Scream
L'affiche du film
Titre original :
Scream
Production :
Dimension Films
Date de sortie USA :
Le 18 décembre 1996 (avant-première à Los Angeles)
Le 20 décembre 1996
Genre :
Horreur
Réalisation :
Wes Craven
Musique :
Marco Beltrami
Durée :
111 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

La petite ville de Woodsboro est sous le choc à la suite de nombreux meurtres commis par un étrange tueur masqué. Et si tous ces crimes étaient liés à la jeune Sidney Prescott, dont la mère a été sauvagement assassinée plusieurs années auparavant ?

La critique

rédigée par
Publiée le 01 octobre 2017

Lorsque qu'il s'agit de parler de films d’horreur, il est impossible de ne pas voir Scream apparaître dans la liste aux cotés d’icônes du cinéma d’épouvante tels qu’Halloween, Vendredi 13 ou encore Les Griffes de la Nuit. Casting impeccable, tueur devenu culte et musique angoissante, Scream mérite, en effet, amplement sa place au panthéon des meilleurs films d’horreur de tous les temps !

Scream est avant tout le travail du scénariste Kevin Williamson.
Né en 1965 en Caroline du Nord, le jeune homme commence sa carrière en jouant de petits rôles dans des séries télévisées. Il se consacre par la suite à l'écriture de nombreux scénarios pour le petit écran et créera de nombreuses séries telles que l’inoubliable Dawson en 1998, puis Vampire Diaries en 2009 et The Following en 2013 qui deviendront chacune des succès iconiques auprès des critiques et du public.
Mais la véritable consécration arrive en 1995, lorsque Miramax achète à Williamson le scénario d’un film intitulé Scary Movie afin de le faire distribuer par leur label Dimension Films, filiale de Disney de 1993 à 2006. Williamson avoue ainsi s’être inspiré du fameux tueur en série Danny Rolling, plus connu sous le nom de « L’Éventreur de Gainesville » qui avait assassiné de nombreux étudiants sur un campus universitaire. Pourtant, lors de l’achat du script, Miramax le trouve trop violent et demande à Williamson d’enlever la plupart des scènes gores. C’est finalement l’arrivée du réalisateur Wes Craven qui permet à Williamson de conserver son scénario intact.

Né le 2 août 1939 à Cleveland, Wesley Earl Craven quitte l’université après avoir obtenu un master en Philosophie et commence une carrière dans l’industrie pornographique en tant que réalisateur. Ce n’est qu’en 1972 qu’il réalise ainsi son premier film "classique" : La Dernière Maison Sur La Gauche. Par la suite, il continuera de réaliser de nombreux opus d’épouvante devenus cultes tels que Les Griffes de la Nuit (qui lance la carrière d’un certain Johnny Deep) ou encore La Colline à des Yeux.
En 1995, Bob Weinstein approche donc le réalisateur afin d’adapter le script de Kevin Williamson sur grand écran. Wes Craven refuse pourtant dans un premier temps, trop occupé qu'il est sur le développement d’un remake du film La Maison du Diable de Robert Wise. Miramax sollicite alors de nombreux confrères, parmi lesquels se trouvent Robert Rodriguez, George A. Romero ou encore Sam Raimi… Tous déplaisent alors à Kevin Williamson car tous veulent aborder l'opus sous un aspect comique.
Fort heureusement, Wes Craven revient sur le projet à la suite de l’abandon de son remake. Scream est officiellement sur les rails… pour un parcours quelque peu mouvementé !
A quelques jours de la fin de tournage, les Weinstein décident, en effet, par exemple de carrément changer le titre du film qu’ils considèrent incohérent par rapport à son ton :  s’il est évidemment une satire des films d’horreur, il n’en reste pas moins un film d’épouvante pur jus. Scary Movie devient ainsi Scream ! Kevin Williamson et Wes Craven n’apprécient pas du tout ce changement de nom et n’hésitent pas à le faire savoir en le considérant comme « stupide ». Pourtant, ils se raviseront tous les deux par la suite lors d’une projection test de l'opus au cours de laquelle le feu vert pour le tournage de deux suites leur est donné.

L’association de Williamson et de Craven permet ainsi à Scream de bénéficier d’un scénario et d’une réalisation de haute volée. Sans temps morts et jamais avare en rebondissements inattendus, le scénario fait également la part belle aux références aux plus grands films d’horreur et n’hésite pas à se moquer des codes propres au genre afin de mieux les détourner.
Reposant sur le principe de « whodunit » (qui l’a fait ?),  cher à de nombreuses œuvres de fiction, tels que Le Meurtre de l’Orient-Express d’Agatha Christie ou plus récemment la série Pretty Little Liars, le récit repose essentiellement sur la recherche de l’identité du tueur qui terrorise la petite ville de Woodsboro à l’aide d’indices disséminés tout au long de son déroulement.

Ainsi, ses personnages principaux sont tous des adeptes de films d’épouvante et en connaissent les codes et les clichés habituels, tels que la blonde écervelée qui se fera trucider dès les premières minutes ou encore le fait de devoir se séparer pour trouver d’où viennent certains bruits étranges. En ancrant ses personnages dans cette culture de film d’épouvante, Scream permet ainsi au spectateur de mieux s’identifier à eux et développe là l’une de ses plus grandes forces.
Dans le même ordre d'idée, la réalisation de Wes Craven permet de renforcer la tension en offrant de beaux moments de suspens et d’effroi, à l’image de la scène d’ouverture devenue depuis culte où le tueur, tapi dans l’ombre, torture psychologiquement une pauvre jeune fille via un appel téléphonique. Par des astuces simples de réalisation et en jouant avec les codes des films d’épouvante, le maître de l’horreur livre indéniablement avec Scream, l'un de ses meilleurs films.

Si la réalisation et le scénario contribuent à faire de Scream, un monument du film d’horreur, son casting est lui aussi à saluer. Cherchant à aller à contre-courant des autres productions horrifiques qui préfèrent engager des acteurs relativement inconnus, Craven se paye en effet le luxe de s’offrir un casting cinq étoiles.
Ainsi la première actrice à rejoindre le projet n’est nulle autre que Drew Barrymore, bien connue pour son rôle dans E.T. l'Extra-terrestre : elle se déclare alors totalement emballée par le script. D’abord pressentie pour incarner le rôle principal de Sidney Prescott, elle se contente finalement du rôle d'ouverture de Casey Becker qui lui permet d’honorer son engagement au projet tout en lui donnant la visibilité qu'il lui fallait.

Le rôle de Sidney Prescott laissé donc vacant par Drew Barrymore conduit à l'audition de nombreuses actrices, la production allant jusqu’à demander à Reese Whitherspoon d’incarner l’héroïne. C'est donc presque curieusement Neve Campbell qui décroche le rôle. L’actrice, ayant prêté sa voix à la jeune Kiara dans Le Roi Lion 2 : L’Honneur de la Tribu et connue à l'époque pour son rôle dans la série La Vie à Cinq, trouve ici son premier grand rôle au cinéma et campe alors avec beaucoup de justesse une adolescente innocente et totalement désemparée, se retrouvant prise au piège d'une spirale infernale et meurtrière.
Pour accompagner Sidney, une bande de copains est évidemment mise en place. Parmi elle, se trouve Tatum Riley incarnée par Rose McGowan (bien connue des fans de Charmed pour son rôle de Paige). Amie fidèle, toujours prête à rendre service, elle ne se laisse pas marcher sur les pieds et possède une répartie à toute épreuve lorsqu’elle se sent menacée.

Du côté du casting masculin, le rôle du petit ami de Sidney, Billy Loomis est attribué à l’acteur Skeet Ulrich. Petite frappe aimant s’attirer des ennuis, Billy n'en reste pas moins un personnage charismatique difficile à cerner. Son alchimie avec Sidney fonctionne et rend le couple formé par les deux acteurs réellement fusionnel et crédible.
Matthew Lilliard, quant à lui, incarne le lugubre Stu Macher. Sadique et perturbé, le personnage est pourtant légèrement effacé par rapport au reste du groupe si bien qu’il est presque impossible de s’y attacher, sentiment dommageable tant il avait du potentiel pour briller.
Enfin, Jamie Kennedy est Randy Meeks. Adolescent adepte des films d’horreur travaillant dans un vidéoclub, il sera d’une aide précieuse pour démasquer le tueur et s’impose ainsi rapidement comme l'un des meilleurs personnages du film grâce à des répliques aussi cinglantes qu'hilarantes.

Du côté des adultes, Courtney Cox, l’inoubliable Monica Geller de la sitcom Friends, décroche le rôle de la journaliste Gale Weathers. Bien que l’actrice n’était pas le premier choix de la production, qui pensait que son image de personnage trop « gentil » dans la série Friends ne pourrait pas être pris au sérieux dans un film d’épouvante, elle prouve ici toute l’étendue de son talent en incarnant une jeune femme, dénuée de compassion, prête à tout pour obtenir un scoop et que le spectateur adorera détester.
Dewey Riley, quant à lui, est le frère de Tatum. Maladroit, voulant toujours bien faire, il est incarné par David Arquette qui offre sur lui une performance tout à fait honorable.
Enfin, les plus avertis pourront remarquer la présence de deux figures emblématiques des années 70, à savoir Henry Winkler, bien connu pour son rôle culte de Fonzy dans la série Happy Days, et Linda Blair, inoubliable Regan du film d’épouvante, L’Exorciste.

Hitchcock disait « Plus le méchant est réussi, plus le film le sera » et ce n’est pas le personnage de Ghostface qui donnera tort au maître du suspens. Véritable tueur sans scrupule menaçant ses victimes par le téléphone (la voix entendue étant celle de Roger L. Jackson, un acteur américain majoritairement connu pour ce rôle repris dans tous les films de la franchise Scream), Ghostface est d’autant plus effrayant qu’il ne possède aucun pouvoir particulier contrairement à d’autres icônes de l’horreur telles que Freddy Krueger ou Jason Voorhees. Uniquement armé de son couteau, il n’hésite, en effet, pas à assassiner les adolescents de Woodsboro sans que ses motivations soit connues. Son masque, qui fait référence au célèbre tableau Le Cri d’Edvard Munch, contribue plus que jamais à donner un aspect effrayant au personnage au point d'être devenu depuis totalement iconique du genre.

La musique est également un aspect important du film. Lancinante et inquiétante, elle donne au récit un aspect anxiogène voire véritablement effrayant. C’est le jeune novice Marco Beltrami qui se retrouve en charge de la partition après avoir été recommandée par l'une des assistantes de Wes Craven, le réalisateur étant particulièrement impressionné par le travail du jeune compositeur après avoir entendu l'une de ses maquettes proposées pour la scène d’ouverture du long-métrage.
Beltrami compose alors différents thèmes représentant les personnages : parmi les plus célèbres se trouve « Sidney’s Lament » caractérisé par un chœur de voix féminines, accentuant la tristesse de la jeune fille sur son passé et les évènements tragiques qui ponctuent sa vie.

Si le tournage de Scream n’est pas de tout repos, notamment à cause de nombreux désagréments concernant l’apparence de Ghostface, qui n’est alors pas jugé assez effrayante pour les producteurs mais aussi des questions concernant le travail de Wes Craven, la post production est, elle, plus encore chaotique.
De nombreuses coupes doivent, il est vrai, être effectuées afin que le film ne soit pas sanctionné d’une restriction d’âge trop importante aux États-Unis. Ainsi, afin de ne pas écoper de la redoutée mention « NC-17» qui interdit purement et simplement l'opus aux personnes de moins de dix-sept ans et considéré comme un « suicide du box-office », le réalisateur n’hésite pas à mentir à la Motion Picture Association of America afin d’avoir le dernier mot sur son montage concernant la scène d’ouverture prétextant qu’une seule et unique prise de cette scène avait été tournée. De même, la séquence finale étant jugée beaucoup trop intense en raison de la présence d’une immense quantité de sang à l’écran pose problème. Bob Weinstein pèse alors de tout son poids et parvient à convaincre l’association en leur démontrant que malgré la présence de cette scène éprouvante au sein du film, elle est contrebalancée par l’humour et la satire présente tout au long de celui-ci. Scream écopera finalement de la mention « Restricted » qui autorise les personnes mineures à voir le film uniquement si un adulte les accompagne.

Scream sort ainsi sur les écrans américains le 20 décembre 1996 malgré de nombreuses critiques concernant la période choisie, plus propice aux films familiaux. L'opus est ainsi présenté dans plus de mille salles de cinéma et engrange environ six millions de dollars au box-office lors de son premier week-end d’exploitation malgré la présence de blockbusters tels que Jerry Maguire et Mars Attacks!. Il finira par réunir près de 97 millions de dollars sur toute la durée de son exploitation dans les salles de cinéma, qui durera exceptionnellement plus de huit mois, lui permettant de décrocher la quinzième place dans la liste des films ayant le plus rapporté en 1996 aux cotés de blockbusters tels que Independance Day ou Mission : Impossible. Scream devient d’ailleurs si populaire qu’il ressort l’année suivante faisant alors monter le compteur de sa recette à plus de 103 millions de dollars.
Les critiques lui réservent également un accueil chaleureux. Beaucoup parlent ainsi de renouveau du film d’horreur et saluent son casting et son humour, si bien qu'il se retrouve nommé dans de nombreuses listes recensant les meilleurs films de tous les temps.

Scream sera par la suite nommé dans de nombreuses cérémonies prestigieuses. La International Guild of Horror et le Festival International du Film Fantastique de Gérardmer le gratifient du prix du Meilleur Film tandis que les Saturn Awards attribuent le prix du Meilleur Scénario à Kevin Williamson et celui de la Meilleure Actrice à Neve Campbell.
L'opus est un tel succès tant public que critique qu’il se voit affublé de trois suites sorties respectivement en 1997, 2000 et 2011, ainsi que d'une série télévisée en 2015, diffusée sur MTV aux États-Unis et sur Netflix à l'international. Toujours réalisées par Wes Craven, ces suites obtiennent le même succès que le premier film. Scream se voit même parodié quatre ans plus tard par les frères Wayans avec Scary Movie : Le Film Qui Fait Peur , également produit par Dimension Films, qui en reprend, le nom originel et la trame scénaristique mais moque également de nombreux opus issus de la pop culture tels que Sixième Sens, Matrix ou encore Forrest Gump.

De même, Scream relance l’intérêt du public pour les film d’horreur après que le genre soit tombé en désuétude à cause des nombreuses suites de films d’épouvante considérés comme cultes, déshonorant le nom des franchises auxquelles elles sont rattachées. Ainsi, de nombreux long-métrages horrifiques tels que Souviens-Toi… L’Été Dernier ou encore Urban Legend sont produits, tentant de surfer tant bien que mal sur le succès de Wes Craven.

L’aura de Scream est si importante qu’il amène un très grand lot de controverses, de nombreuses personnes l'accusant d’avoir inspiré plusieurs meurtres. C’est notamment le cas avéré de deux jeunes garçons, Samuel Ramirez et Mario Padillo, qui assassinent la mère de ce dernier en 1998 en revendiquant avoir trouver l'inspiration lors du visionnage des deux premiers volets de la saga Scream. Le film sera également utilisé lors d’une audience du Comité du Commerce du Sénat américain à la suite de la fusillade survenue à Columbine, afin de souligner l’influence négative que le cinéma pourrait avoir sur les adolescents.

Véritable déclaration d’amour au cinéma d’horreur, Scream se hisse aisément au panthéon des meilleurs films du genre, grâce à une réalisation anxiogène et malsaine servie par un casting en tous points parfait. Un chef-d’œuvre à voir et à revoir sans modération !

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