Oilspot and Lipstick
L'écran titre
Titre original :
Oilspot and Lipstick
Production :
Walt Disney Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 28 juillet 1987
Série :
Genre :
Animation 3D
Réalisation :
Michael Cedeno
Durée :
3 minutes

Le synopsis

Un chien, Oilspot, et sa compagne, Lipstick, vivent dans une décharge quand un jour, ils sont attaqués par une grue géante aux airs de dragon mécanique...

La critique

rédigée par
Publiée le 19 octobre 2015

Oilspot and Lipstick est un cartoon pionnier au sein des Walt Disney Animation Studios. Il s'agit du premier court-métrage à proposer des personnages animés par ordinateur.

L'animation assistée par ordinateur a été pionnière au sein des studios Disney, même si les dirigeants de l'époque n'ont alors pas vu la portée de ce nouvel outil technologique. La première incursion dans l'imagerie numérique se fait ainsi avec le film à prises de vues réelles, Tron, en 1982. Totalement novateur et en avance sur son temps, il laisse une empreinte indélébile aux animateurs de l'époque ; en particulier, John Lasseter et Glen Keane véritablement subjugués. Ils décident à sa suite de réaliser un petit test, intitulé Where the Wild Things Are, avec pour toile de fond le livre de Max et les Maximonstres de Maurice Sendak. Si l'animation de Max et de son chien est traditionnelle, le décor est, lui, entièrement construit en trois dimensions. De même, les mouvements de caméra, notamment le passage sous le lit, sont novateurs grâce à l'utilisation de l'ordinateur. Malheureusement, les studios en pleine restructuration se désintéressent de l'essai et licencient même John Lasseter ne sachant que faire de lui ! Le jeune animateur intègre alors la division ordinateur de Lucasfilm Ltd. chez ILM qui se voit ensuite revendue à Steve Jobs pour devenir Pixar. En attendant, Where the Wild Things Are est intégré en 1984 à l'émission Disney Studio Showcase diffusée sur Disney Channel, au sein l'épisode Beyond Tron.

Mais l'imagerie numérique progresse au sein des Walt Disney Animation Studios. Pour la première fois de leur histoire, l'ordinateur est utilisé dans la production d'un long-métrage du label historique : Taram et le Chaudron Magique. Dans Basil, Détective Privé, il sert même à construire un décor en mouvement avec les engrenages de Big Ben. Dans Oliver & Compagnie, ce sont des objets qui sont totalement animés et modélisés par ordinateur, notamment la voiture de Sykes (cette dernière étant réutilisée pour former la tête du méchant de Oilspot and Lipstick). Durant la production des aventures du petit chat new-yorkais, certains animateurs veulent d'ailleurs pousser l'outil plus loin en explorant de nouveau horizon, en particulier en animant des personnages en images de synthèse. Ils souhaitent ici tenter d'imiter John Lasseter et sa prouesse que constitue le cartoon, Les Aventures d'André et Wally B. en 1984.

C'est Lem Davis, un des ingénieurs informatiques des studios, qui propose ainsi l'idée même s'il ne sent pas apte à réaliser lui-même le cartoon, une tâche finalement confiée à l'animateur Michael Cedeno. Il s'entoure pour cela d'une jeune équipe intéressée pour travailler sur ce projet hors norme. Tous ses membres acceptent même de travailler dessus en dehors de leurs heures de travail aux studios, et se nomment instantanément le Disney Computer Animation Night Group et quelquefois le Late Night Crew. Parmi ces jeunes passionnés travaillant sur le projet, se remarquent certaines têtes connues comme Burny Mattinson (réalisateur de Basil, Détective Privé), Gary Trousdale (réalisateur de La Belle et la Bête), Barry Cook (réalisateur de Mulan) ou Mark Kimball (réalisateur de Kuzco, l'Empereur Mégalo). Et dans le générique, une petite entreprise prestataire pointe le bout de sa lampe... une certaine Pixar ! Oilspot and Lipstick constitue donc la première collaboration entre le studio de Mickey et celui de Luxo Jr.

Une anecdote amusante a d'ailleurs lieu au cours de la production. Lors d'une des réunions préparatoires, l'équipe reçoit la visite d'un expert financier chargé d'un audit de chaque division de l'entreprise dans l'idée de remettre un rapport à la Direction sur les améliorations à apporter. Après avoir écouté les artistes, l'expert s'interroge sur un ton inquisiteur : "Pourquoi Disney fait-elle des courts-métrages : il n'y a pas d'argent à se faire sur ce marché ? C'est simplement de l'auto-satisfaction...". Roy E.Disney, présent lors de cet incident, ne bronche pas : n'aimant pas les conflits en public, il se contente de quitter de la pièce sans rien dire. Les artistes découvriront simplement le lendemain que l'expert a été congédié...

Techniquement, tous les intervenants du cartoon sont construits de bric et de broc. Oilspot est par exemple formé d'un bidon d'huile et de lunettes tandis que Lipstick réunit lui un égouttoir et une chaussure sans oublier le dragon fait d'une carrosserie de voiture et d'un bras de machine de chantier. Pourtant, la vraie difficulté n'a pas été de définir l'apparence des personnages et de les animer mais plutôt de trouver un  récit cohérent et intéressant. Pour cette histoire de trois petites minutes, il est donc décidé que les deux personnages vivraient dans une fourrière et que le monstre serait réveillé accidentellement par l'un d'eux. Le dragon kidnapperait la belle Lisptick et ce serait donc à Oilpsot de la sauver... Rien de bien nouveau sous les pixels mais cela fonctionne et permet surtout de valider le projet.

Oilspot and Lipstick est finalement proposé le 28 juillet 1987 lors du SIGGRAPH qui a lieu cette année-là à Anaheim. Il est ensuite présenté dans plusieurs festivals, notamment l'année suivante au Festival International du Film d'Animation d'Annecy mais tombe vite dans l'oubli, jusqu'à l'édition 2008 du Newport Beach Film Festival où Roy E.Disney, en personne, le propose, parmi une sélection de cartoons atypiques et autres raretés peu connues et, le plus souvent, indisponibles en vidéo à l'image de Redux Riding Hood ou de Lorenzo. Et depuis, plus rien ! Oilspot and Lipstick est l'un des rares cartoons Disney à être resté aussi longtemps caché auprès du grand public sans raison particulière mis à part que son existence a été oubliée par les studios... Il n'empêche : il est précurseur chez les Walt Disney Animation Studios qui continueront, après lui, à travailler avec des ordinateurs et à livrer avec cet outil des cartoons expérimentaux à l'exemple de Off The Rockers sorti en 1992.

Oilspot and Lipstick ne vaut pas pour sa qualité artistique mais pour son côté pionnier dans l'utilisation d'un outil qui était à l'époque balbutiant. En cela, il a une valeur historique indéniable.

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