Hiawatha, Le Petit Indien

Hiawatha, Le Petit Indien
L'affiche
Titre original :
Little Hiawatha
Production :
Walt Disney Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 15 mai 1937
Genre :
Animation 2D
Réalisation :
Dave Hand
Musique :
Albert Hay Malotte
Durée :
9 minutes
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Un petit indien, bien décidé à devenir un grand chasseur, se rend dans la forêt pour démontrer sa bravoure...

La critique

rédigée par
Publiée le 17 juillet 2017

Hiawatha, Le Petit Indien est de ces rares cartoons Disney qui, avec un seul opus, a réussi à imposer un personnage dans l'inconscient collectif.

La légende de Hiawatha est l'une des figures parmi les plus répandues des mythes des Amérindiens d'Amérique du Nord. Ce dernier aurait réellement existé bien que les avis varient sur son siècle de naissance allant entre le XIIe et le XVIe siècle. Hiawatha aurait été ainsi le chef d'une tribu de l'une des nations iroquoises. Mais plus que sa vraie vie, c'est sa légende qui est restée dans les esprits. Envoyé sur terre dans une mission divine afin d'être un exemple pour tous les hommes et de renforcer leur courage, Hiawatha naît ainsi parmi les Indiens, grandit, épouse une jeune fille nommée Minnehaha. Il vit en guerrier, chasse, comme les autres hommes mais en cas de besoin, peut se changer en oiseau, en poisson, en toute sorte d'animal ou de plante. L'auteur américain Henry Wadsworth Longfellow va ensuite décupler la popularité de la légende avec son poème épique The Song of Hiawatha qui évoque la vie d'un Indien puisant ses références dans les us et coutumes des tribus indiennes nord-américaines. Il en commence l'écriture le 25 juin 1854 pour le finir le 29 mars 1855. Dès sa publication, le succès public est au rendez-vous. C'est d'ailleurs ce poème qui inspire Walt Disney en le hantant de nombreuses années au point de vouloir à tout prix l'adapter de la façon la plus fidèle et la plus épique possible dans un superbe long-métrage d'animation. Mais voilà, à l'époque des Silly Symphonies, ses studios n'ont pas encore les moyens d'en faire un film ; ils en proposent donc une version miniature en version enfant.

Le court-métrage en lui-même est un exemple du talent des artistes Disney, en particulier quand il s'agit de rendre singulièrement attachants des personnages. Ce qui étonne d'abord avec le cartoon, est ainsi la façon dont il débute dans le pur style d'un docu-fiction, un genre que les studios affectionneront particulièrement dans les années 50 à 70 pour leurs films animaliers. Le narrateur présente ainsi le jeune indien qui descend la rivière afin de se prouver à lui-même qu'il est un grand guerrier et un grand chasseur. Les animaux ne semblent toutefois pas s'en effrayer plus que ça n'arrêtant pas de se moquer de lui. Il faut dire que le petit indien est un peu maladroit : il tombe dans l'eau en sortant de son canoë ou perd régulièrement son pantalon laissant ses petites fesses à l'air. Les animaux ne sont  pour autant pas méchants à son égard mais bien simplement moqueurs. Leur apparence est d'ailleurs typique des petites créatures Disney de l'époque : elle reprend déjà beaucoup des traits qui apparaîtront dans Blanche Neige et les Sept Nains quelques mois plus tard.

L'une des meilleures scènes du court-métrage est assurément celle où le petit Hiawatha piège un lapin en le cernant près d'un arbre. Il fait alors la danse indienne de la victoire étant persuadé d'arriver à le chasser et de remporter au moins un trophée. Pour le spectateur, la scène est somme toute difficile car le pauvre lapin ne fait que trembler, paralysé de peur, attendant son sort funeste. Il est, en effet, impossible de ne pas être attendri par le petit animal. Hiawatha bande son arc, prêt à tirer sa flèche quand le regard du lapin lui fend le cœur allant jusqu'à lui faire verser une larme. Il décide alors de lui donner un moyen de se défendre, lui fournissant aussi un arc et une flèche le plaçant ainsi en position de duel. Sauf que le lapin est toujours terrorisé et ne bouge pas... Hiawatha brise alors son arc et sa flèche, et avec honneur, laisse fuir le lapin qui file retrouver sa famille. Le petit indien a donc certes un grand cœur mais toujours aucun trophée pour montrer sa bravoure. Le spectateur, pour sa part, s'est déjà pris d'affection pour lui...

C'est alors qu'Hiawatha tombe sur un ourson et surtout sur sa mère qui décide de le pourchasser, persuadée qu'il est une menace pour son petit. Sentant le grand danger, le petit indien s'enfuit, aidé par les petits animaux de la forêt qui le remercient de la sorte de son geste vis-à-vis du lapin, ayant compris qu'il était l'un de leurs amis.  Des ratons-laveurs font un croque-en-jambe à l'ours en tirant une corde sur son passage, les castors créent un pont flottant pour permettre à Hiawatha de traverser la rivière en toute sécurité, un faon lui sert d'attelage improvisé pour accélérer sa fuite, des lapins camouflent le chemin emprunté... Au final, Hiawatha rentre chez lui mais revient avec la grande fierté de s'être fait plein d'amis dans la forêt !

Hiawatha, Le Petit Indien plait suffisamment à Walt Disney pour que l'idée d'une suite fasse son chemin. Elle s'intitule Minnehaha en centrant son récit sur une jeune petite indienne, du nom de la femme d'Hiawatha dans la légende. Cette dernière est ainsi bien plus naïve et entrave tout le temps le petit guerrier dans sa chasse soit en devenant amie avec les animaux qu'il essayait de chasser ou alors en se mettant en danger, obligeant Hiawatha à venir la sauver. Prévu après la sortie du premier film, sa production s'accélère brusquement. Les studios Disney tentent en effet de sécuriser les droits sur le personnage et  l'utilisation de son nom mais sans vraiment tout à fait y parvenir comme le prouve le cartoon de Bugs Bunny sorti chez Warner, Hiawatha's Rabbit Hunt, en 1941 et parodiant le court-métrage de Walt Disney. À cette même époque, le personnage d'Hiawatha apparaît également en bandes dessinées afin de promouvoir l'éventuelle suite animée. Si elle se voit finalement annulée, les aventures sur papier se poursuivent, elles, pendant près de deux ans. Il s'agit de sunday strips de la collection des Silly Symphonies, comic strips proposés chaque dimanche, et publiés autour du personnage d'Hiawatha du 10 novembre 1940 au 12 juillet 1942, d'après des récits de Hubie Karp et des dessins de Bob Grant.

Walt Disney reste cependant toujours fasciné par le poème d'Henry Wadsworth Longfellow. Après la Seconde Guerre Mondiale, une étude poussée est donc menée sur une adaptation pour un long-métrage d'animation. Les artistes de Disney envisagent alors que l'opus soit un hommage aux tribus des grandes plaines du nord de l'Amérique. Des idées de film expérimental sont même avancées comme la volonté de faire parler les personnages dans le vrai langage de signes indiens, d'utiliser une musique presque sacrée ou de proposer des visuels d'humains très réalistes. Ils restent ainsi très proches du matériel d'origine de la guerre au début du poème à l'arrivée du héros, en passant par la cour à Minnehaha. Ils y ajoutent un méchant, Tadodaho, un guerrier redoutable, jaloux d'Hiawatha, à l'origine d'une guerre contre les Sioux. Le film est finalement présenté en interne à la fin 1948 mais provoque le doute. Il semblait d'une beauté artistique certaine mais allait-il être accepté par le public ? À l'heure où les studios Disney cherchent à nouveau le succès, repartir dans un film exigeant et incompris à la Fantasia n'est alors peut-être pas une bonne idée. Finalement, à la fin de 1949, alors que Disney a opté pour un retour au source avec Cendrillon, le projet est abandonné. Pour autant, Walt Disney le garde dans un coin de sa tête et ne perd toujours pas espoir de l'adapter un jour comme le prouve l'épisode de l'émission d'anthologie, L'Histoire de la Silly Symphony, diffusé le 19 octobre 1955, où il aborde à nouveau l'idée d'en faire un long-métrage. Il ne verra malheureusement jamais le jour... Le personnage continuera ensuite à vivre en bandes dessinées aux États-Unis à travers des comics books, avec des dessinateurs comme Al Hubbard ou Tony Strobl, durant la seconde moitié des années 50 avant de disparaître des radars sur le sol américain. Par contre, il poursuit sa carrière papier à l'étranger, notamment aux Pays-Bas et en Scandinavie, et ce, encore aujourd'hui.

Hiawatha, Le Petit Indien est un cartoon emblématique de Disney qui montre combien les artistes du studio savent proposer des personnages attachants. L'intérêt ici vient surtout de son incroyable longévité malgré le fait qu'il n'ait vécu qu'une seule aventure animée.

L'équipe du film

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