PowerDuck
Les Aventures Galactiques de Fantomiald - Tome 01

Éditeur :
Unique Heritage Entertainment
Date de publication France :
Le 10 décembre 2021
Genre :
Bandes dessinées italiennes
Auteur(s) :
Alessandro Sisti (Scénario)
Ezio Sisto (Scénario)
Francesco Artibani (Scénario)
Simone Stenti (Scénario)
Alberto Lavoradori (Dessin)
Claudio Sciarrone (Dessin)
Stefano Intini (Dessin)
Sandro Zemolin (Dessin)
Corrado Mastantuono (Dessin)
Paolo Mottura (Dessin)
Nombre de pages :
354

Le sommaire

• Les Évroniens (1996)
• Le Vent du Temps (1996)
• Xadhoom !
• Ombres sur Vénus (1996)
• Deuzio (1997)

La critique

rédigée par
Publiée le 11 mars 2022

Donald Duck est l'une des plus grandes stars du petit monde des comics. L'irascible Canard se hisse d'ailleurs à la cinquième place dans le classement des personnages les plus publiés, juste après quatre super-héros adorés des lecteurs : Batman, Superman, Wolverine et Spider-Man. Ce succès, Donald le doit aux grands Maîtres de la bande dessinée, fussent-ils américains, scandinaves ou italiens, qui n'ont eu de cesse de révolutionner les histoires du Canard. Aventurier infortuné, vengeur urbain, agent secret ; Donald a vécu mille et une vies sous le crayon des meilleurs auteurs. En 1996, une poignée d'artistes transalpins fait souffler un vent de fraîcheur sur Donaldville en réinventant complètement la mythologie de Fantomiald, l'alter ego héroïque de Donald, dans une nouvelle série intitulée Paperinik New Adventures. Fin 2021, cette collection, dans laquelle le personnage est renommé PowerDuck dans l'Hexagone, est enfin proposée au lectorat français dans son propre magazine : PowerDuck : Les Aventures Galactiques de Fantomiald, un hors-série des (Les) Chroniques de Fantomiald.

C'est en 1969 que naît Fantomiald, dans l'histoire Paperinik il Diabolico Vendicatore (Fantomiald, le Vengeur Diabolique ! ou Donald... Ou Comment Devenir Fantomiald ! suivant les traductions), sous l'impulsion des auteurs Elisa Penna et Guido Martina et du dessinateur Giovan Battista Carpi. Dans cette histoire en deux parties, Donald reçoit par erreur le premier prix de la loterie, normalement destiné à son cousin Gontran Bonheur : les clés de la Villa Rosa. Dans la vieille bâtisse, il découvre alors le journal de Fantomius, un Canard qui a jadis mené une double-vie en détroussant les riches avec distinction et ingéniosité et qui avait fait de la Villa Rosa son repaire secret. Bien vite, Donald s'inspire de son nouveau héros et se crée l'identité secrète du vengeur masqué nocturne devenu culte, Fantomiald !
C'est le début d'une florissante carrière pour le palmipède masqué dont les péripéties connaissent immédiatement un franc succès. Dans les années 90 en Italie, les nouvelles aventures de Fantomiald sont alors proposées aux côtés d'histoires réimprimées dans le magazine Paperinik e Altri Supereroi (littéralement : « Fantomiald et Autres Super-Héros »), le tout agrémenté de couvertures très dynamiques. En 1995, l'artiste Massimiliano Monteduro, qui s'occupe notamment de mettre en couleur les somptueuses illustrations de couverture de Marco Ghiglione, déplore qu'il y ait un tel niveau de décalage entre les couvertures tape-à-l'œil et le contenu des histoires, bien souvent plus simple. D'une simple discussion de cet état de fait entre Massimiliano Monteduro et Ezio Sisto germe donc l'idée de développer un magazine plus moderne et uniforme. Avec le soutien de Paolo Cavaglione, le rédacteur en chef de Topolino et de presque toutes les autres revues Disney publiées en Italie durant cette période, les artistes ont l'ambition de moderniser l'univers de Fantomiald pour l'ancrer dans un univers beaucoup plus science-fictionnesque, clairement empreint des préoccupations contemporaines et nourri par la culture populaire de l'époque.

Fortement inspirée par les comics édités par Marvel et DC, l'équipe chargée du développement de ce Fantomiald 2.0, emmenée par Ezio Sisto, Max Monteduro, Alberto Lavoradori et Alessandro Sisti, imagine donc un univers parallèle permettant toutes les excentricités, éloigné des histoires généralement ancrées dans le réel des précédentes publications. Donald y endosse toujours le rôle de Fantomiald, le vengeur des opprimés évoluant dans une Donaldville sombre et technologiquement avancée, mais le destin du Canard va rapidement basculer lorsque il fait la connaissance d'Uno, une intelligence artificielle. Ensemble, les deux compères mal assortis vont devoir lutter contre des ennemis intergalactiques, des vilains venus du futur et bien d'autres menaces dignes des plus grands super-héros.
Cette nouvelle série, nommée Paperinik New Adventures (souvent abrégée en PKNA), sort en mars 1996 et offre la particularité de s'appuyer très largement sur une idée de continuité empruntée aux géants des comics américains. Ce concept permet notamment aux auteurs de développer de véritables arcs narratifs bourrés de retournements de situation, de suspense et d'intrigues complexes qui courent sur plusieurs numéros, afin de tenir en haleine un lectorat qui réserve immédiatement un accueil triomphal à cette relecture du personnage de Fantomiald.

Après près de quatre ans et demi et plus de cinquante numéros, le héros a vu la suite de ses aventures s'écrire dans une nouvelle série, PK2, avant de connaître un reboot en 2002 dans PK - Pikappa ; dans cette nouvelle version, Donald n'est jamais allé à la Villa Rosa, et il n'est donc jamais devenu Fantomiald ! Le Canard colérique devient ainsi un super-héros par hasard, lorsque Uno le sélectionne pour devenir l'un des Gardiens de la Galaxie, des héros chargés de protéger le cosmos des menaces interstellaires, notamment les terribles Évroniens. À cette occasion, le super-Canard endosse donc une identité inédite : Pikappa (la prononciation italienne des lettres P et K). La série, décriée par les lecteurs en raison de l'abandon de la continuité qui faisait la richesse des deux précédentes publications, s'achève au terme de 32 numéros en 2005. Depuis 2014, le personnage dépeint dans les deux premières séries, Paperinik New Adventures et PK2, a fait son grand retour entre les pages de Topolino, cette fois-ci dans des épisodes en plusieurs parties et sans régularité.
En France, seules quelques rares histoires de Paperinik New Adventures, la première série, sont publiées dans Super Picsou Géant en 2012. L'éditeur décide alors de substituer le nom de Fantomiald par celui de PowerDuck, non seulement pour permettre au lectorat français de différencier facilement les deux versions du héros, mais aussi pour correspondre au sigle de PK, composé de la première et de la dernière lettre du nom italien Paperinik.

Le premier volume de PowerDuck : Les Aventures Galactiques de Fantomiald a donc l'ambition de présenter au lectorat français la série Paperinik New Adventures pour la première fois, près de 25 ans après sa parution en Italie. Et cela commence avec le n°0 de la série, titré Les Évroniens. Les cinq premières pages, sans aucun dialogue, présentent une flotte extraterrestre en train d'anéantir une planète, pendant qu'une mystérieuse silhouette observe le massacre, impuissante. Peu après, c'est à Donaldville que les envahisseurs, appelés les Évroniens, ont prévu de faire escale. Envoyés en mission de reconnaissance, les Frigoriflammes, les esclaves des extraterrestres, sont arrêtés net par l'intervention de PowerDuck et forcés de battre en retraite ! Malheureusement, le Canard masqué attire l'attention de ces nouveaux ennemis intergalactiques, qui ne tardent pas à fomenter un plan pour l'éliminer. Alors qu'il ignore encore tout des sombres intentions des Évroniens, Donald est contraint d'accepter une offre d'emploi de Picsou : désormais, le Canard sera le gardien de la Ducklair Tower, un immeuble qui appartenait autrefois à un multimilliardaire porté disparu et que son richissime oncle vient de s'offrir. Tandis qu'il enquête sur ce qu'il pense être un étage fantôme du gratte-ciel, PowerDuck rencontre Uno, une intelligence artificielle programmée par l'ancien propriétaire des lieux. S'emparant de gadgets beaucoup plus avancés que tous ceux qu'il utilisait précédemment, PowerDuck va partir en guerre contre les Évroniens, fraîchement débarqués en nombre pour mettre à genoux Donaldville.

Très réussie, cette première histoire pose à merveille les bases de cette nouvelle série tout en redéfinissant complètement l'univers du héros. Exit donc les situations rocambolesques face à des ennemis pas toujours très malins, et place aux cruels Évroniens, une race sans pitié qui reviendra de façon récurrente dans les histoires suivantes pour tenter de faire plier PowerDuck. De manière générale, les bandes dessinées se veulent sérieuses et lorgnent vers un public plus mature, même s'il va de soi que la série s'adresse à tous les âges, grâce notamment aux dialogues émaillés d'un humour bien senti. Ce premier numéro est aussi l'occasion pour le lectorat de rencontrer les personnages principaux gravitant autour de PowerDuck, à commencer par Uno. Venu en quelque sorte remplacer l'inventeur Géo Trouvetou dans le rôle d'acolyte scientifique, l'intelligence artificielle possède quelques répliques très amusantes, pouvant se montrer tout à la fois sarcastique et imperméable aux facéties du héros, qu'il ne comprend tout simplement pas. De son côté, Lyla, une charmante journaliste, ne tient qu'un petit rôle dans Les Évroniens, mais quelques indices permettent déjà au lectorat de comprendre que la jeune femme en sait bien plus sur PowerDuck qu'elle ne veut l'avouer. Enfin, Angus Fangus, un reporter et polémiste ronchon, est une parfaite caricature de J. Jonah Jameson, l'acerbe journaliste qui a causé bien des torts à Spider-Man dans l'opinion publique. Comme lui, Angus est persuadé que son nouvel ennemi juré est une menace et il n'hésitera pas, au fil de la série, à user de manipulation pour persuader les habitants de Donaldville de se méfier de PowerDuck !

Les épisodes suivants poursuivent l'exploration de l'univers du héros palmé. PowerDuck, après avoir mis les Évroniens en déroute, fait la rencontre de son premier super-vilain récurrent, en la personne du Razziator, dans le n°0/2, intitulé Le Vent du Temps. Avec lui, il est évident que les artistes italiens se sont fait un immense plaisir de transposer à Donaldville toute l'essence des plus grands méchants de comics américains. Le Razziator possède ainsi des pouvoirs extraordinaires, un ego surdimensionné et un bagout que le Docteur Fatalis, éternel ennemi des 4 Fantastiques de Marvel, n'aurait pas renié ! Dans Xadhoom !, l'épisode suivant numéroté 0/3, c'est cette fois-ci une alliée potentielle venue de l'espace qui tombe nez à bec avec PowerDuck. Habitante d'une lointaine planète ravagée par les Évroniens, Xadhoom se révèle rapidement être une super-héroïne brut de décoffrage aux pouvoirs phénoménaux. Née dans le chaos et façonnée par le seul désir de vengeance contre ceux qui ont détruit son peuple, Xadhoom est de ces héros brisés que le lectorat prend toujours un grand plaisir à découvrir, tant ils savent susciter presque immédiatement un attachement émotionnel fort.

Au fil des cinq épisodes rassemblés dans le premier volume de PowerDuck : Les Aventures Galactiques de Fantomiald, il est donc évident que les artistes officiant sur la série ont volontiers emprunté à Marvel Comics et, dans une moindre mesure, à DC Comics, les recettes qui ont fait leur succès. Outre les quelques archétypes de personnages qu'ils ont pastichés, les auteurs ont jeté leur dévolu sur un élément central des comics : la fameuse continuité. Les épisodes se suivent chronologiquement et se répondent donc, ce qui permet aux scénaristes d'écrire des scénarios plus ambitieux et de laisser certains éléments en suspens afin de ménager, d'un numéro à l'autre, un effet de suspense diablement efficace.
Du reste, ces premiers épisodes des aventures de PowerDuck frappent le lectorat grâce à l'exploration de thèmes très peu abordés précédemment dans les aventures principales de Fantomiald, et notamment ceux relevant du genre de la science-fiction. L'exploration de l'espace et les guerres galactiques sont évidemment au cœur de la série, avec en toile de fond la menace omniprésente exercée par les Évroniens, mais Paperinik New Adventures propose également des intrigues ayant trait au voyage dans le temps ou sur fond de guerre technologique. Près de 25 ans après sa première parution en Italie, la série inédite en français n'a d'ailleurs pas pris une seule ride et son propos reste tout à fait pertinent, sans jamais paraître daté ; un vrai petit exploit.

Forte de ces nombreux thèmes abordés, la série donne également aux artistes italiens la chance de briser tous les canons graphiques, comme les traditionnelles pages à trois bandes, en faveur d'une construction beaucoup plus éclatée. En alternant des pleines pages et des planches où les cases sont de taille très inégale, se chevauchant même parfois, les artistes jouent sur le rythme du récit tout en insufflant une véritable modernité à l'ensemble. L'artiste coloriste Massimiliano Monteduro avait noté une certaine déconnexion entre la splendeur des couvertures et les dessins plus simples contenus dans les précédents recueils dédiés à Fantomiald ; qu'à cela ne tienne, les artistes à l'œuvre sur Paperinik New Adventures se sont assurés d'éblouir leur lectorat à chaque page ! Au moyen de couleurs chatoyantes, d'une superbe maîtrise de la lumière et des ombres et surtout grâce à un imaginaire futuristique et spacial saisissant, les dessinateurs livrent un travail remarquable. De la froideur d'une Donaldville tout en verticalité et inspirée de Gotham City en passant par les multiples vaisseaux spatiaux qui parsèment les pages du premier volume de PowerDuck : Les Aventures Galactiques de Fantomiald, le recueil sait enchanter les lectrices et lecteurs.

Le premier volume de PowerDuck : Les Aventures Galactiques de Fantomiald est une véritable aubaine pour les plus fidèles lecteurs francophones des aventures des Canards en bandes dessinées. Majoritairement inédite en français, la série est de ces œuvres qui ont participé à moderniser un personnage adoré de toutes et de tous sans jamais sacrifier l'attachante personnalité de son héros. Un véritable trésor du passé qui se lit, 25 ans plus tard, toujours avec la même délectation.

Les autres tomes

PowerDuck : Les Aventures Galactiques de Fantomiald - Tome 02
Tome 02
Date de publication France

Le 22 avril 2022

Auteur(s)

Alessandro Sisti (Scénario), Francesco Artibani (Scénario), Simone Stenti (Scénario), Gianfranco Cordara (Scénario), Claudio Sciarrone (Dessin), Francesco Guerrini (Dessin), Alessandro Barbucci (Dessin), Fabio Celoni (Dessin)

Sommaire

Le Jour du Soleil Froid (1997)
Tremblement de Terre (1997)
Portrait du Héros en Jeune Homme (1997)
Spores (1997)

PowerDuck : Les Aventures Galactiques de Fantomiald - Tome 03
Tome 03
Date de publication France

Le 20 octobre 2022

Auteur(s)

Francesco Artibani (Scénario), Alessandro Sisti (Scénario), Gianfranco Cordara (Scénario), Tito Faraci (Scénario), Paolo Mottura (Dessin), Claudio Sciarrone (Dessin), Francesco Guerrini (Dessin), Lorenzo Pastrovicchio (Dessin)

Sommaire

Invasion (1997)
Silicium (1997)
Les Sources de la Lune (1997)
Trauma (1997)

PowerDuck : Les Aventures Galactiques de Fantomiald - Tome 04
Tome 04
Date de publication France

Le 5 avril 2023

Auteur(s)

Francesco Artibani (Scénario), Alessandro Sisti (Scénario), Gianfranco Cordara (Scénario), Paola Mulazzi (Scénario), Tito Faraci (Scénario), Silvia Ziche (Scénario), Marco Ghiglione (Dessin), Claudio Sciarrone (Dessin), Francesco Guerrini (Dessin), Alessandro Barbucci (Dessin), Silvia Ziche (Dessin)

Sommaire

PowerDuck :
Urk (1997)
Réécriture (1997)
La Nuit la Plus Noire (1998)
Carpe Diem (1997)

Les Enquêtes Inédites d'Angus :
Cinq Colonnes à la Honte (1997)
Bruits de Fond (1997)
Le Grand Scoop (1998)

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