Willow
L'affiche du film
Titre original :
Willow
Production :
Lucasfilm Ltd.
Date de sortie USA :
Le 20 mai 1988
Genre :
Fantastique
Réalisation :
Ron Howard
Musique :
James Horner
Durée :
126 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Dans un royaume lointain, un peuple de petits habitants appelés les Nelwyns est dominé par les Daikinis, gens de grand taille gouvernés par la cruelle reine Bavmorda. Un jour, un prophète annonce la naissance d’une princesse appelée à détrôner Bavmorda. La terrible reine ordonne alors de tuer tous les nouveaux-nés du royaume...

La critique

rédigée par
Publiée le 11 novembre 2018

Imaginé par George Lucas, Willow est un film d'heroic-fantasy aussi fun que divertissant, dans la lignée du (Le) Seigneur des Anneaux. Avec des personnages particulièrement attachants, des aventures menées tambour battant sans pour autant sacrifier une certaine légèreté venue d'un humour bien dosé, des décors impressionnants et des effets spéciaux réussis pour l'époque, l'opus est devenu une oeuvre culte du genre. Mais bien avant cela, le producteur a dû batailler ferme face à des studios et des critiques qui ne lui prédisaient que l'échec...

L'origine du projet remonte ainsi à 1972. George Lucas est alors autant passionné par la réalisation d'un film de fantasy, qu'il avait intitulé à l'époque Munchkins, que par la saga de science-fiction qu'il était en train de bâtir. Passionné par J. R. R. Tolkien et sa trilogie du (Le) Seigneur des Anneaux, il n'a malheureusement pas les droits pour adapter le chef d'oeuvre littéraire. Il décide donc d'imaginer sa propre histoire où de nombreux éléments semblent être des hommages comme par exemple les Nelwyns qui ressemblent aux Hobbits ou encore le nombre incroyable de créatures rencontrées tout au long de l'aventure : des trolls aux dragons, des fées aux sorcières. Il faudra tout de même attendre la fin de la trilogie Star Wars, et la diffusion de Star Wars : Le Retour du Jedi pour que le Maître commence à s'intéresser de nouveau à son projet de fantasy. Il voulait également que les effets spéciaux fassent des progrès afin de pouvoir réaliser les idées qu'il avait en tête. Finalement, alors que le réalisateur Ron Howard venait à Industrial Light & Magic peaufiner les effets spéciaux de son film Cocoon, George Lucas lui propose de réaliser le film Willow. Il accepte sans trop se faire prier et demande avec son accord à Bob Dolman d'écrire le script à partir de l'histoire imaginée à la base.

Né le 1er mars 1954, Ron Howard commence très jeune sa carrière d'acteur dans Frontier Woman, un film d'un petit studio, où il a à peine 18 mois. Il joue ensuite dans quelques œuvres Disney : les téléfilms A Boy Called Nuthin' (1967) et Smoke (1970) ainsi que le film de cinéma Le Pays Sauvage (1971). En 1973, il se fait remarquer dans le long-métrage de George Lucas American Graffiti pour Lucasfilm Ltd. avec son personnage de Steve, rôle qu'il reprend en 1979 dans la suite More American Graffiti. Mais la consécration vient avec sa prestation du jeune Richie Cunningham dans la série rock n'roll Happy Days de 1974 à 1980 pour Paramount. Pourtant, intéressé depuis très jeune par la réalisation, son premier grand succès vient en 1984 avec Splash, le tout premier film du nouveau label Disney, Touchstone, et qui va aussi révéler l'acteur Tom Hanks. Il reviendra travailler avec le label sur les films La Rançon avec Mel Gibson en 1996 et De l'Ombre à la Lumière avec Russel Crowe en 2005. En 1988, il retourne chez Lucasfilm Ltd. en tant que réalisateur et offre le merveilleux film de heroïc fantasy, Willow. Mais Ron Howard est un touche-à-tout et va essayer plusieurs genres chez de nombreux autres studios en tournant avec les plus grands acteurs. Parmi ses films les plus célèbres, il peut être cité : le long-métrage de science-fiction Cocoon en 1985, le pyrotechnique Backdraft avec Kurt Russell en 1991, la fresque historico-romantique Horizons Lointains avec Tom Cruise en 1992, le film-catastrophe spatial Apollo 13 une nouvelle fois avec Tom Hanks en 1995, la comédie En Direct sur Ed TV en 1999 avec Matthew McConaughey, le film pour enfant Le Grinch en 2000 avec Jim Carrey ou l'adaptation des best-sellers de Dan Brown toujours avec Tom Hanks : Da Vinci Code (2006), Anges et Démons (2009) et Inferno (2016). Enfin, en 2002, il est sacré meilleur réalisateur aux Oscars pour la mise en scène d'Un Homme d'Exception qui gagne aussi l'Oscar du Meilleur Film. En 2018, il reprend en catastrophe le film Solo : A Star Wars Story pour lequel il s'en sort avec les honneurs mais n'arrive malheureusement pas à empêcher le mauvais buzz et le contre-coup commercial qui en découle.

Le plus frappant dans Willow est sa capacité à livrer un récit qui arrive à la fois à être épique et léger. Bien avant que Le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson révolutionne le genre au cinéma, la Fantasy était alors soit sombre comme Le Dragon du Lac de Feu (1981), Legend (1985) ou même le film d'animation Taram et le chaudron Magique (1985) ; soit naïve à destination des enfants comme L'Histoire Sans Fin (1984) ou Labyrinthe (1986). Il n'existait pas ainsi de films de Fantasy à destination des adolescents qui soient à la fois fun, avec un humour assumé dans ses dialogues, mais sans pour autant négliger l'aventure et les batailles titanesques. Willow réussit donc l'exploit d'amener une certaine fraîcheur dans un genre vu à l'époque comme boudé du public. Son véritable atout est assurément les répliques de ses personnages qui ne se prennent pas toujours au sérieux, et dont les vannes fusent de tous cotés. Le film s'avère ainsi parfaitement divertissant et l'ennui n'y a jamais sa place.

Il faut dire que Willow dispose aussi de son quota d'ingrédients fantastiques qu'il va puiser dans le livre de Tolkien. Il y a, en effet un peu - beaucoup - un côté Compagnie de l'Anneau dans la garde qui se forme autour du bébé. De même, le bestiaire, même s'il est moins important que dans les fameux romans, est assez fourni. S'y trouvent ainsi les Nelwyns, à mi chemins entre des nains et des hobbits ; les Daikinis, les humains ; les Brownies, sorte de petit lutins sauvages ; les Trolls, des créatures maléfiques et crasseuses ; mais aussi des fées, des sorcières ou des dragons. Le film s'inspire également beaucoup des contes avec des éléments qui font penser à Blanche Neige et les Sept Nains ou La Belle au Bois Dormant. en particulier dans l'apparence et le caractère de la Reine et Sorcière Bavmorda, mais aussi à La Bible (avec la fuite du bébé sur la rivière et l'extermination demandée de toute une génération) ou L'Odyssée (avec la transformation de l'armée en pourceaux). Le récit prend la forme d'une quête : celui d'amener la petite fille à bon port sans qu'elle se fasse capturer par la méchante sorcière. Au fur et à mesure, Willow se fait des compagnons qui vont l'aider à protéger l'enfant. L'action est aussi très présente grâce à de nombreuses batailles ou poursuites assez efficaces. L'avantage de cette construction narrative est qu'elle permet de visiter des lieux divers et d'apporter une grande variété dans les décors : de la montagne à la forêt, du château abandonné aux bords d'un lac et ceci, jusqu'à la vallée désolée où siège la méchante sorcière. L'ensemble ressemble certes à un patchwork d'idées multiples mais le film étonne par sa capacité à proposer une fresque filmique qui était vraiment ambitieuse pour l'époque, et dont le temps n'altère pas le charme.

L'autre réussite de Willow est assurément sa galerie de personnages attachants ou drôles.
Le premier d'entre eux est Willow Ufgood, le Nelwyn qui va protéger la petite Elora. Le film a, sur lui, la bonne idée de le présenter en mari aimant, père attentionné et magicien maladroit. Le spectateur tombe ainsi littéralement sous le charme. Il faut dire que la suite de l'aventure va le montrer comme un petit être courageux, intègre même s'il est souvent dépassé par la tâche qu'il s'est donnée. Heureusement, il sait s'entourer d'alliés fidèles. Le personnage est joué par Warwick Davis, un acteur nain, à l'immense capital sympathie, qui apporte beaucoup au film. Il avait déjà été remarqué par George Lucas sur le plateau de Star Wars : Le Retour du Jedi alors qu'il jouait l'Ewok, Wicket, rôle qu'il reprendra dans les téléfilms Star Wars : Les Aventures des Ewoks - La Caravane du Courage et Star Wars : Les Aventures des Ewoks - La Bataille pour Endor.
Madmartigan est, quant à lui, un chevalier Daikini, mercenaire sans attache et un peu fanfaron. Le personnage affiche d'ailleurs un petit côté Han Solo dans son caractère sans forcément en avoir le panache. Il lui arrive souvent des péripéties rocambolesques si bien qu'il peut se retrouver travesti en femme, victime d'un filtre d'amour ou carrément transformé en boule de neige. Pourtant, malgré sa dignité malmenée, sa fidélité aux côtés de Willow rend le personnage terriblement attachant en plus d'être drôle. Ses réparties portent en effet souvent à sourire et détendent l'atmosphère. Val Kilmer, déjà vu récemment dans Top Gun, apporte beaucoup de sa fraîcheur et d'entrain à ce mercenaire malchanceux.
La petite troupe est complétée par Rool (Kevin Pollak) et Franjean (Rick Overton), une duo de Brownies qui ont été missionnés par leur peuple pour apporter assistance et montrer le chemin à Willow. Les deux personnages de lutins constituent clairement l'apport comique du film, présents pour plaire aux enfants mais souvent amusants y compris pour les adultes. Les joutes verbales entre eux et Madmartigan sont particulièrement sympathiques.
La Reine Bavmorda est, pour sa part, campée par Jean Marsh (The Horsemasters). L'actrice livre une une méchante crédible qui n'hésite pas à tuer des enfants pour arriver à ses fins ou encore à diriger ses hommes avec autorité. Pour autant, même si sa dangerosité est proclamée durant tout le film, il faut réellement attendre la bataille finale pour la voir à l'oeuvre à travers un combat de sorcière impressionnant.
Elle est secondée par sa fille Sorsha (Joanne Whalley) qui voit sa fidélité vis-à-vis de sa mère vaciller au fur et à mesure qu'elle tombe sous le charme Madmartigan. La relation entre la guerrière de l'ombre et le mercenaire est d'ailleurs plutôt réussi avec son côté "je t'aime, moi non plus" qui fonctionne à merveille aussi bien dans la gestuelle que les dialogues.

Willow impressionne également beaucoup par son visuel et en particulier ses effets spéciaux. Pour l'époque, le film est particulièrement réussi sur ce plan. Une des avancées les plus significatives, même si désormais l'effet semble presque anecdotique, est le morphisme de la sorcière Fin Raziel (Patricia Hayes). Un scène voit ainsi Willow rendre sa forme humaine à la sorcière auparavant transformée en animal par la Reine Bavmorda. Il la fait passer successivement de la forme d'une chèvre à celle d'une autruche, d'une tortue et d'un tigre avant de retrouver enfin sa véritable forme. L'effet est saisissant et construit via un processus numérique et digital, une grande première à l'époque ! Le film dispose bien sûr d'effets physiques à l'image du dragon réalisé en animation image par image puis incrusté via la technique du fond vert. Cette scène est en revanche celle qui a le plus vieilli même si elle donne un côté nostalgique bienvenu à l'opus qui reste de bonne facture malgré lee poids des années grâce au soin particulier apporté aux costumes et aux matte paintings des décors.

Enfin, il faut souligner la bande originale signée de James Horner : tout simplement fabuleuse, son thème reste en tête bien après la fin. Sur les bases d'une symphonie grandiose absolument classique mais merveilleusement écrite et interprétée par l'orchestre symphonique de Londres (le même que celui opérant sur les Star Wars), le compositeur y ajoute un chœur d'enfants pour incarner l'esprit mystique de la jeune princesse Elora Danan, et cherche à innover davantage en donnant au genre de l'heroic fantasy une voix inédite et unique. En grand musicologue, il voit, en effet, dans un récit fantaisiste comme Willow l'opportunité d'utiliser des musiques ethniques très variées (amérindienne, celtique, japonaise et bulgare) pour apporter des couleurs exotiques à cet univers imaginaire. Sans le savoir, il démocratise l'emploi de telles sonorités dans le genre de l'heroic fantasy (jusqu'ici cantonné à des sonorités médiévales).

Le financement et la distribution du film ont été très difficiles. À la suite de nombreux échec du genre au cinéma, les studios ont tout simplement refusé de financer et de distribuer Willow. George Lucas se tourne alors vers la MGM, dont le PDG connaît bien George Lucas. Alan Ladd Jr. a, il est vrai, validé le projet Star Wars alors qu'il était chargé d'affaire à 20th Century Fox. Malheureusement, le studio au lion n'a pas les reins assez solides pour financer seul le film. Il n'offre que la moitié du budget de 35 millions de dollars en échange des droits de distribution cinéma et de télévision hertzienne. Lucasfilm Ltd. finance le reste et récupère en échange les droits de la télévision câblée et de la sortie vidéo. Ces derniers sont ensuite revendus à RCA/Columbia Pictures Home Video pour 15 millions de dollars. Depuis, les droits, y compris sur son exploitation vidéo et télévisuelle, sont intégralement revenus à The Walt Disney Company avec le rachat de Lucasfilm Ltd., Willow étant l'un des rares films du label dans cette situation en dehors de Star Wars, évidemment.

La critique est très mitigée devant Willow saluant son visuel mais lui reprochant son histoire trop légère. Le public, par contre, prend le contre-pied de la presse et, à la différence des deux précédentes productions Labyrinthe et Howard... Une Nouvelle Race de Héros, offre un joli succès au film, son week-end de sortie se hissant au score de 57 millions de dollars de recette aux États-Unis. Même si George Lucas espérait le double, ceci afin de lancer une franchise aussi puissante que Star Wars ou Indiana Jones, Willow est loin d'être un flop comme l'avait prédit de nombreuses critiques très remontées contre le producteur. L'opus se rembourse largement surtout que le marché de la vidéo et l'exploitation internationale sont plus que rentables : en France, par exemple, sa carrière le porte au score exceptionnel pour le genre de 2.17 millions d'entrées.
Plus tard, grâce à la sortie vidéo et ses diffusions à la télévision, Willow gagne petit à petit le statut d'oeuvre culte et conserve depuis une aura bienveillante auprès des cinéphiles, malgré la sortie de films du genre bien plus ambitieux comme les trilogies Le Seigneurs des Anneaux et Le Hobbit. Willow a droit également à trois suites sous forme de romans écrits par Chris Claremont : Lune d'Ombre (1995), Crépuscule d'Ombre (1996) et Étoile d'Ombre (2000).

Willow est un formidable film d'aventure et de fantasy aux personnages attachants, à l'humour bien senti et aux effets spéciaux réussis même vieillissants. Malgré ses années, il reste incroyablement divertissant et fun.

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