propriétaire hautaine et chef du célèbre restaurant étoilé au Michelin Le Saule Pleureur, décide alors de lui mener d'une guerre culturelle et culinaire, sans pitié...

La critique

rédigée par
Publiée le 12 septembre 2014

Les Recettes du Bonheur, production de DreamWorks Pictures, distribuée via le label Touchstone Pictures aux Etats-Unis, est une très agréable surprise. Plutôt boudé par la critique, surtout européenne, le film étonne par sa capacité à émouvoir. Porté par des acteurs attachants à souhait, dont une Helen Mirren juste merveilleuse, Les Recettes du Bonheur est ainsi un fabuleux hommage à la gastronomie française, aux produits du terroir ainsi qu'aux petits villages du sud du pays. Là où certains voient une histoire niaise remplie de bons sentiments, d'autres trouvent un récit doux et charmant, ôde à la douceur de vivre. Un met délicat à savourer, plus encore en des temps agités !

Les Recettes du Bonheur est adapté du livre de Richard C. Morais, The Hundred-Foot Journey, traduit en français sous le titre du (Le) Voyage de Cent Pas. L'auteur américain a ainsi vécu presque toute sa vie en dehors de son pays natal, grandissant notamment en Suisse. Il passe ensuite 17 ans à Londres à la tête de la succursale européenne de Forbes avant de revenir en 2003 à Philadelphie où il s'installe avec sa femme et sa fille. Il y écrit son premier roman, Le Voyage de Cent Pas, qui sera traduit dans vingt pays.
Le roman raconte l'histoire d'Hassan Haji, une grand chef cuisinier d'origine indienne. Né au-dessus du petit restaurant de son grand-père à Bombay, le jeune homme grandit dans les senteurs de curry, entre les promenades dans les marchés aux épices et l'initiation à la bonne chère par sa mère. Mais une tragédie pousse les siens vers l'exil. Direction l'Angleterre d'abord, puis la France et Lumière, un village du Jura dans lequel la famille Haji ouvre un petit restaurant en face d'un établissement étoilé tenu par Madame Mallory. Une guerre culturelle et culinaire se déclenche d'abord avant que la chef française n'accepte de prendre sous son aile le jeune Hassan, pour finalement le mettre sur le chemin de la gloire, à Paris… Dans ce récit, cent pas est ainsi la courte distance qui sépare le boui-boui familial de l'établissement de haute gastronomie française. Une vie sera nécessaire à Hassan Haji pour les parcourir.

C'est la productrice Juliet Blake qui tombe pour la première fois sur le livre en 2009 et choisit de l'adapter à l'écran. Elle décide alors de le coproduire avec Steven Spielberg, via son studio DreamWorks Pictures, et Oprah Winfrey, via Harpo Films. C'est la seconde fois que le nom du grand réalisateur et de la présentatrice de talk-show sont d'ailleurs réunis sur un même long-métrage avec La Couleur Pourpre en 1985. Ils choisissent ici tous deux Lasse Hallström en qualité de réalisateur.

Né le 2 juin 1946 à Stockholm en Suède, Lasse Hallström, après un passage de six ans à la télévision du pays, réalise son premier long-métrage au milieu des années 70. En 1985, il acquiert une renommée internationale avec Ma Vie de Chien, nommé deux fois aux Oscars. Il débute ensuite une carrière américaine, en 1991, avec Ce Cher Intrus, puis enchaine en 1994 avec Gilbert Grape réunissant Johnny Depp et Leonardo DiCaprio. Lasse Hallström tourne alors le sublime L'Œuvre de Dieu, la Part du Diable en l'an 2000, d'après le livre de John Irving et décroche sept nominations aux Oscars (dont Meilleur Film et Meilleur Réalisateur). L'année suivante, il poursuit avec Le Chocolat qui récolte, quant à lui, cinq nouvelles nominations dans la course aux célèbres statuettes (dont Meilleur Film et Meilleur Actrice). En 2005, pour Touchstone Pictures, il réalise Casanova dans laquelle Heath Ledger interprète le rôle-titre du célèbre séducteur de Venise. Depuis, ce prolifique réalisateur livre presque un film par an ; le dernier en date étant Un Havre de Paix en 2013.

Le tournage des (Les) Recettes du Bonheur s'est principalement déroulé à la Cité du Cinéma de Luc Besson, en Seine-Saint-Denis, puis dans le village de Saint-Antonin-Noble-Val, localité où se déroule l'histoire. Le marché de la ville a ainsi été privatisé toute une matinée pour l'occasion. Les dernières prises de vue ont, quant à elles, eu lieu à Carlus, un petit village près d'Albi, dans le Tarn. Par contre, difficile de comprendre la raison qui a conduit Metropolitan, le distributeur du film dans l'hexagone a l'affubler d'un tel titre, là où l'éditeur français, comme le distributeur québécois du film (Touchstone Pictures), ont opté eux pour une traduction plus littérale du titre du roman anglais, Le Voyage de Cent Pas.

Les Recettes du Bonheur est un superbe film dont les saveurs se diffusent lentement mais restent longtemps en bouche. Son récit a, en effet, un peu de mal à démarrer et ce, malgré le choix de dépeindre assez rapidement le passé de la famille Kadam et la raison de son arrivée en France. Ensuite, à partir du moment où elle s'installe dans le petit village de Saint-Antonin-Noble-Val et surtout fait connaissance de Madame Mallory, tout prend alors son sens et sa puissance. Le long-métrage devient à la fois drôle via la bataille d'égo que jouent le père Kadam et Madame Mallory ; touchant avec la relation fragile qui nait entre Hassan et Marguerite et militant via les problèmes de racisme rencontrés dans un petit village français fermé aux autres cultures. Les Recettes du Bonheur est également et surtout une superbe ode à la cuisine et au mélange des saveurs entre le savoir-faire de la haute gastronomie française et les épices de la cuisine indienne. Le film est alors certes plein de bon sentiments mais son message est beau et emporte les spectateurs dans un torrent d'émotions comme les Américains savent le faire ; le cinéma US ayant tendance à viser le cœur des spectateurs là où le cinéma français s'adresse lui plus à leur tête. Un chose est certaine : si l'opus parle bien de la France, le rythme et les thèmes sont eux purement « yankees ».

La force des (Les) Recettes du Bonheur est clairement à rechercher dans son casting impeccable.
Helen Mirren est, en effet, une superbe Madame Mallory. Sorte de douce Miranda Priestly (Le Diable s'Habille en Prada) de la cuisine, elle semble au premier abord froide et sans cœur mais sait quand les choses dérapent ou vont trop loin. Elle laisse alors peu à peu sa carapace se fissurer. Elle sait ainsi admettre qu'elle s'est trompée et que son erreur était plutôt due à sa fierté plutôt qu'à une conviction biaisée. Si l'actrice est surtout connue pour son magnifique rôle d'Elisabeth II dans The Queen, distribué par Miramax aux Etats-Unis, à l'époque où le studio appartenait à The Walt Disney Company, elle a également participé au sein de l'entreprise de Mickey à The Tempest, Fashion Maman et Calendar Girls chez Touchstone Pictures, Benjamin Gates et le Livre des Secrets chez Disney, en plus d'avoir prêté sa voix dans le Pixar, Monstres Academy, et le Touchstone Pictures, H2G2 : Le Guide du Voyageur Galactique.
Manish Dayal joue Hassan, le cuisinier indien surdoué. L'acteur apporte beaucoup de candeur à ce personnage qui ne cherche qu'à apprendre et expérimenter la cuisine qu'il aime. Sûr de son talent, il va se perdre sur le chemin de la gloire avant de retrouver exactement le sens de sa vie. Il s'agit ici du premier grand rôle de l'acteur au cinéma, lui qui était plutôt connu pour ses apparitions à la télévision, notamment dans un petit rôle dans la série ABC Family, Switched at Birth.
Charlotte Le Bon joue, quant  à elle, Marguerite, une sous-chef qui va transmettre son savoir à Hassan avant de tomber sous son charme tout en étant subjugué par son talent. L'actrice apporte beaucoup de fraicheur à ce personnage qui n'est pas sans rappeler celui de Colette dans Ratatouille. Il s'agit ici du premier rôle dans une production hollywoodienne pour cette ex-miss météo de Canal+, remarquée par Steven Spielberg lors d'une apparition pleine d'humour de la jeune fille au (Le) Grand Journal.
Om Puri est Papa Kadam, le père d'Hassan. Assez têtu, il mène sa famille à l'instinct mais de façon décidée. Ses enfants le suivent même s'ils ont du mal à admettre ses choix. Son affrontement avec Madame Mallory forme le piment du film apportant beaucoup de drôlerie tout en conservant une certaine émotion.
Enfin, de part son côté très français, la production se paye la coquetterie de proposer des acteurs renommés dans l'Hexagone comme Michel Blanc dans le rôle du Maire ou encore Vincent Elbaz dans celui d'un restaurateur parisien.

Les Recettes du Bonheur reçoit des critiques moyennes voir bonnes aux États-Unis saluant le jeu des acteurs mais reprochant un récit convenu. En Europe, les reproches se font plus sévères et taclent sa niaiserie et débauche de bons sentiments, jugeant l'opus sans saveur. Lancé à la même période que La Couleur des Sentiments (The Help) et visant le même public, le film n'a pas pu su attirer autant les foules. Avec un résultat aux USA de 46 millions de dollars, il est ainsi loin des 169 millions de son ainé. Pour autant, avec un budget de 22 millions de dollars, il reste tout de même rentable.

Les Recettes du Bonheur est un film qui surprend par sa capacité à émouvoir son public. Certes, rien de bien nouveau dans les assiettes, mais le plat est tellement appétissant que ses ingrédients, déjà dégustés par ailleurs, lui sont vite pardonnés. A s'en délecter les babines !

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