X-Men
Pryde of the X-Men

X-Men : Pryde of the X-Men
L'écran titre
Titre original :
X-Men : Pryde of the X-Men
Production :
Marvel
Marvel Productions Ltd.
Date de diffusion USA :
Le 16 septembre 1989
Genre :
Animation 2D
Réalisation :
Ray Lee
Musique :
Robert J. Walsh
Durée :
22 minutes

Le synopsis

Le professeur Charles Xavier a découvert que Kitty Pryde est une mutante : l'adolescente peut en effet se rendre intangible et passer à travers n'importe quel obstacle. Invitée à visiter l'école du professeur X, Kitty rencontre les X-Men, les protégés de Charles Xavier. Très vite, les héros doivent partir en mission ; Magnéto, le cruel chef de la Confrérie des Mutants Terroristes, a en effet échappé à la surveillance de l'armée ! Pour empêcher le Maître du Magnétisme de plonger la Terre dans une nouvelle ère glaciaire, les X-Men et Kitty vont devoir faire équipe et partir dans l'espace...

La critique

rédigée par
Publiée le 05 mai 2024

À la fin des années 80, les grandes stars des comics Marvel ont encore du mal à s'échapper de leurs bandes dessinées pour visiter le petit écran. Certes, la série en prises de vues réelles L'Incroyable Hulk a connu un joli succès entre 1977 et 1982 sur CBS, mais du côté des programmes animés destinés à la jeunesse, même Spider-Man n'arrive pas à s'imposer durablement. À l'époque donc, les Avengers et surtout les X-Men, qui ont pourtant marqué les lecteurs grâce aux scénarios de Chris Claremont et aux dessins de John Byrne, John Romita Jr. ou encore Marc Silvestri, se contentent de vivre entre les pages des magazines mensuels. En 1989, une équipe tente de renverser la vapeur en imaginant une série animée capable de capturer toute la magie des aventures des mutants. Diffusé le 16 septembre 1989 en syndication à la télévision américaine après des années de bataille acharnée, le pilote X-Men : Pryde of the X-Men ne séduit pas grand monde. Difficile de croire alors que, trois ans plus tard, nombre des artistes à l'œuvre sur ce pilote remettront le pied à l'étrier pour créer l'une des séries animées les plus acclamées de tous les temps : X-Men !

Au début des années 80, la Maison des Idées souhaite produire ses propres séries, histoire d'enrayer enfin la malédiction qui semble planer sur les programmes Marvel à la télévision. En 1981, le conglomérat Cadence Industries Corporation, propriétaire à l'époque Marvel Comics, fait l'acquisition de DePatie-Freleng Enterprises, le studio derrière la mythique (La) Panthère Rose. La toute nouvelle branche d'animation est renommée Marvel Productions Ltd., avec des objectifs clairs : imposer les super-héros sur la petite lucarne et signer de juteux contrats avec les fabricants de jouets. Immédiatement, Marvel Productions Ltd. entame la production de plusieurs séries basées sur Spider-Man et Hulk, mais c'est surtout pour ses coproductions liées à des licences de jouets que le studio se fera connaître ; durant les années 80, Marvel et Hasbro se rapprochent en effet beaucoup, ce qui permet à la Maison des Idées de publier les comics Transformers et G.I. Joe. Dans la foulée, Hasbro commande à Marvel Productions Ltd. une série de pubs animées destinées à promouvoir la version comics de G.I. Joe. Ce stratagème ingénieux permet au fabricant d'outrepasser les règles très strictes qui régissent les publicités de jouets à la télévision américaine.

Ce filoutage arrange bien tout le monde et Hasbro, satisfait des réclames, commande coup sur coup deux mini-séries animées de cinq épisodes diffusées en 1983 et 1984 : G.I. Joe : Véritable Héros et G.I. Joe : La Vengeance de Cobra. Face au succès, une série complète est rapidement mise en chantier, sous le nom de G.I. Joe : Héros Sans Frontières.
Dans les années 80, Marvel Productions Ltd. se lance donc dans la coproduction de multiples programmes animés basés sur des licences déjà établies, mais la société, associée à Hasbro et Tyco Toys, entend bien lancer aussi de nouveaux univers susceptibles de faire passer les parents à la caisse ! À travers les années, Marvel Productions Ltd. a ainsi travaillé sur des séries plus ou moins emblématiques telles Transformers, Mon Petit Poney, Inhumanoids, Dino Riders ainsi que la cultissime Jem et les Hologrammes. Et l'univers Marvel dans tout ça ? C'est malheureux, mais Hollywood ne veut pas entendre parler des héros en collants de la Maison des Idées, et les trois grandes chaînes de l'époque, ABC, CBS et NBC n'ont que faire de ces X-Men que la présidente de Marvel Productions Ltd., Margaret Loesch, tente de leur vendre année après année.

Il faut bien le dire, les mutants ont connu des débuts difficiles chez la Maison des Idées. Imaginée par Stan Lee et Jack Kirby en 1963, la série X-Men peine à trouver son public et s'arrête au numéro #66. Pendant près de cinq ans, le magazine se contente ensuite de republier d'anciens numéros avant l'arrivée providentielle de Len Wein et Dave Cockrum qui mettent un coup de pied dans la fourmilière et dépoussièrent l'équipe. Dans le one-shot Giant-Size X-Men, les artistes introduisent une nouvelle bande composée de personnages rapidement devenus iconiques, dont Tornade, Diablo et Colossus. Wolverine, imaginé par Len Wein, John Romita Sr. et Herb Trimpe, rejoint lui aussi les X-Men dans ce même numéro, après être apparu un an plus tôt en tant qu'ennemi du Colosse de Jade dans The Incredible Hulk #180-181. Jusqu'au début des années 90, Chris Claremont, associé aux meilleurs dessinateurs de la Maison des Idées, va s'approprier ces personnages et leur offrir quelques-unes de leurs meilleures histoires, propulsant du même coup les mutants au sommet.

L'histoire semble se répéter pour les X-Men à la télévision. Déjà en 1982, Marvel Productions Ltd. introduit les personnages dans Les Origines d'Iceberg et Une « Firestar » est Née, deux épisodes de Spider-Man et ses Amis Exceptionnels. L'année suivante, L'Aventure des X-Men, un épisode de la troisième saison, met encore une fois les héros en avant. Mais la sauce ne prend pas et, face au peu d'engouement suscité par les mutants, une série dérivée consacrée aux personnages est abandonnée. Tout change pendant la production de la série animée RoboCop. Margaret Loesch, la Présidente de Marvel Productions Ltd., n'a jamais baissé les bras malgré les nombreuses rebuffades des chaînes de télévision. Convaincue du potentiel des mutants, elle va tenter le tout pour le tout, histoire de montrer aux grandes chaînes tout le potentiel de l'univers. À la fin des années 80, la plupart des saisons de séries animées sont encore composées de treize épisodes ; pour produire X-Men : Pryde of the X-Men, l'équipe réquisitionne donc le budget du treizième épisode de RoboCop et fait appel à son partenaire japonais de longue date, Toei Animation. Avec Larry Houston et Will Meugniot, deux artistes et producteurs qui feront plus tard le succès de la série X-Men en 1992, Margaret Loesch passe à l'attaque et elle en est persuadée : le pilote lancera forcément une toute nouvelle série au succès retentissant. C'était sans compter sur les problèmes qui viendront gangréner toute la production.

Durant la production, Marvel insiste pour que l'univers des X-Men soit intégralement présenté en l'espace de vingt-deux petites minutes. En casant un maximum de personnages, la Maison des Idées espère en effet vendre des jouets par palettes entières, et tant pis si le scénario de l'épisode doit en souffrir. En plus de cela, Stan Lee s'impose dans la production, il donne régulièrement son avis et souhaite absolument officier en tant que narrateur, quitte à donner un cachet trop vieillot et rébarbatif à la série. En parallèle, les déconvenues financières s'accumulent en coulisses. Au début de l'année 1989, Marvel, la maison-mère qui avait été rachetée par New World Pictures trois ans plus tôt, est revendue au Andrews Group. Quelques mois plus tard, New World Pictures et la branche d'animation Marvel Productions Ltd. sont à leur tour absorbées par la même société, à la tête de laquelle trône le magnat Ron Perelman. À la même période, tous les projets encore en production sont arrêtés à l'exception notable de la série Les Muppet Babies qui poursuivra sa diffusion jusqu'en 1991.

Malheureusement pour Margaret Loesch, l'épisode X-Men : Pryde of the X-Men ne suscite la convoitise d'aucune grande chaîne de télévision, si bien que la Présidente doit se résoudre à le programmer en syndication. Diffusé le 16 septembre 1989 dans le bloc Marvel Action Universe, X-Men : Pryde of the X-Men ne créera guère d'engouement chez les nouveaux venus dans l'univers des mutants, et encore moins chez les aficionados qui ne s'y retrouvent pas dans cette adaptation terriblement datée et pas toujours respectueuse des comics. Narré par Stan Lee, l'épisode s'ouvre sur un monologue invitant les téléspectateurs à garder l'œil ouvert :

Bienvenue, je suis Stan Lee de Marvel Comics. Je vous encourage à regarder autour de vous, vos camarades de classe, vos amis, vous ne savez pas lequel d'entre eux pourrait être un mutant, une personne née avec des pouvoirs étranges et merveilleux. Certains mutants comme les X-Men utilisent ces talents pour le bien, mais il existe aussi des mutants terroristes qui planifient de détruire les hommes !

Le téléspectateur suit ensuite un convoi militaire pendant que l'un des gardes s'exclame : « Les mutants, je les déteste ». Qui sait, la série avait peut-être l'ambition, comme dans les comics et plus tard dans le dessin animé de 1992, de traiter de la ségrégation et du racisme anti-mutant sans nécessairement édulcorer le sujet. À bord du convoi, Magnéto est retenu prisonnier par l'armée, mais le Maître du Magnétisme réussit à s'évader grâce à l'intervention d'Emma Frost. Curieux choix que d'inclure la puissante Reine Blanche du Club des Damnés au sein de la Confrérie de Magnéto, elle qui a longtemps fait passer ses intérêts personnels avant ceux des mutants, et encore plus à l'époque de la sortie de ce pilote animé. Sans doute faut-il y voir ici l'avidité de Marvel qui espérait bien écouler quelques figurines articulées d'Emma Frost après la diffusion de l'épisode... Toujours est-il que les pouvoirs de la Reine Blanche sont ici représentés de façon très visuelle ; Emma peut matérialiser des lances d'énergie pour ensuite les jeter sur ses adversaires, ce qui permet de rendre ses capacités mentales plus impressionnantes à l'écran selon Larry Houston, l'un des storyboarders du pilote.
À bord de l'Astéroïde M, Magnéto expose ensuite son plan : pour assurer la dominance des mutants, le Maître du Magnétisme compte plonger la Terre dans une nouvelle ère glaciaire. L'idée a beau être ambitieuse, elle n'en reste pas moins peu pratique dans les faits, à moins que le gène mutant ne protège aussi du froid polaire dans l'univers de la série...

La suite de l'épisode s'attarde sur la présentation des nombreux personnages. Invitée à visiter l'école de Charles Xavier, la jeune Kitty Pryde fait la rencontre des X-Men, lesquels sont présentés un par un dans la Salle des Dangers. Diffusé fin 1989 à la télé, l'épisode fait le choix étrange de porter à l'écran une équipe de héros tout droit sortie du milieu des années 70, à une exception près. En plus de cela, le pilote adopte une structure narrative et un ton beaucoup trop vieillots pour le public visé qui, lui, a déjà un pied dans les années 90. Enfin, comme un ultime coup de grâce, le Batman de Tim Burton est déjà passé par là ; sorti durant l'été 1989, le film porté par Michael Keaton et Jack Nicholson devient pour les années à venir le mètre-étalon des adaptations de comics sur le petit et le grand écran...

À travers les yeux de Kitty Pryde, les téléspectateurs partent donc à la rencontre des X-Men. Évidemment, le but est de permettre aux enfants de s'identifier immédiatement à cette jeune fille qui découvre en même temps qu'eux les différents mutants. La technique, éculée quoique toujours efficace, montre néanmoins vite ses limites, puisqu'elle prive la série d'une possible synergie avec les comics. Dans les magazines Marvel, Kitty Pryde s'est déjà envolée pour la Grande-Bretagne avec Diablo pour intégrer l'équipe d'Excalibur, laissant ses anciens compagnons d'armes gérer crise après crise dans des histoires au ton mature, une direction bien différente de celle choisie par X-Men : Pryde of the X-Men. Comble d'ironie, Jubilé, la jeune mutante qui sera la star de la série animée X-Men en 1992, fait sa première apparition dans les comics quelques mois seulement avant la diffusion du pilote...

C'est donc une équipe un peu désuète pour son époque que découvre Kitty dans cet épisode. Le stoïque Scott Summers alias Cyclope est, bien sûr, le chef des opérations sur le terrain, accompagné de l'impériale Tornade et de Colossus, le géant d'acier. Le bretteur boute-en-train Diablo et Wolverine, l'incontournable mutant bourru, sont eux aussi de la partie. Ce dernier est d'ailleurs affublé d'un accent australien à couper au couteau dans l'épisode, le même qu'il possédait déjà dans Spider-Man et ses Amis Exceptionnels ! Les artistes qui ont travaillé sur le pilote se désolidarisent de ce choix ; toutes et tous ont confié au fil des années qu'il s'agissait en réalité d'une décision venue d'en haut, histoire de surfer sur la popularité du Pays des Kangourous après les récents succès de Mad Max et Crocodile Dundee ! Douce ironie du sort, le mutant canadien sera finalement campé pendant près de vingt-cinq ans par l'Australien Hugh Jackman dans la saga X-Men puis dans le Marvel Cinematic Universe.

Reste enfin Alison Blaire, alias Dazzler. Chouchoute de l'éditeur en chef Jim Shooter, Dazzler est ici présentée dans son costume de la fin des années 80 là où les autres personnages portent leurs plus beaux uniformes classiques, mais son intégration n'en reste pas moins curieuse, surtout face à des personnages féminins autrement plus iconiques comme Jean Grey, ou même Malicia et Psylocke. Il faut y voir ici un désir de simplicité ; ses pouvoirs très visuels et l'absence de lourdes questions de continuité et d'histoires alambiquées, à l'inverse des autres personnages féminins, ont pesé dans la balance.

Tout n'est cependant pas à jeter dans ce pilote. La plupart des personnages sont correctement définis, et ce même s'ils sont introduits au lance-pierre, et quelques éléments tirés des comics sont bien utilisés, comme la façon peu respectueuse dont Kitty traite Diablo en raison de son physique qu'elle trouve effrayant. Il faut ajouter à cela une animation de grande qualité, un standard pour les productions de Toei Animation, laquelle est cependant desservie par une direction artistique trop datée pour le public visé.
Rediffusé plusieurs fois dans le bloc Marvel Action Universe, X-Men : Pryde of the X-Men est ensuite édité en VHS et reste pour certains enfants des années 80 leur premier vrai contact avec les mutants Marvel. Curieusement, et alors que le pilote aurait pu tomber dans l'oubli, il servira de base pour plusieurs jeux vidéo édités au début des années 90, dont X-Men : Madness in Murderworld et le légendaire X-Men de Konami sorti en 1992.

En 1991, Chris Claremont et Jim Lee lancent X-Men #1, un nouveau titre parallèle à la série toujours bien installée The Uncanny X-Men. Record absolu de ventes avec plus de huit millions de copies écoulées, ce nouveau chapitre dans la vie des héros montre bien que les mutants sont toujours présents et en pleine forme. Margaret Loesch, malgré les couacs du premier pilote, reste persuadée du potentiel de la série. Arrivée chez Fox en 1990, elle prend la tête du bloc Fox Kids et s'apprête à révolutionner le petit monde de la télévision jeunesse. Rapidement, elle commande donc une version 2.0 de la série X-Men, cette fois-ci beaucoup plus moderne avec des personnages dans l'air du temps comme Gambit et Jubilé. Construite autour d'une structure narrative feuilletonnante et faisant preuve d'un immense respect pour le matériau d'origine, la série prouvera enfin que les héros Marvel ont la capacité d'émerveiller tous les publics.

X-Men : Pryde of the X-Men n'aura pas marqué les esprits malgré sa belle animation. Sabordé par Marvel, coincé dans le début des années 80 et destiné à un public qui avait déjà les yeux rivés sur la décennie suivante, il est une petite curiosité historique dans la longue liste des productions de la Maison des Idées. Il faut tout de même lui accorder une chose : c'est un peu grâce à lui que les téléspectateurs des années 90 se régaleront trois ans plus tard de l'inoubliable série X-Men...

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