Solo
A Star Wars Story

Titre original :
Solo : A Star Wars Story
Production :
Lucasfilm Ltd.
Date de sortie USA :
Le 25 mai 2018
Genre :
Science-fiction
IMAX
3-D
Réalisation :
Ron Howard
Musique :
John Powell
Durée :
135 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Au cours de périlleuses aventures dans les bas-fonds criminels, Han Solo fait la connaissance de son imposant et futur inséparable copilote Chewbacca mais aussi croise la route de l'escroc de grand chemin, Lando Calrissian...

La critique

rédigée par
Publiée le 19 mai 2018

Solo : A Star Wars Story part avec deux handicaps. D'abord, nombreux sont les spectateurs à se demander l'intérêt de raconter le passé de Han Solo pensant que ce qui est présenté dans les quatre films où il apparaît suffit amplement et qu'il n'y a, dès lors, pas besoin d'en savoir plus. Ensuite, sa production plus que chaotique lui a collé une mauvaise réputation avant même sa sortie. Au final, même s'il n'est pas forcément le meilleur ou le plus indispensable de la saga, il remplit pourtant parfaitement son rôle : celui d'un film divertissant, empli d'actions et de personnages attachants. Mais surtout, sa plus grande réussite est assurément d'être l'opus parfait pour transférer sur grand écran l'Univers Étendu si chéri des fans de Star Wars. Pour eux en effet, tous les éléments iconiques du personnage de Han Solo sont présents suscitant clairement un plaisir de visionnage jouissif. Le film est ainsi l'illustration parfaite de ce que doit être cette série de longs-métrages spin-off : un éclairage sur un élément précis de la saga en en proposant une vision différente. L'absence des Jedi et les quelques allusions à l'Empire font qu'il peut se concentrer cette fois-ci sur les contrebandiers et les syndicats du crime apportant un angle qui change réellement des épisodes numérotés de la saga, s'il est omis évidemment les séquences secondaires autour des Hutts. Solo : A Star Wars Story est, en somme, le film de casse de la saga !

Le 30 octobre 2012, à la surprise générale, George Lucas annonce avoir vendu son entreprise ainsi que la totalité des droits sur ses films, dont Star Wars et Indiana Jones, à The Walt Disney Company. La nouvelle fait alors l’effet d’une bombe chez les fans et les professionnels du cinéma. Pourtant, ce rachat apparaît totalement logique. Tout d'abord, Disney a déjà prouvé sa parfaite capacité à digérer de précédentes franchises acquises : Les Muppets en 2004, Pixar en 2006 et Marvel en 2009. De plus, les deux labels (Disney et Lucasfilm) ont toujours eu des liens forts, non seulement de par les valeurs véhiculées dans leurs films mais aussi la maîtrise de l’art du marchandisage sans parler de leurs collaborations dans les parcs à thèmes. Star Tours, rebooté avec succès en 2011, est en effet toujours une attraction plébicitée des resorts Disney. Celles inspirées d’Indiana Jones sont elles aussi très populaires que ce soit Indiana Jones Adventure : Temple of the Forbidden Eye (Disneyland), Indiana Jones Epic Stunt Spectacular! (Disney's Hollywood Studios), Indiana Jones Adventure : Temple of the Crystal Skull (Tokyo DisneySea) ou Indiana Jones et le Temple du Péril (Disneyland Paris).

Cerise sur le gâteau, en même temps que le rachat, Disney annonce la sortie de Star Wars : Le Réveil de la Force pour 2015, le 18 décembre 2015 précisément, premier volet d’une nouvelle trilogie que les fans n’attendaient plus... Il n’y avait, il est vrai, plus eu de film Star Wars depuis dix ans ! Les aficionados étaient aux aguets et le résultat finalement à la hauteur des attentes, faisant de Star Wars : Le Réveil de la Force un véritable raz-de-marée. Pourtant, une sortie à Noël n’était pas une date habituelle pour la saga et il y avait un (petit) risque que le succès soit freiné par les fêtes ou le mauvais temps. Que nenni : rien n'a résisté à Star Wars VII ! Plus de 2 milliards de recettes mondiales (soit le troisième film à réaliser cet exploit après Titanic et Avatar) dont 936 rien qu’aux États-Unis (un record absolu dépassant de 175 millions de dollars le précédent détenu par Avatar - encore lui !). En France, avec plus de dix millions d’entrées, il obtient le meilleur résultat pour un film américain depuis Avatar (toujours lui !) en 2009. Plébiscité par la presse des deux côtés de l'Atlantique, le public a embrassé l'opus même si certains spectateurs ont reproché à J.J. Abrams, le réalisateur du nouveau Star Wars, de n'avoir livré qu'un copier / coller de Star Wars : Un Nouvel Espoir dans son scénario et ses planètes visitées. Par contre, tous s'accordent sur les nouveaux personnages jugés ultra-attachants. Rogue One : A Star Wars Story, le premier spin-off de Star Wars arrive, lui, l'année suivante. Aussi bien accueilli par la critique, le public et les fans, tous saluent sa qualité. Et c'est encore un énorme succès pour la saga puisqu'il rapporte plus d'un milliard dans le monde dont 536 rien qu'aux États-Unis tandis qu'en France il fait plus de cinq millions d'entrées. En 2017, Star Wars : Les Derniers Jedi arrive sous les ovations de la presse mais divise clairement le public : certains adorant le film pour les choix que le réalisateur et scénariste, Rian Johnson, a osé prendre ; d'autres lui reprochant d'avoir trahi la saga mythique, quelques fans extrémistes allant jusqu'à le menacer de mort. Même si le film aura rapporté 1,33 milliard de dollars au box office mondial, jamais la passion autour de Star Wars, y compris du temps de la prélogie, n'aura jamais été aussi vive et violente dans les échanges entre fans où chacun défend son opinion sans une once de modération. Solo : A Star Wars Story arrive donc dans une ambiance un peu délétère à peine cinq mois après le précédent opus, qui plus est, affublé d'une réputation de production plus que chaotique.

Quand Disney rachète les droits de Star Wars, il se trouve que George Lucas a déjà écrit un première esquisse des trois épisodes suivants, qui évolueront toutefois beaucoup sous la direction de Kathleen Kennedy, la nouvelle responsable de Lucasfilm Ltd.. Le maître a même posé les bases de one-shots qui deviendront les films indépendants labélisés A Star Wars Story. Si les Épisodes I à VIII gravitent autour de la famille Skywalker et s’inscrivent dans une continuité narrative, les films autonomes, désignés un temps sous l'appellation Star Wars Anthology avant de se voir nommés A Star Wars Story, peuvent eux se dérouler n'importe quand dans la chronologie, introduire de nouveaux personnages et explorer une grande variété de genres cinématographiques, du film de guerre au film de casse, etc. Ces opus peuvent également adopter potentiellement une vision plus intimiste et plus humble de leur thème surtout par rapport à l'ampleur des films principaux. Le but est clairement de raconter un événement dans l'univers Star Wars mais par un autre point de vue, ouvrant une grande richesse narrative et une large palette de styles.

George Lucas, à l'époque où il est toujours à la tête de Lucasfilm Ltd., présente les épisodes spin-off à son scénariste fétiche Lawrence Kasdan qui a travaillé sur Star Wars : L'Empire Contre-Attaque, Les Aventuriers de l'Arche Perdue et Star Wars : Le Retour du Jedi. Ce dernier est intéressé de reprendre du service sur Star Wars grâce à la promesse d'un film qui lui tient particulièrement à cœur : un long-métrage sur Han Solo, son personnage préféré. Le rachat par Disney ne change rien à l'affaire et le projet est mis en production. Lawrence Kasdan le délaisse un temps pour se concentrer sur le scénario de Star Wars : Le Réveil de la Force en collaboration avec le réalisateur J.J. Abrams. Il confie à son fils Jonathan Kasdan le soin d'assurer l'intérim et de terminer le script avant de revenir sur Solo : A Star Wars Story mais cette fois-ci avec la casquette supplémentaire de producteur exécutif.

Le personnage d'Han Solo est assurément l'un des plus emblématiques de la saga Star Wars avec la Princesse Leia, Luke Skywalker et Darth Vador. Naturellement, la prestation d'Harrison Ford dans le rôle lui a permis de rentrer dans la légende. Sa réplique "Je sais" à la déclaration d'amour de Leia, dans Star Wars : L'Empire Contre-Attaque alors qu'il est sur le point d'être congelé dans la carbonite, a par exemple bouleversé plus d'un cinéphile. Le personnage est tellement populaire qu'il va apparaître en plus des films dans une quantité indénombrable d'œuvres dérivées aussi bien en romans, en comics, en jeux vidéo et bien sûr en merchandising. Il est ainsi le premier personnage Star Wars à avoir droit à une série de romans estampillés à son nom, dénommé sobrement Les Aventures de Yan Solo, sortant autour de l'arrivée en salles du deuxième épisode de la saga. Trois titres sont proposés entre 1979 et 1980 : Yan Solo au Bagne des Étoiles, La Revanche de Yan Solo et Yan Solo et le Trésor de Xim.
1992 et la sortie du roman L'Héritier de l'Empire par Timothy Zahn marquent le renouveau de Star Wars ainsi que le lancement de l'Univers Étendu (désormais appelé Légendes). Il offre surtout une profusion de romans et de comics autour de la saga allant des milliers d'années dans le passé jusqu'à une centaine dans le futur. Parmi eux, certains récits sont centrés spécifiquement sur Han Solo notamment Vauriens en 2013 toujours par l'auteur Timothy Zahn ou Empire & Rebellion : Honor Among Thieves par James S. A. Corey en 2014. En comics, récemment en 2016, une mini-série, Han Solo : La Course du Vide du Dragon, se concentre graphiquement sur le contrebandier mais cette fois-ci dans l'Univers Officiel. Mais pour revenir à l'Univers Légendes, la série la plus emblématique, et celle qui est restée dans le cœur des fans Star Wars, est clairement La Trilogie Yan Solo par A. C. Crispin. À travers trois romans sortis en 1997 et 1998 (Le Coup du Paradis, Le Gambit du Hutt et L'Aube de la Rébellion), l'auteure propose, en effet, de narrer le passé du jeune Solo de sa jeunesse sur la planète Corellia à son arrivée sur Tatooine sans oublier son bref passage dans l'Empire, sa rencontre avec Chewbacca et Lando Calrissian tout en expliquant comment il a gagné le Faucon Millenium au Sabacc ou contracté sa dette auprès de Jabba le Hutt. Même si les événements contés dans Solo : A Star Wars Story sont différents des romans, les grandes lignes sont là. En ce sens, le film est le premier long-métrage rendant hommage à l'Univers Étendu tout en le re-canonisant. Certains grincheux qualifieront la démarche de fan service ; les passionnés, eux, sauteront de joie par l'exercice.

Le duo de réalisateurs Phil Lord et Christopher Miller, connus pour leurs films d'animation Tempête de Boulettes Géantes (2009) et La Grande Aventure Lego (2014) ainsi que leurs comédies 21 Jump Street (2012) et sa suite 22 Jump Street (2014) est choisi en 2016 par Lucasfilm Ltd. pour réaliser Solo : A Star Wars Story. Le studio espère ainsi que leur humour irrévérencieux apportera un vent de fraîcheur au projet. Le tournage débute donc en janvier 2017 mais à la surprise générale, le 20 juin 2017, à moins d'un an de la sortie prévue pour mai 2018, les réalisateurs et les studios annoncent d'un "commun accord" la fin de leur collaboration pour "différents artistiques". C'est là un sacré coup dur pour le film puisque le tournage était presque terminé aux trois quarts. Pour Lucasfilm Ltd., cela constitue un réel mauvais signal qui vient, en outre, après les reshoots de Rogue One : A Star Wars Story et quelques mois plus tard, le renoncement de Colin Trevorrow qui devait réaliser l'Épisode IX et son remplacement par J.J. Abrams qui revient à la saga après Star Wars : Le Réveil de la Force. Tous ces chamboulements précipités prouvent en effet qu'il y a un sérieux problème de management chez Lucasfilm Ltd. ou du moins une hésitation sur la direction à prendre dans la gestion de la saga emblématique. Recul aidant, le plus étonnant reste de voir que le film qui a eu le moins de souci dans sa production, Star Wars : Les Derniers Jedi, est assurément celui qui a vu son réalisateur recevoir le plus d'insultes...
Pour revenir à Solo : A Star Wars Story, il est difficile de savoir ce qui s'est exactement passé. De nombreux bruits circulent sur l'inconsistance des deux réalisateurs sur un film à si gros budget et enjeu et leur vision bien trop éloignée de ce que voulaient Kennedy et Kasdan. Au final, un remplaçant est donc trouvé au pied levé. Le studio choisit alors le réalisateur vétéran, Ron Howard, qui accepte la lourde tâche de reprendre le projet pour une sortie en onze mois. Là encore, les bruits courts qu'il n'aurait rien gardé du précédent tournage et aurait tout refilmé. En attendant, il réussit l'exploit de livrer l'opus en temps et en heure !

Il faut dire que Ron Howard a déjà une longue histoire avec les filiales de The Walt Disney Company. Né le 1er mars 1954, il commence très jeune sa carrière d'acteur dans Frontier Woman, un film d'un petit studio, où il a à peine 18 mois. Il joue ensuite dans quelques œuvres Disney : les téléfilms A Boy Called Nuthin' (1967) et Smoke (1970) ainsi que le film de cinéma Le Pays Sauvage (1971). En 1973, il se fait remarquer dans le film de George Lucas American Graffiti pour Lucasfilm Ltd. avec son personnage de Steve, rôle qu'il reprend en 1979 dans la suite More American Graffiti. Mais la consécration vient avec sa prestation du jeune Richie Cunningham dans la série rock n'roll Happy Days de 1974 à 1980 pour Paramount. Pourtant, intéressé depuis très jeune par la réalisation, son premier grand succès vient en 1984 avec Splash, le tout premier film du nouveau label Disney, Touchstone, et qui va aussi révéler l'acteur Tom Hanks. Il reviendra travailler avec le label sur les films La Rançon avec Mel Gibson en 1996 et De l'Ombre à la Lumière avec Russel Crowe en 2005. En 1988, il retourne chez Lucasfilm Ltd. en tant que réalisateur et offre le merveilleux film de heroïc fantasy, Willow. Mais Ron Howard est un touche-à-tout et va essayer plusieurs genres chez de nombreux autres studios en tournant avec les plus grands acteurs. Parmi ses films les plus célèbres, il peut être cité : le long-métrage de science-fiction Cocoon en 1985, le pyrotechnique Backdraft avec Kurt Russell en 1991, la fresque historico-romantique Horizons Lointains avec Tom Cruise en 1992, le film-catastrophe spatial Apollo 13 une nouvelle fois avec Tom Hanks en 1995, la comédie En Direct sur Ed TV en 1999 avec Matthew McConaughey, le film pour enfant Le Grinch en 2000 avec Jim Carrey ou l'adaptation des bestsellers de Dan Brown toujours avec Tom Hanks : Da Vinci Code (2006), Anges et Démons (2009) et Inferno (2016). Enfin, en 2002, il est sacré meilleur réalisateur aux Oscars pour la mise en scène d'Un Homme d'Exception qui gagne aussi l'Oscar du Meilleur Film.

Solo : A Star Wars Story remplit au final la mission qui est attendue de lui : raconter le passé de Han Solo. Tous les éléments iconiques du contrebandier sont ainsi proposés, étant globalement les mêmes que ceux de La Trilogie Yan Solo (Le Coup du Paradis, Le Gambit du Hutt et L'Aube de la Rébellion), même si les événements narrés et leur déroulé sont eux entièrement différents. Le long-métrage arrive en cela parfaitement à retranscrire le personnage de Han Solo, montrant son évolution de caractère pour arriver à celui que le spectateur connait si bien dans l'Épisode IV. Pour réussir cette gageüre, les scénaristes ont le bon goût d'opter pour un mélange de genre : le film de casse et le western spatial. Attaque de train, effraction dans une mine, fuite contre la cavalerie : tout y est, accompagné, qui plus est, d'une bonne dose de bandits, de trahisons et de tirs aux pistolets (laser). L'ensemble est dès lors particulièrement efficace et divertissant à défaut d'être vraiment inédit et surtout sans grande surprise. Quoi qu'il en soit, le spectateur ne s'ennuie pas une seconde et salue même le fait de voir Star Wars proposer une autre vision de son univers.

Car si Rogue One : A Star Wars Story était réussi, il faut bien avouer qu'il s'éloignait pas, au final et mis à part dans son ton, des précédents films de la saga : l'affrontement entre la Rébellion et l'Empire était bien là avec comme enjeu, l'impératif de sauver de la galaxie. Ici, tout est au contraire bien plus anecdotique. Il s'agit de découvrir les bas-fonds de mondes peuplés d'êtres qui ne cherchent qu'à survivre. Le spectateur y découvre ainsi des syndicats du crime, peuplés de malfrats qui essayent de se piquer leurs butins respectifs. La confiance n'est pas de mise et chacun doit se méfier de tout le monde. Cette approche est vraiment rafraîchissante dans la saga tant elle permet de sortir des réflexions politiques de la prélogie, des duels chevaleresques de la trilogie ou des réflexions sur l'héritage de la postlogie. Solo : A Star Wars Story offre donc avec bonheur un focus sur tout une partie d'habitants de la galaxie qui ne cherchent ni l'espoir ni le pouvoir mais uniquement à passer au travers les mailles du filet d'un système qui les dépasse. En fait, ils veulent juste rester en vie et s'en sortir avec le moins de dégâts et d'efforts possibles...

À y regarder de plus près, Solo : A Star Wars Story prend des airs de roman de l'Univers Étendu mis en image pour le grand écran. Et c'est peut-être justement cela qui apportera le plus de plaisir aux fans de Star Wars. Découvrir enfin la planète Corellia et ses fameux chantiers navals, assister au légendaire record de Solo sur le Raid de Kessel, vivre une partie de Sabacc sont, il est vrai, des éléments iconiques racontés dans les romans Légendes que les lecteurs rêvaient de pouvoir retrouver un jour en salles. Désormais, c'est chose faite ! Alors, certes, la représentation graphique de ces univers ne sera jamais à la hauteur de ce que chacun avait imaginé à l'occasion de sa lecture mais rien que le fait de les voir exister devant ses yeux est déjà un grand bonheur. Chose encore plus étonnante, l'opus fait clairement appel à des éléments de l'Univers Étendu Officiel, et notamment les deux séries animées Star Wars : The Clone Wars et Star Wars : Rebels. En particulier, un élément à la fin de l'aventure risque d'abasourdir plus d'un parmi ceux qui ne s'intéressent qu'aux films. Star Wars est désormais un réel univers partagé. Il faut dire qu'auparavant George Lucas ne s'occupait pas vraiment de ce qui se passait dans l'ancien Univers Légendes. Or, avec l'Univers Officiel mis en place par Disney, tout est lié : les films, les séries de télévision, les jeux vidéo, les romans et les comics. Certains éléments cruciaux peuvent ainsi être expliqués en dehors des longs-métrages et dès lors, la surprise proposée en conclusion est particulièrement grisante ! Les fans Star Wars vont jubiler devant un Solo : A Star Wars Story qui prouve que l'Univers Étendu n'est pas un élément anecdotique de la saga.

Le film n'est évidemment pas avares en scènes d'action, toutes bien réalisées avec des effets spéciaux globalement convaincants. Les séquences de l'attaque du train ou du Raid de Kessel sont notamment impressionnantes à souhait. Une photographie un peu terne pouvait être crainte : elle s'éloigne juste de l'imagerie du reste de la saga lorgnant vers le gris et le beige avec un aspect presque minéral là où il est plutôt métallique dans les autres opus. Au final, si l'aspect visuel de Solo : A Star Wars Story perd peut-être en chaleur, il est cohérent avec l'histoire narrée. Ce ne sont pas des récits d'êtres de lumière ou de personnes froides et inhumaines qui sont développées ici mais bien ceux de malfrats qui trainent dans la boue de la galaxie. La photographie choisie est donc à l'image de leur histoire. Seul sera regretté un certain manque de prise de risques dans la représentation graphique de Corellia ou de Kessel : trop peu d'ambitions extravagantes ou grandiloquentes surtout pour des lieux si mythiques. Le visuel des deux peut, en effet, paraitre assez banal là où il se devait d'être marquant...

Côté casting, Solo : A Star Wars Story a aussi fait couler beaucoup d'encre surtout pour son acteur principal.
Le pauvre Alden Ehrenreich s'est, il est vrai, fait reprocher bien des choses : de sa non-ressemblance avec Harrison Ford quand il était jeune à son charisme transparent. Et même après avoir vu le film, certains n'ont pas pu s'enlever ces idées de la tête. Or, l'acteur a par le passé déjà prouvé ses talents de comédien en ayant tourné pour les plus grands commençant notamment au cinéma avec Francis Ford Coppola et s'étant révélé sur le film Ave, César ! des frères Coen. Finalement, il s'en sort ici aussi plutôt bien même s'il n'est pas du niveau d'un Harrison Ford, acteur mythique s'il en est. Au fur et à mesure de l'aventure, il parvient ainsi à rendre son personnage de plus en plus attachant, gagne en assurance au point de vivre une évolution aussi naturelle que crédible. Le duo qu'il construit avec Chewbacca apporte également beaucoup à son jeu, accrochant le spectateur à un élément qui, lui, n'a pas bougé et ne nécessite pas d'adaptation.
Emilia Clarke, la fameuse Daenerys Targaryen dans Game of Thrones, est Qi'ra, l'amie d'enfance de Han Solo. L'actrice peine curieusement à convaincre au début du film avant de bien rentrer dans son rôle par la suite. Ce constat n'en reste pas moins désolant, elle dont le charisme en qualité de Mère des Dragons est toujours impeccable.
Autre petite déception, Woody Harrelson (Tueurs Nés) n'a jamais l'air de vouloir endosser le rôle de Tobias Beckett, le mentor de Solo. Il fait tout juste ce qui est attendu de lui, proférant des conseils à son jeune associé tout en essayant de canaliser sa fougue. Il n'arrive ainsi jamais à étonner les spectateurs.
Donald Glover, le prochain Simba dans l'adaptation du Roi Lion par Jon Favreau, est en revanche un Lando Calrissian particulièrement charismatique et séducteur. Il en ferait presque oublier Billy Dee Williams, l'acteur originel du personnage. Sa relation avec le droide L3-37 est en outre, aussi intéressante qu'étonnante. Enfin, sa rivalité avec Han Solo est parfaitement retranscrite et leur partie de Sabbac restera à n'en pas douter dans les annales de l'univers cinématographique Star Wars.
Enfin, Paul Bettany est le méchant de service, Dryden Voss, le chef du cartel L'Aube Écarlate. L'acteur arrive tardivement sur le film, lors des reshoots, en remplacement de Michael K. Williams qui ne pouvait reprendre son rôle d'origine. Il offre ici une prestation particulièrement convaincante en patron criminel aussi impitoyable que lunatique.

Au niveau de sa bande originale, Solo : A Star Wars Story fait ce qu'il faut pour respecter le matériel d'origine mais aussi étonner. Composée par John Powell, la musique est sans doute celle qui s'éloigne le plus des mélodies iconiques de la saga. Certes, le compositeur se permet de réinventer quelques thèmes de John Williams mais il s'avère au final assez timide. Cela ne l'empêche pas évidemment de proposer quelques passages à la musique particulièrement épique notamment ceux des Maraudeurs qui interpellent littéralement le spectateur. Pour le reste, la partition accompagne parfaitement l'action et sait être efficace quand cela est nécessaire.

La promotion de Solo : A Star Wars Story se fait très tardivement en raison de sa sortie rapprochée avec Star Wars : Les Derniers Jedi, et ceci afin de ne pas parasiter les deux campagnes. Elle s'active ainsi seulement à trois mois de l'arrivée en salles et s'offre une avant-première au Festival de Cannes le 15 mai. Deux autres films de la saga, Star Wars : L'Attaque des Clones en 2002 et Star Wars : La Revanche des Sith en 2005, avaient déjà eu droit à cet honneur. Pour autant, l'accueil sur la Croisette se trouve être le même que pour les deux précédents naviguant entre l'ennui poli et le froid glacial. Décidément, Star Wars n'est vraiment pas le genre de cinéma attendu par la presse habituée de ce Festival. Les autres critiques, des deux côtés de l'Atlantique, sont elles plus positives et accueillent l'opus, certes plus fraîchement que les derniers films, mais rassurées que cela ne soit finalement pas la catastrophe annoncée, saluant même le divertissement de l'ensemble.


Solo : A Star Wars Story n'est pas le meilleur Star Wars et demeure un épisode mineur dans ses enjeux. Rien d'étonnant à cela, le choix a toujours été assumé par Lucasfilm Ltd. Cela ne l'empêche pourtant pas d'être incroyablement divertissant et rafraichissant en se proposant d'explorer un pan différent de cet univers si large mais finalement peu exploité.
En réalité, plus que tout autre opus, Solo : A Star Wars Story est une déclaration d'amour du studio aux fans de la première heure de l'Univers Étendu Star Wars ; ceux-là mêmes qui ont prolongé leur passion via les romans, les comics ou les séries de télévision et qui ne se lassent jamais de plonger toujours un peu plus profondément dans cette galaxie décidément très, très lointaine.

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