Disney Garde le Contrôle
de Walt Disney World Resort

L'article

Publié le 31 mars 2023 à 09H15, modifié le 21 avril 2023 à 13H59

À grands renforts de théâtralisation, voulant punir The Walt Disney Company jugée par trop progressiste, le Gouverneur républicain de la Floride, Ron DeSantis, avait annoncé il y a un an de cela vouloir faire tomber le statut administratif particulier de Walt Disney World Resort. Mickey allait devoir désormais rendre des comptes et ne plus pouvoir faire ce qu’il voulait. « Il y a un nouveau shérif en ville » répétait-il au moindre micro qui lui était tendu ! Et tant pis si, pour cela, le contribuable des comtés d'Orange et d'Osceola devait mettre la main à la poche pour acquitter des impôts destinés à payer ce que Disney prenait à sa charge jusque-là comme, par exemple, l’entretien des routes ou des réseaux d’eau ou d’électricité alimentant le Resort, sans parler de la dette à épurer, représentant près d’un milliard de dollars…

Retour sur une bataille en 3 actes.


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Acte 1 : Ron DeSantis attaque bruyamment

Et le moyen choisi par DeSantis pour faire plier le méchant Disney était de placer ses hommes dans la structure qui gérait le district de Walt Disney World Resort, sorte de conseil d’administration ou conseil municipal aux pouvoirs élargis. De fait, il restreignait considérablement l'autonomie de Disney sur son complexe de Parcs à thème.
Le Gouverneur a ainsi demandé aux parlementaires de Floride de mettre fin aux dérogations d'autonomie dont bénéficiait Walt Disney World Resort depuis 1967. Les privilèges, officiellement appelées « district fiscal spécial », permettaient en effet à l'entreprise de gérer elle-même toute l’emprise du complexe devenu une sorte de comté de facto, contrôlant son administration (notamment les pompiers ou l'entretien des routes et du bâtis) et surtout, la planification de son développement...

Derrière toutes ces gesticulations, il s’agissait en fait pour DeSantis d’organiser des représailles contre la position de Disney face à sa loi dite du « Don't Say Gay » ; la compagnie de Mickey ayant suspendu tous les dons politiques qu’elle faisait chaque année, notamment au Parti Républicain (mais pas que) en Floride.
Au bout du processus, DeSantis a donc obtenu que Disney ne soit plus en mesure de nommer les cinq membres du conseil d'administration du district de Walt Disney World Resort, mais que cette faculté lui revienne de droit…


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Acte 2 : Disney riposte en silence

Sauf que l’oncle Picsou a subtilement manœuvré pour vider de sa substance les pouvoirs de ce fameux conseil. Profitant de la naïveté des équipes de DeSantis et de leur manque de vigilance, Disney a en effet obtenu tout à fait légalement, au terme d’une procédure (ce qui est encore plus drôle) largement publique, de conserver – de fait – tous les pouvoirs.
Le conseil d'administration du district de Walt Disney World Resort – celui contrôlé par Disney – a ainsi adopté des clauses largement restrictives donnant à Mickey un contrôle étendu sur la gestion et les constructions futures de son district tandis que l’autre conseil – celui contrôlé par DeSantis - n'a plus rien à dire, vidé de quasi toutes ses prérogatives.
Et camouflet supplémentaire, l’accord de gouvernance obtenu par Disney est à perpétuité ! Le texte qui l’acte utilise en effet une vieille clause de « vie royale » qui stipule qu’il « Sera en vigueur jusqu'à vingt et un (21) ans après le décès du dernier survivant des descendants du Roi Charles III, Roi d'Angleterre vivant à la date de la présente déclaration » , autant dire pour très, très longtemps... 
Enfin, comme si la leçon de droit faite à DeSantis n’était pas encore suffisante, Disney a rajouté dans l'accord l’interdiction faite au district fiscal fantoche – contrôlé par le gouverneur et désormais appelé Central Florida Tourism Oversight District - d'utiliser le nom de Disney, Mickey Mouse et d'autres personnages sans l'approbation de l'entreprise qui pourra, en cas de violation de la clause, intenter une action en dommages-intérêts !


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Acte 3 : DeSantis défait

Au final, concernant Walt Disney World Resort, Ron DeSantis se retrouve à la tête d’un conseil qui n’a d’autre attribution que l'entretien des routes et des infrastructures de base. Son bilan est donc risible en plus d’être très couteux pour le contribuable floridien…


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Après le baisser du rideau : DeSantis bouge encore

Ron DeSantis fait une fixette contre Disney au point de finir par désappointer voire agacer son propre camp et ses soutiens.

Refusant de reconnaitre sa défaite en rase campagne contre le géant du divertissement (il est notamment apparu quelques jours après qu'il ne s'est même pas rendu compte qu'il avait signé le document actant la prédominance de Disney dans la gestion du district de Walt Disney World Resort à laquelle il prétendait justement vouloir mettre un terme), DeSantis a subitement annoncé la mise en place de nouveaux impôts visant spécifiquement les hôtels de la destination. La réaction de Disney ne s'est pas fait attendreregrettant cette décision jugée anti-business alors même que la compagnie est le premier employeur de Floride, elle a précisé qu'elle répercuterait toutes ces nouvelles taxes à sa clientèle, en faisant bien apparaitre qu'il s'agissait-là d'impôts (comme c'est le cas avec la TVA, par exemple, dans les commerces américains qui affichent toujours les prix hors-taxes) ; une manière subtile de pointer la responsabilité de l'état floridien dans ce renchérissement des coûts de séjour...

Ron DeSantis, qui n'en finit pas de surréagir, choisit alors de répliquer à ce coup de pied de l'âne qui ne dit pas son nom, en annonçant des péages sur les autoroutes desservant la destination mais aussi un vague projet de construire, à proximité immédiate de Walt Disney World Resort, une prison d'état, histoire, sans le dire, d'abimer la réputation de tranquillité du complexe touristique... Les milieux économiques et politiques de Floride (et au-delà dans toute l'Amérique) ont aussitôt dénoncé ce projet ahurissant, conspuant notamment l'entrave manifeste qu'il constitue à la bonne marche des affaires et du tourisme. Dans un pays où le libéralisme est roi, voir un gouverneur, républicain qui plus est, vouloir mettre à mal le business fait plus que mauvais genre...


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