Un Cri dans l'Océan
L'affiche du film
Titre original :
Deep Rising
Production :
Hollywood Pictures
Date de sortie USA :
Le 30 janvier 1998
Genre :
Fantastique
Réalisation :
Stephen Sommers
Musique :
Jerry Goldsmith
Durée :
106 minutes
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

En pleine tempête, Finnegan assure malgré lui le transport nautique d’un groupe de mercenaires armés jusqu’aux dents. Ayant pour objectif de saborder l’Argonautica, un luxueux paquebot de croisière qui navigue en mer de Chine méridionale, la surprise est totale quand le commando retrouve le navire immobile, vide et étrangement silencieux.

La critique

Publiée le 04 juin 2018

Les films fantastiques et les films d’action ont le vent en poupe dans les années 90. Les monstres cultes atteignent le rang de stars et les films musclés ne se comptent plus. Un Cri dans l’Océan est un melting-pot de plusieurs d'entre eux comme Alien, Abyss, Speed 2, Piège en Haute Mer, L’Aventure du Poséidon… dont il reprend sans complexe les codes. À cette époque, le réalisateur, Stephen Sommers, souhaite réaliser un film avec des monstres, tout en y mêlant action, thriller, horreur et peur, un sentiment qu’il estime difficile à instaurer face à un public qui a déjà tout vu et qui est de moins en moins impressionnable. Il s'inspire d'un article traitant d’une rare espèce de méduse, dont il reprend les principales caractéristiques pour la créature de son prochain film.

Réalisateur, scénariste et producteur, Stephen Sommers est né en 1962 dans le Minnesota. Après un détour par l’Université de Séville et quelques années en Europe, il retourne aux États-Unis - à Los Angeles plus précisément - où il réalise dans le cadre de ses études, Perfect Alibi en 1988, qui remporte l’Oscar du Meilleur Court-métrage de Fiction. Il écrit et réalise alors Les Aventures de Huckleberry Finn en 1993 et Le Livre de la Jungle en 1994 pour Disney puis rédige pour Hollywood Pictures l'ébauche d'un scénario nommé Tentacle, dont l'action se passe en mer, mettant en scène les bateaux nommés Argonautica et Hercule en référence à l'un de ses films préférés Jason et les Argonautes. Cette histoire devient Un Cri dans l’Océan en 1998 et marque sa dernière collaboration avec les studios Disney. Il atteint la consécration l’année suivante en réalisant La Momie pour Universal Studios, le blockbuster qui domine le box-office en 1999. Il enchaîne par la suite une série de films pop-corn dont il devient une référence, tels que Le Retour de la Momie en 2001, Van Helsing en 2004, G.I Joe : Le Réveil du Cobra en 2009, puis le plus méconnu Odd Thomas contre les Créatures de l’Ombre en 2013. Il assure également le rôle de producteur pour quelques films avant de créer sa propre société de production en 2004, The Sommers Company, avec son monteur fétiche Bob Ducsay (Star Wars : Les Derniers Jedi), rencontré durant ses études. Il produit notamment le troisième volet de son diptyque à succès La Momie : La Tombe de l’Empereur Dragon en 2008, réalisé par Rob Cohen, ainsi que ses deux volets dérivés Le Roi Scorpion en 2002 et 2008, réalisés respectivement par Chuck Russell et Russell Mulcahy.

Au niveau de la distribution, point de stars… ou alors seulement en devenir. Le rôle principal de Finnegan est en effet proposé à Harrison Ford, qui le refuse.
Celui-ci revient donc à Treat Williams, un acteur qui commence sa carrière à la fin des années 70 et qui tourne beaucoup jusqu’au début des années 2000, sans toutefois atteindre la consécration des grands acteurs de l’époque. Il apparaît notamment dans Hair en 1979, Star Wars : L'Empire Contre-Attaque en 1980, 1941 de Stephen Spielberg en 1980, Ennemis Rapprochés en 1997, Hollywood Ending de Woody Allen en 2002, Jackpot en 2008 et 127 Heures en 2010.

Le casting à 90% masculin s'offre également la présence de deux acteurs qui ont collaboré plusieurs fois avec le réalisateur : Jason Flemyng pour Le Livre de la Jungle (qui prête ses traits au rougeoyant Azazel dans X-Men : Le Commencement en 2011) et Kevin J. O'Connor pour La Momie, Van Helsing puis G.I Joe : le Réveil du Cobra.
Enfin, à noter parmi la horde de gros bras, la participation de Djimon Hounsou, célèbre acteur béninois ayant tourné dans Amistad de Stephen Spielberg en 1997 et Gladiator de Ridley Scott en 2000. Il incarne également Korath dans Les Gardiens de la Galaxie en 2014 et reprend ce rôle dans Captain Marvel en 2019.

Le rôle de l’impétueuse Trillian (baptisée ainsi en hommage au personnage du Guide du voyageur galactique Tricia « Trillian » McMillan) est attribué à Claire Forlani… qui quitte cependant le projet pour désaccord artistique avec le réalisateur quelques jours seulement après son arrivée.
Famke Janssen la remplace au pied levé malgré la réticence des producteurs à engager la trop récente et reconnaissable James Bond Girl. Après quelques apparitions télévisuelles, elle est en effet révélée en incarnant la méchante et dominatrice Xenia Onatopp dans GoldenEye en 1995. Elle enchaîne ensuite plusieurs rôles au cinéma et incarne la première Jean Grey dans l’univers X-Men en 2000, 2003, 2006, 2013 et 2014.
Elle apparaît en parallèle dans la trilogie Taken en 2008, 2012 et 2015, ainsi que dans diverses séries telles que Ally Mcbeal en 2000, Nip/Tuck en 2004 et 2010, Hemlock Grove de 2013 à 2015, Murder de 2015 à 2016 et The Blackist de 2016 à 2018. Elle scénarise, produit et réalise son premier film Bringing Up Bobby en 2011.

Point de suspense à l’horizon. L’intertitre du film annonce de suite la couleur : Au fond de la mer de Chine méridionale se trouve une chaîne de montagnes sous-marine comportant des canyons dont la profondeur permettrait d'abriter l'Himalaya, si profonds que ni l'homme ni la machine ne les a explorés. Au cours des siècles, quantité de navires ont disparu dans ces eaux sans laisser de traces. Leur disparition est restée un mystère jusqu'à aujourd'hui.

Le spectateur est donc prévenu ! Stephen Sommers propose un film totalement décomplexé qui ne fait pas dans la dentelle. Le scénario est minimaliste, les décors incitent évidemment à la claustrophobie, le casting roule des mécaniques et la créature est bien sûr monstrueuse. Dans cette ambiance humide et crasseuse à souhait, le réalisateur trouvait en effet amusant que tous ses personnages soient plus ou moins mauvais, même ceux identifiés comme les héros du film. Ainsi, le serviable Finnegan est avant tout contrebandier, tandis que l’inoffensive Trillian reste une voleuse peu fréquentable. Tout un programme…

Un Cri dans l’Océan est composé de trois actes bien distincts. Le premier pose l’ambiance et présente les personnages en flirtant avec le thriller. Les intentions de chacun ne sont pas claires et certains jouent double-jeu. Des bruits étranges commencent à se faire entendre… Le second vire au huit-clos angoissant. D’une vaste mer déchaînée en grandes salles luxueuses, le réalisateur entraîne le spectateur dans de sombres couloirs et eaux troubles... calmes seulement en apparence. La tôle peut commence à voler ! Une fois la bête dévoilée, le dernier acte donne dans la pure action. Grosse artillerie et surenchère sont de rigueur. Le spectateur doit manifestement en prendre plein la vue.

Touchant de naïveté sur le papier, le tout est servi avec tant d’honnêteté et de professionnalisme que la mayonnaise prend.

Un Cri dans l’Océan offre, il est vrai, au spectateur des personnages simples mais sympathiques. Le protagoniste principal, bien que vénal et désintéressé, se montre finalement héroïque et investi (sans toutefois atteindre un haut niveau de prestance). Malgré la situation, le meilleur ami assure l’inéluctable mais bienvenu rôle de comique. L’atout charme déborde de féminité tout en disposant d’un sacré caractère (faisant de son personnage le plus attachant du film). Enfin, les vilains ne sont finalement pas très impressionnants et prêtent à sourire.

L'opus contient ensuite quelques bonnes idées, comme placer littéralement ses protagonistes les pieds dans une eau menaçante et renouveler un peu le genre avec une créature somme toute originale. À la fois peu visible à l’écran mais présente dans les moindres recoins, elle est constamment en mouvement et détruit tout sur son passage. Il dispose également de quelques scènes mémorables et de jolis moments de bravoure, comme des découvertes macabres assez surprenantes, ainsi qu’une course poursuite bluffante en jet-ski qui surfe entre tentacules et flammes dans d’étroits couloirs. Le tout est servi par des effets spéciaux de bonne qualité (exceptés certains gros plans) qui, curieusement, ont plutôt bien vieilli.

Enfin, son principal atout est de jouer l'autodérision et de ne pas (trop) se prendre au sérieux. Malgré l'action, la violence et son flirt avec le gore, le ton reste en effet résolument et agréablement léger. Les situations sont cocasses et les dialogues ne volent pas bien haut : l'ensemble fait mouche. Stephen Sommers trouve ici sa marque de fabrique, à savoir le mélange parfait entre humour, action, fantastique et personnages décalés, qui se retrouve dans les films qui suivront.

Stephen Sommers souhaitait collaborer avec Alan Silvestri, mais il ne perd pas au change quand Jerry Goldsmith - le compositeur aux 18 nominations aux Oscars - signe finalement la bande-originale. Un travail de bonne facture avec un thème principal accrocheur, mais bien trop répétitif pour ne pas finir par lasser le spectateur.
Né en 1929 à Los Angeles, Jerry Goldsmith étudie le piano et l’art de la composition dès son plus jeune âge. Il commence par travailler à la télévision dans les années 60 avant d’obtenir sa première nomination à l’Oscar de la Meilleure Musique dès son second film. Malgré sa formation classique, il devient un précurseur de bandes originales bien moins conventionnelles que celles de ses pairs, qui l’entraînent tout naturellement dans l’univers du fantastique et de la science-fiction. Parmi ses plus grandes partitions, figurent notamment La Planète des Singes en 1968, La Malédiction en 1976 - qui lui vaut le seul et unique Oscar de sa longue carrière - Alien, le Huitième Passager en 1979, Total Recall en 1990, Basic Instinct en 1992, L.A Confidential en 1997, ainsi que celles composées pour les sagas Star Trek, Rambo et Gremlins. Il composera pour Disney la musique de Mulan en 1998 et réécrira pour La Momie de Stephen Sommers en 1999, avant de décéder en 2004.

Un Cri dans l’Océan est un film sans prétention disposant d’un budget « modeste » de 45 millions de dollars. Il sort discrètement le 30 janvier aux États-Unis et ne rapporte seulement qu’un peu plus de 11 millions sur le sol américain, soit quatre fois moins que son budget initial ! Près de la moitié de cette recette se fait uniquement lors du premier week-end d’exploitation. Le film ne sort en France que le 24 juin, dans les mêmes conditions, profitant furtivement et sans succès de la Fête du Cinéma.

Les critiques l'assassinent littéralement. Quelques professionnels osent toutefois souligner la bonne volonté de Stephen Sommers qui offre ici un bon film de genre et considèrent sa crédulité comme une qualité. Réalisateur peu prolifique dont la simplicité de ses œuvres est souvent critiquée, la profession et le public s’accordent en effet néanmoins à reconnaître qu'avec lui, le contrat est toujours rempli. La fin de l'opus étant résolument ouverte, une suite, fortement envisagée par Stephen Sommers, est bien vite réduite à néant par l’échec commercial cinglant...

Un Cri dans l’Océan n’est certes pas un chef d’œuvre. Vite relayé au rang de série B et oublié (pour ne pas dire méconnu), il permet néanmoins de passer un agréable moment. Un film « sympa » dans le bon sens du terme, sans prétention et rythmé, qui respecte - certes sans subtilité (mais en avait-il besoin ?) - son cahier des charges, porté par un couple d'acteurs convaincant et une créature peu crédible mais franchement fun malgré tout.

Action, frayeur(s) et humour sont au rendez-vous ! Un bon nanar assumé qui ne mérite pas d’être sous-estimé, comme il est si bon d'en regarder parfois avec un plaisir (presque) coupable.

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