Rencontre Glass-ante
Avec M. Night Shyamalan et James McAvoy

L'article

Publié le 16 janvier 2019

Chronique Disney a été convié le mardi 8 janvier 2019 à la conférence de presse du film Glass organisée au Bristol, en compagnie du réalisateur M. Night Shyamalan et de l’acteur James McAvoy, à l’occasion de la sortie événement du dernier volet de la trilogie inaugurée avec Incassable en 2000 et poursuivie avec Split en 2017.

[Presse] Night, la célèbre apparition de Bruce Willis à la fin de Split, revenait-elle à dire que Glass était alors déjà planifié, écrit, financé, produit et prêt à tourner ? James, que saviez-vous concrètement du projet de Night ? Peut-être avez-vous pris tous les deux le risque de ne pas pouvoir mettre cette suite en œuvre.

[M. Night Shyamalan] Cela s'est passé vraiment étape par étape. On a tout d'abord voulu avec Split faire un bon thriller, qui fonctionne seul et séparément du reste. Je souhaitais également faire un thriller qui me permette d'introduire le personnage de Bruce Willis à la fin du film, ce qu’étonnamment a accepté Universal (distributeur de Split). L'autorisation des studios Disney (distributeur d'Incassable) à utiliser ce personnage légalement nous a permis alors d'envisager une suite. Mais j'ai attendu la sortie de Split car je n'étais pas sûr qu'il trouve son public. Après cela, il a fallu demander de nouvelles autorisations nécessaires aux deux studios pour faire une suite conjointement - ce qui est assez inhabituel car chacun est propriétaire à 100% de son film - et demander à chacun l'utilisation de ses personnages. J'ai ensuite proposé de financer le film moi-même et de le produire à petite échelle. Tous deux ont dit oui. Je suis très chanceux.

[James McAvoy] Je ne savais que très peu de choses du projet. J'avais trouvé dans le scénario de Split une toute petite référence, un lien possible avec Incassable, mais je me suis dit que c'était seulement de l’auto-référence de la part du réalisateur. En répétant, j'ai commencé à percevoir les liens assez forts avec le personnage de Bruce Willis, mais je ne comprenais pas tout. Plus tard, Night a parlé d'une possibilité de tourner Glass. Mais en tant qu'acteur, il y a tellement de projets qui ne voient jamais le jour que je ne prête pas forcement attention à tout. Puis j'ai vu là une promesse devenir petit à petit une réalité, et c'est merveilleux de voir que tout finit par fonctionner.

[Presse] James, parmi les 24 personnalités, laquelle est votre favorite ? Il y a comme une sorte de teaser dans le film qui est annoncé, pouvez-vous nous en parler ?

[James McAvoy] Dans Split il s'agit de Patricia. Dans Glass, il s'agit d'Hedwig. Mais j'ai également beaucoup apprécié le rôle du narrateur, celui qui raconte toute sa vie à la troisième personne.

[M. Night Shyamalan] J'aime les films imparfaits et incomplets, qui laissent le public terminer l'histoire en sortant du cinéma. Beaucoup de fictions que j'adore fonctionnent comme cela, et c'est comme cela que j'aime les faire. Dans chacun de mes films et pour ceux dont on parle ici, on en arrive toujours au moment où à la fin, le public se dit « on en est là !? ». Je l'invite alors à combler sa métahistoire sur cette trilogie. Mais pour ma part, j'en ai fini avec ces personnages et il est temps que je passe à autre chose.

[Presse] Deux scènes viennent d'Incassable, celle entre Bruce Willis et son fils, et celle du train. Night, vous avez eu cette idée très en amont du scénario ? Vous saviez que vous alliez inclure des images d'incassable dans Glass ?

[M. Night Shyamalan] Oui ! Il y a même une autre scène coupée d’Incassable que je voulais inclure dès l'écriture : Bruce s'adresse à un prêtre peu de temps après l'accident de train, en lui demandant une justification. Le prêtre lui répond que c'est juste de la chance. David lui dit que ce n'est pas possible, qu’être le seul survivant à forcement une signification. Le prêtre lui annonce que son neveu de 12 ans a perdu la vie dans ce train et lui demande de ce fait si sa survie fait de lui une sorte d'élu, avant de s'écrouler et pleurer. Cette scène était tellement dramatique et triste que j'ai décidé à la dernière minute de la retirer du montage de Glass, car il faut avancer selon les lois du thriller.

[Presse] Night, avez-vous l'angoisse de la page blanche ou avez-vous plusieurs scénarios d'avance ? James, est-il plus difficile de jouer La Bête qui est une représentation de l’hyper-virilité et de la colère, ou d'imiter la démarche d'une femme ?

[M. Night Shyamalan] La page blanche me stimule énormément. Quand je vais rentrer chez moi dans quelques jours après la tournée internationale du film - que ce soit un succès ou un échec - je vais m'éloigner de ça, et réagir ou pas. Puis je vais me remettre au travail et passer à autre chose. Je sais ce sur quoi j'ai envie d’écrire même si je n'en ai pas encore résolu tous les aspects de l'écriture. Je n'ai pas le sentiment de devoir m'obliger à le faire. La peur de ne pas y arriver existe, mais dans ce cas je m'y attelle. Cela peut être une perte de temps mais je me force. Si je n'arrive pas à écrire, je cherche des idées - quelles qu'elles soient - sans lien commun : une femme, un arbre, une ombre... C'est étrange, mais une idée de film qui me vient et qui je sais fonctionnera, m’intéresse moins qu'une idée sur laquelle il faut que je travaille et qui pour moi est moins évidente à faire fonctionner.

[James McAvoy] Il est plus difficile pour moi d’interpréter La Bête. Patricia est venue assez facilement, dès le film précédent. Elle est comme une nonne, avec une envie de contacts physiques et de sensualité. Si elle est moins présente dans Glass malgré ses frustrations qui suscitent quelques éléments comiques, la base du personnage était déjà là, même si dans ce nouveau film elle est amenée à quelque chose de plus traumatique et compliqué. La Bête n'a pas du tout été facile à interpréter. Ce n'est pas un super-vilain normal comme Magnéto. Il est bestial, comme un Alien, et le danger est de surjouer. On a essayé de faire preuve d'élégance, de tact et de sincérité pour construire le personnage. Mais la clé, la source de ce personnage - comme pour les autres - est Kevin.

[Presse] Night, vous êtes un grand fan de sport. Comment pourriez-vous comparer des super-héros de comics à des super-champions de NBA ou de NFL ?

[M. Night Shyamalan] C'est intéressant car j'ai beaucoup parlé avec des professionnels, les entraîneurs me demandant parfois d'aller m'entretenir avec les joueurs. Je leur fais souvent remarquer qu'ils brandissent leurs maillots et agissent comme s'ils étaient des super-héros, alors qu'ils n'accomplissent que ce pourquoi ils se sont entraînés. Ils se sentent géniaux et extraordinaires tandis que le héros, lui, est dans le « je suis ». Mais chacun d'entre nous peut avoir le sentiment d’être un super-héros, d'arriver à accomplir quelque chose.

[Presse] Votre film est-il un thriller avant d’être un film de super-héros ? Si c'est un film de super-héros, est-ce une critique de notre société et en même temps une réponse à Hollywood qui est devenue l'industrie des super-héros ? Vous apparaissez souvent dans vos films, quel lien supplémentaire avez-vous avec Alfred Hitchcock ?

[M. Night Shyamalan] Ce que j'aime, c'est raconter des histoires par le suspens. Raconter une histoire par la tension du cadre est très Hitchcockien, cela lui appartient pour toujours et je suis de cette école. C'est tout simplement ce qui me parle dans le cinéma. On nous apprend le montage, la juxtaposition de plans pour raconter une action... mais ce n'est pas mon truc. Pour la scène mouvementée de la fabrique de briques, on a alterné les plans et renversé la caméra pour suivre le point de vue de l'un des protagonistes. C'est un récit avec la caméra, quelque chose qui appartient au domaine du thriller. Glass est avant tout un thriller. J'aime apparaître et prendre partie dans mes films, mais je ne veux pas en interrompre la narration. Il se trouve que ma présence de « petit Indien bouclé » est peu discrète !

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