Petit Poulet
L'affiche
Titre original :
Chicken Little
Production :
Walt Disney Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 17 décembre 1943
Série :
Genre :
Animation 2D
Réalisation :
Clyde Geronimi
Durée :
8 minutes
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Renard Vantard parvient, par duperie, à dévorer tout le poulailler en faisant croire au poussin le plus crédule de la basse-cour que le ciel va tomber...

La critique

rédigée par
Publiée le 11 novembre 2015

Jusqu'à l'entrée en guerre des Etats-Unis consécutive à l'attaque de Pearl Harbor par l'aviation japonaise, les Studios Disney n'étaient touchés par le conflit que sur l'aspect financier. L'Europe en guerre était devenue, en effet, un marché éteint où les productions de la Compagnie ne s'écoulaient plus. D'un point de vue artistique, la guerre, dont les enjeux restaient très éloignés des préoccupations de l'Amérique profonde, n'avait, qu'à de très rares exceptions (telle une commande du gouvernement canadien pour quatre films de propagande) d'influences sur les productions Disney.

Pourtant, ce fameux 7 décembre 1941, l'Amérique attaquée se retrouve subitement partie prenante au conflit. Le gouvernement U.S. réquisitionne alors immédiatement les Studios de Mickey ; la machine de guerre américaine se mettant en marche. Disney reçoit la lourde tache de vulgariser les enjeux du conflit, ses tenants et aboutissants. Toutes les stars de la Compagnie sont mises à contribution et participent à l'effort de Guerre. La fibre patriotique est exacerbée et tous les thèmes sont bons à mobiliser : de l'intérêt pour tout un chacun de payer ses impôts en temps et en heure (The New Spirit) à la dissection des méthodes de la dictature hitlérienne (Raison et Émotion)...

 

Au delà des commandes gouvernementales, les Studios, sous l'impulsion de Walt Disney lui-même, prennent fait et cause pour la théorie du Makor Alexander P. de Seversky qu'ils contribueront à populariser auprès de Roosevelt (Victory Through Air Power) et participent tout autant à une féroce critique du régime hitlérien (Der Fuehrer's Face). Pour Petit Poulet est ainsi le fruit d'une commande indirecte d'une série de quatre courts-métrages de propagande du gouvernement américain comprenant en plus de Education for Death, Der Fuehrer's FaceRaison et Émotion. Après la déconvenue de The New Spirit où Walt Disney avait été accusé d'utiliser à tort l'argent du contribuable pour faire son court-métrage, le Maître de l'Animation refuse, en effet, d'utiliser le même mode de financement direct. Il passe par l'intermédiaire du magazine Reader's Digest qui accepte de prendre à sa charge la série des quatre cartoons, en recevant, lui, discrètement une aide financière de la Coordinator of Inter-American Affairs.

Petit Poulet est l'adaptation d'une fable très populaire dans le monde anglo-saxon : The Sky is Falling ! aussi connue sous les noms de Chicken Little ou Henny Penny. Dans le conte, un poussin, Chicken Little (mais parfois le récit varie en proposant la poule Henny Penny) reçoit un gland sur la tête. Il se demande ce qui se passe et décide de partir alerter le roi que le ciel va bientôt leur tomber sur la tête. Pour se rendre au château, il emmène ses amis Coq (Cocky Locky), Canard (Ducky Lucky), Oie (Goosey Poosey) et Dindon (Turkey Lurkey). Sur le chemin, tout ce petit monde rencontre Renard (Foxy Loxey) qui propose son aide amicale... Mais voilà, il a en réalité dans l'idée de conduire les malheureux dans sa tanière ! Parfois la fin change et un ou plusieurs, ou tous les acolytes, parviennent à s'échapper. La morale change alors en fonction... Dans le cas où certains ou tous survivent, le conte explique que le courage est important ; dans celui où tout le monde se fait dévorer, qu'il ne faut pas se fier aux racontars surtout venant de gens peu recommandables.

Petit Poulet est le quatrième et dernier cartoon produit pour Reader's Digest. A l'origine, le court-métrage devait être une dénonciation du fascisme, et en particulier du régime nazi. Sur un des premiers storyboards dessinés par l'artiste Joe Grant, le renard Foxy Loxey s'inspire en effet du livre Mein Kampf pour manipuler les foules. Mais Walt Disney commence en avoir assez des courts-métrages de propagande forcément daté, et surtout appuyant trop sur le côté anti-nazi. Il veut rendre ce quatrième court-métrage au minimum divertissant, le sujet choisi ici le lui permettant. Il décide donc d'étendre le propos au totalitarisme en général et change le livre du renard en traité de psychologie. La décision du patron entraine d'ailleurs des péripéties de production : certaines scènes déjà animées, notamment par Ward Kimball qui s'occupait du personnage du renard, sont redessinées alors même qu'elles étaient déjà encrées.

Petit Poulet choisit néanmoins d'adapter fidèlement la version la plus sombre du conte dans l'idée de servir le contexte de la manipulation de masse alors réellement d'actualité. Pourtant, le cartoon ne fait pas daté. Si les Américains de l'époque comprennent immédiatement quel régime vise le film, Petit Poulet s'avère après coups toujours foncièrement pertinent, non seulement sur la dénonciation du totalitarisme, mais aussi sur la propagation des rumeurs et autres mensonges. Le renard peut ainsi représenter n'importe quel gouvernement, média ou grande entreprise voulant faire passer une idée en manipulant ses concitoyens, abonnés ou clients...

La réussite de Petit Poulet tient aussi à ses personnages que cela soit Chicken Little, béta à souhait avec son yoyo, mais également Foxy Loxey rusé comme jamais sans oublier les habitants de la basse-cour (Cocky Locky, Ducky Lucky, Goosey Poosey, Turkey Lurkey...) qui ont un design anthropomorphe tout à fait réussi. Parmi ces derniers, il sera noté que seuls les Jitterbirds sont des personnages rajoutés par rapport au conte. Ils représentent les jeunes adultes de l'époque qui ne pensent qu'à danser sur de la musique swing, très populaire dans les années 40.

Petit Poulet est assurément l'un des cartoons de propagande avec l'histoire la plus universelle. C'est aussi une des rares adaptations de contes par Disney où le récit se termine mal. Alors que le narrateur prétend que tout va bien se terminer, le renard rongent les os de tous les habitants de la basse-cour qu'il vient de manger en répondant qu'il ne faut pas toujours croire ce que disent les livres.

Le conte sera revisité, soixante ans plus tard, de façon plus légère, dans le tout premier long-métrage entièrement en images de synthèse des Walt Disney Animation Studios : Chicken Little.

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