Joe Potter
Date de naissance :
Le 17 juillet 1905
Lieu de Naissance :
Oshkosh, dans le Wisconsin, aux États-Unis
Date de Décès :
Le 05 décembre 1988
Lieu de Décès :
Orlando, en Floride, aux États-Unis
Nationalité :
Américaine
Profession :
Dirigeant

La biographie

rédigée par
Publié le 28 novembre 2024

Lorsqu’il se lance dans la construction de son second Parc au cœur de la Floride, Walt Disney fait le choix de s’entourer des meilleurs experts. En plus des hommes et des femmes qui avaient déjà contribué avec lui à l’édification de Disneyland, il engage alors plusieurs figures reconnues dans le domaine des travaux publics. Parmi elles, se trouve notamment Joe Potter, un général de l’armée à la retraite ayant derrière lui une prodigieuse carrière dans le domaine du génie civil.


Walt Disney, Joe Potter et Roy O. Disney

William Everett (Joe) Potter voit le jour le 17 juillet 1905 à Oshkosh, dans l’est du Wisconsin. Au milieu des années 1910, ses parents, William Bradford et Arlie Bell Potter, décident de déménager avec leurs trois fils à deux-cents kilomètres plus au sud, à Beloit. La famille part ensuite pour Toledo, dans l’Ohio, où le jeune William est scolarisé au sein de la Scott High School. Diplômé en 1922, il rejoint ensuite les bancs de l’Université de Toledo avant d’intégrer, le 2 juillet 1923, la prestigieuse Académie militaire de West Point, dans l’État de New York. C’est là qu’il se voit affublé du surnom de « Joe » par ses camarades de promotion qui s’amusent du fait qu’il porte le même nom de famille que le concierge, Joe Potter.


Joe Potter à West Point, en 1928

En 1926, Joe Potter débute sa dernière année à West Point. Il a alors acquis le grade de capitaine des cadets. À la tête d’une compagnie, il est cependant suspendu de ses fonctions par ses supérieurs après qu’un engagé venant tout juste de démissionner l’a accusé de malmener ses troupes en leur faisant monter et descendre sans raison valable trois étages d’escaliers en un temps extrêmement court. Mis à l’écart avec quatre de ses collègues, Potter n’est autorisé à réintégrer l’école que l’année suivante, en 1927, avec un grade de simple cadet privé. Il reçoit finalement son diplôme le 9 juin 1928. Vingt-sixième de sa promotion, il est nommé sous-lieutenant dans le Corps des ingénieurs de l’armée des États-Unis. Pour sa première affectation, il est envoyé le 9 septembre 1928 à Fort DuPont, dans le Delaware, où il sert comme officier de compagnie au sein du 1er Régiment du génie. Il y reste jusqu’au 10 octobre 1929, date à laquelle il se rend au Nicaragua pour servir sous les ordres du premier lieutenant Leslie R. Groves, Jr.. Là-bas, sa mission consiste à surveiller une route menant au Canal du Nicaragua. Selon les usages de l’époque, les jeunes officiers comme lui doivent compléter leur formation dans une université civile. De retour du Nicaragua, Joe Potter s’inscrit donc au Massachusetts Institute of Technology (ou MIT), d’où il ressort le 6 juin 1933 avec en poche une Licence ès sciences du génie civil.


Barrage de Tygart, Virginie Occidentale

Quelques semaines plus tard, le 20 juillet 1933, Joe Potter est engagé en tant qu’assistant de l’ingénieur en chef du département ingénierie du District de Pittsburg, en Pennsylvanie. Promu premier lieutenant le 1er janvier 1934, il s’occupe en particulier de la construction du barrage de Tygart, en Virginie-Occidentale. Fort de cette expérience, il supervise la création des Emsworth Locks and Dam, un système d’écluses et de barrages édifié sur la rivière Ohio, juste en aval de Pittsburg. C’est à la même époque qu’il fait la rencontre de Ruth (Ruthie) Turner qu’il épouse le 26 juillet 1936. Le couple donnera naissance à deux filles, Jo Ann et Susan Ruth. Pour subvenir aux besoins de sa jeune famille, Joe Potter poursuit son ascension dans la hiérarchie de l’armée. Du 1er septembre 1936 au 27 août 1937, il est ainsi élève officier à l’école d’ingénieurs de Fort Belvoir, près de Fairfax, en Virginie. La crue dévastatrice de la rivière Ohio survenue en 1937 l’oblige cependant à interrompre sa formation. Potter est ensuite muté dans le Reserve Officer Training Corps (ROTC) de l’Université de l’État de l’Ohio d’où il sort avec le grade de capitaine le 9 juin 1938.


Emsworth Locks and Dam, Pennsylvanie

En septembre 1940, alors que la Seconde Guerre mondiale embrase le monde depuis un an, Joe Potter réintègre le corps des ingénieurs de l’armée. Nommé officier d’approvisionnement, il part pour Fort Knox avec le 16e bataillon du génie de la 1re division blindée. Élevé au grade de major le 31 janvier 1941, il devient en mars le commandant en chef du 24e bataillon du génie, l’une des unités de la 4e division blindée établie à Pine Camp. En octobre, il continue de gravir les échelons avec un poste d’officier exécutif du 22e bataillon du génie de la 5e division blindée de Fort Knox puis, le 1er février 1942, celui de lieutenant-colonel au sein de de la 6e division armée du 25e bataillon d’ingénierie de Camp Chaffee, dans l’Arkansas. Chargé de former de nouvelles recrues, Potter prend dès le 30 avril 1943 le commandement du 1138e groupe d’ingénieurs assigné auprès du 2e corps d’armée de Camp Cooke, en Californie.


Into the Jaws of Death, photographie des troupes américaines
de la compagnie E de la Big Red One, 6 juin 1944

Le 18 octobre 1943, Joe Potter quitte les États-Unis pour l’Europe avec les hommes de la section 3-G de l’European Theatre of Operations, United States Army (ETOUSA). Basé à Londres, il dirige la division en charge de la guerre psychologique qu’il a lui-même contribué à mettre sur pied. Sous les ordres du général de brigade Tristam Tupper, il travaille en parallèle pour l’OSS, l’Office of Strategic Services. À partir de février 1944, Joe Potter participe aux opérations logistiques en vue du prochain Débarquement en Normandie puis des campagnes visant à libérer la France du joug nazi. Il s’agit alors de réunir le matériel, de prévoir son déploiement sur les plages, d’organiser son stockage et d’anticiper la reconstruction des ports et des réseaux de chemin de fer, indispensables pour l’arrivée et l’avancée des troupes. En attendant que les infrastructures stratégiques soient réparées, Potter prend une part importante dans la création du Red Ball Express dont la mission consiste à déplacer avec les moyens du bord les hommes et le matériel. Sa participation à la Libération de la France lui vaut, à la fin de la guerre, d’être distingué par l’Ordre national du Mérite. Joe Potter reçoit également la Croix de Guerre 1939-1945, remise par les autorités françaises, et la Bronze Star, décernée pour sa part par l’armée américaine.


Réservoir d'Harlan County, Nebraska

Malade de la jaunisse, Joe Potter passe deux mois à l’hôpital au début de l’année 1945. Une fois guéri, il rentre aux États-Unis et travaille à partir du 27 juillet 1945 pour le bureau du département ingénierie du District de la Rivière Missouri installé à Kansas City. En poste jusqu’au 7 avril 1948, il supervise plusieurs projets tels que le barrage de Tuttle Creek et le réservoir d’Harlan County. Il est ensuite envoyé à Anchorage, en Alaska, aux côtés des équipes d’ingénieurs du district de l’Alaska. Il y dirige la construction de nouveaux bâtiments pour la caserne de Fort Richardson et une extension des pistes de la base aérienne d’Eielson.


Caserne de Fort Richardson, Anchorage, Alaska

Grâce à sa réputation d’homme d’action, Joe Potter est rapidement rappelé par le lieutenant-général Lewis A. Pick qui lui demande de le rejoindre à Washington, D.C. en tant que chef ingénieur assistant en charge des travaux publics. Son expérience dans la capitale est cependant marquée par une déconvenue. Le chef de l’état-major de l’armée américaine, le général Omar Bradley, exige en effet que chaque poste soit occupé par un officier possédant un grade adéquat. Le poste de chef ingénieur assistant en charge des travaux publics devant revenir à un général de brigade, Potter est ainsi remplacé par un autre homme, Claude H. Choperning. Il se voit néanmoins proposer de devenir chef ingénieur assistant en charge des projets spéciaux, une position qui lui permet de participer à l’aménagement du fleuve Saint-Laurent en coopération avec les autorités canadiennes.


Weldon Spring Chemical Plant, Saint-Louis, Missouri

Cherchant à poursuivre sa formation pour continuer à progresser dans la hiérarchie, Joe Potter retourne pendant un an sur les bancs de l’école. Étudiant au National War College entre août 1951 et juin 1952, il est rappelé à la même époque par Lewis Pick qui lui offre une place au sein de l’Industrial College of the Armed Forces, laquelle lui permet d’atteindre enfin le grade de général de bridage. En juillet 1952, Potter prend la tête du bureau ingénierie du District de la Rivière Missouri basé à Omaha, dans le Nebraska. Son arrivée coïncide avec le début de la guerre de Corée. Avec ses équipes, Joe Potter reçoit la mission de bâtir de nouvelles bases aériennes capables d’accueillir les énormes bombardiers du Strategic Air Command. D’autres aménagements sont construits pour d’autres services dans des sites comme le Weldon Spring Chemical Plant de Saint-Louis et les Sunflower Ordnance Works dans le Kansas. Pour lutter contre les inondations dévastatrices de la région, Potter supervise le creusement du lac de Tuttle Creek, dans le Kansas, mais aussi l’installation des barrages de Gavins Point et de Big Bend, dans le Dakota du Sud, ainsi que de celui de Garrison, dans le Dakota du Nord. Pour celui-ci, Joe Potter mène alors une bataille ferme avec les élus du Congrès qui menacent de couper les subventions après avoir constaté des dépassements de budget.


Élargissement de la Coupe Gaillard, Canal de Panama, août 1959

Promu major général le 18 mai 1956, Joe Potter atteint l’un des sommets de sa carrière lorsque le président Dwight D. Eisenhower fait appel à lui pour le poste de gouverneur de la zone du Canal de Panama. Depuis le 18 novembre 1903 et la signature à New York du traité Hay-Bunau-Varilla, le Panama est devenu un protectorat à l’intérieur duquel les États-Unis sont chargés de surveiller les seize kilomètres de rives de part et d’autre du canal. Ces derniers se voient également confier la construction, l’entretien et l’exploitation du site à perpétuité (il sera finalement rétrocédé au Panama en 1999). Également nommé président de la Compagnie du Canal de Panama en juin 1956, Joe Potter prend donc la relève de John S. Seybold. En poste, il s’occupe de diriger l’administration du canal, des cinquante-mille résidents qui vivent sur ses rives, ainsi que du trafic maritime qui ne cesse de croître. Il chapeaute aussi une grande campagne de travaux destinée à moderniser les installations électriques, toutes hors d’âge. Il ordonne d’agrandir la coupe Gaillard qui passe alors de 91 à 152 mètres de large. Il lance en outre le projet de construction du Pont des Amériques dont les travaux seront lancés après sa gouvernance.


Canal de Panama

Un temps envisagé pour succéder à Emerson C. Itschner comme chef ingénieur de l’armée, Joe Potter essuie le 3 novembre 1959 une violente émeute anti-américaine. Ce jour-là, le Panama célèbre son dépendance. Une grande partie de la population panaméenne, soutenue par des élus locaux et nationaux, profite des cérémonies pour contester la présence des Américains. Le drapeau des États-Unis est arraché de son mât devant la résidence du gouverneur avant d’être piétiné. Pour mettre fin aux manifestations, Potter mobilise les troupes. Plusieurs soldats et plusieurs contestataires sont blessés. Afin de calmer les tensions, le président Eisenhower accepte que le drapeau panaméen soit érigé à côté de celui des États-Unis.


Card Walker, Roy O. Disney, Roy Hawkins, Don Tatum et Joe Potter

Nécessitant l’usage de la violence, cette crise au Panama ne manque pas de ternir la gouvernance de Joe Potter. S'il est distingué de l’Army Distinguished Service Medal pour ses engagements après la Seconde Guerre mondiale, il voit malgré tout le poste de chef ingénieur de l’armée lui échapper. Laissant la direction du Canal de Panama à William A. Carter, il décide alors de quitter l’armée le 30 juillet 1960. Il n’a toutefois que cinquante-cinq ans et l’heure de la retraite n’a pas encore sonné. Il se lance en effet dans une carrière civile en devenant le vice-président exécutif de la Foire internationale de New York dont l’inauguration est prévue en avril 1964. À ce poste, il travaille aux côtés de Robert Moses, le président de l’événement. Potter est en particulier missionné pour gérer la construction du pavillon fédéral des États-Unis. Il pilote également l’installation des pavillons commandés par vingt-six États. C’est ainsi qu’il fait la rencontre de Walt Disney, chargé par l’État de l’Illinois d’imaginer une attraction mémorable, Great Moments With Mr. Lincoln.


Photo des travaux de terrassement près d'Orlando (crédit : The Orlando Sentinel)

Lors de leurs différents entretiens, Walt Disney se lie très vite d’amitié avec Joe Potter. Il apprécie en effet l’homme et son sens du devoir. Il admire tout autant sa prodigieuse carrière à la tête de chantiers tous plus impressionnants les uns que les autres. C’est pourquoi il souhaite l’associer de plus près à l’un de ses grands projets du moment, le Project X, un nom de code utilisé pour évoquer en secret la construction d’un nouveau parc à thème et d’une cité du futur au cœur de la Floride, près de la ville d’Orlando. Lui-même admiratif de la carrière de Disney, Joe Potter accepte cette collaboration. Après la fermeture de la Foire de New York, il intègre donc dès le 27 septembre 1965 les rangs de Walt Disney Productions. Nommé vice-président en charge du projet Floride, il consacre alors ses journées à planifier la construction imminente de ce qui deviendra Walt Disney World. Il sert par ailleurs comme président du Reedy Creek Improvement District, l'autorité locale chargée de la gestion des onze-mille hectares de terrains achetés par les frères Disney.


Construction du Château de Cendrillon, Walt Disney World

Premier dirigeant à s’installer en Floride avec sa famille, Joe Potter devient l’un des maillons essentiels du projet floridien de Disney, plus encore après le décès de Walt survenu le 15 décembre 1966. Répondant désormais aux ordres de Roy O. et de Joe Fowler, un autre officier de l’armée engagé par les studios dès 1954 au moment de l’édification de Disneyland, c’est notamment lui qui s’occupe de la construction des réseaux d’eau et d’électricité. En plus du terrassement, il orchestre les nombreux travaux de drainage destiné à assécher une zone principalement marécageuse grâce à une série de bassins et de canaux que tout le monde surnomme bientôt avec humour les « fossés de Joe » - « Joe’s ditches » ! Près de quatre millions de mètre cubes d’eau sont ainsi déplacés, principalement pour créer Bay Lake et le Seven Seas Lagoon sur le bord duquel sont construits le Disney’s Polynesian Village Resort et le Disney's Contemporary Resort.


Seven Seas Lagoon, Walt Disney World, 1971

Après environ sept ans de travaux dantesques, Joe Potter assiste à l’inauguration de Walt Disney World le 1er octobre 1971. Restant aux côtés de Roy O. Disney et du comité directeur des studios, il est nommé vice-président sénior de la destination, mais aussi vice-président d’EPCOT Planning. Il quitte finalement la compagnie en 1974. Il ne s’agit pour autant toujours pas de retraite. Joe Potter devient en effet le président de sa propre société, Potter, Fowler and Associates Management Consultants fondée avec l’amiral Joe Fowler. À sa tête, il travaille comme conseiller sur plusieurs aménagements locaux et siège au conseil d’administration de nombreuses entreprises telles que The Carlisle Corporation, The Florida Gas Company et The American Bankers Insurance Company. Il occupe au passage les mêmes fonctions au sein d’entités publiques au nombre desquelles le musée d’art Loch Haven, l’Autorité aérienne du Grand Orlando ou le Centre Médical Régional d’Orlando.

Militaire décoré, globe-trotter insatiable et cheville ouvrière de Walt Disney World, Joe Potter s’éteint le 5 décembre 1988 des suites d’une crise cardiaque. Dans l'Orlando Sentinel, les hommages pleuvent alors. « Les personnes ayant vécu suffisamment longtemps à Orlando se souviennent de Joe Potter comme étant le pont entre la communauté et Walt Disney World », note le journal, « Il est celui qui permit à Orlando de faire sa transition et de passer d’un centre agricole à une destination touristique de rang mondial. Travaillant dans l’ombre, il a associé les élus locaux à Disney durant toute la durée des travaux. Il comprenait la vision de Walt Disney et l’a menée à la perfection. En tant qu’ingénieur, il était déterminé à installer un réseau sous-terrain constitué de tunnels et de réseaux pour Disney – une idée que beaucoup considéraient comme trop futuriste pour être faisable. Il leur a prouvé qu’ils avaient tort. Joe Potter a fait entrer Orlando dans la grandeur. Sa vision et son engagement manqueront à tous ». « Joe Potter était un homme que Walt Disney aimait beaucoup », ajoute Dick Nunis, le président de Walt Disney Attractions, « Sans Joe Potter, il n’y aurait pas de Walt Disney World aujourd’hui ».

Inhumé au Woodland Memorial Park d’Orlando, Joe Potter possède son nom inscrit fièrement au cœur du resort floridien, sur l’une des fenêtres de la confiserie de Main Street, U.S.A.. L’un des trois ferries permettant de traverser le Seven Seas Lagoon est par ailleurs baptisé General Joe Potter. Un Disney Legends Award remis à titre posthume en 1997 honore également sa riche carrière.

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