Titre original :
Around the World in 80 Minutes With Douglas Fairbanks
Production :
Walt Disney Animation Studios
United Artists
Date de sortie USA :
Le 12 décembre 1931
Distribution :
United Artists
Genre :
Animation 2D / Film "Live"
Réalisation :
Douglas Fairbanks
Victor Fleming
Musique :
Alfred Newman
Durée :
78 minutes
Disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Douglas Fairbanks invite le spectateur à découvrir les mystères de l'Océanie et de l'Asie : de l'archipel d'Hawaï aux iles du Japon en passant par la Chine, Hong-Kong, les Philippines, le Siam, le Cambodge et l'Inde...

La critique

rédigée par

Voyage Autour du Monde vaut essentiellement pour sa valeur historique. En effet, avant Hollywood Party et Entrée de Service, il s'agit là de la toute première participation de Walt Disney à un long-métrage cinéma. Bien plus anecdotique que dans les deux films de 1934 dont les séquences durent plusieurs minutes, la prestation du Maître se limite ici à peine quarante secondes. Mais la trouvaille est assez rare pour être soulignée sachant qu'aucun historien de Disney n'en parle dans aucun livre ! C'est ainsi l'outil internet qui, capitalisant les ressources de tout un chacun, a permis cette fabuleuse découverte. Car cette séquence a son importance puisqu'il s'agit tout de même d'une animation inédite ! Rien à voir avec My Lips Betray, sorti en 1933, qui comporte lui une séquence futuriste où apparait un simple extrait du cartoon de Mickey, Mickey au Moyen-Âge.

Douglas Fairbanks est né le 23 mai 1883 à Denver dans le Colorado. De son vrai nom Douglas Elton Ulman, il fait, à la sortie de l'université, ses débuts sur les planches dans de petits rôles qui lui permettent dès 1914 de conquérir Broadway. Il joue ensuite dans son premier film, Un Timide (The Lamb, 1915), sous la direction de D. W. Griffith, et fonde sa propre maison de production dès 1917. Parmi ses nombreux succès, se retrouvent Le Signe de Zorro (The Mark of Zorro, 1920), Les Trois Mousquetaires (The Three Musketeers, 1921), Robin des Bois (Robin Hood, 1926), Le Voleur de Bagdad (The Thief of Bagdad, 1924), Le Pirate Noir (The Black Pirate, 1926), Le Masque de Fer (The Iron Mask, 1929) et La Mégère Apprivoisée (The Taming of the Shrew, 1929). Dans la plupart de ses longs-métrages, il partage la vedette avec Mary Pickford, alors enfant chérie d'Hollywood, avec qui il se marie en 1920 pour finalement en divorcer en 1935. Douglas Fairbanks est à n'en pas douter l'un des premiers et des plus grands héros de cape et d'épée au cinéma. Ses prouesses athlétiques, son romantisme galant et sa spontanéité le consacrent d'ailleurs fort logiquement « roi d'Hollywood » dans les années 1920.
Avec Mary Pickford, Charlie Chaplin et D. W. Griffith, Douglas Fairbanks fonde United Artists en 1919, dont la vocation est de distribuer des films indépendants des grandes majors hollywoodiennes. Il met publiquement fin à sa carrière d'acteur en 1936 même s'il continue de produire des films jusqu'à sa mort, intervenue trois ans plus tard, le 12 décembre 1939 à Santa Monica en Californie.
Son fils Douglas Fairbanks Jr., issu d'un premier mariage avec Anna Beth Sully, tient à l'écran, dans les années 1930 et 1940, l'emploi du jeune premier fringant, s'inscrivant à merveille dans la lignée paternelle...

Voyage Autour du Monde est un film d'un autre temps à la fois d'un point de vue cinématographique et historique.
D'un point de vue historique, il révèle une atmosphère peu connue des pays d'Asie. En effet, les occidentaux moyens n'ont qu'une vision très imprécise de ces régions du monde dans l'Entre Deux-Guerres. Les cours d'histoire se sont, en effet, focalisés, à tort ou à raison, sur les seuls déclencheurs et acteurs majeurs de la Seconde Guerre Mondiale : l'Europe, les États-Unis et l'URSS. Le Japon est lui à peine survolé et le reste de l'Asie, totalement ignoré. D'un point de vue anthropologique, le film est ainsi intéressant et profondément dépaysant. Si le discours évite un ton colonialiste primaire, un léger sentiment de supériorité se ressent ici et là, essentiellement d'ailleurs dans la volonté, somme toute désespérée, de Douglas Fairbanks de mettre en avant son statut de star hollywoodienne.

Il faut dire que Voyage Autour du Monde est clairement l'objet de promotion d'une acteur mythique sur le déclin. Et de ce point de vue, le film est enrichissant remis dans son contexte cinématographique. En 1927, avant l'arrivée du parlant, Douglas Fairbanks sait, en effet, que sa carrière est déjà derrière lui. Age aidant, il ne peut plus se faire passer pour le jeune fringuant et athlétique qui a fait sa gloire durant les années 20. L'arrivée du son va donc finir de ternir son image puisqu'il ne participera qu'à cinq films parlants entre 1929 et 1934, livrant des prestations bien décevantes. Pour autant, à la toute fin des années 1920, il continue de travailler dans l'industrie hollywoodienne. Déjà, il soutient et finance la construction du Grauman's Chinese Theater dont il sera la première star à mettre ses empreintes dans le ciment juste devant, à son ouverture en 1927. Ensuite, en 1929, il est le premier président des Academy of Motion Picture Arts and Sciences et remet ainsi les premiers Oscars. Enfin, il ne s'affiche pas réfractaire au cinéma parlant et essaye tant bien que mal de s'y adapter. Malheureusement, malgré une carrière au théâtre qui lui avait donné une bonne diction, ses années de cinéma muet ont marqué son jeu, avec l'habitude de gestes amples et exagérés qui, dans un film parlant, s'avèrent tout bonnement grotesques. Jean Dujardin s'est d'ailleurs beaucoup inspiré de Douglas Fairbanks pour son rôle de George Valentin dans The Artist. Dans la vraie vie, l'acteur n'a toutefois pas connu une descente aux enfers aussi brutale et extrême même si la désillusion fut grande. Une de ses façons de fuir Hollywood où le public, les critiques et l'industrie se sont soudainement mis à le moquer, fut donc de partir en voyage. Et il trouve dans la réalisation d'un film, une astuce pour financer son périple : Voyage Autour du Monde est né !

Une fois le tournage terminé, les dialogues, via un monologue écrit par Robert E. Sherwood et interprété par Douglas Fairbanks lui-même, sont rajoutés. L'introduction ainsi que certaines séquences de liaisons sont également tournés en studio et mettent face caméra l'acteur placé devant une gigantesque carte de l'Asie. Il n'empêche ! Joseph Schenck, le producteur exécutif et le président d'United Artists, est loin d'être emballé par le résultat obtenu au point de refuser de sortir le film. Douglas Fairbanks bataille ferme et prévoit même une suite en Amérique Latine. Sous son impulsion, l'opus a donc droit à une avant-première le 19 novembre 1931 au Rivoli Theater de New-York puis une sortie nationale le 12 décembre 1931. Mais, Voyage Autour du Monde, littéralement descendu par la critique, est un échec retentissant au box-office annulant tout projet de suite !

Mis au rebus, il restera donc dans l'Histoire du Cinéma comme le tout premier long-métrage sur lequel Walt Disney a travaillé ! En 1930, les productions de Walt Disney sont, en effet, distribuées par Columbia Pictures, et ce jusqu'en 1932, année qui voit United Artists reprendre le contrat jusqu'en 1937 et au-delà, mais pour un seul autre film (Victory Through Air Power), en 1943. Bien que le premier cartoon Disney distribué par United Artists le soit durant l'été 1932, le deal entre les deux studios semble ainsi remonter à la fin de 1930. Lors de la sortie de Voyage Autour du Monde, l'accord est donc déjà signé ! De plus, le contrat de distribution avec la Columbia Pictures n'empêche pas Walt Disney de conserver toute latitude pour utiliser ses personnages, comme bon lui semble, dans des long-métrages d'autres studios. Cette anomalie contractuelle est identique à celle permettant en 1934 de voir des toons Disney dans un film MGM (Hollywood Party) ou Fox (Entrée de Service) alors même que les cartoons étaient eux distribués par United Artists !
L'autre explication à la présence de Mickey dans Voyage Autour du Monde est assurément la volonté de Walt Disney de faire plaisir à Douglas Fairbanks, l'un des fondateurs d'United Artists, qui a toujours été un admirateur de la souris disneyenne qu'il juge alors la seule à pleinement exploiter la capacité du son. Pour l'acteur et producteur, les cartoons de Mickey vont, en effet, au delà de la simple synchronisation sonore mais constituent une utilisation parfaite du rythme et du tempo.

La séquence de Mickey dans Voyage Autour du Monde dure toutefois moins d'une minute ! Il s'agit d'une scène de danse qui se trouve dans la partie consacrée au Siam. Après une présentation d'une danse locale, Douglas Fairbanks annonce, il est vrai, qu'une grande star va s'y essayer. La partie animée commence ainsi avec une décor exotique à souhait. Mickey sort d'un temple sur la droite de l'écran puis se dirige vers la gauche avant de revenir à son point de départ pour finalement disparaitre. Dans la première moitié de la scène, il imite donc les danses aperçues dans la séquence "Live" précédant la partie animée. Ensuite, il change de mouvement en exécutant, pour son chemin de retour, des pas dignes du Charleston et autres rythmes américains. Cette animation inédite semble avoir été réalisée par Dick Lundy, l'animateur des studios Disney, grand spécialiste des mouvements de danse.

En tant que film, Voyage Autour du Monde est à l'évidence totalement anecdotique. Long et peu divertissant, il ennuie à coups sûr son auditoire. Les passionnés d'histoire ou de cinéma auront toutefois plus de choses à se mettre sous la dent pour les symboles d'une époque révolue qu'il délivre ici ou là. Les fans de Disney, quant à eux, se délecteront d'une curiosité avec ses quarante secondes qui font de l'opus, le tout premier long-métrage sur lequel Walt Disney et Mickey ont travaillé ou participé !

Les personnages

L'équipe du film

1901 • 1966

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