Le Transporteur II
L'affiche du film
Titre original :
Transporter 2
Production :
EuropaCorp
Date de sortie USA :
Le 2 septembre 2005
Distribution :
20th Century Fox
Genre :
Action
Réalisation :
Louis Leterrier
Musique :
Alexandre Azaria
Durée :
98 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Frank Martin, le Transporteur, officie désormais comme chauffeur de maître à Miami. Il est ainsi chargé d'accompagner dans tous ses déplacements Jack Billings, le jeune fils d'un riche homme politique pleinement impliqué dans la lutte anti-drogue et à qui le cartel colombien veut nuire par tous les moyens. Frank, très attaché à l'enfant, est quant à lui bien décidé à tenir la promesse qu'il lui avait faite : ne jamais laisser personne lui faire du mal...

La critique

Publiée le 13 avril 2020

Le Transporteur II est un film sorti en 2005 et, comme son nom l’indique, la suite du (Le) Transporteur proposé trois ans plus tôt. Son producteur et scénariste est toujours Luc Besson (Le Grand Bleu en 1988, Le Cinquième Élément en 1997) qui décide de ne pas changer une recette gagnante. Auréolé du joli succès au box-office mondial de son prédécesseur, ce nouvel opus se veut ainsi encore plus généreux en termes d’action décomplexée et tient sur ce point ses promesses malgré de nombreuses facilités.

Après le succès du premier épisode, Luc Besson désire évidemment réitérer l’exploit. Il débloque ainsi via sa société de production EuropaCorp un budget plus conséquent, plus de 30 millions de dollars, et reste toujours au scénario. Le premier opus ayant été acclamé aux États-Unis, il apparaît vite logique que le second soit tourné directement au pays de l’oncle Sam avec une histoire se déroulant intégralement à Miami, conservant par là même le côté carte postale du premier opus tourné sur la Côte d’Azur. Ce changement de lieu n’apporte cependant pas que des avantages : l’équipe est, en effet, en partie modifiée, les Français étant remplacés par des Américains pour tout ce qui est de l’aspect technique tandis que la délocalisation engendre quelques problématiques locales. 

Le tournage ne dure pourtant que soixante jours, une durée certes honorable pour une production française, mais pas pour un film qui veut rivaliser avec les plus gros blockbusters américains. Selon les dires du réalisateur Louis Leterrier, qui sera plus tard derrière L'Incroyable Hulk en 2008, cela représentait seize heures de travail par jour, dont quatre rien que pour préparer le lendemain. Les week-ends étaient ainsi entièrement dédiés aux cascades, heureusement prises en charge Corey Yuen comme pour le premier épisode ; ce dernier étant auréolé notamment du prix de la meilleure chorégraphie d'action pour La Légende de Fong Sai-Yuk avec Jet Li en 1994 aux Hong Kong Film Awards. Il faut bien sûr ajouter à toutes les contraintes rencontrées une température et une humidité étouffantes à Miami pendant ce qui est appelé la saison des ouragans. Pour information, il s'agit d'une période de l’année en général entre juin et novembre où le territoire est particulièrement balayé par de nombreux ouragans nés dans la zone de l’océan Atlantique Nord. L’année 2004 a, pour mémoire, fait plus de 3 000 morts et pas moins de 42 milliards de dollars de dégâts. Des conditions de tournage résolument difficiles mais qui n’ont pas arrêté une équipe motivée, notamment portée par la tête d’affiche de ce qui allait devenir une saga cinématographique.

Jason Statham reprend donc le rôle du Transporteur. Ancien nageur olympique, plus précisément un plongeur, sa condition physique lui apporte donc un atout non négligeable quand il lui faut exposer un corps sculpté par des années de pratique sportive, que ce soit pour les scènes d’action ou pour les plus sexy. Après sa carrière sur les plongeoirs, l’artiste en devenir épouse assez logiquement une carrière de mannequin pour de grandes marques de jeans notamment. Il est alors repéré par le réalisateur Guy Ritchie (Aladdin en 2019) pour jouer dans Arnaques, Crimes et Botanique en 1998 puis Snatch : Tu Braques ou tu Raques en 2000, deux films dans lesquels Statham occupe un rôle de loubard des mauvais quartiers de Londres. C’est pourtant avec Le Transporteur en 2002 que sa carrière décolle vraiment. Le premier opus lui a, en effet, permis d'enchaîner les rôles à une vitesse folle, comme son personnage fétiche de chauffeur au grand cœur. Parmi lesquels se remarque sa présence dans le remake de Braquage à l’Italienne en 2003, avec Mark Wahlberg (Max Payne en 2008), Charlize Theron (Prometheus en 2012) et Edward Norton (L'Incroyable Hulk en 2008) ; Cellular en 2004, puis dans Collatéral sous la direction de Michael Mann. Son emploi du temps est alors tellement chargé que cela met en péril sa participation au (Le) Transporteur II. Il joue ainsi la même année dans London où il retrouve Chris Evans, le futur Captain America, Chaos dans lequel il fait face à Wesley Snipes (Blade en 1998) et enfin Revolver, encore de Guy Ritchie. Heureusement, l’acteur britannique est attaché à la franchise qui l’a élevé au rang de star de cinéma d’action et fait en sorte de trouver le temps pour rejoindre le réalisateur Louis Leterrier pour le second opus. 

Au niveau du casting, le seul autre acteur mais aussi le seul autre personnage qui revient est le français François Berléand dans le rôle de l’inspecteur Tarconi. Le César du meilleur acteur dans un second rôle pour Ma Petite Entreprise en 2000 et éternel directeur Rachin dans Les Choristes de 2004 renoue ici avec le personnage qui l’a rendu éminemment sympathique aux yeux du grand public. Tarconi vient en effet passer quelques jours de vacances en Floride et, bien qu’il soit plus proche d’un Inspecteur Gadget que de l’Inspecteur Harry, il sera tout au long du film d’une aide précieuse pour Frank Martin.

Pour le reste de la distribution, Matthew Modine, surtout connu pour son rôle dans Full Metal Jacket en 1987, joue un père de famille débordé par la situation, aussi bien incapable de gérer sa vie de famille que le kidnapping de son fils. Le scénario ne lui rend vraiment pas honneur car le personnage en devient très antipathique. Le spectateur n’est pas dupe et cela contribue grandement à l’aura héroïque de Jason Statham. À ses côtés, la belle Amber Valletta, vue dans la série Revenge et surtout connue pour sa carrière de mannequin, interprète une mère de famille délaissée très intéressée par les services du Transporteur. Deux personnages clichés donc, mais qui remplissent efficacement la place que leur réserve le film.

Autre anecdote intéressante, Jason Statham retrouve ici Jason Flemyng (Le Livre de la Jungle en 1994, La Ligue des Gentlemen Extraordinaires en 2003, X-Men : Le Commencement en 2011). Ils avaient en effet déjà partagé l’affiche de Arnaques, Crimes et Botanique, Snatch : Tu Braques ou tu Raques ou encore Carton Rouge - Mean Machine. Flemyng interprète dans Le Transporteur II un homme de main particulièrement dérangeant.

Mais s’il faut évoquer les clichés, alors mieux vaut développer les antagonistes de ce long-métrage. Encore que le terme « antagonistes » soit un peu galvaudé en l’occurrence. Il est plus juste de faire référence à eux comme les « vilains ». Alessandro Gassmann, acteur italien et fils de l’icône italienne Vittorio Gassman, campe ici un méchant très, voire trop caricatural. C’est bien simple, il est l’archétype même du méchant de dessin animé, et cette comparaison ne rend pas hommage au cinéma d’animation ! Pour appréhender son niveau de jeu, il faudrait presque le comparer à un méchant de jeux vidéo à une époque où ils étaient dépourvus de scénarios. Sa scène d'introduction montre ainsi son personnage de Gianni Chellini en train de s'entraîner à une pratique fantasque du kendo. La séquence prête à sourire tant elle est ridicule, Gianni enchaînant les mouvements improbables pour se débarrasser de sa demi-douzaine d’hommes de main punching balls. Il faut ajouter à cela qu’il n’a pas vraiment de but dans le film, le synopsis officiel étant au moins deux fois plus détaillé que les dialogues qui servent l’intrigue quand il s'agit de savoir pourquoi les méchants sont méchants. 

Enfin, dernier personnage haut en couleur mais très pauvre en vêtements : Lola. Elle n’a pas plus de nom de famille qu’elle ne porte de vêtements. Compagne et adjointe de Gianni, il faut ici voir une volonté non dissimulée d’attirer l’adolescent en salle. Rien de plus. Cela pouvait fonctionner en 2005, alors pourquoi s’en priver ? C’est d’ailleurs elle (de dos…) qui fait face à Jason Statham sur l’affiche, du moins la française, car sur le poster cinéma américain elle est affublée d’un pantalon qu'elle ne porte à aucun moment dans le film ! Il est d’ailleurs là son caractère : la nudité. Tantôt nue devant les associés mafieux de son conjoint, tantôt en porte-jarretelles pour aller se battre (oui, cela peut apparemment constituer une tenue de combat). Faut-il y voir un hommage aux personnages de mangas et de jeux vidéo souvent très dénudés ? Peut-être, car encore une fois le film est un florilège de clichés pour plaire aux adolescents en période de découverte de la sexualité. Le personnage est tellement dérangeant qu’il faut bien reconnaître qu’elle en devient effrayante. Elle est interprétée par Kate Nauta, « Besson Girl » du moment apparemment, vue plus tard dans le sympathique Maxi Papa de 2007. Elle est aussi chanteuse et a eu l’opportunité de participer à la bande originale, plutôt bien rythmée, du film.

Forte du succès du premier épisode, l’histoire aurait pu être beaucoup plus prévisible. Pourtant, ici pas de Transporteur remplissant un contrat en respectant scrupuleusement des règles de bonne conduite. Non, les scénaristes ont pris plaisir à démolir le mythe qu’ils avaient pourtant créé. Quelques années après les événements dans le Sud de la France, Frank Martin vit donc désormais en Floride et a trouvé un travail en tant que chauffeur de maître. Chaque jour, il s’occupe d’accompagner à l’école ou chez le médecin le jeune Jack Billings, fils d’un riche homme politique. Il a d'ailleurs développé avec l’enfant une certaine complicité qui fera sans doute fondre les mamans fans de Jason Statham, comme c'est d'ailleurs le cas de la mère de Jack qui se voit régulièrement délaissée par son mari très occupé. Dans cette situation familiale pour le moins tendue, Jack se fait donc enlever et Frank, se sentant coupable mais ayant aussi fait la promesse au garçon de toujours veiller sur lui, va se lancer dans une course contre la montre pour délivrer l’enfant des mains du vil Gianni Chellini, qui plus est en possession... d’un virus mortel !

Comme un clin d’oeil au premier film, Frank, qui a développé une complicité avec l’enfant, a établi certaines règles, notamment quand il s'agit de monter dans la voiture d’un homme. Car la masculinité s’exprime à travers le véhicule, c’est chose acquise.
Règle numéro 1 : Respecte la voiture et l’homme te respectera.
Règle numéro 2 : Salue poliment l’homme.
Règle numéro 3 : Mets ta ceinture.
Règle numéro 4 : Ne fais jamais de promesses que tu ne pourras pas tenir.
Ces règles bien ancrées dans la tête de l’adorable bambin, Frank lui précise aussi qu’il ne laissera jamais personne lui faire de mal. Originellement, en réalité, l’enfant avait juste peur d’aller chez le médecin mais se rendra vite compte qu’effectivement, Frank respecte ses promesses.

Si la première demi-heure plante un décor classique, elle constitue une base bien suffisante pour le film d’action que l'opus cherche à être. Dans son deuxième tiers, le transporteur a logiquement fort à faire pour trouver l’antidote et, grâce à l’aide involontaire du personnage de Jason Flemming et à une course-poursuite acharnée, va finalement pouvoir sauver l’enfant ainsi que toute sa famille. Tantôt en voiture, tantôt en jet-ski ou même à pied, Jason Statham donne tout pour accomplir sa mission et sait se montrer efficace à l'écran. Enfin, dans le dernier tiers, tout aussi attendu, Frank va régler les comptes. L'occasion pour le spectateur d’assister à des scènes d’action toujours aussi bien chorégraphiées que dans le premier opus, même s'il est possible de les trouver un peu classiques là où leurs aînées étaient très originales. Le tout est agrémenté de courses-poursuites magistralement menées avec quelques plans que la saga Fast and Furious ne renierait pas.

Ce qui ressort de vraiment positif dans cette seconde itération est à rechercher du côté de la musique. La bande originale a ainsi été confiée à Alexandre Azaria. Ce compositeur français, connu dans ses premiers travaux sous le pseudonyme de Replicant, a notamment fait partie du groupe Indochine pour lequel il était guitariste et co-auteur dans les années 90. Il a ensuite axé sa carrière sur le cinéma où il a pu œuvrer sur de grosses productions françaises comme Fanfan la Tulipe 2003 ou Astérix et les Vikings en 2006. Il sert ici un thème très sympathique avec des airs de musique à la James Bond 007. Entêtant, épique et intriguant à la fois, il se prêterait tout autant sans peine à un film d’espionnage à la Tom Clancy. Une chose est sûre, il apporte un vrai caractère au récit et au personnage du Transporteur à qui le spectateur fan aimerait accrocher un thème musical persistant à l'image de certains grands héros du septième Art. 

La dynamique musicale n’est d’ailleurs pas le seul emprunt au super espion anglais ; le deuxième volet de la saga du Transporteur prenant exemple sur le premier épisode pour créer une habitude. Chaque film s’ouvre en effet sur une scène d’action qui expose les talents du personnage sans que cela n’ait un quelconque rapport avec l’intrigue principale. Il s'agit là d'un exercice beaucoup plus stylistique que scénaristique qui permet tout de même de profiter d’une scène d’action seulement calibrée pour être jouissive et badass, ce qui n’est pas pour déplaire au spectateur qui a fait le déplacement d'abord pour le charisme du personnage. Un pari gagnant car le public a répondu présent pour cette suite qui se permet le luxe de faire deux fois mieux au box-office que le premier opus. Le Transporteur II rapporte ainsi 43 millions de dollars rien qu'en Amérique du Nord, soit la recette totale du premier film, et finit sa course mondiale à plus de 85 millions de dollars. Avec près de quinze semaines de présence en salle, il signe une franche réussite qui se voit aussi en France où il engrange 1.2 million d'entrées, favorisé par une sortie estivale le 3 août 2005. 

Le public ressort du visionnage du (Le) Transporteur II un petit peu comme il y est rentré, sans grande conviction si ce n'est celle de vouloir être rassasié en action. Le spectacle n’est en effet pas foncièrement mauvais : il a ses facilités, inhérentes au genre du cinéma d’action, sans pour autant subir rien de catastrophique. Le coté hypersexualisé de l’antagoniste apparaît certes vite un peu ridicule une fois sorti de l’adolescence, mais il est possible d'en faire l'impasse en appréciant la qualité des cascades. Les chorégraphies de Corey Yuen et la prestation de Jason Statham, seuls vrais points forts du film, finiront par convaincre les plus rétifs.
Le Transporteur II se doit être vu en toute connaissance de cause : il n'est rien d'autre qu'une série B honnête. Sachant cela, le spectateur peut ensuite se laisser... transporter.

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