Ollie Johnston
Date de naissance : Le 31 octobre 1912 Lieu de Naissance : Palo Alto, en Californie, aux États-Unis Date de Décès : Le 14 avril 2008 Lieu de Décès : Sequim, dans l'État de Washington, aux États-Unis |
Nationalité : Américaine Profession : Animateur Acteur |
La biographie
A l'image de son acolyte et ami de toujours Frank Thomas, Ollie Johnston reste l'un des Nine Old Men les plus appréciés et les plus reconnus, que ce soit par la profession ou par les fans. Comme Thomas, il servit Disney pendant 43 ans, et était capable d'insuffler la vie à une multitude de personnages, chacun doté d'une sensibilité que lui-seul savait leur conférer…
Oliver Martin Johnston est né le 31 octobre 1912 à Palo Alto, en Californie, d'un père, Oliver Senior, professeur à l'Université de Stanford et d'une mère, Arclissa Boggs, professeure de musique. Troisième enfant et unique garçon de la famille, Ollie fut élevé au sein du campus de Stanford. Dès l'âge de trois ans, alors qu'il visite la Panama Pacific Fair à San Francisco, il se découvre une passion pour les trains, en plus du sport et de l'électronique. D'une santé fragile pendant sa jeunesse, son entrée au collège est retardée de quelques mois. Il y découvre une nouvelle lubie, le dessin, qu'il développe plus en dehors des cours d'art qu'il reçoit, leur contenu étant loin de ses attentes. Aimant dessiner des demoiselles, ses parents appréhendent cette voie dans laquelle Ollie semble s'orienter et dans laquelle un revenu suffisant pour vivre n'est pas garanti.
En octobre 1931, Johnston entre comme élève à Stanford, dans une classe de journalisme où il développe son talent dans le journal The Chaparral, ainsi que dans des cours d'art consistant à peindre des paysages, ou encore dans des cours de dessin avec de vrais modèles organisés à San Mateo. Il y fait la connaissance de Frank Thomas, avec qui il partage rapidement une amitié de toute une vie. En 1933, il sert comme journaliste sportif dans le Stanford Daily, et comme illustrateur de la page sport du San Francisco Chronicle's. De passage à Los Angeles avec son équipe de football de Stanford, il découvre par l'intermédiaire de Thomas les cours de l'Institut Chouinard. Il quitte bientôt l'université afin de rejoindre son ami, avec qui il partage une chambre aux côtés de Thor Putnam. Il suit les cours de Pruett Carter et de Don Graham, puis entre à la Paramount, où il travaille sur un film de Cecil B. DeMille. Reconnaissant ne pas parfaitement maitriser son art, il retourne sur les bancs de l'école au bout de quelques semaines.
Sur les recommandations de Graham, et encouragé par Thomas qui y est entré en septembre 1934, Ollie Johnston postule bientôt pour un emploi aux studios Disney. Après un essai auprès de George Drake, de qui Johnston ne gardait pas un bon souvenir, il est engagé le 21 janvier 1935 comme animateur intervalliste. A ce poste, ainsi que pour la mise au net, il travaille sur plusieurs courts-métrages dont Le Jardin de Mickey et Le Rival de Mickey. Vite repéré par Clyde Geronimi et Fred Moore, il devient le 23 mars 1936 assistant de ce dernier, en remplacement de Thomas, devenu animateur junior. Aux côtés de Moore, Ollie Johnston œuvre sur des films comme More Kittens, Le Petit Indien, et surtout Blanche Neige et les Sept Nains. Pour le premier long-métrage des studios Disney, Johnston sert à la mise au net des dessins de Fred Moore et de ses collaborateurs, et anime quelques morceaux de séquences comme les nains qui se précipitent sur le sol lorsqu'ils découvrent quelqu'un dans leurs lits.
Encouragé par Moore, qui conseilla à Walt de le promouvoir, Ollie Johnston devint animateur junior juste après la production de Blanche Neige et les Sept Nains. Son premier travail à ce poste fut d'animer Mickey ainsi que certaines scènes de foules dans le mythique Brave Petit Tailleur. Devant la qualité de son travail, Thomas et lui, ainsi que Milt Kahl, furent chargés de Pinocchio, personnage principal du long-métrage suivant. Dans le même temps, alors que la production du grand classique stagnait, il travailla sur d'autres cartoons, dont Le Cochon Pratique, La Surprise-Partie de Mickey et Chien d'Arrêt. Lorsque la réalisation de Pinocchio fut remise en marche six mois plus tard, Johnston anima le réveil de la marionnette, sa tentative de siffler avec son chapeau, son enferment dans la cage de Stromboli, ainsi que la scène du mensonge, durant laquelle son nez ne cesse de grandir, au point de devenir une branche sur laquelle des oiseaux ont nidifié… Complimenté par Walt (chose rare et précieuse), Johnston vit son salaire augmenté à trois reprises suite à son travail remarqué sur Pinocchio.
Ses preuves étaient maintenant faites. Johnston était reconnu et gagnait sa vie. S'installant dans un appartement d'Hollywood plus grand avec Frank Thomas, il est chargé de l'animation des centaures et des centaurettes, ainsi que des chérubins de la Symphonie Pastorale, séquence de Fantasia inspirée de la musique de Beethoven. Il s'inspira en partie des dessins de demoiselles qu'il faisait à l'école, et surtout, des représentations de Fred Moore. Dans le même temps, il rencontre Mary Worthey, jeune employée du département encrage, qu'il invite lors de la grande première de Fantasia, en novembre 1940, et qu'il épouse presque deux ans plus tard. En 1945, ils emménageaient ensemble dans la maison qu'ils avaient fait construire sur une moitié de terrain achetée à Flintridge. La seconde moitié appartenait quant à elle à Frank et Jeanette Thomas.
Pendant la Seconde guerre mondiale, Ollie Johnston fut l'un des rares animateurs à travailler sur Bambi, dès avril 1940. Animant le faon ainsi que son amie Faline, son travail le plus mémorable reste sans doute le lapin Pan-Pan, à qui il fait dire que la fleur est meilleure que la verdure, ce qui lui vaut une réprimande de sa maman, qui lui demande ce que son père lui a dit le matin-même. Exaspéré par cette leçon de morale, le petit lapin met alors ses pattes derrière son dos et récite les paroles de son paternel. Alors que le conflit rattrape les Etats-Unis, Johnston travaille sur plusieurs films de propagande destinés à entretenir l'effort de guerre du pays et mobiliser la population. Il collabore à Victory Through Air Power, Raison et Emotion, ou encore Chicken Little, ainsi qu'aux Trois Caballeros, où il anime Donald recevant un baiser de la part de la chanteuse Aurora Miranda.
Après le second conflit mondial, Ollie Johnston, comme l'ensemble des studios Disney, revint à des tâches moins belliqueuses. Il fut en charge du personnage principal de Pierre et le Loup, séquence incluse dans La Boîte à Musique, du (Le) Petit Remorqueur Toot et Johnny Pépin de Pomme dans Mélodie Cocktail, des animaux de Mélodie du Sud, et de plusieurs personnages du Crapaud et le Maître d'Ecole, notamment le remarquable procureur de la partie inspirée des aventures du Baron Crapaud. Par la suite, il anima Susie, le Petit Coupé Bleu, Anastasie et Javotte dans Cendrillon, Alice dans Alice au Pays des Merveilles, Wendy et Monsieur Mouche dans Peter Pan. Décontenancé par l'animation des deux héroïnes, dont le caractère est d'une platitude déconcertante, Johnston s'amusa davantage avec les deux demi-sœurs et Mouche, pirate empoté et maladroit, quelque peu porté sur la bouteille, et qui tente de faire au mieux pour satisfaire les ordres du Capitaine Crochet, s'attirant davantage ses foudres que son estime. Il supervisa également Benjamin Franklin dans le cartoon Franklin et Moi, Lady, Jock et César dans La Belle et le Clochard, les trois bonnes fées dans La Belle au Bois Dormant, dont il partagea la création avec Frank Thomas, ainsi que plusieurs séquences du Mickey Mouse Club, en particulier les introductions avec Mickey jouant du lasso ou du piano.
Les travaux les plus remarquables de Johnston étaient encore à venir. L'un d'entre eux est l'animation de Pongo et Perdita dans Les 101 Dalmatiens. Il leur insuffla une profondeur et une sensibilité incroyable dans cette séquence où, terrorisée par Cruella d'Enfer, Perdita, enceinte, se cache sous le fourneau, bientôt rejointe par Pongo qui se glisse comme il peut pour lui remonter le moral et apaiser ses inquiétudes fondées. Johnston donna également beaucoup de vie au personnage de Nanny. Dans Merlin l'Enchanteur, il fut en charge du personnage principal et d'Arthur, mais surtout du hibou grincheux Archimède, l'un des rôles les plus réussis du film. La scène du fou-rire de l'animal reste encore aujourd'hui dans les annales. S'ajoutent à son travail les pingouins de la partie animée de Mary Poppins, ainsi que sa remarquable contribution au Livre de la Jungle, où il donna vie à Baloo chantant « Il en faut peu pour être Heureux », ainsi qu'à la jeune fille. Supportant le film avec des gens comme Frank Thomas, Milt Kahl et John Lounsbery, au moment où Walt Disney disparaissait, il parvint à établir une relation fraternelle entre l'ours de Mowgli qui reste, là-encore, une pièce d'animation sensationnelle.
Sa meilleure animation reste sans nul doute celle du Prince Jean et de Triste Sir dans Robin des Bois. Il parvint à insuffler à ses personnages toute la méchanceté et la terreur indispensable à des vilains de renom, mais également toute la comédie et la drôlerie nécessaire pour les aimer. Ajouter à cela les voix originales de Peter Ustinov et Terry Thomas dans la version originale, ou celles de Philippe Dumat et Roger Carel dans la version française, et vous obtenez deux des plus grands personnages du Panthéon Disney.
La fin de la carrière d'Ollie Johnston est marquée par deux films : Les Aventures de Bernard et Bianca et Rox et Rouky. Pour le premier, il participa à l'animation des deux souris, ainsi qu'à celle de la petite Penny, et de l'albatros Orville. Mais surtout, il donna vie au personnage de Rufus, le chat de l'orphelinat, seul véritable ami de la petite fille. A nouveau, dans une scène finalement courte, il apporta la dose d'humanité si caractéristique de son travail, établissant une relation privilégiée entre le félin et l'enfant, indispensable pour que le public prenne pitié pour elle. En plus du caractère du chat, il donna également certains de ses caractéristiques physiques à Rufus, notamment sa moustache et ses lunettes.
Rox et Rouky marqua la fin de carrière d'Ollie Johnston, ainsi que celle de Frank Thomas. La majorité des autres Nine Old Men étaient morts ou en retraite, comme presque l'ensemble des vétérans des studios Disney. Une nouvelle génération d'artistes avait investi la place. Il était temps de se retirer. Johnston et Thomas prirent leur retraite ensemble le 31 janvier 1978. Ce n'était pas une fin en soi. Johnston continua d'entretenir sa passion pour les trains qu'il avait partagée avec Walt Disney et Ward Kimball, notamment en construisant plusieurs marquettes, dont une reproduction grandeur nature, de locomotives et wagons dans son jardin. Il participa à de nombreuses conventions et autres conférences, partageant son expérience avec de jeunes artistes, et communiqua également son savoir et ses souvenirs dans plusieurs ouvrages écrits en collaboration avec Frank Thomas, de Two Funny for Words aux Méchants de Disney, en passant par Bambi : The Story and the Film et Disney Animation : The Illusion of Life, une référence. En 1993, il était la vedette, toujours avec son ami Thomas, du documentaire Frank & Ollie, réalisé par le fils de ce dernier. En 1999 et 2004, il prêtait respectivement sa voix à deux personnages du Géant de Fer et des Indestructibles de Brad Bird, à qui il avait donné son apparence.
Couronné d'un Disney Legends Award en 1989, au même titre que l'ensemble des Nine Old Men, il recevait en 2005 la Médaille Nationale des Arts des mains du Président George W. Bush, récompense ultime honorant les artistes américains. Dernier vieux monsieur encore en vie après la mort de Frank Thomas le 8 septembre 2004, Ollie Johnston disparaît le 14 avril 2008. Dans l'ouvrage de référence de John Canemaker, Andreas Deja rappelait la devise d'Ollie Johnston : « Le but n'est pas d'animer des dessins. L'objectif est de donner vie à des sentiments ! ». Cela résume bien la philosophie du dernier grand animateur de la vieille génération des studios Disney...
La filmographie
058 |
Les Aventures de Bernard et Bianca
Directeur de l'Animation • Animation 2D
1977
Cinéma
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1977
Cinéma
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059 |
Disney Animation : The Illusion of Life
Intervenant • Documentaire
1981
Télévision
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1981
Télévision
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061 |
Celebrating Walt Disney's Snow White and the Seven Dwarfs : The One That Started It All
Intervenant • Promotionnel • Animation 2D
1990
Télévision
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1990
Télévision
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062 |
Intervenant • •
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063 |
The Wonderful World of Disney : 40 Years of Television Magic
Intervenant • Compilation
1994
Télévision
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1994
Télévision
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065 |
La Main Derrière la Souris : L'Histoire d'Ub Iwerks
Intervenant • Documentaire
1999
Cinéma
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1999
Cinéma
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