Titre original :
Titanic
Production :
20th Century Fox
Paramount Pictures
Lightstorm Entertainment
Date de sortie USA :
Le 19 décembre 1997 (Sortie nationale)
Le 1er novembre 1997 (Festival International du Film de Tokyo)
Le 14 décembre 1997 (Première - Los Angeles)
Genre :
Drame
3-D
Réalisation :
James Cameron
Musique :
James Horner
Durée :
195 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Southampton, 10 avril 1912. Fleuron de la White Star Line, le paquebot Titanic s’apprête à larguer les amarres pour son voyage inaugural en direction de New York. À son bord, les représentants de la haute société profitent de tout le luxe que peut offrir la Première Classe pendant que dans l’entrepont, les petites gens de la Troisième Classe rêvent simplement d’une vie meilleure en Amérique. Jeune femme huppée incapable de supporter davantage les carcans d’une vie bourgeoise reposant uniquement sur les convenances et les apparences, Rose DeWitt Bukater voit un jour sa vie bouleversée suite à sa rencontre fortuite avec Jack Dawson, un garçon pauvre ayant gagné son droit d’embarquer grâce à une main chanceuse au poker. Bien que tout les sépare, une romance commence bientôt à naître entre eux. Mais cet amour, aussi beau qu’improbable, ne tarde pas à être contrarié par les contraintes sociales de l’époque ainsi que par le destin lui-même lorsque le navire heurte un iceberg, quatre jours seulement après le début de sa traversée...

La critique

rédigée par
Publiée le 05 février 2023

Le 14 décembre 1997, le Tout-Hollywood est réuni au Grauman’s Chinese Theatre de Los Angeles pour assister à la grande première de Titanic. Septième long-métrage mis en scène par le réalisateur canadien James Cameron, le film est alors taxé de tous les excès. Son budget, pharaonique, s’élève à 200 millions de dollars. Deux studios, 20th Century Fox et Paramount Pictures, ont dès lors mutualisé leurs forces pour le financer et limiter les risques de pertes. Le tournage, réputé chaotique, a plus d’une fois défrayé la chronique. Comme au moment de la sortie de Blanche Neige et les Sept Nains en 1937 ou bien du Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz en 1963, nombreux sont les oiseaux de mauvais augure qui prédisent la ruine de 20th Century Fox et une fin de carrière lamentable pour Cameron. Ce que beaucoup ignorent alors, c’est que Titanic est sur le point de marquer d’une pierre blanche l’Histoire d’Hollywood et d’inscrire son nom au Panthéon des chefs-d’œuvre du cinéma.

Écrit par James Cameron lui-même, le scénario de Titanic s’inspire de l’histoire tragique du navire éponyme qui sombra dans l’Atlantique nord dans la nuit du 14 au 15 avril 1912. Le paquebot trouve ses origines en 1907. À l’époque, l’Europe et les États-Unis vivent au rythme de l’Âge industriel. En un peu plus d’un siècle, les moyens de transport ont considérablement changé. Une Révolution est en marche. L’acier a remplacé le bois. La vapeur a remplacé la force du vent. La taille, la force et la vitesse n’ont cessé de s’accroître au fil des différentes innovations.

L’idée du Titanic germe dès 1907 dans la tête de Lord William James Pirrie et Joseph Bruce Ismay. Respectivement directeur des chantiers navals Harland & Wolff de Belfast et directeur général de la compagnie maritime White Star Line de Liverpool, les deux hommes souhaitent en effet construire une nouvelle flotte de trois paquebots destinée à supplanter en tout point le Lusitania et le Mauretania, les deux fleurons de la Cunard Line. Baptisés Olympic, Titanic et Gigantic (un nom finalement changé en Britannic), leur conception est confiée à Thomas Andrews qui achève les plans durant l’automne 1908. Au vu de la taille des futurs bateaux, des travaux d’agrandissement sont rapidement entrepris au sein des chantiers de Belfast. Des grues flottantes sont notamment ajoutées. Le 16 décembre 1908, la quille de l’Olympic est posée au fond de la cale de construction N°2. Environ quatre mois plus tard, le 31 mars 1909, celle du Titanic est installée sur la cale N°3.

Forts d’une expérience incroyable, les ouvriers parviennent à assembler les coques en un temps record. L’Olympic est ainsi mis à l’eau dès le 20 octobre 1910. Le Titanic le suit le 31 mai 1911. Mécaniciens, charpentiers, électriciens, plombiers, peintres, décorateurs se succèdent durant les dix mois suivants pour armer et aménager le paquebot. Les machines, équipements et pièces de mobiliers les plus modernes et luxueux de l'époque sont utilisés. Un accident survenu sur l’Olympic, entré en collision avec l’Hawke, retarde cependant les travaux du Titanic durant deux mois. En janvier 1912, les quatre cheminées sont ajoutées. Le 3 février, les hélices sont à leur tour montées. Le 24 mars 1912, le Titanic est immatriculé à Liverpool.

Confié au commandant Herbert Haddock, remplacé le 31 mars 1912 par Edward James (E.J.) Smith, le Titanic est absolument impressionnant. Il mesure 269 mètres de long, 28 mètres de large, 52 mètres de haut et pèse plus de 46 000 tonnes. Il possède un double fond, dix ponts et vingt-neuf chaudières. Réputé insubmersible, il ne compte que vingt canots de sauvetage. À l’intérieur, le luxe est partout pour les passagers de Première Classe qui disposent notamment de trois ascenseurs, de salles de bains, d’une piscine, de bains turcs, d’un salon de lecture, d’un fumoir, d’un gymnase, d’un café véranda, d’une salle à manger magnifique... Les Deuxièmes Classes possèdent pour leur part des cabines qui correspond aux critères de la Première Classe sur d’autres navires, un fumoir, une bibliothèque, une salle à manger... La Troisième Classe est elle-même confortable comparée à d’autres bateaux avec ses cabines pour quatre à huit personnes, sa salle à manger, sa cuisine et son fumoir.

Plus grand, plus beau, plus puissant, plus rapide, plus luxueux... Les superlatifs ne manquent pas pour qualifier le Titanic dont le budget avoisine les 1,5 million de livres sterling (environ 170 millions d’euros). Dès avril, une partie de l’équipage embarque et se met au travail. Le Titanic arrive dans le port de Southampton le 3 avril 1912. Arrimé au quai N°44, il subit quelques travaux supplémentaires, en particulier les cheminées qui sont repeintes. Acheminées par train, les marchandises et les vivres sont embarqués. Les passagers montent à leur tour le 10 avril 1912.

Le Titanic prend la mer à 12h15 ce 10 avril 1912. Difficile à manœuvrer, il manque de heurter le paquebot City of New York arraché de ses amarres à cause des remous. À 18h35, une première escale a lieu à Cherbourg, en Normandie. Le 11 avril 1912, le Titanic arrive à Queenstown, en Irlande, où montent les dernières personnes. Au total, 1 324 passagers et 889 membres d’équipages sont à bord au moment de prendre la direction de New York.

Dès le 12 avril 1912, le paquebot français La Touraine signale déjà des icebergs. D’autres messages d’alerte se succèdent le 13 avril. Encouragé par Bruce Ismay qui souhaite battre le record de la traversée de l’Atlantique, le capitaine Smith ne donne cependant pas l’ordre de ralentir. Le paquebot avance alors à une vitesse d’environ 42 km/h... À bord, la vie suit son cours comme si de rien n’était. Mais le 14 avril 1912, le Baltic et le Californian continuent d’alerter le Titanic au sujet de la glace. Jack Phillips, l'un des deux radio-télégraphistes, demande bientôt à ses collègues des autres navires de cesser d’encombrer la ligne.

À 23h40, les veilleurs Frederick Fleet et Reginald Lee aperçoivent un iceberg à quelques dizaines de mètres au loin. L’absence de vent et de vaguelettes autour du bloc de glace ont empêché de le voir avant. Les deux hommes donnent le signal d’alerte à la passerelle. Le premier officier William Murdoch intime l’ordre de virer vers bâbord et de faire marche-arrière. Mais il est trop tard. L’iceberg est trop proche. Le navire va trop vite. Il est trop lourd. Le Titanic commence à virer de bord mais il ne peut éviter l’impact avec l’iceberg. Une partie de la coque est éventrée sous la ligne de flottaison... Des dizaines de rivets sautent sous l’effet de la torsion des plaques de tôles... L’eau commence à envahir les cinq premiers compartiments. Les cloisons étanches n’allant pas plus haut que le pont E, elle inonde bientôt les compartiments suivants. Alourdi, le Titanic commence inexorablement à s’enfoncer par l’avant. Le naufrage est dès lors inévitable. Il reste deux heures, tout au plus, pour organiser l’évacuation et sauver le plus de monde possible...

Vingt minutes après le choc, l’équipage est mobilisé pour préparer les canots de sauvetage. Il n’y a potentiellement que 1 178 places pour environ 2 200 personnes à bord... Les opérateurs radio se relayent pour envoyer les appels de détresse. Le premier SOS de l’Histoire est transmis... Des fusées de détresse sont envoyés en l’air. Elles auraient dû être rouges. Elles sont semble-t-il blanches... À 00h25, ordre est donné de faire évacuer les femmes et les enfants d’abord. Il faut attendre encore vingt minutes pour que le premier canot soit mis à l’eau avec seulement vingt-huit passagers pour soixante-cinq places ! Seuls deux canots partiront pleins !

À 02h05, le dernier canot est mis à l’eau. Il est comme tant d’autres à moitié vide... Dix minutes plus tard, la cabine radio est inondée. À 02h17, l’orchestre cesse de jouer. La première cheminée tombe. La grande verrière surplombant le grand escalier éclate sous le poids de l’eau qui entre de plus belle à l’intérieur de l’avant du navire. Une minute plus tard, à 02h18, les batteries disjonctent et les lumières cessent de fonctionner. Fragilisée par l’inclinaison et le poids de l’eau, la coque se déforme puis se brise en deux. La partie avant du Titanic coule. L’arrière flotte pendant quelques instants avant de sombrer à son tour. Il est 02h20...

Des centaines de passagers sont alors plongés dans une eau à -2°C. Leurs cris sont terrifiants. Mais le silence ne tarde pas à s’épaissir. En quelques minutes, les morts se comptent par centaines... Le cinquième officier Harold Lowe ordonne un retour sur les lieux du naufrage. Le temps de s’organiser, il est déjà 03h00... Quatre hommes sont finalement sortis de l’eau. L’un d’eux mourra malgré tout. Trente minutes plus tard, le Carpathia, lancé à pleine vitesse malgré les risques de collision avec des blocs de glace, arrive enfin sur les lieux du drame. Deux heures plus tard, le Californian est lui aussi sur place.

À 08h30, le deuxième officier Charles Lightoller est le dernier survivant à embarquer. Le Carpathia se met immédiatement en route pour New York. La rumeur du naufrage se répand bien que les représentants de la White Star Line cherchent à se montrer rassurant. La disparition du Titanic n’est confirmée que dans la soirée du 15 avril 1912... Une nuée de journalistes et de badauds est présente sur les quais lorsque le Carpathia arrive enfin le jeudi 18 avril. Environ sept-cents survivants débarquent. La catastrophe a fait environ mille-cinq-cents victimes, dont 25% des femmes à bord, 82% des hommes et 75% des passagers de Troisième Classe empêchés d’atteindre les canots à cause des grilles placées entre les ponts et qui sont restées fermées à clé... Au milieu des victimes, figurent notamment John Jacob Astor, l’homme le plus riche du paquebot, ainsi que des dizaines d’autres membres du gotha de l’époque, les époux Isidor et Ida Strauss, Benjamin Guggenheim ainsi que l’architecte Thomas Andrews, le premier officier Murdoch et le capitaine Smith.

Placé à la Une de la presse du monde entier, le Titanic a, dès son naufrage, été entouré de questions sans réponse. Au cours des décennies suivant le naufrage, des dizaines d’expéditions ont alors été entreprises pour localiser l’épave. Celle-ci n’est finalement retrouvée que le 1er septembre 1985 par l’expédition franco-américaine dirigée par Jean-Louis Michel de l’IFREMER et Robert D. Ballard de l’Institut océanographique de Woods Hole. Localisée à 650 kilomètres au sud-est de Terre-Neuve, à environ 3 800 mètres de profondeur, l’épave confirme que le Titanic s’est bel et bien brisé en deux alors même que cette thèse était débattue et niée par les cadres de la White Star Line au moment de l’enquête diligentée par le gouvernement américain. Bien que Michel et Ballard aient dès le départ fait le choix de ne relever aucun objet du site, la récupération d’artefacts n’a pas tardé à commencer dès la fin des années 1980. Accusés par les uns d’être des pilleurs d’épaves, les scientifiques ont malgré tout sauvé des dizaines d’objets d’une destruction certaine. Les bactéries ne cessent en effet de ronger le navire qui disparaîtra définitivement dans les prochaines décennies. Les expéditions les plus récentes tentent dès lors de photographier au mieux le site, aujourd’hui placé sous la protection de l’UNESCO.

Dès l’annonce de son naufrage, le Titanic n’a eu de cesse d’alimenter la culture populaire. Au mois de mai 1912, soit quelques semaines seulement après le drame, les spectateurs peuvent ainsi voir Saved from the Titanic, un film d’Étienne Arnaud avec Dorothy Gibson, l’une des survivantes, en tête d’affiche. La même année, le réalisateur Mime Misu tourne In Nacht und Eis. En 1953, Jean Negulesco réunit devant sa caméra Barbara Stanwyck et Clifton Webb dans Titanic, une production 20th Century Fox couronnée par l’Oscar du Meilleur Scénario remis à Charles Brackett, Richard Breen et Walter Reisch. Cinq ans plus tard, en 1958, le Britannique Roy Ward Baker adapte le livre La Nuit du Titanic de Walter Lord dans Atlantique, Latitude 41° avec Kenneth More, Laurence Naismith et Ronald Allen. Suivent les téléfilms S.O.S. Titanic (1979) et Le Titanic (1996).

Au milieu des années 1990, le réalisateur James Cameron s’empare à son tour de l’histoire de la catastrophe. Originaire de Kapuskasing, au Canada, où il voit le jour le 16 août 1954, il étudie la physique à l’Université d’État de Californie tout en rêvant un jour de travailler pour le cinéma. Tentant sa première expérience avec le court-métrage Xenogenesis en 1978, il enchaîne les petits boulots avant d’être repéré par Roger Corman qui l’engage au sein de sa compagnie, New World Pictures. Là, Cameron sert notamment comme directeur artistique sur Les Mercenaires de l’Espace (1980) et La Galaxie de la Terreur (1981). Il collabore ensuite aux effets spéciaux de New York 1997 (1981) avant de tourner son premier long-métrage, Piranha 2 : Les Tueurs Volants (1981). En conflit ouvert avec le producteur Ovidio G. Assonitis, il renie cependant le montage final du film qui n’a rien à voir avec sa propre vision.

L’expérience suivante sera plus fructueuse. En 1984, James Cameron écrit et réalise Terminator avec Arnold Schwarzenegger. Le succès est alors au rendez-vous, le film rapportant 80 millions de dollars au box-office, soit treize fois la mise de départ. Auteur de la première mouture de Rambo 2 : La Mission, Cameron enchaîne ensuite avec Aliens, le Retour (1986) puis Abyss (1989) dont il signe le scénario et la réalisation. Aux commandes de Terminator 2 : Le Jugement Dernier en 1991 et True Lies en 1994, il se lance dans une adaptation de Spider-Man qui ne verra finalement jamais le jour.

Passé maître dans le genre du film d’action et de science-fiction, James Cameron se passionne bientôt pour l’histoire du Titanic qu’il décide d’utiliser comme toile de fond de son prochain film. Succès planétaire couronné par onze Oscars, Titanic bat alors tous les records d’affluence, restant à l’affiche durant des mois dans la plupart des pays du monde. L’exploration du célèbre paquebot se poursuit alors cinq ans plus tard avec Les Fantômes du Titanic (2003). Réalisateur des documentaires Expedition : Bismark (2002) et Aliens of the Deep (2005), et producteur, via sa société Lightstorm Entertainment, de Solaris (2002) et Volcans des Abysses (2003), il se lance bientôt dans l’écriture d’Avatar qui, au moment de sa sortie en 2009, devient à son tour le plus gros succès de l’histoire du cinéma, surclassant alors Titanic.

Parmi les artistes les plus puissants d’Hollywood, Cameron a désormais le luxe de concrétiser tous les projets qu’il souhaite. En mars 2012, il explore ainsi la Fosse des Mariannes à bord du sous-marin Deepsea Challenge. Détenteur du record de plongée en sous-marin, à environ 11 000 mètres de profondeur, il n’abandonne pas pour autant le cinéma, se consacrant pleinement au développement de l’univers d’Avatar qui pulvérise une fois encore le box-office avec Avatar : La Voie de l’Eau, proposé en décembre 2022 en attendant les trois suites prévues en 2024, 2026 et 2028.

James Cameron envisage l’écriture de Titanic au tout début des années 1990. À l’époque, certaines grandes fresques historiques ont durablement marqué l’Histoire du cinéma, à l’instar de Danse avec les Loups ou de La Liste de Schindler, deux succès critiques et publics primés aux Oscars. Toutefois, le genre n’est plus vraiment à la mode et Hollywood a depuis longtemps tourné le dos à ces épopées incroyables qui, si populaires qu’elles soient dans les années 1960, étaient souvent synonymes de dépenses extravagantes et de gouffres financiers sans fond. Laissant de côté la science-fiction, le genre grâce auquel il est parvenu à se faire un nom, Cameron fait malgré tout le choix de s’inscrire à contre-courant en se consacrant à l’écriture d’un drame historique. Son idée est alors de faire revivre le Titanic. La juxtaposition entre riches et pauvres, la beauté et la noblesse d’une époque révolue, la splendeur du navire, la folie des hommes qui l’ont construit, l’impensable qui devient réalité sont en effet, selon lui, autant d’ingrédients pour une bonne histoire.

La découverte en 1992 de Titanica, un documentaire en IMAX de Stephen Low consacré au naufrage, termine de convaincre James Cameron de tenter l’expérience. Le Titanic le fascine depuis des années. Pour lui, si une équipe de documentaristes est parvenue à filmer l’épave du paquebot, Hollywood se doit elle-aussi de s’y intéresser. Cameron se lance donc dans l’écriture d’un premier script. Présenté comme une sorte de « Roméo et Juliette sur le Titanic », le texte reçoit alors un accueil dubitatif de la part des dirigeants de 20th Century Fox qui s’interrogent sur le bien-fondé d’une épopée romantique de trois heures... Néanmoins, ces derniers acceptent de lui donner le feu vert, de peur que la « poule aux œufs d’or » Cameron n’offre son talent à la concurrence.

Un simple accord de principe n’étant pas suffisant, James Cameron obtient bientôt des cadres de 20th Century Fox une enveloppe de six millions de dollars afin de pouvoir filmer directement l’épave du Titanic. L’entreprise est onéreuse, mais pas beaucoup plus, selon lui, que de tout recréer en images de synthèse. Durant l’année 1995, douze plongées se succèdent ainsi durant dix-sept jours grâce à l’aide du docteur Anatoly Sagalevitch et des équipes de scientifiques d'un navire de recherche russe, l’Akademik Mstislav Keldych. Les conditions de tournage sont alors un vrai défi et une vraie gageure. Une seule erreur de pilotage des sous-marins est en effet synonyme de désastre ou pire, d’une mort certaine pour les personnes embarquées. L’accident est même frôlé lorsque l’un des submersibles entre en collision avec l’épave, sévèrement endommagée.

Le cœur retourné par la beauté du paquebot gisant mais aussi par la prise de conscience de la catastrophe et de ses victimes, James Cameron s’installe ensuite à sa table de travail pour rédiger son scénario. Désireux de rendre hommage aux personnes disparues lors du naufrage et de construire son film telle une machine à remonter le temps capable de ramener les spectateurs sur le navire, il débute un travail de recherche de près de six mois. En plus de centaines d’ouvrages sur le sujet, le Titanic de 1953 et le film Atlantique, Latitude 41°, que Cameron avait découvert lorsqu’il était enfant, sont également des sources d’inspiration importantes.

Son idée est alors de scinder l’histoire en deux parties. La première, contemporaine, met en scène un scientifique, Brock Lovett, sorte de pirate moderne à la recherche du Cœur de l’Océan, un diamant inestimable perdu lors du naufrage. La médiatisation de ses recherches le conduit bientôt à croiser la route de Rose DeWitt Bukater, une survivante de la catastrophe désormais à l’aube de ses cent-un ans. La seconde partie, quant à elle, est une plongée dans le passé, un flash-back permettant aux spectateurs de remonter en 1912 et de revivre les derniers jours du Titanic à travers le témoignage de Rose. Souhaitant à tout prix rester fidèle à la réalité sans pour autant basculer dans le genre du film catastrophe, Cameron ajoute rapidement une histoire d’amour entre les personnages de Rose et de Jack Dawson afin de rendre la catastrophe encore plus poignante pour les spectateurs.

Son scénario entièrement storyboardé en poche, James Cameron dispose à présent de seulement quelques mois avant de lancer les prises de vues. Les archives des chantiers Harland & Wolff sont mises à contribution afin d’obtenir les plans du Titanic et de permettre ainsi aux équipes des directeurs artistiques Martin Laing et Charles Lee et à celles du décorateur Peter Lamont de récréer le navire. Les artefacts récupérés sur l’épave sont également étudiés avec soin. Pendant ce temps, 20th Century Fox met sur pied une nouvelle filiale, Fox Studios Baja, qui se porte acquéreur d’un terrain de seize hectares au sud de Rosarito, en Basse-Californie mexicaine. Il s’agit là du tout premier studio construit sur la côte Ouest depuis trente ans.

Le 31 mai 1996, quatre-vingt-cinq ans jour pour jour après la mise à l’eau de la quille du Titanic, le premier coup de pioche est donné par les équipes de Les Collins, le superviseur de la construction. Quatre mois de travaux sont alors nécessaires pour creuser un bassin capable de contenir 85 millions de litres d’eau et dans lequel est installée une réplique de la partie tribord du Titanic. Celle-ci respecte presque la taille originale du vrai paquebot, à quelques exceptions près, une partie de la coque ayant été enlevée et la taille des cheminées et des canots réduite de dix pourcents. Capable de s’incliner à 6 degrés, cette réplique permet d’obtenir une vue à 270° sur l’océan. Une contrainte majeure demeure néanmoins : au moment de son départ, le Titanic était amarré sur les quais côté bâbord. Le décor étant pour sa part bâti côté tribord, il nécessitera en post-production d’inverser l’image. Toutes les inscriptions, comme les mentions White Star Line sur les casquettes des marins ou sur les façades des bâtiments, doivent dès lors être écrites avec des lettres inversées afin d’apparaître dans le bon sens à l’écran...

Faisant le choix de ne pas filmer directement au cœur de l’océan, une entreprise qui aurait été trop contraignante, les décorateurs bâtissent en outre une partie des décors intérieurs aux Estudios Churubusco Azteca de Mexico. Le plâtrier Dave Coldham supervise notamment la reconstitution parfaite de certaines pièces telles que la salle à manger de Première Classe accessible grâce au Grand Escalier. Les décorateurs font alors appel à l’entreprise qui avait elle-même fourni les moquettes du navire en 1912. Ils redonnent en outre vie à des pièces entières qui, pourtant, ne seront visibles que quelques secondes à l’écran comme le gymnase. Les décors intérieurs sont ensuite transférés à Rosarito et placés à l’intérieur d’un bassin pouvant contenir vingt-cinq millions de litres d’eau et que les équipes pourront submerger à l’envi. Pour les aménager, Michael Ford et ses employés produisent des milliers de pièces de mobiliers, de vaisselles et d’accessoires, tous des répliques fidèles de ceux présents sur le navire en 1912.

En plus de la reconstitution « grandeur nature » du Titanic, une partie du pont et de la poupe sont également construites sur un plan incliné afin de mettre en scène le naufrage. Un décor de l’intérieur de l’épave est lui aussi reproduit pour filmer l’exploration par les sous-marins Mir. Afin d’éviter un trop grand usage des effets spéciaux numériques, des maquettes de différentes tailles représentant le navire et l’épave sont enfin créées pour préparer les prises de vues en amont et filmer certains plans larges montrant le Titanic en train de fendre l’océan.

Alors que la cheffe costumière Deborah Scott s’affaire à fabriquer chaque costume avec autant de minutie que les décorateurs qui bénéficient pour ce faire de l’aide des historiens Don Lynch et Ken Marschall, la directrice de casting Mali Finn débute la sélection des acteurs. Elle doit alors trouver ceux qui incarneront les personnages réels et ceux qui camperont les personnages fictifs. Elle doit distinguer ceux qui joueront les personnages contemporains et ceux qui incarneront le passé. Pour les personnages fictifs contemporains, Finn porte son choix sur Bill Paxton dans le rôle de Brock Lovett. Originaire de Fox Worth, l’acteur né le 17 mai 1955 rencontre James Cameron à l’époque où tous les deux travaillent comme décorateurs pour les studios de Roger Corman. À l’affiche de films comme Un Flic à Chicago (1989), Predator 2 (1990), Tombstone (1993), Apollo 13 (1995), Twister (1996), Un Plan Simple (1998), Mon Ami Joe (1998), U-571 (2000), Edge of Tomorrow (2014) et The Circle (2017), Paxton avait déjà tourné pour Cameron dans Terminator, Aliens, le Retour et True Lies. Également présent au générique des (Les) Fantômes du Titanic et de la série Marvel : Les Agents du S.H.I.E.L.D., l’acteur passe lui-même derrière la caméra pour réaliser Un Parcours de Légende (2005). Il décède le 25 février 2017.

Lewis Abernathy incarne Lewis Bodine, le collègue de Brock Lovett, aux côtés de plusieurs scientifiques et plongeurs du navire de recherche Akademik Mstislav Keldysh qui jouent leur propre rôle. Suzy Amis prête ses traits à Lizzy Calvert, la petite-fille de Rose. Initialement proposé à Fay Wray, l’interprète d’Ann Darrow dans King Kong, le rôle de Rose âgée est finalement offert à la vétérane Gloria Stuart. Née le 4 juillet 1910 à Santa Monica, l’actrice fait partie des pionnières du cinéma. Engagée par Universal en 1932, elle apparaît dans des films comme Une Soirée Étrange (1932), L’Homme Invisible (1933) et The Kiss Before the Mirror (1933) de James Whale. Poursuivant chez Warner Bros. puis 20th Century Fox, sa filmographie est complétée par Voici la Marine (1934), Maybe It’s Love (1935), Pauvre Petite Fille Riche (1936), Mam’zelle Vedette (1938), Les Trois Mousquetaires (1939), She Wrote the Book (1946)... Après la mise entre parenthèses de sa carrière pour s’occuper de sa famille, Gloria Stuart ne revient sur le petit écran qu’en 1975 dans La Légende de Lizzie Borden. Obtenant son étoile sur le Hollywood Walk of Fame en 2000, Titanic est l’un de ses derniers films avant son décès survenu le 26 septembre 2010 à l’âge de cent ans.

Pour les personnages historiques ayant réellement voyagé à bord du Titanic en 1912, le choix se porte sur des comédiens ayant une certaine ressemblance physique. Bernard Hill incarne ainsi le capitaine E.J. Smith (Le Bounty, Le Seigneur des Anneaux, Walkyries). Victor Garber prête ses traits à l’architecte Thomas Andrews (Immortels, Argo, La Légende de Cendrillon, Alias). Jonathan Hyde joue Joseph Bruce Ismay (Jumanji, Anaconda, le Prédateur, La Momie). Le casting est complété par Eric Braeden (Les Feux de l’Amour), Michael Ensign (Midnight Express, SOS Fantômes), Ewan Stewart (Commando, Rob Roy, The Interceptor), Jonathan Phillips (Vanity Fair : La Foire des Vanités, Jade) et Ioan Gruffudd (102 Dalmatiens, Le Roi Arthur, Les Quatre Fantastiques, San Andreas, Dr. Harrow), respectivement dans les rôles de John Jacob Astor, de Benjamin Guggenheim, du Premier Officier Murdoch, de l’Officier en second Charles Lightoller et du Cinquième Officier Harold Lowe. Après avoir interprété la vigie William Fleet dans Atlantique, Latitude 41°, Bernard Fox campe cette fois le colonel Archibald Gracie (La Coccinelle à Monte-Carlo, La Momie).

Le rôle de l’insubmersible Molly Brown est quant à lui confié à Kathy Bates. Née à Memphis le 28 juin 1948, l’actrice débute au théâtre puis au cinéma en 1971 dans le film Taking Off de Miloš Forman. Elle apparaît ensuite dans des films comme Reviens Jimmy Dean, Reviens (1982), Le Lendemain du Crime (1986), Dick Tracy (1990) puis Misery qui lui vaut de remporter l’Oscar de la Meilleure Actrice (1990). Elle enchaîne alors avec Beignets de Tomates Vertes (1991), Dolores Claiborne (1995), Primary Colors qui lui vaut une seconde nomination aux Oscars (1998), Annie (1999), Monsieur Schmidt (2002), Le Tour du Monde en Quatre-Vingts Jours (2004), Le Jour Où la Terre s’Arrêta (2008), Les Noces Rebelles (2009), American Horror Story (2013-2018) et Le Cas Richard Jewell pour lequel elle est en lice pour l’Oscar de la Meilleure Actrice dans un Second Rôle (2019).

Parmi les personnages fictifs embarqués à bord du Titanic, les deux amis de Jack, Fabrizio et Tommy, sont pour leur part joués par Danny Nucci (USS Alabama, Rock, The Fosters) et Jason Barry (La Loi du Sang, Sons of Anarchy). Le cascadeur Rocky Taylor incarne Bert Cartmell, le père de la petite Cora jouée par Alexandrea Owens. Amy Gaipa est choisie pour le rôle de Trudy Bolt, la femme de chambre de Rose. Au générique du téléfilm SOS Titanic produit en 1979, David Warner endosse le costume de Spicer Lovejoy, le valet et garde du corps de Caledon Hockley (La Malédiction, Tron, L’Antre de la Folie, La Planète des Singes, Le Retour de Mary Poppins). Frances Fisher est engagée dans le rôle de Ruth DeWitt Bukater, la mère de Rose (Impitoyable, Jugé Coupable, La Défense Lincoln).

Après que les noms de Gwyneth Paltrow, Claire Danes et Gabrielle Anwar ont circulé, Kate Winslet parvient à s’imposer dans le rôle de Rose. Née le 5 octobre 1975 à Reading, en Angleterre, la comédienne débute à la télévision dans Dark Season (1991) puis au cinéma dans Créatures Célestes (1994), Un Visiteur Chez le Roi Arthur (1995) et Raison et Sentiments qui lui vaut de remporter le Golden Globe et le BAFTA de la Meilleure Actrice dans un Second Rôle (1995). À l’affiche d’Hamlet de Kenneth Branagh (1996) puis de Titanic, elle joue ensuite dans Holy Smoke (1999), Quills, la Plume et le Sang (2000), La Vie de David Gale (2003), Neverland (2004), Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2005), Little Children (2007), Les Noces Rebelles (2008), Divergente (2014), Steve Jobs (2016), La Montagne Entre Nous (2017) et Blackbird (2019). Couronnée aux Oscars pour The Reader (2009), elle retrouve la caméra de James Cameron pour Avatar : La Voie de l’Eau.

Kate Winslet donne la réplique à Leonardo DiCaprio, préféré à Matthew McConaughey, Macaulay Culkin et Chris O’Donnell pour le rôle de Jack Dawson. Né le 11 novembre 1974 à Los Angeles, l’acteur débute la comédie dès l’enfance avant de faire sensation face à Robert De Niro dans Blessures Secrètes (1993) et à Johnny Depp dans Gilbert Grape (1993). Nommé à l’Oscar du Meilleur Acteur dans un Second Rôle, sa carrière décolle grâce à Roméo + Juliette (1996), Titanic et L’Homme au Masque de Fer (1998). Devenu l’idole d’une génération, DiCaprio poursuit avec Celebrity (1999), La Plage (2000), Gangs of New York (2002), Arrête-Moi si Tu Peux (2002), Aviator (2004), Les Infiltrés (2006) et Blood Diamond (2006). De nouveau réuni avec Kate Winslet dans Les Noces Rebelles, le comédien est à l’affiche de Mensonges d’État (2008), Shutter Island (2010), Inception (2010), J. Edgar (2011), Django Unchained (2012), Gatsby le Magnifique (2013), Le Loup de Wall Street (2013) et Once Upon a Time... in Hollywood (2019). Très engagé en faveur de la protection du climat, Leonardo DiCaprio remporte l’Oscar du Meilleur Acteur en 2016 pour son rôle dans The Revenant (2015).

Le triangle amoureux de Titanic est enfin complété par Billy Zane dans le rôle de Caledon Hockley, le fiancé de Rose et principal antagoniste de l’histoire. Originaire de Chicago où il naît le 24 février 1966, il débute en 1985 dans Retour Vers le Futur et sa suite, Retour Vers le Futur 2 - 2ème Partie (1989). Zane est également à l’affiche de Critters (1986), Calme Blanc (1989), Memphis Belle (1990), Sniper (1993), Tombstone (1993) et Le Fantômes du Bengale (1996). Malgré le succès de Titanic, l’acteur ne parvient pas à faire décoller sa carrière et doit se contenter de rôles mineurs dans Susan a un Plan (1998), Cléopâtre (1999), Zoolander (2001), Memory (2006), Le Roi Scorpion 3 : L'Œil des Dieux (2012) et Ghosts of War (2020). Interprète de John Rolfe dans Pocahontas 2 : Un Monde Nouveau (1998), il prête aussi sa voix à Ansem dans les deux premiers épisodes de la série de jeux vidéo Kingdom Hearts.

Son casting réuni, James Cameron lance le tournage de Titanic le 31 juillet 1996. Mentionné sous le titre fictif de Planet Ice inspiré au réalisateur par des séquences d’icebergs filmées au large de la Nouvelle-Écosse, il commence par les séquences mettant en scène Brock Lovett et Rose âgée à bord de l’Akademik Mstislav Keldysh. Un navire de garde-côte est également mis à contribution pour filmer l’arrivée de Rose et de sa petite-fille par hélicoptère.

En septembre 1996, l’équipe de tournage investit les Fox Baja Studios de Rosarito équipés pour l’occasion de la plus haute caméra panoramique du monde. Les décors extérieurs n’étant pas encore achevés, la séquence durant laquelle Jack dessine Rose dans le plus simple appareil est la première tournée par Leonardo DiCaprio et Kate Winslet. Cameron se charge lui-même de réaliser le croquis, laissant ses mains apparaître à l’image en train de tenir la mine de plomb. Le 15 novembre, la scène d’embarquement, très complexe, est à son tour en boîte.

Complétées par trois jours de tournage à l’intérieur du décor de l’épave, les prises de vues de Titanic sont un véritable défi pour l’ensemble des personnes impliquées sur la partie flash-back du film. Confirmant sa réputation d’ « homme le plus effrayant d’Hollywood », James Cameron demande en effet à ses acteurs et à ses équipes de tout donner, hurlant ses ordres à travers les plateaux à l’aide de son mégaphone. Les prises de vues du naufrage sont, entre autres, aussi éprouvantes que potentiellement dangereuses. Cameron souhaite montrer le chaos et la violence de cette nuit tragique. Hors de question, dès lors, de montrer un bateau sombrer calmement dans les eaux noires de l’Atlantique, comme cela a pu être le cas dans les films précédents. Des milliers de mètres cubes d’eau froide sont ainsi envoyés sur les acteurs ou à travers les décors inclinables. La destruction de la verrière du Grand Escalier est notamment impressionnante.

Les conditions de tournage sont telles que la tension devient vite forte. Il ne faut par conséquent pas attendre longtemps avant que divers incidents se produisent. Parfois effrayée par Cameron, Kate Winslet est en particulier blessée aux bras et aux genoux. Manquant de se noyer lors de la submersion d’un décor, elle souffre du froid et attrape la grippe. James Cameron lui-même se casse le poignet en filmant l’eau qui entre subitement dans la timonerie et provoque la mort du capitaine Smith.

Tout le monde, c’est peu dire, est sur les nerfs. Le 9 août 1996, déjà, un membre de l’équipe, peut-être un figurant, empoisonne la soupe avec de la phéncyclidine, provoquant l’hospitalisation de James Cameron et d’une cinquantaine d’autres personnes parmi lesquelles le comédien Bill Paxton... Apprenant que trois de ses hommes se sont brisés les os, le coordinateur des cascades Simon Crane monte bientôt au créneau en insultant le réalisateur. Tous les cascadeurs quittent alors le plateau. La réconciliation n’intervient que plus tard avec les excuses adressées par Crane à Cameron.

Prévu pour durer cent-trente-huit jours, le tournage se prolonge trois semaines de plus jusqu’au 23 mars 1997. James Cameron multiplie les prises. Visant une qualité esthétique maximale, il provoque malgré lui des ulcères chez les dirigeants de 20th Century Fox qui voient le budget s’envoler inexorablement. Alors que Cameron offre de renoncer à sa part des profits, une proposition rejetée par Bill Mechanic, le directeur exécutif de Fox, un partenariat inédit est rapidement envisagé avec le concurrent Paramount Pictures qui accepte de mettre 65 millions de dollars sur la table, partageant ainsi les coûts et les risques...

Les cadres de 20th Century Fox s’interrogent en outre au sujet de la durée du film qui dépassera à l’évidence les trois heures. Cela limitera dès lors forcément le nombre de projections journalières et, de fait, les profits... Face aux risques jugés énormes, une partie du conseil d’administration préfère démissionner... D’autres évoquent la possibilité de couper le film en morceaux et d’en faire une mini-série... Dans la presse, les critiques commencent à leur tour à fuser. Certains prédisent déjà la faillite du studio. Assailli de critiques, James Cameron menace. Si les dirigeants de Fox ne sont pas satisfaits, il est encore temps pour eux de le renvoyer. Mais pour y parvenir, ils devront d’abord le tuer !

Alors que la direction des studios renonce à changer de réalisateur pour ne pas avoir à tout recommencer et ainsi perdre le bénéfice des scènes qui sont déjà en boîte, James Cameron débute la post-production au printemps 1997. Malgré l’usage de vrais décors et de maquettes pour limiter au maximum les effets numériques, de très nombreux plans doivent être retouchés et complétés. La tâche revient aux sociétés Digital Domain et Pacific Data Images qui avaient déjà collaboré avec James Cameron sur Abyss et Terminator 2 : Le Jugement Dernier. Chargés d’obtenir un rendu absolument réaliste, les animateurs rivalisent donc d’ingéniosité.

Les plans larges du paquebot en mer sont en particulier créés tels des publicités pour la compagnie White Star Line. Des dizaines de figurants numériques sont ajoutés sur les ponts du navire. Des figurants filmés devant un fond vert sont incrustés sur les images de la salle des machines tournées à bord du SS Jeremiah O’Brien. Pour faire des économies, les acteurs et les figurants sont également ajoutés par-dessus le décor miniature du salon de Première Classe. L’ordinateur est aussi utilisé pour modéliser les personnes qui, pour sauver leur vie, plongent du haut du navire en train de s’élever dans les airs avant de couler. Les équipes du superviseur des effets visuels Rob Legato utilisent par ailleurs les recherches entamées par le Département de la défense pour recréer numériquement l’océan à perte de vue ainsi que les vagues laissées dans le sillage du paquebot lancé à pleine vitesse.

Le montage est une autre épreuve en soit. James Cameron possède désormais des heures de film. Cherchant à coller au plus près de la réalité historique, il lui faut faire des choix. Il tient avant tout à conserver certaines scènes montrant des personnages réels qui, s’ils ne sont pas clairement nommés ou identifiés, font partie de la légende et renforcent le caractère dramatique de l’événement. L’orchestre jouant durant le naufrage est indispensable. Les époux Strauss qui se serrent l’un contre l’autre dans leur lit alors que l’eau envahit leur chambre est aussi gardée tout comme le sermon du père Byles au moment où la poupe du Titanic s’élève. Les images du boulanger qui, aux côtés de Jack et Rose, se tient aux grilles du bastingage alors que le paquebot vit ses derniers instants, sont aussi conservées.

La longueur du film avoisinant les quatre heures, James Cameron renonce cependant à certains plans. La crise de nerf de Rose dans sa cabine précédant sa tentative de suicide est ainsi retirée. L’affrontement entre Jack et Lovejoy avant que le navire ne se brise en deux est aussi jetée après des réactions négatives lors de projections tests. Toutes les scènes impliquant le Californian sont aussi abandonnées afin que l’intrigue ne quitte jamais les ponts du Titanic. Le premier baiser entre Jack et Rose au milieu de la chaufferie 6 ou bien la scène montrant Ida Strauss qui refuse d’abandonner son mari Isidor sont elles aussi écartées, tout comme le passage durant lequel Thomas Andrews montre les installations du gymnase à Rose, Ruth et Cal. La fin du film et la discussion entre Brock Lovett et Lizzy est aussi raccourcie. La confrontation entre l’explorateur et la vieille femme qui tient dans sa main le diamant est supprimée et remplacée par une scène plus simple durant laquelle Rose, debout sur le parapet du Keldysh, jette seule la pierre dans l’océan.

L’exigence et l’intransigeance de James Cameron au moment du tournage, de la post-production et du montage offrent au final aux spectateurs un long-métrage en tout point épatant. La reconstitution du paquebot, des premiers jours de sa traversée et de son naufrage sont en particulier fascinants d’exactitude. Jamais aucun film ou téléfilm n’avait en effet jusque-là montré l’histoire du Titanic de manière aussi réaliste et documentée. Disposant d’un budget extravagant dont le plafond a plus d’une fois été dépassé, le réalisateur s’est attaché à restituer la vision la plus détaillée possible de la tragédie.

Se livrant à un vrai travail d’historien, James Cameron offre dès lors une formidable plongée au cœur de ce début de XXe siècle révolu et concrétise de façon magistrale son projet initial, à savoir celui de construire son film telle une machine à remonter le temps capable de ramener chacun à bord du navire tel qu’il était au moment de son voyage inaugural en 1912. Scène après scène, les spectateurs sont ainsi invités à voyager à bord d’un « vrai » Titanic dont chaque partie, chaque pièce, chaque élément a été reproduit dans les moindres détails, qu’il s’agisse des gigantesques chaudières de la salle des machines ou bien de la moindre petite cuillère gravée aux armoiries de la White Star Line. À l’heure où les fonds verts et bleus sont devenus la norme à Hollywood, personne ne boudera dès lors son plaisir en voyant les comédiens évoluer dans de vrais environnements en tout point fidèles à ceux du paquebot.

Bien sûr, quelques entorses à l’histoire demeurent cependant pour les besoins de l’intrigue. Joseph Bruce Ismay n’est notamment pas celui qui donna son nom au Titanic. Chacun peut par ailleurs imaginer que l’homme, instruit, ne pouvait ignorer qui était Sigmund Freud. Malgré le témoignage d’une passagère ayant survécu au naufrage, rien n’atteste qu’Ismay ait demandé au capitaine Smith de pousser les machines afin d’augmenter la vitesse de croisière du navire. Le choix de James Cameron de le présenter tel un homme prétentieux, ignorant et couard n’est dès lors justifié que pour servir l’intrigue principale sans refléter une quelconque vérité historique.

Plusieurs personnages réels ont par ailleurs été volontairement disséminés çà et là tout au long de l’histoire par James Cameron afin d’accompagner les spectateurs aux quatre coins du navire et de rendre le récit plus poignant. John Jacob Astor n’a par exemple pas pu périr lors de l'effondrement de la verrière du Grand Escalier, détruite sous le poids de l’eau. Son corps, retrouvé presque intact une semaine plus tard par l’équipage du Mackay-Bennett, laisse en effet à penser que le milliardaire est en réalité parvenu à s’extraire du navire avant que celui-ci ne coule. Sa présence à l’écran à ce moment-là de l’histoire ne se justifie dès lors que par la volonté de peupler le Grand Escalier avec un visage « connu » des spectateurs au moment du drame, renforçant de fait le côté tragique de l’événement.

Le suicide du Premier Officier William Murdoch est lui aussi utilisé comme un prétexte pour accentuer encore davantage la panique qui gagna les membres d’équipages et surtout illustrer le fait que certains d’entre eux aient utilisé leurs armes à feu pour tenter de contenir la foule. Rien n’atteste, cependant, que quelqu’un ait pris sur lui de tirer sur les passagers. Aucune preuve ne montre que Murdoch ait retourné son arme contre lui. Les témoignages du Second Officier Charles Lightoller et du colonel Archibald Gracie attestent du contraire. Décriée au moment de la sortie du film et contestée par les descendants de l’officier, cette scène demeure l’un des grands regrets de James Cameron.

L’évocation par Jack du lac Wissota, creusé dans le Wisconsin en 1917, fait partie des erreurs historiques souvent mentionnées. Aucune preuve n’atteste de plus que des œuvres de Picasso ou Monet aient voyagé à bord du paquebot. D’autres entorses à la vérité découlent pour leur part de l’absence de connaissances scientifiques suffisantes au moment du tournage en 1996. Le navire ne s’est ainsi pas brisé entre la troisième et la quatrième cheminée, mais juste avant la troisième. Son inclinaison était alors d’environ 23°, loin des 45° montrés dans le film. L’arrière du Titanic ne s’est par ailleurs pas redressé de manière aussi verticale. La poupe semble plutôt avoir flotté à l’horizontale avant de sombrer à son tour. James Cameron est plusieurs fois revenu sur ces erreurs historiques, notamment dans le documentaire Titanic : 20 Ans Après Avec James Cameron produit par National Geographic en 2017.

La plus grande liberté avec la réalité reste enfin la romance entre Rose et Jack. L’idée d’un amour entre une jeune femme de Première Classe et un garçon de Troisième Classe est évidemment de la pure fiction. À l’époque, il était en effet purement impossible pour deux êtres aussi opposés de se rencontrer, les barrières sociales étant aussi infranchissables que les barrières physiques installées entre les ponts du navire. Le choix de James Cameron de partir dans cette direction est cependant justifié par les besoins du script et la nécessité de rendre la tragédie encore plus dramatique et poignante auprès du public. Le réalisateur s’est alors en partie inspiré du manuscrit d’Helen Churchill Candee, une journaliste américaine ayant entretenu une romance avec un passager inconnu du paquebot. L’idée du personnage de Jack lui est quant à elle venue après la découverte d’une tombe dédiée à un certain J. Dawson (J. pour Joseph) à l’intérieur de la section Titanic du cimetière de Fairview Lawn, à Halifax.

Bien que totalement fictive, c’est bel et bien la romance entre Rose et Jack qui porte le spectateur tout au long du film. Chacun connaît en effet le destin tragique du Titanic. Inutile de voir le long-métrage de James Cameron pour savoir que le paquebot coule après avoir heurté un iceberg. Hormis l’envie d’embarquer à bord afin de découvrir les magnifiques intérieurs recréés par les décorateurs puis d’assister à la reconstitution minutieuse et impressionnante du naufrage, l’intérêt principal de Titanic réside donc dans le destin croisé de ses deux personnages principaux, dans l’installation progressive de leur romance et enfin dans leur aptitude à affronter la tragédie. Si la fin est aujourd’hui connue de tous, le sort réservé à Rose et Jack suite au naufrage était ainsi le principal élément de suspense lors de la sortie initiale du film en 1997.

L’envie de suivre les personnages et l’empathie qui se construit progressivement autour d’eux est essentiellement le fruit du talent de ses interprètes. Poussés dans leur retranchement par James Cameron, Kate Winslet et Leonardo DiCaprio offrent en effet une composition magistrale. La première campe magnifiquement cette jeune femme de dix-sept ans engoncée dans un univers bourgeois duquel elle ne cherche qu’à s’échapper. Le second, quant à lui, endosse merveilleusement le rôle du beau jeune homme indépendant et téméraire chargé malgré lui d’extirper la demoiselle du piège dans lequel la société de l’époque l’a enfermée. Improbable, la rencontre entre ces deux êtres est d’autant plus crédible qu’elle est renforcée à l’écran par la sincérité et la belle complicité établie entre Winslet et DiCaprio, devenus suite au tournage d'excellents amis.

Si les têtes d’affiches sont brillantes, les seconds rôles sont eux aussi des atouts incroyables. Billy Zane incarne un méchant arrogant que chacun adore détester. Kathy Bates offre toute sa gouaille et son humour à une pétillante Molly Brown. Bernard Hill et Victor Garber campent pour leur part avec justesse un capitaine Smith et un Thomas Andrews conquérants mais brisés par la catastrophe. Dans le costume de Bruce Ismay, Jonathan Hyde représente avec finesse l’orgueil de ces hommes de l’Âge industriel qui pensaient pouvoir dompter et surpasser la Nature. Frances Fisher incarne avec brio les carcans imposés aux femmes de l’époque. À leur niveau, les troisièmes rôles et les figurants symbolisent respectivement l’abnégation de l’équipage, l’élégance de la bourgeoisie et l’espérance des classes populaires.

Une mention spéciale peut être adressée à Bill Paxton, dont le personnage, finalement furtif, permet de faire le lien avec le présent. Gloria Stuart est enfin absolument majestueuse dans le rôle d’une Rose qui, malgré le poids de l’âge, se montre encore et toujours pleine d’humour. Les scènes avec la comédienne font incontestablement partie des points d’orgue du film tant l’émotion y est vive et croissante. La fin, que chacun peut interpréter librement, est absolument bouleversante.

L’émotion, mais aussi l’action et le suspense, sont exacerbés encore grâce à la partition géniale écrite par le compositeur James Horner. Né le 14 août 1953 à Los Angeles, l’artiste met un pied dans le monde du cinéma grâce à son père, Harry, chef décorateur et scénariste. Exercé au piano dès l’âge de cinq ans, Horner étudie au Royal College of Music de Londres puis à l’Université de Californie du Sud. Un temps enseignant, il se consacre finalement à la composition de bandes originales. Sa première musique de film est alors celle des (Les) Mercenaires de l’Espace en 1979 sur lequel travaille également James Cameron. Suivent les partitions de Star Trek 2 : La Colère de Khan (1982), La Foire des Ténèbres (1983), Cocoon (1985), Natty Gann (1985), Le Nom de la Rose (1986), Willow (1988), Chérie, J’ai Rétréci les Gosses (1989), Les Aventures de Rocketeer (1991), Kalahari (1993), Le Masque de Zorro (1998), Mon Ami Joe (1998), Troie (2004), Apocalypto (2006) ou bien encore The Amazing Spider-Man (2012) et Les Sept Mercenaires (2016). Nommé aux Oscars pour Fievel et le Nouveau Monde (1986), Glory (1989), Jusqu’au Bout du Rêve (1989), Légendes d’Automne (1994), Braveheart (1995), Apollo 13 (1995), Un Homme d’Exception (2001) et House of Sand and Fog (2003), Horner avait déjà collaboré avec James Cameron sur Aliens, le Retour. Bien que des tensions aient impacté ce premier partenariat, tous les deux se retrouvent pour Titanic et Avatar en 2009. Il s’agit alors du dernier travail de James Horner avant sa mort survenue brutalement le 22 juin 2015 après un accident d’avion.

Pourtant cette collaboration n'allait pas de soi. Lorsqu’il se lance dans l’écriture de Titanic, James Cameron découvre en effet la musique de l’artiste irlandaise Enya à qui il propose de composer la bande originale du film. Ce n'est qu'après son refus catégorique que le réalisateur se tourne vers James Horner qui fait le choix de partir dans plusieurs directions différentes. Une partie de la bande originale évoque ainsi les sons typiques de l’Âge industriel avec ses percussions, ses cuivres, ses cloches ou bien ses chœurs évoquant des marteaux frappant l’acier, des pelletés de charbon jetées dans les chaudières, des rouages qui commencent à tourner, des cheminées laissant s’échapper la vapeur des machines ou bien encore les sifflets d’un paquebot. Les pistes intitulées Southampton, Leaving Port, "Take Her to Sea, Mr. Murdoch” ou bien The Sinking, toutes magnifiques, sont ainsi très révélatrices de ces bruits nés de l’industrie. Elles symbolisent aussi la liesse des passagers et des badauds au moment du départ vers New York. Hard to Starboard est quant à elle écrite pour symboliser l’iceberg et le danger qui se profile à l’horizon.

Une autre partie de la bande originale, notamment consacrée à la découverte de l’épave puis au personnage de Rose, se veut plus mélodieuse avec des accords plus doux accompagnés par des cornemuses irlandaises et la voix cristalline de la chanteuse norvégienne Sissel Kyrkjebø. Hymn to the Sea, Never An Absolution et Rose donnent en particulier des frissons dans le dos. James Horner écrit par ailleurs la chanson My Heart Will Go On avec le parolier Will Jennings. James Cameron refusant d’inclure des chansons dans ses films, il s’agit alors d’un projet secret auquel est associé Céline Dion qui, persuadée par son mari René Angélil, accepte d’enregistrer une démo. Horner a ainsi attendu que Cameron soit dans un bon jour pour lui faire écouter la bande. Le réalisateur donne finalement son feu vert, espérant qu’une chanson aussi commerciale rassurera les dirigeants de 20th Century Fox qui, de fait, le laisseront finir son film.

À la toute fin de la production, Titanic affiche en effet un budget d’environ 200 millions de dollars, presque le double des 110 millions de dollars initialement alloués à James Cameron. Il s’agit alors du film le plus cher de toute l’Histoire du cinéma financé non pas par une, mais par deux majors hollywoodiennes, 20th Century Fox et Paramount Pictures, exceptionnellement associées pour supporter les coûts faramineux et se partager les circuits de distribution, la première se chargeant des ventes à l’international et la seconde de la diffusion sur le territoire nord-américain.

Au départ limités à de simples bruits de couloirs, les dépassements de budget de Titanic ne tardent cependant pas à s’ébruiter dans les journaux. La campagne de dénigrement qui avait déjà commencé durant le tournage reprend de plus belle. Dans les colonnes de la presse spécialisées, nombreux sont ceux qui affirment que la faillite de 20th Century Fox est désormais inévitable. L’intransigeance de James Cameron à l’encontre de ses acteurs et de ses techniciens continue en outre d’alimenter la chronique. Partout, la mauvaise presse prédit un bide commercial sans précédent et la mort programmée de ces films aux budgets jugés incontrôlables...

Initialement fixée pour le 2 juillet 1997 par les dirigeants trop optimistes de 20th Century Fox qui souhaitent profiter du week-end du 4 juillet, la sortie de Titanic est finalement décalée de six mois. Le long-métrage est ainsi présenté pour la première fois le 1er novembre 1997 lors du Festival International du Film de Tokyo où, selon le New York Times, l’accueil fut particulièrement « tiède »... La grande première du film est finalement organisée le 14 décembre 1997 au sein de l'historique Grauman’s Chinese Theatre, à l'époque renommé Mann's Chinese Theatre et aujourd'hui connu sous le nom de TCL Chinese Theatre. Pour l’occasion, une réplique de la poupe du navire est installée devant le prestigieux cinéma. Toute l’équipe du film est présente, à l’exception de Kate Winslet, restée à Londres pour assister aux obsèques de son ami Stephen Terdre. Les premiers avis positifs commencent rapidement à germer dans la presse.

Titanic sort dans toutes les salles américaines cinq jours plus tard, le vendredi 19 décembre 1997. La plupart des pays d’Europe découvrent à leur tour le long-métrage à partir des 7, 8 et 9 janvier 1998. Il est alors confronté à une concurrence sérieuse face à La Souris, Demain ne Meurt Jamais et Scream 2. Pourtant, c’est un véritable triomphe ! Le film réalise 8,66 millions de dollars de recettes le jour de sa sortie et 28,63 millions lors de son premier week-end d’exploitation. 9,2 millions de dollars s’ajoutent le jour de Noël, pulvérisant ainsi le record précédemment détenu par Le Parrain, 3e Partie. Lors de son deuxième week-end, Titanic engrange 35,6 millions de dollars supplémentaires, faisant de lui le plus gros succès de décembre. 120 millions de dollars sont déjà rentrés dans les caisses alors que débute l’année 1998 !

Au final, 128 millions de spectateurs achètent leur(s) billet(s) aux États-Unis. 21,8 millions de tickets sont vendus en France ; 17,2 millions au Royaume-Uni. Titanic reste à l’affiche dans le monde entier durant des mois, parfois même pendant plus d’un an ! En fin d’exploitation, le film parvient à récolter la bagatelle de 1,85 milliard de dollars, faisant de lui le plus grand succès de l’Histoire du cinéma et le premier long-métrage à dépasser la barre du milliard de dollars.

Bien qu’outrageusement pessimiste, la presse, qui avait pourtant parfois condamné le film et son réalisateur, est elle-même majoritairement sous le charme. « Titanic est parfaitement conçu, intelligemment construit et fortement bien joué », note Roger Ebert dans les colonnes du Chicago-Sun-Times. « Le Magnifique Titanic de Cameron est le premier spectacle depuis des décennies qui rivalise clairement avec Autant en Emporte le Vent », surenchérit Janet Maslin du New York Times. Seules quelques voix se montrent défavorables comme celle de Kenneth Turan qui écrit dans le Los Angeles Times que « ce qui fait vraiment pleurer, c’est l’insistance de Cameron qui continue de croire qu’écrire ce genre de film est dans ses cordes ». En France, James Cameron est qualifié de « Virtuose » par le magazine Première quand CinéLive parle lui d’un « grand film ambitieux, véritable plaisir des yeux et du cœur ».

Dès le premier trimestre 1998, la profession déroule à son tour le tapis rouge pour Titanic. Le 18 janvier, le film décroche quatre trophées lors de la cinquante-cinquième cérémonie des Golden Globes : Meilleur Film Dramatique, Meilleur Réalisateur, Meilleure Chanson Originale et Meilleure Musique. James Cameron, Leonardo DiCaprio, Kate Winslet et Gloria Stuart concouraient également dans les catégories Meilleur Scénario, Meilleur Acteur, Meilleure Actrice et Meilleure Actrice dans un Second Rôle.

Le 23 mars 1998, Titanic est en lice quatorze fois lors de la soixante-dixième cérémonie des Oscars, égalant le record de nomination d’Ève, le classique de Joseph L. Mankiewicz sorti en 1950. James Cameron monte sur la scène du Shrine Auditorium pour récupérer les prix du Meilleur Film et du Meilleur Réalisateur. Il partage également l’Oscar du Meilleur Montage avec Conrad Buff et Richard A. Harris. Peter Lamont et Michael D. Ford sont couronnés pour les décors, tout comme Deborah Scott pour les costumes. Russell Carpenter repart avec l’Oscar de la Meilleure Photographie. Gary Rydstrom, Tom Johnson, Gary Summers et Mark Ulano sont récompensés dans la catégorie Meilleur Mixage Sonore. Tom Bellfort et Christopher Boyes sont sacrés Meilleurs Monteurs Son. Titanic est également distingué pour ses effets visuels. James Horner remporte les Oscars de la Meilleure Chanson Originale et de la Meilleure Musique. Kate Winslet est cependant supplantée par Helen Hunt pour son rôle de Carole dans Pour le Pire et Pour le Meilleur. Gloria Stuart est elle-même éclipsée par Kim Basinger pour L.A. Confidential. Tina Earnshaw, Greg Cannom et Simon Thompson s’inclinent face à Rick Baker et David Leroy Anderson qui récupèrent le prix des Meilleurs Maquillages pour Men in Black. Étonnamment, Leonardo DiCaprio n’est pas nommé dans la catégorie Meilleur Acteur.

Avec onze Oscars, Titanic atteint le record détenu depuis 1960 par Ben-Hur et égalé en 2004 par Le Seigneur des Anneaux : Le Retour du Roi. « Je suis le roi du monde ! », s’exclame alors James Cameron au moment de recevoir ses prix ! Le Palmarès de Titanic est complété dans les mois suivants par d’innombrables prix : Screen Actors Guild Award de la Meilleure Actrice dans un Second Rôle pour Gloria Stuart ; Saturn Awards de la Meilleure Actrice dans un Second Rôle pour Gloria Stuart, du Meilleur Film, du Meilleure Réalisateur, de la Meilleure Musique, de la Meilleure Chanson, de la Meilleure Direction Artistique, des Meilleurs Costumes, du Meilleur Montage ; MTV Movie Awards du Meilleur Film et de la Meilleure Révélation Masculine pour Leonardo DiCaprio ; Empire Awards du Meilleur Film et de la Meilleure Actrice pour Kate Winslet ; Grammy Awards de la Meilleure Chanson, du Meilleur Disque, de la Meilleure Chanteuse ; Meilleur Film Étranger au Japon, en Norvège, en République Tchèque, au Mexique ou encore en Allemagne...

Le succès de Titanic se confirme dans les bacs où sa bande originale devient la plus vendue de tous les temps avec 25 millions de disques écoulés en date du 6 septembre 1998. Un second volume est alors édité, Back to « Titanic » qui s’inscrit également parmi les meilleures ventes du moment aux États-Unis. La sortie en vidéocassette le 1er septembre 1998 aux États-Unis est elle-même couronnée de succès, Titanic dépassant les vingt-cinq millions de copies écoulées, plus qu’Independence Day qui détenait jusqu’ici le record. Cinquante-huit millions de copies sont par ailleurs vendues dans le reste du monde, surpassant les ventes du (Le) Roi Lion. Les sorties suivantes en DVD puis en Blu-Ray sont elles-mêmes phénoménales.

Une véritable « Titanicmania » s’empare enfin du monde. Surfant sur la vague du succès, James Cameron transforme alors l’essai en réalisant le documentaire Les Fantômes du Titanic produit par Walt Disney Pictures en 2003. Des dizaines d’autres reportages sont à leur tour produits à travers le monde. Des centaines d’ouvrages sont édités, y compris certains témoignages de survivants parmi lesquels Rescapé du Titanic du colonel Archibald Gracie. Les airs joués par l’orchestre durant la traversée sont rassemblés sur différentes compilations. L’exposition « Trésors du Titanic » est par ailleurs mise sur pied. Rassemblant certains objets récupérés dans et autour de l’épave et mis en scène dans certains décors du paquebot entièrement reconstitués, elle est installée à Londres, au Stade de Wembley, en 1999. Elle s’exporte ensuite dans le monde entier, notamment en France où elle prend place au sein de la Cité des Sciences et de l’Industrie du Parc de la Villette en 2003.

Surpassé par Avatar du même James Cameron qui devient le plus grand succès du cinéma en 2009, Titanic ressort en salles le 4 avril 2012 à l’occasion du centenaire du naufrage. Plus de 340 millions de dollars viennent alors s’ajouter au palmarès du film qui dépasse par conséquent les 2 milliards de dollars de recettes. Présenté lors d’une grande première organisée au Royal Albert Hall de Londres dès le 27 mars, le film est au passage converti en 3D et restauré au format 4K. La scène durant laquelle Rose, allongée sur une planche de bois après le naufrage, observe le ciel étoilé est par ailleurs modifiée. L’astrophysicien américain Neil DeGrasse Tyson avait en effet informé James Cameron que les astres n’étaient pas disposés correctement. Prenant en compte les remarques du chercheur, ce dernier a alors corrigé son film en ajoutant la Voie Lactée au milieu d’étoiles placées conformément à leur disposition durant la nuit du 14 au 15 avril 1912. Trois ans après cette ressortie, le Royal Albert Hall accueille le ciné-concert Titanic Live durant lequel le compositeur James Horner rejoue la partition du film aux côtés d’un orchestre de cent-trente pièces.

Inscrit au National Film Registry en 2017 parmi les films conservés au sein de la Bibliothèque du Congrès, Titanic revient de nouveau sur les écrans pour une unique semaine en décembre 2017 dans une version Dolby Vision destinée à marquer son vingtième anniversaire. Paramount Pictures et Walt Disney Studios Motion Pictures (désormais propriétaire de 20th Century Studios) annoncent une nouvelle sortie du long-métrage le 10 février 2023 (8 février en France) à l’occasion de son vingt-cinquième anniversaire. Proposé dans les salles IMAX, Titanic s’est alors offert une nouvelle cure de jeunesse avec une remasterisation en 3D 4K HDR.

Parmi les plus grands succès cinématographiques du monde et premier long-métrage à avoir dépassé la barre du milliard de dollars de recettes, Titanic est incontestablement un véritable chef-d’œuvre. Porté par une distribution remarquable, une réalisation léchée, une bande originale envoûtante et une histoire captivante, il demeure, à ce jour, la plus belle reconstitution de la catastrophe et certainement le plus bel hommage rendu à ses victimes.

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