Kazaam
L'affiche du film
Titre original :
Kazaam
Production :
Touchstone Pictures
Interscope Communications
PolyGram Filmed Entertainment
Date de sortie USA :
Le 17 juillet 1996
Genre :
Comédie
Réalisation :
Paul Michael Glaser
Musique :
Christopher Tyng
Durée :
94 minutes
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Max Connor, un adolescent de douze ans, n’est pas heureux : ses camarades de classe le brutalisent et sa mère va se remarier avec un homme qu’il n’apprécie pas. Un jour, voulant échapper à ses bourreaux, il se réfugie dans une maison abandonnée dans laquelle il trouve un mystérieux radiocassette. En l’actionnant, Max libère accidentellement Kazaam, un génie excentrique, qui lui propose d’exaucer trois de ses vœux.

La critique

rédigée par
Publiée le 04 mai 2019

Produit par Disney via le label Touchstone Pictures, Kazaam est une œuvre plutôt étrange. Mettant en scène la star de basket-ball Shaquille O’Neal dans la peau d’un génie un peu loufoque et décalé, le film, censé s’adresser à un jeune public, réunit en effet tous les ingrédients de la comédie enfantine sympathique, tout en mélangeant maladroitement action, drame familial et thriller. Surfant sur un concept peu innovant utilisé par Aladdin, sorti quatre ans plus tôt, Kazaam semble ainsi avoir été fait uniquement pour son acteur principal, dans un but purement commercial et lucratif.

Dans les années 1990, le cinéma américain a vu quelques personnalités sportives, notamment des joueurs de la NBA, s’essayer au métier d’acteur avec plus ou moins de succès, telles Michael Jordan dans Space Jam (1996), Dennis Rodman dans Double Team (1997) ou encore Ray Allen dans He Got Game (1998). Il était inévitable donc qu’Hollywood essaie pendant un court laps de temps de faire de Shaquille O’Neal, alors membre des Orlando Magic, puis des Lakers de Los Angeles, une star du grand écran. Du haut de ses deux mètres quinze, le joueur dispose en effet d'un physique assez inhabituel pour susciter l'attention dans un film.
Shaquille O’Neal a ainsi joué dans quelques productions télévisées et au cinéma, en parallèle de sa carrière sportive. Très apprécié du public, notamment pour son humour bon enfant et sa gentillesse auprès des fans, il se fait vite courtisé par des producteurs voulant le voir apparaître dans des fictions. Il s'y essaie pour la première fois dans Blue Chips (1994), un film sur le basket-ball universitaire puis joue dans Kazaam (1996), Steel (1997), The Wash (2001), Scary Movie 4 (2006), Famille Recomposée (2014), tout en multipliant les films dans lesquels il interprète son propre rôle (He Got Game, Coup d’Éclat, C’Était à Rome, Jack et Julie).
Après avoir fait une bonne impression dans Blue Chips, l’acteur-basketteur commet hélas l'erreur d'accepter de jouer dans ce qui sera son seul et unique film pour Disney. L’intention des producteurs est claire : il s'agit de séduire un jeune public en confiant le rôle principal à un personnage populaire et miser sur sa réputation pour s'assurer un succès au box-office, le tout avec un budget réduit histoire de maximiser les revenus. Rien de tel donc qu’un film pour toute la famille à la trame toute simple, écrit sans effort avec pour seul pilier le charisme de l’acteur principal. Pour preuve, Kazaam reprend peu ou proue l’intrigue d’Aladdin, carton des studios Disney en 1992, qu'il situe cette fois-ci dans une société occidentale, à l’époque contemporaine.

L’écriture est alors confiée à deux scénaristes débutants, Christian Ford et Roger Soffer, ayant fait leurs armes à la télévision (Star Trek : Deep Space Nine) et des séries B (Terrifying Tales) tandis que la réalisation échoit à Paul Michael Glaser. Né le 25 mars 1943 à Cambridge, aux États-Unis, ce dernier débute comme acteur au cinéma dans Un Violon sur le Toit (1971) et Butterflies are Free (1972) puis poursuit à la télévision avec la série qui le rendra célèbre, Starsky et Hutch, où il tient le rôle du détective David Starsky entre 1975 et 1979. À son arrêt, il enchaîne les rôles récurrents à la télévision (New York 911, Esprits Criminels, Grace et Frankie) et la réalisation de films dont Running Man (1987), Le Feu sur la Glace (1992), Un Joueur à la Hauteur (1994) et Kazaam (1996), ainsi que des épisodes de séries télévisées.
Kazaam conte donc l’histoire de Max (Francis Capra), un garçon qui vit seul avec sa mère, Alice (Ally Walker), toute préoccupée par son futur mariage avec Travis, (John Costelloe), pompier de son état. N’acceptant pas cette relation ni le départ de son père biologique quand il avait deux ans, Max commet de petits délits dans l’espoir d’attirer l’attention, se mettant à dos un groupe d’adolescents qui le prennent pour cible. La chance lui sourit lorsque, après avoir été poursuivi par le gang de son école, il réveille par hasard un génie du nom de Kazaam, retenu prisonnier d’un radiocassette entreposée dans une vieille maison. L’être magique se met aussitôt au service de l’enfant. Mais voilà, après tout ce temps enfermé, les talents de Kazaam sont légèrement rouillés !

Le scénario de Christian Ford et Roger Soffer ne prend à l'évidence aucun risque et tente de rendre l’ensemble plaisant pour les enfants et leurs parents. Max fait ainsi face à des problèmes familiaux assez routiniers, refusant de laisser entrer dans sa vie le futur mari de sa mère, malgré la volonté de ce dernier d’être un bon tuteur pour le jeune homme. Il y a aussi Alice qui ne peut pas contrôler son fils mais aussi la vie scolaire chaotique du héros, entre professeurs déconcertés par son attitude et brutes qui n’apprécient pas ses manigances. En parallèle, Max espère un jour revoir son père, Nick, et demande à Kazaam, après avoir vu un aperçu des pouvoirs du génie, de l’aider à le retrouver et se rapprocher de lui. Les éléments du film familial sont donc tous réunis, mais traités sous un angle puéril et déjà vu, tant les clichés pleuvent et le récit part dans tous les sens. Kazaam perd en effet beaucoup de temps à présenter le contexte et surtout son personnage principal. La première partie est entièrement consacrée à la rencontre entre Max et son magicien, ce dernier enchaînant alors les pitreries pour montrer à quel point ses années d’inactivité lui ont fait perdre le contrôle de ses pouvoirs. Une fois ses capacités revenues à la normale, Kazaam donne alors à son maître ce qu’il veut et lui accorde son souhait - une pluie de bonbons et de hamburgers. Une idée plutôt amusante, mais qui sera la seule vraie trouvaille du scénario, Kazaam se transformant ensuite rapidement en chiot, obligé de suivre Max jusqu’à ce que ses deux derniers vœux soient acceptés. Dès lors, les gags s’ensuivent et le génie perturbe le confort du garçon, que ce soit chez lui ou en public, donnant lieu à des situations cocasses, qui permettent de décrocher quelques sourires.

Les choses se gâtent toutefois dès que Max demande à son génie de l’aider à retrouver son père, Nick (James Acheson), un producteur véreux à la solde de personnes peu recommandables. Le film prend en effet aussitôt des airs de comédie musicale, où le garçon cherche à faire revenir son paternel dans le droit chemin ; le patron de Nick, un certain Malik (Marshall Manesh), voyant en Kazaam une future star de la chanson. De son côté, l’être surnaturel entreprend une carrière comme artiste, devient la coqueluche du public et rencontre l’amour. Enfin, Malik essaie de s’approprier Kazaam en cherchant à mettre la main sur son radiocassette. L’ensemble mélange ainsi humour, thriller, drame et musique pour un résultat indigeste, incohérent, donnant le sentiment que les scénaristes ont tout écrit à la va-vite.
Kazaam est en réalité en pilotage automatique et ne sait pas quoi raconter. Max doit-il accepter le divorce de ses parents ? Doit-il affronter ses responsabilités ? Apprendra-t-il à faire face aux tyrans ? Le but de Kazaam est-il de devenir une vedette du hip-hop ? Entre humour potache et thriller aseptisé pour ne pas choquer les plus jeunes, le spectateur reste perplexe devant une intrigue aussi déséquilibrée. L’écriture est bancale et les dialogues peinent à faire mouche. Pire encore, avec une histoire aussi prévisible, le film ne réserve quasiment aucune surprise et l’ennui fait progressivement son apparition. Il devient alors évident que Kazaam a été conçu exclusivement dans le but de promouvoir son acteur principal, au détriment du scénario qui, lui, ne fait pas d'efforts pour sortir des sentiers battus.

Ce goût d'inachevé n’est d'ailleurs pas aidé par les personnages, tous unilatéraux.
Francis Capra (Sauvez Willy 2, Veronica Mars) joue ici un Max sympathique, mais très souvent agaçant, notamment dans l’introduction du film. Le héros aligne les clichés de l’enfant pénible à souhait. Ce n’est finalement qu’en présence de son génie que le garçon emporte l’adhésion. Shaquille O’Neal interprète, lui, un Kazaam plutôt drôle et attachant. Sans être acteur et malgré ses airs de grand dadais, il gagne tout de même le cœur du spectateur, tirant le meilleur parti de son personnage. L’alchimie entre les deux comédiens est, en effet, palpable et tous les instants où ils partagent l’écran tirent le film vers le haut. Et ce n'est pas le cas du reste du casting qui a bien du mal à exister, en particulier Ally Walker (L’Amour à Tout Prix, Universal Soldier, Sons of Anarchy), James Acheson (Assassination, Strange Days) et John Costelloe (Billy Bathgate, Les Soprano).
Il faut dire que la réalisation de Paul Michael Glaser n’améliore pas non plus les choses. Il fait à l'évidence son possible avec le peu de matières que lui fournit l’intrigue et réussit à apporter ici ou là quelques trouvailles visuelles et des idées de mise en scène bienvenues. Les effets spéciaux, même perfectibles, ajoutent d'ailleurs un peu de fantaisie et permettent à l'ensemble de ne pas sombrer totalement dans le ridicule. Pour autant, la mauvaise direction des acteurs et les errements du scénario donnent aussitôt à Kazaam des airs de film appelé à sortir directement vidéo. L’acteur-réalisateur, dont il s'agit de la dernière incursion au cinéma derrière la caméra, se contente, en effet, du strict minimum et n’a pas visiblement assez de marge de manœuvres pour parvenir à un résultat convaincant ; la pression exercée par les producteurs afin de livrer l'opus au plus vite et capitaliser sur la popularité périssable d'O'Neal en étant l’explication la plus plausible.

Christopher Tyng, compositeur pour la télévision et le cinéma, s’occupe, pour sa part, de la musique. Connu pour avoir travaillé sur des scores de séries telles Futurama, Newport Beach, Suits : Avocats sur Mesure, il livre ici une partition assez réussie et rythmée, qui parvient à maintenir le film et garder le spectateur attentif. La bande originale est, elle aussi, entraînante et tout à fait en adéquation avec le style du métrage, réunissant des artistes variés populaires en 1996, dont Usher, The Backstreet Boys ou encore Boyz II Men. Shaquille O’Neal interprète même trois titres présents dans le film (“I Am Kazaam”, “We Genie”, “Mr. Material”).
Il est également curieux de constater à quel point le récit ressemble trait pour trait à celui d’Aladdin et le Roi des Voleurs, production Disney réservée au marché de la vidéo, sortie un mois après Kazaam ! Dans ce film, Aladdin, qui n’a jamais connu son père, apprend en effet par le biais d’un oracle que ce dernier est toujours en vie. Accompagné du Génie, il se lance donc à sa recherche et découvre que son père est à la tête d’une bande de voleurs. Après quelques séquences d’action, le paternel réalise qu’il doit être à la hauteur des attentes de son fils. Avec autant de similitudes, Disney s’est-il rendu compte qu’il tournait, autour d'un personnage populaires, deux fois le même film, l’un en prises de vue réelles, l’autre en animation ?

Sorti en salles aux États-Unis le 17 juillet 1996, Kazaam reçoit un accueil glacial de la part du public et des critiques. L'opus est descendu en flèche, les spectateurs lui reprochant de n’être qu’une opération commerciale visant à accroître la popularité de Shaquille O’Neal. La performance des acteurs est très critiquée, tout comme les effets spéciaux et la réalisation. Tourné pour 20 millions de dollars, dont sept ont été versés à la star, il n’en rapporte que 19 millions et ne rembourse donc pas son budget !
Pour l’anecdote, Kazaam a été à l’origine d’un phénomène, appelé “effet Mandela” ou “faux souvenir”, au cours des années 2000. Plusieurs internautes l’auraient en effet confondu avec un autre film intitulé “Shazaam” reprenant l’idée d’un génie bienfaiteur, interprété par le comique Sinbad. Or, ce film, prétendument sorti à la même période, n’a en réalité jamais existé ! Une légende urbaine sur Internet qui prit fin lorsque Sinbad, interrogé sur le sujet, niera avoir joué un tel rôle que ce soit à la télévision ou au cinéma.

Ni une franche réussite, ni une véritable catastrophe, Kazaam est une comédie sans grand intérêt, un pur produit marketing tout juste sauvé par son acteur principal. Seuls les enfants trouveront leur compte, les adultes, eux, feront mine de ne l'avoir jamais vu !

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