Soi-Même

Titre original :
SELF
Production :
Pixar Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 12 janvier 2024 (Cinéma)
Le 2 février 2024 (Disney+)
Série :
Genre :
Animation Image par Image / Animation 3D
Réalisation :
Searit Huluf
Musique :
Jennifer Rowekamp
Durée :
7 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Désireuse de s'intégrer, une marionnette en bois va changer d'apparence afin d'être remarquée...

La critique

rédigée par
Publiée le 06 mars 2024

Soi-Même est le onzième court-métrage Pixar de son programme intitulé SparkShorts.

En 2017, John Lasseter, alors toujours responsable de Pixar, impressionné par Piper qui vient de gagner l'Oscar du Meilleur Court-Métrage, choisit de renforcer la production de courts-métrages. Il décide ainsi que les studios de Luxo Jr. mettent en place un tout nouveau programme de réalisation de cartoons, intitulé SparkShorts. Le but est de permettre à chaque membre du studio, qu'il soit réalisateur, animateur ou technicien, d'avoir la possibilité de réaliser son propre dessin animé personnel. Pixar offre dans cette optique à chaque artiste six mois et quelques ressources techniques et financières pour mettre en œuvre son projet. La nouvelle série SparkShorts offre donc un ton spécifique et une vision artistique différente de ce qu'a produit l'ADN de Pixar jusque-là. Si le studio à la lampe de bureau s'était, il est vrai, déjà fait remarquer en laissant des artistes venus de diverses cultures proposer des courts-métrages sortant des sentiers battus à l'exemple de Sanjay et sa Super Équipe ou Bao, ici, les cartoons vont encore plus loin, se permettant aussi de viser, de temps en temps, un public différent de celui de Pixar : oubliée la cible familiale, les SparkShorts peuvent aussi proposer des cartoons qui ne parlent qu'aux adultes.

Les trois premiers SparkShorts, Purl, Écraser et Ramasser et Chatbull, sont d'abord proposés au cinéma durant une semaine, à partir du 18 janvier 2019, mais uniquement dans la salle du El Capitan Theatre à Los Angeles ; ce cinéma mythique d'Hollywood appartenant à The Walt Disney Company. Tous sont ensuite mis en ligne sur YouTube au rythme d'un par semaine, en commençant par Purl le 4 février 2019. Trois autres cartoons sont annoncés dans la foulée, L'EnvolWind et Renée, mais eux sont prévus pour sortir directement et uniquement sur la plateforme Disney+ qui ouvre sur le marché américain le 12 novembre 2019. Au final, ils sont également diffusés dans la salle du El Capitan Theatre à partir du 26 septembre 2019 tandis qu'au lancement de Disney+, quatre sont finalement proposés : Purl, Écraser et Ramasser, Chatbull ainsi que L'Envol. Wind arrive lui sur la plateforme le 13 décembre 2019 tandis que Renée est mis en ligne le 10 janvier 2020. Le septième de la série, Out, débarque lui directement sur Disney+ le 22 mai 2020. Mon Terrier était prévu un temps pour sortir au cinéma en avant-première de Soul, le 20 novembre 2020. Mais suite à la relégation du long-métrage sur Disney+ en raison des conséquences économiques de la crise sanitaire de la Covid-19, le court-métrage arrive finalement au même endroit et à la même date, le 25 décembre 2020. Les neuvième et dixième opus, respectivement La Vingtaine et Nona, sortent à une semaine d'intervalle les 10 et 17 septembre 2021. Le onzième, Soi-Même, est proposé quant à lui, bien plus tard, d'abord au cinéma le 12 janvier 2024 en première partie d'une sortie de Soul sur grand écran, avant d'arriver sur Disney+ le 2 février 2024.

Le court-métrage est réalisé et écrit par Searit Huluf. L'artiste d'origine éthiopienne et américaine est née et a été élevée à Los Angeles, en Californie. Elle y étudie le théâtre, le cinéma et la télévision à UCLA, en se concentrant sur l’écriture de scénarios et l’animation. Après avoir obtenu son diplôme, elle déménage dans la baie de San Francisco et commence à travailler pour les Pixar Animation Studios en tant que scénariste sur des films comme Les Indestructibles 2 ou Alerte Rouge. Elle écrit le script de Soi-Même qui marque par ailleurs aussi sa première réalisation pour le studio à la lampe. Lors de l'élaboration de son court-métrage, son inspiration principale est... elle-même, et notamment sa propension à, dit-elle, s'auto-saboter. Elle a en effet remarqué que lorsqu'elle veut réellement quelque chose, c'est précisément à ce moment qu'elle réduit à néant inconsciemment ses chances d'y parvenir. Et la plupart du temps, quand elle se rend compte qu'elle a été trop loin dans son erreur, il est malheureusement trop tard pour la corriger.

Soi-Même explore donc bien cette idée de base. L'héroïne arrive dans une nouvelle ville, pleine d'espoir, avec l'envie de découvrir de nouveaux horizons et de se faire des amis. Malheureusement, elle se rend vite compte qu'elle est totalement transparente et que personne ne lui adresse la parole. Pire, elle s'entrave, se casse le poignet dans l'indifférence générale. Triste, la nuit tombée, elle souhaite plus que tout se faire remarquer en désirant ardemment ressembler au reste de la population. Une bonne étoile (mais l'est-elle réellement ?) réalise alors son rêve et lui permet de changer un à un les membres de son corps... La réflexion qu'apporte le court-métrage est ainsi intéressante, à défaut d'être originale. Jusqu'à quel point une personne est-elle capable d'aller afin de s'intégrer ? Soi-Même montre symboliquement qu'il est possible de pousser très loin le renoncement de soi. Ainsi, l'héroïne n'hésite pas à sauter d'un immeuble pour récupérer une nouvelle apparence dans un mouvement symbolisant un suicide et, encore plus poignant, brise involontairement son ancien visage en marchant dessus. Obnubilée par le fait de vouloir ressembler aux autres afin de s'intégrer, elle a en réalité oublié qui elle était, au point de piétiner littéralement son ancien moi. Ceci dit, le cartoon est tout aussi fascinant en inversant le point de vue. La population locale ne commence à remarquer la nouvelle venue que lorsqu'elle lui ressemble. Et c'est en effet à ce moment-là, quand il est déjà trop tard, que les habitants se rendent compte qu'ils ont été bien trop indifférents, sans fatalement le vouloir d'ailleurs, mais seulement en étant habitués à voir ce qui les intéresse ou leur ressemble...

Si le fond est pertinent bien que déjà-vu, la forme elle est elle bien plus originale. Pour la première fois, les Pixar Animation Studios s'essayent en effet à l'animation image par image. Pour cela, ils s'offrent les services de Tippet Studio, basé à Berkeley. Créé en 1984, le label a travaillé sur différents effets visuels de films comme RoboCop, Jurassic Park ou Starship Troopers. Pour Soi-Même, le personnage principal est donc fait en animation image par image avec sa démarche saccadée typique, du moins dans sa version marionnette en bois, tandis que le reste des éléments et des personnages est réalisé en animation assistée par ordinateur. Le mélange s'avère assez détonnant surtout que, pour insister sur le récit, les habitants de la ville adoptent un design un peu rétro, leur donnant une allure de poupées de porcelaine comme pouvaient l'être les premiers personnages CGI au début de la technologie. Les décors sont eux assez quelconques et n'ont pas vocation à ressortir. La vraie prouesse vient plutôt dans le mélange des deux techniques mises en place dans l'évolution du personnage principal quand la marionnette change petit à petit les parties de son corps pour ressembler aux autres habitants de la ville.

Soi-Même possède un message simple mais efficace à défaut d'être original sur l'importance de savoir rester soi-même, y compris dans une recherche d'intégration ou de reconnaissance.

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