Les Guerres Secrètes
La couverture
Éditeur :
Panini Comics
Date de publication France :
Le 06 janvier 2016
Collection :
Marvel Events
Auteur(s) :
Jim Shooter (Scénariste)
Mike Zeck (Dessinateur)
Bob Layton (Dessinateur)
Nombre de pages :
336

Le sommaire

• Marvel Super Heroes Secret Wars #1 (1984)
• Marvel Super Heroes Secret Wars #2 (1984)
• Marvel Super Heroes Secret Wars #3 (1984)
• Marvel Super Heroes Secret Wars #4 (1984)
• Marvel Super Heroes Secret Wars #5 (1984)
• Marvel Super Heroes Secret Wars #6 (1984)
• Marvel Super Heroes Secret Wars #7 (1984)
• Marvel Super Heroes Secret Wars #8 (1984)
• Marvel Super Heroes Secret Wars #9 (1985)
• Marvel Super Heroes Secret Wars #10 (1985)
• Marvel Super Heroes Secret Wars #11 (1985)
• Marvel Super Heroes Secret Wars #12 (1985)

La critique

rédigée par
Publiée le 05 avril 2019

Les Guerres Secrètes est un acte de la série Marvel Super Heroes Secret Wars publié par Panini Comics en 2016. L'histoire est écrite par Jim Shooter, dessinée par Mike Zeck et Bob Layton et paru chez Marvel Comics en 1984.

L’histoire prend donc ses sources dans les comics mêmes des participants de ces guerres, avec l’apparition d’un immense appareil technologique en plein milieu de Central Park. Décrit par Spider-Man comme un gigantesque Stonehenge futuriste, il attire nombre de héros à lui à commencer par Peter Parker, grâce à sa sensibilité arachnéenne, ou le Professeur Xavier qui mène les X-Men au site après des signaux psy reçus. Les Avengers, quant à eux, tombent dessus par hasard, tout comme Hulk et Iron Man (avec sous l’armure non pas Tony Stark mais son ami James Rhodes) ou encore les Quatre Fantastiques, qui ne sont que trois, Jane enceinte, se reposant au Baxter Building. Et à chaque fois qu’ils approchent de l’édifice, les protagonistes disparaissent dans un flash lumineux et sont transportés ailleurs sans que rien n’indique que leur retour sera possible...
Les héros se réveillent ensuite à bord d’un vaisseau spatial aux confins de l’univers. Abasourdis par le voyage, ils tentent de comprendre ce qui leur arrive et se présentent les uns aux autres. La Guèpe, Miss Hulk, Captain Marvel, Captain America, Thor, Hawkeye et Iron Man reforment ainsi les Avengers. Chez les X-Men le lecteur découvre, le Professeur X, Tornade, Diablo, Malicia, Cyclope, Wolverine, Colossus et le dragon de Kitty Pride alors en couple avec Colossus même si celle-ci est absente. Hulk, Spider-Man, la Torche, la Chose et Mister Fantastique sont aussi de la partie. À peine les présentations terminées qu’un autre vaisseau apparaît dans l’espace ! Charles Xavier sonde alors son contenu grâce à ses pouvoirs psy et frémit ! Son équipage est en effet formé de L’Enchanteresse d’Asgard, Ultron, l’Homme Absorbant, le Démolisseur, le Compresseur, le Boulet, Kang, le Docteur Octopus, le Lézard, Galactus, l’Homme Molécule et le Docteur Fatalis ! Les pires vilains réunis ensemble ! Sauf que tant d’égos surdimensionnés dans un même endroit ne peut engendrer que le chaos ; Ultron se mettant ainsi à attaquer les autres. Du côté des gentils, la Chose s’interroge sur ce rassemblement des forces et surtout pourquoi Magnéto est dans le même vaisseau qu’eux. Alors que le ton monte, des forces extraordinaires se mettent en place devant leurs yeux, la galaxie est aspirée par une puissance inconnue et une planète entière se révèle en formation à partir de fragment d’autres astres. Une faille semble s’ouvrir dans le noir cosmos et à travers un spectre lumineux, une voix s’élève : « Je viens de l’au-delà. Terrassez vos ennemis et vos désirs deviendront réalité. Il n’est de rêve que je ne puisse accomplir ». Devant cette chance improbable de voir son appétit de force vitale comblée, Galactus le Dévoreur de Monde s’élance dans l’espace, suivi de près par Fatalis, pour affronter l’invisible. En vain, ils sont repoussés sans avoir pu franchir la faille et s’écrasent sur la planète nouvellement créée. Les deux vaisseaux ennemis font de même et atterrissent non loin, l’un de l’autre.

Les héros reprennent leur débat concernant la présence de Magnéto. Tandis que le Prof X prend sa défense arguant que ses pouvoirs seront nécessaires, Captain America se voit désigné chef de cette équipe aux personnalités fortes. Sa nomination n'empêche pas les tensions de se manifester de nouveau…
Du côté des vilains, le bon sens ne fait pas plus légion. Fatalis, que tout le monde pensait mort, détruit le camp de ses homologues pour sanctionner leur peu d’ambition. Une simple victoire contre leurs adversaires ne l'intéresse pas, il veut en effet accéder aux pouvoirs de l’entité qui les a placés ici. Il détruit donc la base des méchants et veut rejoindre Reed Richards quand son vaisseau est abattu par Kang ! Il survit et se frotte aux héros avant de disparaître. Peu de temps après, l’équipe du Captain est attaquée par leurs antagonistes ! C'est alors le début d’un long récit entrecoupé de nombreuses batailles et autres bouleversements !

L'histoire est écrite par Jim Shooter, scénariste, dessinateur et éditeur de comics américain né en 1951. Sa carrière commence à l'âge de 13 ans (!) quand il envoie une histoire qu'il a écrite à DC Comics. À 14 ans il est officiellement publié et scénarise des numéros de Actions Comics. Il sera même le premier à faire s'affronter Superman et Flash dans une course pour savoir qui est le plus rapide ! Malgré une ascension fulgurante et un début de carrière chez Marvel, Jim doit retourner à Pittsburgh (sa ville natale) pour des raisons financières. Après quelques années de travail alimentaire, il est de retour chez les Big Two, d'abord chez DC Comics et ensuite chez Marvel où il grimpe les échelons hiérarchiques jusqu'au poste suprême de Rédacteur en Chef ! Sous son ère, la Maison des Idées sortira des récits et run iconiques tels que Frank Miller sur Daredevil, Chris Claremont sur Uncanny X-Men, et bien sûr Marvel Super Heroes Secret Wars. Il est aussi un co-fondateur de Valiant Comics, une maison d'édition qui occupe longtemps la troisième place dans le marché avant la création d'Image Comics.
Le dessinateur Mike Zeck est, quant à lui, né à Greenville en 1949. Après des études à la Ringling College of Art and Design de Floride, il commence sa carrière chez l'éditeur Charlton Comics. Il est repéré par Marvel Comics et fait ses débuts sur la série Master of Kung Fu en 1977. Les lecteurs peuvent aussi le retrouver sur le titre Captain America, The Punisher et chez DC Comics. Mais ses deux chef d'oeuvres restent Les Guerres Secrètes avec, comme point d'orgue, la création du costume noir de Spider-Man, et dans la foulée la saga La Dernière Chasse de Kraven.

Mais Les Guerres Secrètes ne concerne pas que Marvel. Il faut en effet se tourner vers un constructeur de jouets pour comprendre la naissance de cette histoire mythique ! Mattel est ainsi un fabriquant de jouets et jeux américain créé en 1945 par Harold Matson et Elliot Handler. Le nom provient d’ailleurs de la contraction des noms et prénoms de ses fondateurs. Dans les années 80, son concurrent direct est Kenner et celui-ci vient de frapper un grand coup en remportant la licence lui permettant d’exploiter les super héros de chez DC Comics. En obtenant les droits sur Marvel, Mattel empêche ainsi son rival d’avoir le monopole sur les plus grands héros de comics. Le constructeur de jouets va alors demander deux choses à la Maison des Idées : la création d’un titre regroupant les plus grands héros et vilains dont il possède les droits et que ce titre se nomme Secret Wars, les deux mots étant très vendeurs selon une étude de l'époque. Cette affaire est une aubaine pour Jim Shooter, alors rédacteur en chef de Marvel Comics. L’idée d’un comics mêlant plusieurs héros flotte, il est vrai, depuis longtemps dans sa tête. Il se lance alors dans l’écriture d'un récit où chaque héros et vilain a son importance et son rôle à jouer. C’est dès lors l’envie de suivre l’intégralité de l'univers Marvel et non un seul héros qui devient le levier d’achat du lecteur. L’idée que tout est connecté n’est pourtant à l'époque pas aussi développée que dans les années 2000 : elle germe juste. La saga Marvel Super Hero Contest of Champions avait, en effet, posé les bases d’un récit de ce type. Elle était même la première série en numéro limité de Marvel. Entraînant les héros dans un combat de Gladiateur pour une entité inconnue, la différence majeure avec les habitudes narratives prises par la suite reste le peu d’importances et de conséquences de l'aventure, ses protagonistes étant ramenés sur Terre juste après le moment de leurs enlèvements et perdant tous souvenirs. Les Guerres Secrètes devient donc la saga Marvel considérée comme un véritable event, avec la promesse que rien ne sera comme avant pour les plus grands héros et vilains de la planète.
Le comics va faire s’interroger le lecteur, plus ou moins subtilement, dès les premières pages sur la composition des équipes. Placer Magnéto chez les gentils est visiblement un pari audacieux. Mais il le dit lui-même, il n’est pas un criminel, pas un assassin juste un Homo Superior qui tente de survivre et d’aller dans le sens de l’évolution. Le débat sur l’entente humain-mutant s'invite d'ailleurs régulièrement au cœur du récit, montrant les réticences des uns face à la méfiance des autres. L’autre cas ambigu, qui laisse le lecteur seul véritable juge du choix de Jim Shooter, est de positionner Galactus chez les vilains. Pour rappel, Galactus est l’une des rares choses antérieures au Big Bang ayant survécu. Mais depuis, il est guidé par une faim que seule l'absorption de l'énergie d’une planète peut, pour un temps, satisfaire. Il est donc l’un des êtres les plus meurtriers de la galaxie. Mais est-ce réellement sa faute ? Sa réaction devant l’inconnu et la promesse de voir satisfait le moindre désir consiste à vouloir partir, ce qui l’oblige à calmer son féroce appétit, plutôt que d’attaquer les occupants du vaisseau ennemi, enfreignant là les règles établis par leur ravisseur. Une preuve de plus qu’au final Galactus n’est peut-être qu’une victime parmi d’autre de sa fringale.

Cette interrogation sur la dichotomie du monde et de la vision du Bien et du Mal revient souvent. Les Mutants font cession du groupe de Captain America pour créer une équipe servant les intérêts des Homo Superior tandis que L’Enchanteresse tente de s’allier avec Thor, arguant qu’ils sont tous les deux Asgardiens, donc supérieurs aux êtres présents...
Mais le récit n’a pas que des qualités de réflexion. Dès la première page et la présentation des héros, alignés dans une longue case bien droite permettant à chacun de se présenter, le lecteur peut sentir un léger forçage dans l’écriture et une maladresse dans un exercice rare dans les comics, le cross over/event. Phénomène courant à l’époque de la parution, certaines bulles ne transcrivent pas des paroles mais des pensées de personnages. Il s'agit là d'un outil intéressant mais seulement s’il est bien utilisé. Or, ici, souvent les pensées vont trahir un agacement des protagonistes, face à la situation ou une autorité sans que cela ne conduise à quelque chose de concret, laissant le lecteur sur sa faim.
Pire encore, de trop nombreux cliffhangers jalonnent la saga. Un event de qualité en comics comporte certes des révélations et des rebondissements c'est-à-dire des éléments faisant avancer rapidement l’histoire sur un faible nombre d'aventures en plus de promettre des changements drastiques pour l’univers Marvel. Mais ici, chaque numéro possède son lot de péripéties, qu’il s’agisse d’attaques surprises, de sauvetages, de changements de camp et d’amourettes (car oui, la guerre est propice aux histoires d’amour). Le plus gênant pour le lecteur reste la résolution abracadabresque dans la plupart des cas. L’Homme Molécule attaque les héros en leur écrasant une montagne dessus ? Ce n'est pas grave, Hulk peut la porter en protégeant tout le monde en même temps. Les amourettes sont légions et sans intérêt tant elles peuvent être fluctuantes et sans profondeur. L'une des idées les plus novatrices concerne toutefois Spider-Man avec un changement majeur pour le personnage. Changement imaginé par un “simple” fan et dont l'idée a été achetée... 200 dollars !
Les dessins sont en outre assez inégaux. Zeck a dû manifestement sacrifier sa créativité devant les exigences de Shooter et, sur la fin, ne fait que repasser derrière les crayonnés du scénariste. Une solution assez dommageable car le lecteur ressent ce changement avec une fin de saga plus lisse et plus figée. À prendre en compte également le fait que cette histoire a été publiée en 1984 avec tous les problèmes que cela peut induire, surtout face à un lecteur débutant dont des couleurs par trop flashy et une colorisation mal réalisée en impression qui bave sur les textures adjacentes…

Délicieusement kitsch, à la limite du nanard par moment, et pourtant en même temps novateur et précurseur des event et cross over de la Maison des Idées, Les Guerres Secrètes est un ovni pour tout lecteur de comics moderne. La première lecture peut être rude mais la deuxième (voir la troisième) se savoure, surtout si le fan se focalise sur le sous-texte et les thèmes qui malheureusement ne sont souvent qu’effleurés.

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