Joujoux Brisés
L'écran titre
Titre original :
Broken Toys
Production :
Walt Disney Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 14 décembre 1935
Genre :
Animation 2D
Réalisation :
Ben Sharpsteen
Musique :
Albert Hay Malotte
Durée :
8 minutes
Disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Des vieux jouets décident de se réparer afin de plaire de nouveau aux enfants...

La critique

rédigée par
Publiée le 20 décembre 2016

Joujoux Brisés est un cartoon aussi inventif que poétique dont le final s'avère absolument touchant. Retour sur un chef d'œuvre oublié.

Le court-métrage met avant, comme tant d'autres dans les Silly Symphonies, une communauté d'objets fantastiques : ici, ce sont des jouets cassés dans une décharge qui prennent vie sous les yeux ébahis des spectateurs. Le cartoon est ainsi, dès ses premières scènes, totalement charmant. Un marin en bois va donc prendre la tête des jouets cassés afin qu'ils s'entraident pour se réparer les uns les autres pour ensuite les sortir de ce lieu d'abandon. Joujoux Brisés est également un court-métrage parfaitement ancré dans son époque. Clairement, il est une parabole à la Grande Dépression où de nombreuses personnes se retrouvaient à la rue. Pourtant ici, le message est plein d'espoir via un double langage savamment distillé. La chanson, We're Gonna Get Out of the Dumps, écrite par Albert Hay Malotte, met d'ailleurs bien en avant ce message si américain qui veut qu'il faut d'abord se retrousser soi-même les manches pour se sortir des difficultés puis réussir. Les images illustrent ensuite la mélodie en rajoutant un deuxième propos : celui de la force de l'entraide.

Le niveau de personnalisation des jouets impressionne vraiment dans Joujoux Brisés. Il y a bien-sûr le marin en bois mais également la belle poupée aveugle, le policier enrobé, les poupées infirmières ou l'éléphant en peluche. Les cinéphiles apprécieront également des jouets qui ont un design fait à partir de caricatures de stars d'Hollywood de l'époque. Se remarquent ainsi Ned Sparks en diable à ressort, Zasu Pitts en poupée en coton rachitique, W.C. Fields en jouet culbuto ou encore Stepin Fetchit en marionnette articulée. Chacun des personnages est incroyablement expressif grâce aux talents d'animateur de renom comme Art Babbitt, Bill Tytla ou Wolfgang Reitherman. Il faut également saluer le formidable travail fait sur les décors, même si les artistes qui en responsables sont malheureusement restés anonymes.

Zasu Pitts
Ned Sparks
W.C. Fields
Stepin Fetchit

Joujoux Brisés propose également un personnage de poupée afro-américaine : vraie allusion raciste, elle passe totalement inaperçue en France alors même qu'elle a de lourdes résonances aux États-Unis. Cette poupée est, en effet, une caricature de Mammy dans un clin d'œil à une chanson du long-métrage de 1927, The Jazz Singer, le premier film "live" avec dialogue et son synchronisé qui inspira Walt Disney pour Steamboat Willie. Elle fait ainsi référence à l'acteur principal, Al Jolson, une icône de l'époque connue pour ses sketches "blackface". Cette expression qualifie les comédiens blancs qui, grimés en noirs via du maquillage accentuant un contour blanc autour des lèves pour en simuler la grosseur, parodiaient dans des spectacles de vaudeville la vie des afro-américains des plantations du Sud. D'une vision totalement raciste et réductrice, ces sketches, très en vogues à l'époque, tomberaient aujourd'hui sous le coup de la loi.

Mais ces visions n'en restent pas moins d'un autre temps où les artistes ne pensaient pas mal faire. Au delà d'elles, certaines scènes de Joujoux Brisés sont ainsi touchantes ou amusantes. Il y a par exemple celle où l'éléphant se nettoie avec un dentifrice ; celle où le marin en bois utilise un jouet véhicule de chantier pour "transfuser" de la mousse du policier obèse vers la poupée rachitique ou encore la plus prenante, celle où la poupée aveugle va se faire greffer de beaux yeux bleus. C'est à la fois intense, drôle et émouvant. Une véritable réussite.

Joujoux Brisés  est en outre un cartoon prenant pour thématique Noël. Or, il en existe finalement peu dans la filmographie disneyenne. Le plus connu est d'ailleurs assurément Le Noël de Mickey mais il date des années 80. Avant cela, il peut être cité L'Arbre de Noël de Pluto en 1952, Donald et son Arbre de Noël en 1949 ou encore les fameux Silly Symphonies, L'Atelier du Père Noël en 1932 et L'Arbre de Noël en 1933. Joujoux Brisés est donc le troisième de la série Silly Symphonies à se baser sur le thème de Noël. Pour autant, il est le moins connus des trois, peut-être car la filiation avec les fêtes de fin d'année ne devient évidente qu'à la toute fin. C'est le final qui rend, il est vrai, le cartoon si unique et touchant de tendresse. Les jouets une fois réparés quittent alors la décharge et se dirigent dans la neige vers le village. Ils passent sans hésiter les grillages d'une maison qu'un travelling arrière révèle être un orphelinat entièrement décoré pour Noël. L'idée sera reprise, en partie, bien des années plus tard dans Toy Story 3 démontrant que les jouets sont faits pour donner de la joie aux enfants.

Joujoux Brisés est un cartoon débordant de charme qui reste un peu oublié dans la filmographie Disney. Un court-métrage de Noël à savourer tous les ans à la période de fêtes.

L'équipe du film

1904 • 1968
1907 • 1979
1912 • 1998
1901 • 1966

Poursuivre la visite

Le Forum et les Réseaux Sociaux

www.chroniquedisney.fr
Chronique Disney est un site de fans, non officiel, sans lien avec The Walt Disney Company, ni publicité,
utilisant des visuels appartenant à The Walt Disney Company ou des tiers par simple tolérance éditoriale, jamais commerciale.