Plus de Silly Symphonies

Volume 2

Les Silly Symphonies sont nés en 1929 quand Carl Starlling, alors en charge de la musique des cartoons de Disney, suggère à Walt Disney l'idée selon laquelle la musique peut, à elle seule, insuffler une ambiance, une émotion et pas uniquement suivre une action. Il imagine, en effet, construire une série de cartoons dont le ressort est de donner vie à des objets inanimés en mettant en avant une saison ou un lieu. Le premier de la série est ainsi lancé et prend le titre de La Danse Macabre. Toutefois, afin d'en faciliter la commercialisation, décision est prise de le préfacer "Mickey Mouse présente" pour surfer sur la popularité de la petite souris. L'hameçon fonctionne à merveille et le public adhère très vite au concept.

Les titres des premiers Silly Symphonies (Springtime, Night, Artic Antics ou Midnight in a Toy Shop) résument, à eux seuls, le concept retenu pour la collection. Mais, très vite, succès aidant, une évolution notable se produit. De l'idée de donner vie à des objets inanimés, la série s'étend en effet, dès 1932, à l'adaptation de fables et contes de fée afin d'en élargir les horizons. La même année, elle connaît un autre changement majeur avec l'ajout de la couleur, inauguré pour le cartoon, Flowers and  Trees. Le rendu des dessins fait alors un bon considérable dans l'intérêt et le réalisme. La magie en est, il est vrai, décuplée et explose littéralement aux yeux. Les cartoons consacrés au thème de Noël, tels L'Atelier du Père Noël et L'Arbre de Noël, sont des exemples frappants de la révolution de la couleur. Ils sont d'ailleurs tellement merveilleux qu'il est extrêmement difficile de les imaginer en noir et blanc.

Si la couleur donne tout son charme à la série des Silly Symphonies, les effets spéciaux, dont elle regorge et que les artistes de Disney testent sans vergogne sur elle, ne sont pas en reste. Très vite, en effet, la collection devient un laboratoire pour les longs-métrages Disney. Goddess of Spring et Moth and the Flame témoignent ainsi parfaitement de cet état.
Le premier se lance ainsi dans l'animation d'un personnage humain réaliste et déblaie, par la même, le terrain pour la jeune héroïne de Blanche Neige et les Sept Nains. Goddess of Spring permet d'ailleurs à l'évidence de mesurer le chemin parcouru par les animateurs de Disney. Son résultat pèche, en effet, beaucoup, offrant au spectateur une déesse du printemps à la démarche d'un pantin désarticulé plutôt que celle d'un humain.
Le second sert, lui, de laboratoire pour les mouvements et positions de caméra, d'angles de prises de vue et de magnificence des décors. La scène de début de Moth and the Flame annonce, sans doute, avant l'heure, le travail réalisé plus tard pour Pinocchio.

Au delà de l'apport de la couleur et des effets spéciaux, l'élément fédérateur de la collection Silly Symphonies reste bien évidemment la musique. Les cartoons n'ont, il est vrai, pas de personnages récurrents. Si Carl Starlling impulse à la série cette prédominance, d'autres compositeurs lui apportent énormément. Parmi eux, Frank Churchill, très connu pour son fabuleux travail dans Blanche Neige et les Sept Nains, mérite une attention particulière. Les Silly Symphonies lui doivent, en effet, de magnifiques mélodies et quelques pépites, devenues intemporelles, telle la chanson du cartoon Les Trois Petits Cochons, Qui a peur du grand méchant loup ?.

Laboratoire technique, les Silly Symphonies sont également un véritable terrain de jeux pour animateurs enjoués. Ils s'essayent ainsi à la caricature comme en témoignent les deux cartoons Broken Toys ou Mother Goose Goes Hollywood. Désormais un brin désuètes, ces tentatives restent d'ailleurs encore aujourd'hui fort amusantes.

Tous les cartoons de la collection ne deviennent pas, loin s'en faut, des classiques intemporels. Toutefois, chaque année invariablement, un dessin animé par an gagne l'Oscar du meilleur court-métrage (Three Orphan Kittens, Les Trois Petits Cochons...), et ce jusqu'à la fin de la série en 1939. La récompense est d'ailleurs créée tout spécialement, en 1933, par l'académie des arts pour récompenser le travail accompli sur Flowers and  Trees.

Ce volume des Walt Disney Treasures contient un nombre incroyable de pépites. De nombreux cartoons de la collection des Silly Symphonies n'avaient, en effet, plus été proposés au grand public depuis de nombreuses années et, pour certains, depuis leurs sorties initiales. A ce titre, la partie en noir et blanc est une véritable découverte et donne à l'édition tout entière son statut de must parmi les musts.

Un telle compilation de cartoons est tout simplement fabuleuse : aucun fan de Disney qui se respecte ne doit passer au travers.