Disneyland U.S.A.
Titre original : Disneyland U.S.A. Production : Walt Disney Productions Date de sortie USA : Le 20 décembre 1956 Série : Genre : Documentaire CinemaScope |
Réalisation : Hamilton Luske Durée : 42 minutes |
Disponibilité(s) aux États-Unis : |
Le synopsis
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La critique
Passionné de flore et de faune, Walt Disney peut être considéré comme le pionnier du documentaire animalier. Dès 1948, il met, en effet, en chantier la collection des True-Life Adventures dont les courts et longs-métrages seront multi-oscarisés. Cette série, inaugurée avec le mini-documentaire, L'île aux phoques, constitue d'ailleurs la première véritable incursion de la Compagnie de Mickey dans la production de films "live". Elle comporte un total de sept courts-métrages avant de s'ouvrir, en 1953, avec Le désert vivant, au format des longs-métrages qui devient, à partir de cette date, la norme de production des True-Life Adventures. Pour autant, Walt Disney n'entend pas abandonner le genre des courts-métrages documentaires. Il crée, en effet, dans la foulée, une nouvelle collection entièrement dédiée à ce format qu'il baptise People and Places. Cette série s'axe essentiellement sur les us et coutumes des populations à travers le monde. Elle comprend 17 épisodes produits entre 1953 et 1960. Trois, The Alaskan Eskimo en 1953, Men Against the Arctic en 1955 et The Amas Girls en 1958, sont oscarisés.
Avec les True-Life Adventures, People and Places est indéniablement l'autre collection de documentaires à succès initiée par Walt Disney. Pour se faire, il reprend d'ailleurs les mêmes recettes de production. Si le thème n'est désormais plus la faune et la flore mais bien les us et les coutumes de nations à travers le monde, People and Places bénéficie, en effet, des mêmes photographes que la série précédente auxquels est demandée une démarche identique à celle menée pour observer la nature. Walt Disney proclame ainsi : "Dans nos films, nous rendons visite à des contrées reculées. Nous y trouvons des peuples avec des coutumes ancestrales. Chaque lieu a un trésor riche de traditions. Chaque pays a des pans d'histoires qui ont rythmé la vie des gens". Le papa de Mickey est, en fait, déjà conscient, en 1950, que le progrès technique est en train de révolutionner profondément la vie des hommes. Il est donc, pour lui, urgent d'immortaliser, à travers le monde entier, les plus anciennes coutumes humaines. Sans interventionnisme aucun. Dans le plus strict respect de la réalité. Dix-sept courts-métrages voient ainsi le jour de 1953 à 1960. Nombreux sont filmés en CinemaScope afin de retranscrire au mieux la beauté et la grandeurs des lieux et traditions rencontrés. La collection People and Places est, à n'en pas douter, l'inspiratrice secrète du World Show Case d'E.P.C.O.T., une exposition universelle permanente où des pavillons présentent les sites, coutumes et cuisines de onze pays.
Disneyland U.S.A. est assurément le titre de la collection qui fait le plus débat aujourd'hui quant à sa légitimité à s'y trouver. Il est, en effet, perçu comme un film promotionnel, sans valeur culturelle et encore moins ethnologique. Sa durée exceptionnelle (il affiche 42 minutes là où les autres épisodes de la série plafonnent à une demi-heure) marque un peu plus son statut particulier. Si avec le recul, Disneyland U.S.A. est clairement un film publicitaire, à l'époque de sa sortie, ce caractère est, en revanche, nettement moins évident aujourd'hui. Redoutable entrepreneur, Walt Disney n'a pas, il est vrai, attendu la collection des People and Places pour faire l'autopromotion de son parc à thèmes. Depuis 1954, il présente, en effet, chaque semaine à la télévision une émission habilement intitulée Disneyland et organisée autour de son "royaume magique". Avec Disneyland U.S.A., il se contente, en réalité, d'aborder le sujet au cinéma en proposant le court-métrage en première partie du film "live", Sur la Piste de l'Orégon. Dans son esprit, il est même tout à fait conforme au thème de la collection puisqu'il est censé faire voyager les spectateurs vers un endroit (c'était vrai alors !) unique au monde. Pour appuyer l'effet de surprise et offrir des images aussi impressionnantes qu'immersives, Walt Disney décide d'ailleurs d'utiliser le format CinemaScope, procédé balbutiant chez son studio. Pour s'assurer les faveurs du public, il confie, enfin, la narration à Winston Hibler, voix très connue pour ses récits dans les True-Life Adventures.
Disneyland U.S.A. présente aujourd'hui un intérêt historique indéniable quant au projet de parcs à thème Disney. Les spectateurs redécouvrent, en effet, ébahis ce qui constituait à l'époque, une visite inédite pour le public. Les vues, remontant à plus de cinquante ans, sont, ainsi, autant de véritables pépites tant elles sont une capture d'un temps révolu, un arrêt sur image du parc originel, affichant alors un an seulement d'existence. Tout le film respire l'état d'esprit initial de Walt Disney pour un projet qu'il considère "vivant", annonçant déjà son cycle de vie. Car la force de Disneyland réside dans sa capacité à être remanié, adapté à l'époque. Cinquante après, le constat est effarant : le parc a profondément évolué. Le site bénéficie désormais de huit lands, là où il n'en proposait à l'ouverture que cinq. Nombreuses de ses attractions ont, en outre, été changées avec, comme élément constant, une volonté évidente de sophistication dans l'amusement. Frontierland est sans aucun doute le coin du parc qui témoigne le mieux de cette ambition. Oubliés, en effet, aujourd'hui le simple trajet en diligence ou la ballade à dos de (vrais) mulets ! Seul le bateau à aube perdure encore, tout comme Jungle Cruise, qui, basée sur les True-Life Adventures, trône en vestige des premières attractions immersives, véritable marque de fabrique des parcs Disney. Si cette dernière a fait, il est vrai, en son temps, sensation, elle revêt aujourd'hui un charme désuet, symbole d'une technologie irrémédiablement dépassée. Tomorowland, se voulant le monde du futur, a bien sûr connu sa révolution. La vision de l'avenir dans les années cinquante n'a, en effet, plus grand chose à voir avec celle d'aujourd'hui. Le constat est amer tant l'homme a perdu visiblement en optimisme ! Fantasyland bouge, pour sa part, peu et conserve la majorité de ses attractions qui voient néanmoins leurs façades s'étoffer progressivement. En outre, en y regardant de plus prés, si les manèges du land sont identiques, le public lui s'est considérablement rajeuni. L'entrée des enfants dans l'adolescence est dans les années 2000 bien plus précoce. Enfin, Main Street U.S.A. reste, lui, immuable dans le temps...
Disneyland U.S.A. est un court-métrage extraordinaire. Un véritable voyage dans le temps à une époque où la naïveté bienveillante semble présente. Le parc Disneyland a certes bien changé mais conserve aujourd'hui le même but, celui de divertir et dépayser ses visiteurs.