Héros de l'Olympe
La Marque d'Athéna
Titre original : The Heroes of Olympus : The Mark of Athena Éditeur : Albin Michel (Collection Wiz) Date de publication France : Le 27 février 2013 Collection : Héros de l'Olympe |
Auteur(s) : Rick Riordan Autre(s) Date(s) de Publication : Disney•Hyperion (US) : Le 2 octobre 2012 Nombre de pages : 592 |
Le synopsis
La critique
La Marque d'Athéna est le troisième roman de la pentalogie des Héros de l'Olympe, la troisième série de livres de Rick Riordan située dans l'univers de Percy Jackson et publiée chez Disney•Hyperion entre 2010 et 2014 et par Albin Michel en France de 2011 à 2015.
Rick Riordan est l'un des auteurs de fantasy jeunesse et jeunes adultes les plus connus du monde occidental, ayant créé l'univers de Percy Jackson traduit dans quarante-deux langues et inspiré de la mythologie grecque. Son premier roman s'intitule pourtant Big Red Tequila et appartient à une autre série du genre policier nommée Tres Navarre. Au-delà de l'univers mythologique auquel l'immense majorité de ses romans appartiennent, il a coécrit la série The 39 Clues publiée chez Scholastic entre 2008 et 2016.
Même si chaque héros a son importance dans les romans de Rick Riordan, il est possible de dire que le protagoniste principal de ce tome est Annabeth, elle qui a été très peu présente dans les deux précédents puisque le premier se focalisait sur Jason, Piper et Léo et que le second prenait place au Camp Jupiter. Suite aux révélations du premier tome, elle décide donc d’aller chercher Percy à bord de l'Argo II, accompagnée de ses trois nouveaux compères, ainsi que de l'entraîneur Gleeson Hedge qui les chaperonne.
D'emblée, le ton de l'histoire est humoristique puisque que le menaçant navire de bronze grec, arrivant en terrain ennemi au Camp Jupiter, est dirigé par une manette de Wii manœuvrée par nul autre qu’un Léo surexcité. En plus du sauvetage de Percy Jackson, leur arrivée marque le retour de Jason Grace au Camp Jupiter, lequel était lui aussi porté disparu. En retrouvant Annabeth, le lectorat a accès à ses pensées pour la première fois et découvre son ressenti vis-à-vis de ses trois compagnons et le manque de confiance que lui inspire Jason qu'elle trouve trop parfait. À bord de l'Argo II, elle aperçoit les demi-dieux en toge émergeant du paysage, lesquels assistaient à l'arrivée du navire dans le tome précédent. Elle entrevoit également les résultats de la bataille qui vient de se dérouler au Camp Jupiter et les différents bâtiments qui le composent, ainsi que la rivière qui le borde. Elle aperçoit aussi Tyson et Mrs. O'Leary arrivés en amont et, lorsque Percy entre enfin dans son champ de vision, le lectorat a accès à son expérience des deux derniers tomes : la douleur qu’elle a ressentie à l’idée d'avoir perdu son petit ami et les sentiments amoureux qu'elle ressent pour lui depuis ses douze ans.
L'utilisation du point de vue multiple dans cette troisième série de Rick Riordan permet au lectorat de revoir les événements à travers les yeux d’autres personnages que Percy Jackson ; une aubaine pour qui est friand de détails et de révélations. Une fois Percy rejoint, Annabeth l'embrasse avec passion, ce qui montre bien qu'ils ont grandi depuis la première série littéraire. Mais sa tranquillité est de courte durée, car elle entend une voix menaçante dans sa tête qui ne la quitte plus depuis un certain temps. Finalement, il leur faut repartir et les sept demi-dieux embarquent à bord de l'Argo II sous le feu du Camp Jupiter pour accomplir la Prophétie des Sept et vaincre Gaïa alors que la paix entre les deux camps n'a pas été restaurée.
Lorsque les demi-dieux se retrouvent à bord, ils commencent à se raconter les événements qui ont eu lieu dans les précédents tomes pour reformer le puzzle de leurs expériences, des passages qui pourraient sembler répétitifs pour le lecteur, mais sur lesquels Riordan s'en sort à merveille. Aussi, dans ce tome, les personnages vont enfin quitter les États-Unis pour retourner sur les traces des Romains et des Grecs. Si le concept de base d'avoir fait déménager les divinités grecques et romaines aux États-Unis n'était pas complètement cohérent bien que cela fasse partie intégrante de l'univers de Percy Jackson et de ses postulats, revenir dans les pays d'origine prend tout son sens et permet de faire le lien avec les anciennes croyances. En faisant voyager ses personnages en Europe, l'auteur permet aussi aux lecteurs de découvrir les différents lieux clés de la Grèce et de l'Italie antiques, et comme à son habitude, il éduque son lectorat en multipliant les créatures magiques, les références culturelles, les traditions et les rapports entre les divinités grecques et romaines et leurs attributs. Il ajoute aussi à l'intrigue de nombreuses divinités qui joueront un rôle important, lesquelles ne sont pas forcément les plus connues du monde contemporain. Sous la plume de Riordan, les dieux sont presque toujours pleins d'humour et faillibles, ce qui les rapproche du lecteur et ne leur confère pas de caractère menaçant pour la plupart, même lorsqu'ils œuvrent contre les héros. Cependant, chaque dieu est présenté d’une manière originale, marquante et fidèle à ses attributs. Par exemple, Némésis, déesse de la vengeance, attise chez les héros la colère en lisant en eux leur passé comme dans un livre ouvert, et le visage d’Écho semble ne jamais pouvoir s'imprimer dans la mémoire de quiconque.
À l’image d’autres romans Disney, les rapports entre les personnages féminins aimant le même garçon sont plein de dignité. Quand Reyna rejoint les héros, elle veut tout de suite parler avec Annabeth seule à seule de Percy, et il en résulte ainsi une bonne discussion qui leur permettra de devenir amies. La même chose se produira par ailleurs entre Reyna et Piper qui deviendront elles aussi très liées. Ceci n'est pas sans rappeler le beau message du Twisted Tale Ce Monde qui est le Mien de Jen Calonita (Disney•Hyperion (US) et Hachette Heroes (France), 2021) mettant en scène Mégara ; dans ce roman, la vérité était rétablie au sujet du petit ami de la belle qui l'avait quittée pour une autre tout en permettant le développement de beaux rapports entre les différents personnages. Reyna révèle également qu'elle a reconnu Annabeth du temps où elles s’étaient croisées avec Percy, lorsqu’elle était encore avec sa sœur Hylla dans la demeure de Circée, cela crée donc un lien plus profond entre les deux personnages datant de la première série de livres. À cela s’ajoute le fait que Reyna demande à Annabeth de la convaincre qu'une alliance avec le Camp des Sang-Mêlé est dans son intérêt ; ainsi les deux jeunes filles règlent ensemble les affaires politiques.
Riordan parvient à mettre en relief chacun des personnages en leur assignant des aventures et défis respectifs, un rôle dans la prophétie, des pouvoirs individuels et en les divisant en petits groupes qui servent à les rapprocher. Vers les trois quarts du livre, les groupes se rejoignent ensuite au bateau une fois les différentes quêtes terminées. Riordan joue aussi avec les différents liens sous-jacents entre les personnages, tels que celui inattendu unissant Hazel et Léo, Jason et Thalia, Reyna, Annabeth et Percy, et Hazel et Nico, ou encore les inclinations opposées de Léo et Frank envers le feu. Au-delà des relations que les personnages vont développer entre eux, lesquelles se forment souvent de façon surprenante, l'auteur parvient à créer des échanges et chassés-croisés plus subtils et souvent fondamentaux au récit.
Léo est le second personnage à prendre la parole dans l’histoire, suivi de Piper et de Percy. Dans ce tome, il s'affirme comme un héros clé de la pentalogie. Et puisqu'il est l'un des seuls à ne pas avoir de petite amie, il aurait pu devenir une sorte de faire-valoir ; au contraire, son histoire a tendance à dépasser celle des autres personnages qui auraient semblé plus importants de prime abord. Aussi, même lorsque le récit ne se déroule pas de son point de vue, son humour transparaît à travers les autres, et lorsqu'il n'est pas là, il vient vite à manquer. Du fait de la teneur plus sombre de cette série, il apporte une légèreté nécessaire à l'action et renoue en quelque sorte avec l'atmosphère de la première série de Riordan. Son besoin constant de se déprécier, mais également de toujours voir les situations de façon positive avec un brin de sarcasme, les fréquentes onomatopées, et les références au monde contemporain en font un personnage très réussi qui a tendance à éclipser les autres. Nonobstant et comme fréquemment, la personnalité incroyablement enthousiaste de Léo cache une vulnérabilité due a des expériences passées douloureuses. Son passage dans le système des familles d'accueil est mentionné de temps à autre, mais cette thématique sera plus particulièrement développée dans la trilogie de Magnus Chase et les Dieux d'Asgard (Disney•Hyperion (US), 2015-2017 ; Albin Michel (France), 2016-2018) du même auteur.
Héros de l'Olympe : La Marque d’Athéna est un très bon ouvrage, dans lequel l'auteur a su articuler de nombreux personnages et civilisations en alliant action, humour et thématiques profondes. Parmi tous les titres des trois premières séries de Rick Riordan, la fin de ce troisième tome des Héros de l'Olympe est sans doute celle qui laisse le plus le lecteur en suspens, et il plonge les héros dans le plus grand défi qu'ils aient eu à relever, présageant par là même un excellent quatrième volume.