De l’Autre Côté du Paradis

De l’Autre Côté du Paradis
L'affiche du film
Titre original :
The Other Side Of Heaven
Production :
3Mark Entertainment
Molen/Garbett Productions
Date de sortie USA :
Le 1er avril 2003 (Vidéo)
Distribution :
Walt Disney Home Entertainment
Genre :
Comédie dramatique
Réalisation :
Mitch Davis
Musique :
Kevin Kiner
Durée :
113 minutes
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Dans les années 50, John H. Groberg, un garçon fraîchement diplômé de son Idaho natal, traverse l'océan Pacifique pour devenir missionnaire mormon sur les îles exotiques Tonga. Il laisse derrière lui sa famille et le grand amour de sa vie, Jean, avec laquelle il entretient une correspondance passionnée...

La critique

rédigée par
Publiée le 18 mai 2020

De l’Autre Côté du Paradis n'est pas à proprement parler un long-métrage Disney. Cette comédie dramatique a en effet été produite par 3Mark Entertainment et Molen/Garbett Productions. Excel Entertainment se charge de la distribution au cinéma aux États-Unis d'abord lors d'une sortie limitée le 14 décembre 2001 avant d'en proposer une plus générale le 12 avril 2002. Walt Disney Home Entertainement obtient, elle, les droits pour le marché de la vidéo et le propose en DVD le 1er avril 2003 ; droits de distribution que la filiale de Mickey perd en 2018...

De l’Autre Côté du Paradis se base donc sur l'histoire vraie de John H. Groberg, un missionnaire mormon. Né le 17 juin 1934 à Idaho Falls dans l'État d'Idaho aux États-Unis, il gravira petit à petit les échelons de la hiérarchie de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, communément connue comme l'Église mormone. Le film adapte en réalité l'essai autobiographique In the Eye of the Storm publié en 1993 où Groberg raconte sa mission de trois ans aux îles Tonga situeés en Océanie dans le Pacifique Sud au nord-est de la Nouvelle Zélande. Là-bas, il tente de porter la bonne parole aux locaux tout en essayant de les convertir au Christianisme dans l'idée de faire grandir la communauté mormone.

De l’Autre Côté du Paradis est un film qui met réellement mal à l’aise le spectateur alors qu’il ne le devrait pas. Le fait de raconter l’histoire d’un missionnaire selon son point de vue a, en effet, tout de la fausse bonne idée. Le long-métrage ne veut certes pas faire du prosélytisme vis-à-vis de l’Église mormone ayant au final peu de préceptes religieux en dehors des traits communs avec les autres branches du Christianisme, mais il affiche une certaine naïveté nappée d’un complexe de supériorité où l’homme blanc apporterait la civilisation à des peuplades reculées. L'opus présente ainsi les dires du jeune homme comme vrais tandis que les autochtones sont forcément dans le flou et l’aveuglement. La motivation de John a de quoi interpeller aussi : il est là pour remplir sa mission d’évangélisation et de construction d’églises. Pour y arriver, il doit se faire accepter des gens qu’il rencontre. Et si l’aventure humaine a vraiment lieu, est-elle réellement sincère ? Son objectif n'est-il pas de simplement remplir sa mission, à savoir aider des gens qu'il pense perdu spirituellement sans en apprendre beaucoup plus sur une culture qu'il ne connaît pas et en réalité rejette ? Un peu de tout cela, si bien que sa démarche n'apparaît jamais totalement honnête...

De l’Autre Côté du Paradis propose tout de même une belle aventure. John se retrouve, il est vrai, dans un lieu qu'il ne connaît pas et fait face à un peuple qu'il doit apprendre à découvrir. Les paysages sont ainsi magnifiques et invitent au voyage. Certaines scènes sont réellement impressionnantes, à l'image de celle du cyclone qui ravage l'île ou encore de la tempête subie par John alors qu'il est en mer sur un frêle bateau. D'autres séquences sont tout aussi saisissantes même si moins spectaculaires, la première d'entre elles est clairement la famine qui suit le passage du cyclone et qui voit l'approvisionnement et les secours tarder à arriver. Le passage des trafiquants fait également froid dans le dos : des pirates (ou esclavagistes) viennent, en effet, chercher des jeunes filles pensant trouver une vie meilleure en quittant leurs îles (et qui finiront prostituées) et dédommagent les parents éplorés et désemparés par des caisses de bouteilles d'alcool.

De l’Autre Côté du Paradis montre, en revanche, peu des us et coutumes des îles Tonga. Il est ainsi dommage de voir le récit suivre principalement le raisonnement du jeune homme : il ne s'agit pas ici de montrer les différences entre lui et les habitants des îles mais plutôt comment arriver à les gommer pour faire rentrer au forceps leurs croyances dans celles des mormons. La scène où une femme tongienne s'émeut que John repousse sa fille qui s'est éprise de lui est, par exemple, assez gênante. Elle révèle qu'il a fait une promesse de chasteté jusqu'au mariage vis-à-vis de sa fiancée restée aux États-Unis mais bizarrement n'insiste pas sur le simple fait qu'il en est éperdument amoureux. L'important pour le jeune homme est d'abord de ne pas rompre son engagement religieux avant même de témoigner de son amour. Autre problème, la cohérence n'est pas toujours de mise tout au long du film. John oublie ainsi de dormir en se couvrant les pieds et se réveille avec les plantes en sang, mangées par les rats. Il mettra des semaines à s'en remettre (avec une guérison servant à montrer le miracle de Dieu) tandis que des autochtones dorment eux sans protection sans jamais rien risquer...

Malgré ses problèmes de thématiques et d'écriture, De l’Autre Côté du Paradis décroche un casting de qualité.
John H. Groberg est ainsi joué par un Christopher Gorham convaincant dans l'un de ses tout premiers grands rôles. Par la suite, il aura une carrière relativement correcte à la télévision, apparaissant notamment dans la série ABC Studios Ugly Betty ou dans quelques épisodes de Once Upon a Time - Il Était une Fois toujours chez ABC Studios. Malgré le côté caricatural et naïf du personnage, l'acteur arrive à rendre John attachant et sympathique. Le spectateur suit ses aventures avec plaisir et apprécie l'amitié qui le lie avec les gens de l'île.
Parmi les gens qu'il rencontre dans son périple, il sera d'ailleurs noté le personnage de Feki, son acolyte missionnaire originaire de cette région du Pacifique. Interprété par l'acteur Joe Folau, il s'avère particulièrement rayonnant et réussi.
Le rôle de la petite amie de John, Jean Sabin, est tenu par Anne Hathaway dans ce qui est aussi l'un de ses tout premiers rôles. L'actrice enchaîne tout de suite après sur le tournage de Princesse Malgré Elle, le film Disney qui la révélera au grand public. Toujours chez Disney, elle sera vue ensuite dans Un Mariage de Princesse (2004), Alice au Pays des Merveilles (2010) et Alice de l'Autre Côté du Miroir (2016). La comédienne campe ici un rôle tout à fait minime dans le film, n'apparaissant à l'écran que quelques minutes ; difficile dans ces conditions de rendre son personnages plus qu'anecdotique.

Les producteurs et les distributeurs vont pourtant centrer leur promotion sur la présence de l'actrice Anne Hathaway en insistant sur sa participation y compris sur les visuels alors qu'elle est quasi absente du long-métrage. Ils ont ainsi repoussé la sortie de De l’Autre Côté du Paradis pour surfer sur sa nouvelle popularité héritée de Princesse Malgré Elle. Une manœuvre vaine puisque le film sera un échec en salle. Il gagnera ensuite petit à petit ses lettres de noblesse grâce à sa sortie vidéo par Disney au point que plus de quinze ans plus tard, le 28 juin 2019, une suite The Other Side of Heaven 2 : Fire of Faith, basée sur le second livre autobiographique de John H. Groberg, se voit proposée au cinéma. Reprenant presque intégralement la casting du premier à l'exception notable d'Anne Hathaway, l'opus va raconter la deuxième mission dans les îles Tonga du missionnaire, désormais marié et père de nombreux enfants. Ce film n'aura en revanche aucun lien avec The Walt Disney Company.

Malgré ses beaux paysages et un personnage principal relativement attachant, De l’Autre Côté du Paradis met mal à l'aise dans son discours évangélique aux relents ethnocentriques...

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