Titre original :
Back to the Titanic
Production :
National Geographic
Atlantic Productions
Date de diffusion USA :
Le 23 février 2020
Genre :
Documentaire
Réalisation :
Tom Stubberfield
Musique :
Graham Hadfield
Durée :
44 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Quinze ans après la dernière plongée, une équipe de scientifiques et d’historiens décident de retourner sur le Titanic afin d’observer les dégradations subies par l’épave et de récolter autant d’informations que possible avant sa disparition totale d’ici les prochaines décennies...

La critique

rédigée par
Publiée le 04 février 2023

Depuis la sortie du film événement de James Cameron le 19 décembre 1997, le Titanic continue plus que jamais de fasciner un public marqué par le destin aussi funeste qu’incroyable de ce qui fut, en son temps, le plus grand et le plus beau paquebot du monde.

L’origine du Titanic remonte à 1907, à l’époque où Lord William James Pirrie et Joseph Bruce Ismay, respectivement directeur des chantiers navals Harland & Wolff de Belfast et directeur général de la compagnie maritime White Star Line de Liverpool, décident de construire une flotte de navires capable de surpasser le Lusitania et le Mauretania, les deux fleurons de la Cunard Line. Baptisés Olympic, Titanic et Gigantic (un nom finalement changé en Britannic), leur conception est confiée à Thomas Andrews qui achève les plans durant l’automne 1908.

Nécessitant d’agrandir et d’équiper les chantiers de Belfast, les constructions concomitantes des coques des deux premiers navires s’achèvent en un temps record. Mis à l’eau le 31 mai 1911, le Titanic brille par sa taille, son luxe et sa modernité ostentatoires qui en font alors le plus incroyable navire de son temps. Immatriculé à Liverpool le 24 mars 1912 puis confié au commandant Edward James (E. J.) Smith, le paquebot est le symbole même de cet Âge industriel durant lequel les Hommes ont un temps cru être en mesure de dompter et de dominer la Nature. Le destin a toutefois tôt fait d’anéantir leur rêve. Lancé à pleine vitesse au milieu d’un océan glacial, le Titanic entre en collision avec un iceberg dans la nuit du 14 au 15 avril 1912. Cela ne faisait que quatre jour que le navire avait débuté son voyage inaugural. La catastrophe fera environ 1 500 morts, les deux tiers des personnes embarquées à bord, majoritairement des passagers de Troisième Classe et des membres d’équipage...

Durant des décennies, chercheurs, scientifiques et pilleurs d’épaves ont tenté de retrouver le Titanic, en vain. Le navire est finalement localisé le 1er septembre 1985 par une expédition franco-américaine dirigée par Jean-Louis Michel de l’IFREMER et Robert D. Ballard de l’Institut océanographique de Woods Hole. Localisée à 650 kilomètres au sud-est de Terre-Neuve, à environ 3 800 mètres de profondeur, l’épave a alors déjà commencé à être rongée par d’innombrables bactéries. Malgré la controverse, plusieurs prélèvements sont rapidement entrepris afin de remonter à la surface divers artefacts et objets conservés pour la postérité. Dans l’impossibilité de ramener les pièces les plus volumineuses, une partie des recherches s’effectue en outre sur l’épave elle-même.

Depuis la découverte du Titanic, des dizaines d’expéditions ont été ainsi entreprises. En 2019, une nouvelle équipe est à son tour envoyée au fond de l’Atlantique Nord. Cela fait alors quinze ans qu’aucun submersible n’a exploré l’épave à présent placée sous la protection de l’UNESCO. L’entreprise est chapeautée par Robert McCallum. Cofondateur d’EYOS Expedition, il débute en tant que ranger dans un parc naturel de Nouvelle-Zélande puis comme conseiller pour les services de l’ONU. Installé durant dix ans en Papouasie-Nouvelle-Guinée, il travaille ensuite comme moniteur de plongée. Connaissant la région comme sa poche, il établit d’année en d’année différents records, notamment en allant au plus profond des cinq océans du globe. Parcourant également l’Arctique et l’Antarctique, McCallum plonge à de multiples reprises sur les épaves du Titanic et du Bismark. Depuis 2007, il dirige par ailleurs diverses investigations, notamment en lien avec le vol Air France 447 / Rio-Paris qui s’est abîmé au-dessus de l’Atlantique en juin 2009. Le réalisateur James Cameron fait à son tour appel à lui en 2012 au moment de coordonner Challenger Deep, l’expédition visant à battre le record de plongée sous-marine au plus profond de la Fosse des Mariannes. Membre de l’Explorers Club de New York et de la Royal Geographical Society de Londres, à l’origine de la construction du navire de recherche Alucia, Rob McCallum est enfin consultant pour National Geographic, Discovery Channel, BBC, CNN, NHK ou bien encore la Marine norvégienne.

Rob McCallum est épaulé pour l’occasion par Victor L. Vescovo de la société Caladan Oceanic Expeditions. Originaire du Texas, il étudie notamment les sciences politiques, la Défense et le contrôle des armements au Massachussetts Institute of Technology (MIT). Également diplômé de Stanford et de l’Harvard Business School, il profite de sa fortune acquise grâce à différents fonds de placement pour nourrir sa passion pour les sports extrêmes et l’exploration sous-marine. À l’origine dès 2018 de la Five Deeps Expedition, un défi visant à descendre au fond de toutes les fosses marines de la planète, à commencer par la fosse de Porto Rico, il affrète le navire scientifique USNS Indomitable (actuel NOAAS McArthur II) et participe au développement du Limiting Factor, un sous-marin biplace capable de supporter la pression de l’eau à plus de onze kilomètres de profondeur. À son palmarès, Victor Vescovo affiche l’ascension des sept grands sommets de la Terre, plus de cent kilomètres de ski jusqu’aux pôles Nord et Sud, une descente au fond de la fosse Calypso, le point le plus profond de la mer Méditerranée, en compagnie du prince Albert de Monaco, ainsi qu’un vol spatial réalisé en juin 2022 à bord d’une capsule New Shepard.

Troisième membre notable de l’expédition, Parks Stephenson apporte sa connaissance aiguisée du Titanic pour guider les submersibles en direction de certains points de l’épave puis pour interpréter les images ramenées à la surface. Diplômé de l’U.S. Naval Academy, l’expert débute sa carrière dans la Navy avant de travailler pour différentes firmes industrielles, notamment Hughes Aircraft, Raytheon et Lockheed Martin. En 2001, le réalisateur James Cameron l’engage en tant que conseiller technique au moment du tournage des (Les) Fantômes du Titanic. Également impliqué dans le documentaire Titanic : Vingt Ans Après avec James Cameron, Stephenson offre en particulier son expertise à National Geographic, PBS et The History Channel en apparaissant dans des documentaires comme La Minute de Vérité (2006), Aux Origines de l’Humanité (2013), D-Day in HD (2014) et La Bombe (2015).

L’entreprise de McCallum et Vescovo est captée par les caméras de Tom Stubberfield. Engagé par Atlantic Productions en 2013, le réalisateur débute sa carrière dès la fin des années 2010 avec les séries télévisées Man on Earth (2009), La Véritable Histoire de... (2010), Supersized Earth (2012) et How the Earth Works (2013). Il poursuit ensuite avec la série Time Scanners produite par National Geographic (2013). Sa filmographie compte aussi les documentaires Tutankhamun: The Truth Uncovered pour la BBC (2014), Aux Origines de l’Humanité (2010-2018), History of the Emirates (2019) et Bergen-Belsen : Paroles de Survivants (2020).

Pendant quarante minutes, Mission Titanic s’articule autour des différentes plongées entreprises par Rob McCallum, Victor Vescovo, Parks Stephenson et leur équipe. La première, annulée à cause d’une tempête, témoigne de la difficulté à organiser ce genre d’expédition coûteuse alors même que les conditions météorologiques dans cette zone du globe sont imprévisibles. La deuxième, possible dès le lendemain, est la première descente en solo autour de l’épave grâce à un submersible moderne équipé d’un matériel dernier cri, en particulier une caméra très haute-définition. L’effort est rapidement récompensé par la découverte de la proue du Titanic, presque identique à ce qu’elle était lors de la dernière expédition en 2004. À plusieurs dizaines de mètres de là, la poupe, en revanche, est malheureusement très endommagée.

L’exploration continue durant les quelques jours suivants. C’est l’occasion d’en apprendre plus sur les dommages que subit actuellement l’épave et dont la trace la plus visible reste ces milliers de rusticles, ces stalactites de rouilles formées par les bactéries qui se nourrissent de l’acier. La perte est dès lors immense car des pans entiers de coques et de ponts sont en train de céder face aux affres du temps. Malgré tout, ce qui s’apparente à une catastrophe peut également être envisagé comme une bénédiction, chaque perforation permettant d’atteindre des parties du navire jusqu’à présent inaccessibles.

L’étape suivante se passe à la surface à bord du navire de recherche. Les images rapportées par les caméras embarquées à bord des submersibles sont transformées en photogrammes, des modélisations en trois dimensions permettant d’observer à sa guise chaque centimètre carré du Titanic. L’obscurité des profondeurs, à près de quatre kilomètres sous la surface de l’océan, rend en effet compliquée l’étude de l’épave. Les maquettes numériques sont dès lors une solution rêvée pour apercevoir ce qui, au fond de l’océan, est imperceptible. L’historien Parks Stephenson se rend ainsi notamment compte qu’un bossoir est orienté vers l’intérieur du navire. Destiné à descendre un canot de sauvetage le long de la coque, ce matériel n’a semble-t-il pas pu être utilisé. Stephenson en déduit donc que les canots ne furent pas tous mis à la mer malgré les efforts déployés par certains hommes d’équipage, en particulier l’officier William Murdoch, au moment de la tragédie.

L’une des plongées à laquelle participent Vescovo et Stephenson vise quant à elle à retrouver la cabine de Benjamin Guggenheim. Homme d’affaires originaire de Philadelphie, ce magnat de l’industrie minière faisait partie des passagers les plus riches de son temps. Président de l’International Steam Pump Company, il disparaît lors du naufrage du Titanic. La légende raconte même qu’il refusa d’enfiler un gilet de sauvetage, estimant que son costume de soirée était suffisamment élégant pour mourir en gentleman ! Son corps, comme ceux de son valet et de son chauffeur, ne fut jamais retrouvé. Sa cabine, située non loin de la troisième cheminée, fut détruite lorsque le paquebot se brisa en deux. À la recherche de ce qui s’apparente à une aiguille dans une botte de foin, Victor Vescovo et Parks Stephenson tentent malgré tout de retrouver la moindre petite trace de l’endroit où Guggenheim passa ses dernières nuits. Pensant avoir retrouver les restes de la cabine, ils affichent une belle fierté et une certaine émotion en montrant les images captées au fond de l’océan à Sindbad Guggenheim, l’arrière-arrière-petit-fils du milliardaire défunt.

Si les préparatifs de chaque plongée se révèlent intéressants, ce sont bel et bien ces images filmées sur l’épave qui font la force de Mission Titanic. Le paquebot enfoui sous la surface se révèle en effet être toujours aussi beau et fascinant. Chacun peut en particulier ressentir un frisson dans le dos lorsque la proue apparaît soudainement dans le noir total. Longer la coque et deviner la forme des hublots et des bastingages est par ailleurs toujours aussi ensorcelant. La découverte du moindre objet, qu’il s’agisse d’une chaussure, d’un accessoire de mode, d’une assiette ou d'une pièce de machine parfois méconnaissable car déformée par le choc, se révèle être une expérience mémorable. Bien qu’un drame se cache derrière elle, chaque prise de vue revêt un aspect incroyable et une certaine poésie...

Parmi les images les plus belles, le champ de débris, avec ses pièces de vaisselle, ses bouteilles et même un pantalon, sont entre autres l’incarnation même de ces victimes qui périrent en cette nuit tragique d’avril 1912. La cabine du capitaine Smith, dont le toit s’est un peu plus effondré, témoigne à son niveau de la vie à bord avec sa baignoire qui, autrefois nettement visible, est aujourd’hui difficile à identifier. Les multiples perforations sur la coque et les toits affichent toutefois la marque du temps et la destruction future de l’épave. Parmi les endroits les plus menacés, la salle des radios sera perdue d’ici les prochaines années.

Mission Titanic est à l’image de cette recherche qui anime aujourd’hui la communauté scientifique autour de l’épave la plus célèbre du monde. Il s’agit d’une course contre la montre palpitante pour filmer et photographier tout ce qui peut l’être avant une disparition désormais inéluctable. Le documentaire montre d’ailleurs à quel point cette course, qui semble perdue d’avance, est difficile. Ce genre d’expédition est soumis à des conditions particulièrement difficiles à cause du froid, de l’obscurité, de la durée de chaque plongée et des forts courants qui rendent chaque manœuvre dangereuse pour les submersibles qui tentent d’approcher au plus près. La multiplication des bactéries est une autre difficulté dès lors qu’elle fragilise l’ensemble de l’épave, inexorablement rongée. Les scientifiques montrés dans le documentaire, notamment l'écologiste marine Lori Johnson, cherchent d’ailleurs à calculer la vitesse de détérioration grâce à une plate-forme en acier déposée près de l’épave afin de récolter d’ici quelques années des rusticles et de voir leur vitesse de propagation.

Mission Titanic est au final une magnifique photographie du Titanic tel qu'il fut au moment de l’expédition en 2019. Chronique d’une disparition annoncée, il offre dès lors aux spectateurs de voir et de revoir à volonté, et tant qu’il en est temps, des images aussi fabuleuses qu’étonnantes de l’épave qui, dans quelques années, ne sera plus qu’un tas informe au plus profond de l’océan.

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