Les Mondes de Ralph
Titre original : Wreck-It Ralph Production : Walt Disney Animation Studios Date de sortie USA : Le 02 novembre 2012 Genre : Animation 3D 3-D |
Réalisation : Rich Moore Musique : Henry Jackman Durée : 108 minutes |
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis : |
Le synopsis
Ralph-La-Casse assume, bien malgré lui, le rôle du « méchant » au sein d’un jeu d’arcade des années 80 tandis que Vanellope Van Schweetz, erreur programme, évolue, quant à elle, dans un jeu de course se déroulant dans un monde de sucreries. Rien ne les prédestine à se rencontrer un jour et pourtant... |
La critique
2012 est l'année qui marque le 75ème anniversaire des long-métrages d'animation Disney depuis la sortie en 1937 de Blanche Neige et les Sept Nains. Oublié leur gros passage à vide de la première moitié des années 2000 ! Sous l'impulsion de John Lasseter, les studios Disney peuvent, en effet, fêter légitimement l'anniversaire, et ce depuis qu'ils se sont engagés de nouveau sur le chemin de la qualité. Après un Volt, Star Malgré Lui prometteur, un (La) Princesse et la Grenouille et un Winnie l'Ourson salués par la critique, un Raiponce, incroyable succès critique et public, le blason des Walt Disney Animation Studios retrouve méthodiquement son aura d'antan. Passées ses turbulences, il est donc temps pour lui de s'autoriser à sortir des sentiers battus et rechercher l'originalité. Les Mondes de Ralph est à ce titre un bel exemple de cette audace et valide l'entrée des studios d'animations de Disney dans leur quatrième âge d'or. L'opus regorge, il est vrai, de fraîcheur et d'énergie, dévoilant une idée à la minute dans un univers foisonnant à souhait. Quand, en plus, ses personnages sont ultra attachants et son histoire inventive et émouvante, il ne reste pas de place pour bouder son plaisir...
Depuis le rachat de Pixar, et l'arrivée de John Lasseter à la tête des Walt Disney Animation Studios, ce faiseur d'or a mis en place un travail de longue haleine pour redonner au label historique de Mickey sa splendeur d'antan. L'important pour le créateur de Toy Story est d'abord de hiérarchiser les priorités. La première consiste à remettre sur les rails des projets mal engagés. Il commence sur Bienvenue chez les Robinson en le remaniant dans la mesure du possible vu son état d'avancement. Il recadre ensuite complètement Volt, Star Malgré Lui pour le rendre plus disneyen. La seconde étape est de faire revivre l'animation Disney en s'appuyant sur les fondamentaux qui parlent au public. Il relance ainsi l'animation 2D avec La Princesse et la Grenouille - succès d'estime - puis crée un film de princesse en animation assistée par ordinateur (Raiponce), démontrant ainsi que cette technique d'animation est tout à fait apte à soutenir des histoires à la Disney, intemporelles et dignes de celles ayant marqué les années 90. Avec Winnie l'Ourson, il tente ensuite de relancer une franchise au cinéma en animation 2D. Toute cette politique éditoriale patiemment mise en œuvre a le mérite collatéral de redonner ce qui faisait grand défaut aux équipes de Disney depuis la fin des années 90 et la montée en puissance de la concurrence interne (Pixar) et externe (DreamWorks) : la confiance en elles ! Dernière étape du « plan Lasseter » : les Walt Disney Animation Studios ayant désormais retrouvé leur rang dans le cœur du public et chez les critiques, des projets plus variés sortant des sentiers battus peuvent être lancés ; Les Mondes de Ralph est le premier d'entre eux !
Les prémices de l'opus remontent au début des années 2000 quand Sam Levine, un animateur maison se met à travailler sur l'histoire. Le projet s'appelle alors Joe Jump. Les premières échos apparaissent dans la presse en 2005 / 2006 et font état d'un héros d'un jeu de vidéo des années 80 en 8-bits qui passe de jeu en jeu depuis qu'il s'est vu débranché car dépassé techniquement. Malheureusement, l'arrivée de John Lasseter à la tête des studios à la même époque ralentit le développement. Le nouveau patron des studios cherche, en effet, des projets qui font bien plus Disney afin de redorer le blason du studio fané durant la première moitié des années 2000. Il trouve ainsi le thème de Joe Jump trop éloigné de l'idée d'un film Disney dans l'esprit du public. Plus exactement, il estime, en réalité, que le projet est prometteur mais le timing mauvais. Joe Jump est mis en stand-by ; Sam Levine, quant à lui, est réorienté sur Volt, Star Malgré Lui avant de quitter le studio...
La donne change en 2009 avec l'arrivée de Rich Moore aux Walt Disney Animation Studios. Ancien étudiant de CalArts, il débute comme dessinateur et scénariste sur Mighty Mouse - The New Adventures et devient ensuite l'un des trois réalisateurs durant les cinq premières saisons des (Les) Simpson, réalisant de nombreux épisodes qui lui valent un Emmy Award. Il enchaine par la suite sur la série animée, Profession Critique en qualité de réalisateur superviseur. A la fin des années 90, il supervise le développement créatif et la production de la série Futurama pour laquelle il obtient, là aussi, un nouvel Emmy Award. Il continue sa carrière tout aussi brillamment avec notamment le court-métrage des Looney Tunes, Duck Dodgers in Attack of the Drones, que Warner sort en salle en 2004, puis sur les séries Drawn Together ou Sit Down, Shut Up.
C'est alors que Rich Moore intègre les studios Disney avec une idée en tête : l'histoire d'un gars qui se réveille un matin et qui n'a plus du tout envie de faire la même chose que celle qu'il fait depuis 30 ans, persuadé qu'il vaut bien mieux que cette routine. Le label ressort alors du placard l'histoire de Joe Jump. Le réalisateur prend ainsi conscience que l'univers des jeux vidéo est idéal pour « son » histoire car il regorge de personnages programmés à répéter une seule et même tâche. Tout s'enchaine ensuite : lors d'une réunion avec John Lasseter, il est acté que l'univers des jeux vidéo est véritablement « la » piste à creuser. Les Mondes de Ralph est enfin sur les rails. Pendant un temps, il prend pour titre anglais Reboot Ralph pour finalement se voir renommer (toujours en anglais), Wreck-it Ralph ; la France, suivi par le Québec, lui préférant un plus généraliste Les Mondes de Ralph...
Fort de cette genèse, Les Mondes de Ralph est logiquement un formidable hommage aux mondes des jeux vidéo et plus précisément encore aux jeux d'arcades. Lieux rendus obsolètes aujourd'hui par le haut débit généralisé et la pratique en ligne, les salles de jeux vidéo ont ainsi longtemps été des endroits d'où ressortait une atmosphère particulière. Ces boutiques de jeu d'arcade voyaient en effet défiler des gamins, souvent plutôt solitaires, se divertir dans un monde plus électronique d'ailleurs que véritablement numérique. Le train de la technologie comme de la mode passant à toute vitesse, ces lieux ne sont plus aujourd'hui dans les carnets d'adresse des adolescents contemporains. Ce constat permet donc de fixer l'action des (Les) Mondes de Ralph à la fin des années 2000, une période correspondant à la date de sortie des derniers exemplaires de la borne d'arcade.
Mais le lieu choisi pour l'action du film n'est pas le seul à contribuer à
son atmosphère si particulière. La rencontre de nombre de personnages de jeux
vidéo existants réellement et constituant autant de caméos est une véritable
aubaine pour l'opus. A la manière d'un
Qui Veut la Peau de Roger Rabbit, il est d'ailleurs
difficile de tous les lister tellement ils sont nombreux et parfois uniquement
en arrière-plan pour quelques secondes. Les plus rapides d'identification parmi
les plus célèbres sont néanmoins Clyde et Pac-Man de Pac-Man, Zangief,
Ryu, Ken Masters, M. Bison, Chun-Li et Cammy de Street Fighter, le barman de
Tapper, Sonic et Doctor Eggman de Sonic the Hedgehog, Yuni Verse
de Dance Dance Revolution, un cyborg de Mortal Kombat, Q*bert,
Coily, Slick, Sam et Ugg de Q*bert, Bowser de Super Mario Bros...
Mario est en revanche le grand absent du casting, pour apparemment une histoire
de gros sous ; Nintendo ayant demandé des droits exorbitants pour que son
personnage apparaisse dans le film, reproduisant ici l'erreur de Paramount avec
Popeye dans
Qui Veut la Peau de Roger Rabbit ou de Mattel pour Barbie dans le
premier Toy Story !
Si Les Mondes de Ralph regorge de clins d'œil aux stars du jeu vidéo (un
vrai délice pour les gamers), les caméos ne sont pas la colonne vertébrale de
l'histoire. Ainsi, seuls quelques « invités » ont un rôle significatif dans le
film tandis que les autres, mises à part deux grosses scènes, dont la fameuse
réunion de méchants anonymes, sont principalement là pour rendre l'univers du
film à la fois crédible et riche. Au final, le seul personnage "invité" à vraiment faire
avancer l'histoire est Q*bert aux travers de quelques scènes bien sympathiques.
Mais que les gamers se rassurent : si le gros des caméos n'apparait que lors du
premier tiers du film, Les Mondes de Ralph reste un formidable hommage à
leurs mondes virtuels de prédilection. En effet, grâce aux trois jeux créés
spécialement pour le film, d'autres spécificités propres à ce mode de
divertissement sont présents comme les codes de programmation, les niveaux
secrets ou les glitch (défaillance électronique). L'opus a visiblement été fait
par des passionnés et cela se ressent à chacun de ses moments...
Les Mondes de Ralph ne vise dont pas que les geeks. Le film n'est, en effet, clairement pas, un film sur les personnages de jeux vidéo connus mais bien une histoire inédite sur le monde des jeux vidéo ; les "guests stars" devant être vues comme la cerise sur le gâteau. Rich Moore a créé, dans cet esprit, une trame autour de son idée de départ (un homme qui décide de se sortir de sa routine) et l'a étoffée. Le récit livré est alors haletant et se déroule tambour battant sans aucuns temps morts. Impossible de s'ennuyer ne serait-ce qu'une seconde dans cette histoire bien construite, aux enjeux complexes et rebondissements inattendus. En fait, le scénario est construit comme le règlement d'un jeu vidéo. Il dispose d'une trame principale avec plein d'histoires secondaires qui viennent s'y entremêler. Si le risque de se retrouver dans un récit qui manque de constance n'est pas toujours écarté, l'ouverture puis l'exploration de nouvelles voies scénaristiques sont jouissives, d'autant que toutes sans exception trouvent leurs conclusions à la fin. Les Mondes de Ralph surprend alors par un aspect inattendu dans son genre : sa propension à jouer sur l'émotion. Il dispose de moments vraiment touchants déroulant une belle histoire d'amitié comme savent tellement bien le faire les labels Disney ou Pixar. L'humour se distille quant à lui sur plusieurs niveaux. Se retrouvent ainsi mêlés des jeux de mots vaseux en total adéquation avec l'âge du personnage de Vanellope von Schweetz mais aussi des moments comiques plus fins basés sur la personnalité des intervenants, du comique de situation et, enfin, des références geeks. L'ensemble offre donc un délicieux mélange d'émotion entre légèreté et intensité : l'opus ne se refusant d'ailleurs pas une fin épique qui fait craindre pour l'existence même de ses personnages.
L'une des plus belles ressources du (Les) Mondes de Ralph est l'univers, ou plus exactement les univers, créés pour lui. L'idée de départ est tout bonnement excellente : le passage d'un jeu à l'autre se fait, en effet, par câble électrique via une multiprise. Le concept est si original qu'il invite au voyage de façon aussi forte qu'inattendue. Alors certes, certains aspects de cette dynamique principale se retrouvent dans Toy Story ou Monstres & Cie comme le fait, pour le premier, de voir les personnages de jeux vidéo prendre vie quand les humains sont partis ou, pour le second, d'explorer une Gare Centrale à la manière des bâtiments de la compagnie des monstres. Mais ces légères ressemblances ne sautent pas aux yeux tellement les détails et univers sont remarquablement travaillés. C'est simple, jamais dans un film Disney ou Pixar, l'envie de plonger (littéralement) dans le film pour explorer tous les recoins des mondes visités n'a été aussi grande. Le spectateur se met ainsi à rêver que les imagineers de Disneyland aient l'envie de bâtir autour une attraction (voire même un land entier !) pour pouvoir revivre cette aventure en vraie !
Le premier jeu rencontré dans Les Mondes de Ralph est celui de Fix-It Felix, Jr. Il constitue d'ailleurs logiquement le premier jeu inventé pour le film. C'est un univers 8-bits où tout est carré : les mouvements sont saccadés et les sons distillés à la façon d'un Super Mario, génération NES. Le spectateur peut apprécier, dès l'entrée dans ce monde, le foisonnement d'idées et de concepts développés dans leur intégralité. Rien n'est laissé sur la bas côté, tout est exploité. Ainsi, par exemple, quand un gâteau explose, il le fait de façon pixélisée sous forme de carrés plus ou moins gros ; la fantasmagorie du jeu vidéo du milieu des années 80 est totale !
Le second jeu visité dans l'opus est Hero's Duty. Il fait office de jeu parmi les plus récents de l'arcade, datant assurément de la fin des années 2000. Son univers est celui d'un monde de science-fiction retranscrit à la façon de Starship Troopers : dans un espace voulu réaliste, une invasion de cyber insecte doit en effet être stoppée par des soldats spationautes. Là encore, les décors sont à couper le souffle et l'environnement plus vrai que nature.
Enfin, le troisième monde au programme de la visite de Ralph est assurément le plus impressionnant et le plus foisonnant de tous. Il s'agit de Sugar Rush, un jeu des années 90 façon Mario Kart où une course automobile se déroule dans un univers de bonbons et sucreries. Tout est ici construit en gourmandises : des karts aux bâtiments et des arbres aux lacs. L'univers est ainsi disneyen à souhait non seulement dans son allure, ses couleurs mais aussi ses tons ; le tout n'ayant finalement rien à envier à Mickey's Toontown de Disneyland premier du nom. Le spectateur devra d'ailleurs voir et revoir le film s'il veut pouvoir faire le tour de ce monde dont les trouvailles, idées et astuces sont décidément légions. Il faut dire qu'il fonctionne d'autant mieux que c'est en son sein que les deux tiers de l'aventure se déroulent, pour le plus grand plaisir de tous !
Déjà agrémenté d'une histoire et d'un univers aux contours remarquablement
bien définis, Les Mondes de Ralph réalise, en outre, un sans-faute sur sa
galerie de personnages, tous plus attachants les uns que les autres.
Le héros du film est ainsi Ralph-La-Casse, une armoire à glace aux énormes mains
qui démolit tout sur son passage. Depuis 30 ans, il fait consciencieusement son
boulot et assume à travers lui la fonction du méchant au sein du jeu d'arcade
Fix-It Felix, Jr. Mais il a aujourd'hui bien du mal à apprécier son poste. Il ne
supporte plus de se voir rejeter non pour ce qu'il est mais pour ce qu'il est
contraint de faire. Or, il est arrivé à un stade où son besoin d'un peu de
reconnaissance des siens est devenu pressant pour ne pas dire obsessionnel. Dès
lors, il décide de montrer qu'il est capable d'être un héros pour parvenir à
faire changer le regard des autres sur lui. Il ne se doute pas un instant que
ses actes vont avoir des conséquences pour l'arcade toute entière. Ralph est
donc un personnage ultra-attachant qui n'a pas une once de méchanceté en lui :
son statut de « rejeté malgré lui » emporte immédiatement un sentiment
d'identification au sein du public. Qui n'a, en effet, jamais ressenti à un
moment de sa vie qu'il n'était pas le bienvenu à une fête ou un évènement ?
L'évolution du personnage tout au long du film accroit d'ailleurs encore un peu
plus son déjà énorme - et instantané - capital sympathie : il est absolument
impossible de ne pas tomber sous le charme de Ralph ! John C. Reilly fait
admirablement sa voix en anglais tandis que François-Xavier Demaison s'en charge
en français.
Vanellope Van Schweetz est un "glitch", une anomalie de programmation du jeu
Sugar Rush. Sa condition fait ainsi qu'elle ne peut participer à aucunes des
courses de kart de son jeu et erre seule dedans ; les autres participants la
rejetant pour sa différence. Pourtant, sa volonté de fer ne se dément jamais,
persuadée qu'elle est d'avoir l'étoffe d'une grande conductrice. Elle s'est en
réalité créé une carapace caractérisée par un sens de la répartie vaseuse, de
l'humour mordant et des répliques assassines. Mais derrière tout cela se cache
un cœur qui fera craquer le plus froid des spectateurs. Sa rencontre avec Ralph
va d'ailleurs changer sa vie. Elle trouve enfin un allier, un peu malgré lui,
capable de lui faire réaliser ses rêves mais aussi un comparse qui vit le même
phénomène de mise à l'écart à cause de sa différence. Sarah Silverman utilise sa
voix inimitable pour donner vie au personnage en anglais tandis que Dorothée
Pousséo (la voix de Disney Channel France) lui amène tout son talent en
français.
Félix Fixe est la star du jeu Fix-It Felix, Jr. Avec son marteau, il est capable
de tout réparer comme par magie. Il est donc le héros de son jeu et tout le
monde l'adore. Quand il n'est pas occupé à rattraper les ravages causés par
Ralph, ce bricoleur médaillé d'or croule sous les baisers, les éloges et les
gâteaux que lui offrent les locataires de l'immeuble qu'il protège. Programmé
pour être toujours gentil, de bonne volonté et positif, nul ne peut résister à
son charme. Quand il part à la recherche de Ralph, pour - encore une fois -,
réparer (et sauver !) son jeu, le spectateur le suit, en toute confiance. C'est
Jack McBrayer (30 Rock) qui donne sa voix chaleureuse au personnage de la
version originale.
Le Sergent Calhoun est une valeureuse combattante du jeu Hero's Duty. Elle est
une dure d'entre les durs qui se bat pour la liberté de l'humanité ! C'est ainsi
une magnifique jeune femme à la tête bien pleine. Quand elle n'est pas en train
de fournir des informations utiles pour jouer, elle entraine ses troupes pour la
prochaine vague d'attaques. Infatigable, elle ne recule donc devant rien pour
protéger les joueurs et l'arcade des menaces, quelles qu'elles soient. Sous ses
airs de militaire sans peur et sans reproche, se cache néanmoins une
personnalité bien plus sensible qu'elle ne veut se l'avouer. Jane Lynch (Glee)
assume le personnage en anglais tandis que Isabelle Desplantes (la mère dans la
série française de Disney Channel, Mère et Fille) lui prête sa voix en
français.
Sa Sucrerie est le maitre du jeu Sugar Rush. Champion du circuit, commandant des
bonbons, souverain des sucreries, il règne d'une main acidulée sur ses
concitoyens en protégeant au mieux qu'il peut son royaume contre toutes les
anomalies, erreurs de code et fauteurs de trouble. Il veut ainsi que son peuple
vive en harmonie et sans turbulence aucune. Avec son petit côté de Chapelier
Toqué d'Alice aux Pays des
Merveilles, le personnage vole aisément la vedette chaque fois qu'il
apparait. Avec ce petit zeste de folie qui le caractérise, le public ne peut en
effet qu'accrocher tout de suite à ce monarque hors norme ; la voix d'Alan Tudyk
en anglais appuyant à merveille les contours de ce fabuleux personnage.
Enfin, et en dehors des caméos, existent de nombreux autres toons secondaires
originaux créés spécialement pour le film, et ce pour chaque jeu s'y trouvant.
Ils rendent tous l'univers restitué plus passionnant et foisonnant encore. Parmi
eux, Gene, le chef des habitants de l'immeuble de Félix ou encore les différents
conducteurs de Kart de Sugar Rush sont à souligner.
Côté chansons, la bande originale distille quatre nouveautés et deux
reprises. Ces dernières, Celebration de Kool & the Gang et Shut Up and
Drive de Rihanna, sont à l'évidence dispensables. Servant de fond sonore et
non diffusées dans leur intégralité, elles n'apportent finalement rien au film.
Deux autres chansons originales connaissent d'ailleurs le même sort : Sugar
Rush d'AKB48, un groupe japonais dont le morceau représente musicalement le
jeu du même nom ; et Bug Hunt (Noisia Remix) de Skrillex, un DJ électro
dont l'avatar est présent dans l'opus et le morceau soutient le jeu Hero's Duty.
Deux autres titres se retrouvent enfin en intégralité cette fois-ci dans le
générique de fin (à l'inventivité de toute beauté !) : l'entrainante When Can
I See You Again? d'Owl City et la rétro Wreck-It, Wreck-It Ralph de
Buckner & Garcia représentant le jeu 8-bits.
La musique d'Henry Jackman est, quant à elle, absolument remarquable tant elle
sert à merveille le film. Elle est, en effet, tout sauf « passe-plat », épousant
joliment chaque plan et chaque univers traversé. Qu'il s'agisse de se retrouver
à Fix-It Felix, Jr., Hero's Duty ou Sugar Rush, l'ambiance musicale est ainsi
toujours parfaite et épouse précisément l'endroit visité, démontrant là
l'étendue du talent du compositeur dont la palette des sonorités (aventure,
émotion, joie, peur...) semble sans limites...
Pour Les Mondes de Ralph, les studios Disney ont su retrouver une efficacité marketing en mettant au point une opération d'envergure et parvenant -enfin depuis de nombreuses années- à vraiment créer le buzz autour du film. Les différentes pubs et autres bandes-annonces ont, en effet parfaitement rempli leurs rôles et su créer une attente chez le public. Les critiques américaines ont d'ailleurs très bien accueilli l'opus, saluant son imagination ! Le public américain en a fait de même en lui accordant un franc succès : avec 49 millions de dollars pour son premier week-end, le film signe en effet le meilleur démarrage (hors inflation) d'un Walt Disney Animation Studios.
Les Mondes de Ralph est à la fois un long-métrage foncièrement disneyen mais également empli de fraicheurs et d'idées nouvelles. Ses personnages attachants, son histoire émouvante et décoiffante, la richesse de ses univers font, en effet, de son visionnage une expérience vraiment grisante. Même s'il n'atteint pas le charme de Raiponce, il est ainsi sacrément divertissant et devrait sans mal accéder au rang de classique Disney moderne comme Lilo & Stitch le fut en son temps.
Les Mondes de Ralph emmitoufle le spectateur dans un univers dont il rechignera assurément à ressortir : comme un jeu vidéo, l'addiction est au bout du film : « même joueur joue encore ! »