Titre original :
Safety
Production :
Walt Disney Pictures
Date de mise en ligne USA :
Le 11 décembre 2020 (Disney+)
Genre :
Sport
Réalisation :
Reginald Hudlin
Musique :
Marcus Miller
Durée :
122 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Issu d'un quartier populaire, Ray McElrathbey intègre la prestigieuse Université de Clemson en Caroline du Sud grâce à une bourse obtenue pour ses résultats sportifs. Tandis qu'il s'investit pleinement dans ses cours comme dans ses entraînements, il se voit bientôt contraint, pour des raisons familiales, de s'occuper aussi de son petit frère de onze ans, Fahmarr. Il doit désormais jongler avec toutes ses obligations, pas forcément compatibles...

La critique

rédigée par
Publiée le 12 janvier 2021

Les studios Disney ont toujours proposé de superbes films, inspirés d'histoires vraies, sur des exploits sportifs. Les derniers en date, McFarland ou La Dame de Katwe, sont d'ailleurs de parfaits exemples d'un genre peu connu du label dans lequel il excelle pourtant. Safety vient ainsi s'ajouter à la liste de ces pépites du studio qui proposent une aventure humaine aussi touchante qu'émouvante ; un long-métrage aux bons sentiments empli de valeurs positives mais dont le ton, toujours juste et sincère, ne tombe jamais dans la mièvrerie. Le spectateur se doit absolument d'aller au-delà de la thématique sportive qui peut rebuter certains et ne pas passer à côté d'un merveilleux film, ode à la famille et au sens du sacrifice.

Le label Disney a donc toujours été un grand amateur de sport. Pratiquer une discipline physique est, en effet, une institution aux États-Unis et il n'est donc pas étonnant de voir les studios de Mickey mettre régulièrement en avant des exploits sportifs dans leur catalogue. Ainsi, c'est vraiment à partir des années 1990 que le sport devient le sujet principal de longs-métrages disneyens. Les films sont alors soit des comédies comme Les Petits Champions ou Rasta Rockett, soit des histoires fantaisistes comme Angels : Une Équipe aux Anges ou Air Bud. À partir des années 2000, les films sportifs Disney s'inspirent d'histoires vraies traitées de façon réaliste et dramatique. Le Plus Beau des Combats en 2000 est de la sorte le premier du lot. Il sera suivi par Rêve de Champion (2002), Miracle (2004), Un Parcours de Légende (2005), Les Chemins du Triomphe (2006) et Invincible (2006). Tous sont construits sur le même schéma : ils narrent le destin exceptionnel d'un sportif de légende en mettant en valeur le rêve américain ; la réussite par le travail, le courage et la persévérance... Secretariat sorti en 2010 mis à part - il ne brosse pas le portrait d'un sportif en tant que tel -, le genre reste muet au sein des studios durant huit ans jusqu'en 2014 avec Un Lancer à un Million de Dollars. Le label propose ensuite, en 2015, l'excellent McFarland suivi en 2018 par le non moins superbe La Dame de Katwe.

L'ouverture historique le 12 novembre 2019 de Disney+, une plateforme de service de vidéo à la demande par abonnement créée par The Walt Disney Company, est un tournant aussi stratégique qu'historique pour le studio aux grandes oreilles. Actant le nouveau comportement des (télé)spectateurs qui délaissent la télévision linéaire pour un nouveau type de consommation de flux audiovisuels, Disney+ a alors deux objectifs. D'une part, elle remplacera à terme les sorties en vidéo des films cinéma sur support physique dont le grand public s'est détourné, préférant en majorité l'achat en digitalisé. D'autre part, elle permettra à Disney de revenir sur des genres de films qu'il avait déserté en salles faute de succès ou d'appétit suffisant des spectateurs comme ce fut malheureusement le cas avec McFarland ou La Dame de Katwe, passés complètement inaperçus malgré leur qualité.

Les films à petit budget, qui étaient proposés il y a encore quelques années sur grand écran, sont donc désormais réorientés pour une sortie directement sur la plateforme. Le choix est compréhensible car le public préfère malheureusement se déplacer en salles de plus en plus pour des franchises qu'il connaît bien. Les studios Disney se contentent alors de lancer au cinéma uniquement des films à gros budgets, certes aux risques plus importants mais aux retours sur investissement conséquents. Le problème de cette politique est que le label Disney s'est concentré sur un seul type de fictions, délaissant des genres qui faisaient la part belle de son catalogue au cinéma les décennies précédentes : la comédie, les films d'adolescents, les films sportifs ou les aventures humaines. Disney+ permet donc au label de Mickey de proposer de nouveau des longs-métrages moins ambitieux mais plus variés. Safety rentre ainsi parfaitement bien dans cette définition.

Safety raconte donc l'histoire de Ray McElrathbey, un joueur de football américain, qui s’est battu pour élever son petit frère. Après s'être émancipé d'un cocon familial toxique, il devient étudiant sportif et boursier à l’Université Clemson en Caroline du Sud. Alors qu'il essaye de s'adapter à sa nouvelle vie, demandant un investissement de tous les instants, le destin va bouleverser ses ambitions. Un jour, Ray apprend que son petit frère Fahmarr est laissé seul à lui-même après que leur mère est partie en cure de désintoxication. Ayant peur qu'il fasse de mauvaises rencontres et afin de le protéger, il décide de l'emmener dans son campus pour s'occuper de lui. Malheureusement, la présence de l'enfant est interdite par le règlement du campus. Il le cache alors dans sa chambre grâce à l'aide de son colocataire. Mais tandis que cette cohabitation ne devait durer qu'une trentaine de jours, sa mère nécessite en réalité des mois de traitements. Ray doit alors prendre une décision importante mettant soit en péril son avenir, soit celui de son frère. Au pied du mur, le jeune homme est obligé d'avouer ses soucis personnels à ses coachs et à ses coéquipiers pour leur demander de l'aide. Ray décide finalement de s'occuper de Fahmarr pour lui éviter la prise en charge par les services sociaux, tout en étant consciencieux et appliqués dans ses études et impliqué dans ses matchs afin ne pas perdre sa bourse d’études. Son dévouement, sa persévérance, son courage et son abnégation sont alors salués par tout son entourage à l'université qui lui vient spontanément en aide. Ray devient alors par ses actes un homme d'honneur et un exemple à suivre.

Le titre du film, Safety, est remarquablement bien trouvé. Il désigne en effet un joueur de football américain évoluant au sein de la formation défensive d'une équipe. Le safety est ainsi le dernier rempart défensif de l'équipe. Et safety est bien sûr le poste de Ray dans l'équipe des Tigers de l’Université Clemson. Mais le terme désigne ici bien plus que le joueur de football américain. Il sous-entend aussi que Ray est également le dernier rempart de stabilité pour son petit frère avant que la vie de l'adolescent ne sombre dans l'inconnu et qu'il soit confié à une famille d'accueil. Le jeune homme avait, en fait, promis à son frère qu'il serait toujours là pour lui. Mais la vie trépidante estudiantine lui a fait oublier un petit peu cette promesse. Elle se rappelle à lui au moment où il s'y attend le moins et durant une étape difficile pour lui. En cela, la relation des deux frères décrite dans le film est merveilleuse car elle semble authentique et sincère. D'un côté, il y a Fahmarr qui se sent d'abord délaissé par son grand frère puis ne va pas fatalement comprendre ses sacrifices pour lui venir en aide. De haut de ses onze ans, il est évidemment un peu inconscient et nonchalant. Ray, à l'inverse, doit apprendre le "métier" de père très rapidement sans se rendre compte qu'il est parfois trop autoritaire et que son frère a besoin de plus de souplesse. Mais petit à petit, les deux frangins vont prendre leurs marques et recréer un cocon familial pour pouvoir s'épanouir mutuellement.

Ainsi, Safety, même s'il parle d'un joueur de football américain, n'est pas à proprement parler un film de sport. Il s'agit surtout, et avant tout, d'une aventure humaine et familiale où il est question de sacrifice, d'abnégation et de sens de l'honneur. Des valeurs qui font du film un long-métrage parfait pour le label Disney. Il faut dire qu'il sait parfaitement être touchant, par petites touches, tout en pudeur et en justesse. Le film aborde pourtant des thèmes durs comme l'addiction à la drogue, les principes d'éducation ou encore les mauvaises fréquentations mais ne cherche pas à en faire trop. Le but du long-métrage n'est clairement pas d'être un film dramatique avec un propos dur et cru sur la réalité sociale d'une famille afro-américaine en grande difficulté. Les problèmes sont juste abordés afin de servir de point de départ à la solution positive qui va en découler. Pour autant, certaines scènes sont particulièrement touchantes à commencer par celle où Ray choisit de prendre son frère sous son aile, où grâce à un seul regard, il démontre qu'il sait parfaitement ce qu'il a à faire. Néanmoins, le point culminant de l'émotion de Safety est surement la séquence de la signature entre Ray et sa mère. Totalement déchirante, elle fend littéralement le cœur des spectateurs. Joués à merveille par les deux acteurs, le public ne peut qu'être bouleversé par le choix des protagonistes et des implications qui en découlent.

Safety est avant tout un film positif qui veut véhiculer des valeurs comme l'abnégation, l'effort, le sérieux et le travail. Mais c'est surtout l'importance de la famille qui se place au cœur du récit grâce à la relation des deux frères naturellement mais aussi vis-à-vis de la mère, qui même absente reste indissociable. Moins évidente mais avec une approche intéressante, la morale familiale peut être aussi étendue à l'équipe des Tigers qui forme un cocon où la camaraderie crée une solidarité et une entraide presque fraternelles. Enfin, de façon encore plus large, dans une vision très américaine, la notion de communauté est aussi mise en avant en montrant que chaque habitant de la ville de Clemson tente d'aider son prochain, par bonté chrétienne mais aussi pour soutenir l'équipe locale qui porte les couleurs de la bourgade. Certaines scènes du film, pourtant toutes simples, font dès lors particulièrement du bien au moral comme par exemple celle où Ray et sa petite amie Kaycee apprennent à Fahmarr à danser. Puis, un peu plus tard, Ray et ses coéquipiers vont regarder comment le petit garçon se débrouille lors de sa première soirée scolaire et le félicite quand sa cavalière pose sa tête sur son épaule.

L'un des moments les plus forts du film, qui met le sourire aux lèvres des spectateurs tout en leur faisant monter des larmes de bonheur aux yeux, reste la conclusion. Ray doit défendre son cas devant la NCAA, la National Collegiate Athletic Association, la puissante association qui régit les compétitions amateurs des universités américaines. Toute la communauté vient supporter le jeune homme qui vient plaider, devant des juges déconnectés de la réalité, le fait qu'il ne devrait pas avoir à choisir entre son frère et son parcours scolaire. L'association est en effet tellement à cheval sur sa bataille contre la corruption que la moindre aide que peut recevoir un joueur est interdite et, dès lors, contre le règlement. Ainsi, la position de l'institution va jusqu'à l'absurde en interdisant, par exemple, le fait de se faire conduire en voiture par la femme du coach ou que le pasteur de sa communauté vienne aider à débarrasser la cave pour un vide-grenier. Si les règles édictées sont compréhensibles dans l'absolu, cette rigidité à outrance montre dans le film la limite d'un système. L'audience de Ray McElrathbey va faire bouger les lignes et résonner, ensuite, dans la société américaine au point que la chaîne ESPN ou la présentatrice Oprah Winfrey mettent en lumière l'histoire du jeune homme et de son frère.

La grande force de Safety provient assurément de son casting.
Ray McElrathbey est interprété par un magistral Jay Reeve. L'acteur qui était connu jusqu'ici pour des apparitions télévisées dans des séries comme A Girl Named Jo ou All American obtient ici la première tête d'affiche de sa carrière. Le comédien arrive parfaitement à dépeindre son personnage à la fois dans son envie de réussir, dans le côté maladroit qu'il a avec sa petite amie tout comme dans les difficultés rencontrées pour élever son frère quand il décide d'assumer pleinement cette responsabilité. Le fait de prendre sous son aile Fahmarr montre en effet en lui une grandeur d'âme incroyable. Pour autant, n'importe qui ne peut se désigner comme un "père" du jour au lendemain. L'acteur arrive alors parfaitement à faire ressentir ce tâtonnement où, au début, il est bien plus autoritariste qu'autoritaire, s'énervant sur le garçon pour des broutilles. Mais petit à petit, il commence à prendre ses marques et un équilibre entre les deux frères s'installe, faisant de Ray à la fois un frère, un père et... et un confident pour Fahmarr.
Le rôle de Fahmarr est tenu, quant à lui, par Thaddeus J. Mixson qui joue ici dans son premier long-métrage. Le jeune acteur sait parfaitement retranscrire le côté complètement perdu de son personnage qui se voit baladé d'un endroit à un autre, à cause de sa mère tombée dans la drogue. Le jeune garçon ne veut pas embêter son frère car il sent bien qu'il n'a pas de temps à lui accorder à cause de ses études. Quand finalement Ray le prend sous son aile, il est alors impossible pour Fahmarr de ne pas être cet adolescent de onze ans pour qui rien n'est important. Pourtant, au fil des mois, il obtient la stabilité qui lui a tant manqué et surtout la certitude que son frère l'aime et sera toujours là pour lui.

Le reste du casting n'est pas en reste. Il sera particulièrement remarqué Hunter Sansone dans le rôle de Daniel Morelli, le colocataire de Ray ; Corinne Foxx dans celui de Kaycee Stone, la petite amie du joueur ; Matthew Glave (Argo) et James Badge Dale (The Empty Man) dans ceux des coachs de Ray ; Miles Burris dans celui de Keller, le capitaine de l'équipe ; et enfin Amanda Warren (3 Billboards - Les Panneaux de la Vengeance) dans le bouleversant rôle de Tonya, la mère des deux frères. Cette dernière apparaît peu dans le long-métrage mais sa prestation est vraiment poignante et supporte le cœur émotionnel du film.

Côté réalisation, Safety se voit mis en scène par Reginald Hudlin qui a plutôt travaillé, jusque là, pour la télévision. Le réalisateur propose ici des images classiques mais qui arrivent parfaitement à retranscrire l'émotion. Les scènes de matchs se démarquent aussi grâce à une caméra embarquée directement sur le casque des joueurs. La musique de Marcus Miller est tout aussi efficace avec une composition classique et sobre rehaussée par un choix de chansons qui s'inscrivent à merveille dans les séquences qu'elles veulent illustrer. Il sera noté particulièrement la chanson Hold Us Together, écrite et interprétée par H.E.R., qui peut être entendue dans le générique de fin.

Safety est une excellente surprise. Alors que personne ne l'attendait, Disney propose ici un film fort et touchant, mettant parfaitement en avant les valeurs du label que sont la famille et l'entraide, le tout porté par des acteurs remarquablement convaincants.

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