Thor
Ragnarok

Titre original :
Thor : Ragnarok
Production :
Marvel Studios
Date de sortie USA :
Le 03 novembre 2017
Genre :
Science-fiction
IMAX
3-D
Réalisation :
Taika Waititi
Musique :
Mark Mothersbaugh
Durée :
130 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Après deux ans de recherche infructueuse sur la soudaine réapparition des Pierres d'Infinité, Thor se retrouve, par un concours de circonstances, loin de son Asgard natal, sans son fidèle Mjöllnir, dans un monde où il se voit obligé d'affronter dans un combat de gladiateurs sans merci l'un de ses plus célèbres alliés. Pendant ce temps sur Asgard, Hela, Déesse de la Mort, tente d'asservir le peuple pour s'emparer du trône vacant d'Odin...

La critique

Publiée le 19 octobre 2017

Thor : Ragnarok est le troisième opus après Thor et Thor : Le Monde Des Ténèbres de la saga centrée sur le fils d'Odin, tout en continuant à s'inscrire parfaitement en cohérence dans le Marvel Cinematic Universe puisqu'il en est le cinquième chapitre de la Phase III initiée avec Captain America : Civil War. À la fin du film Avengers : L'Ère d'Ultron, Thor décide donc de quitter la Terre pour enquêter sur l'apparition soudaine des Pierres d'Infinité qui, rassemblées, confèreraient un grand pouvoir de domination de l'univers. Hulk, quant à lui, échappe à la surveillance de ses co-équipiers à bord du Quinjet, le Dr Banner craignant pour la sécurité de tous à chaque apparition du Colosse de Jade. Thor : Ragnarok raconte ainsi ce qu'il advient de ces deux personnages et la raison pour laquelle ils ne sont pas apparus dans Captain America : Civil War. Pour la première fois, un film de la saga Thor n'introduit, en effet, aucune notion qui pourrait faire avancer le MCU. N'étant plus lié par les contraintes de présenter de nouveaux éléments-clé, Marvel tente ici le pari risqué de faire prendre au Puissant Thor un virage à 360 degrés. Le défi est relevé tant au niveau de la production qu'à ceux de ses dialogues et de la nouvelle orientation du jeu des acteurs principaux. La stratégie est au final payante autant pour le studio que pour le réalisateur Taika Waititi qui signe ici son premier film pour la Maison des Idées.

Peu de temps après la sortie de Thor : Le Monde Des Ténèbres, le producteur du MCU, Kevin Feige annonce que la saga du Dieu du Tonnerre comportera un nouvel épisode au sein de la phase III, et engage pour cela deux scénaristes, Craig Kyle et Christopher Yost, auteurs de comics chez Marvel. Ils sont notamment connus pour avoir créé le personnage de la mutante X-23 (point central du film Logan) et produit de nombreuses séries d'animation de l'univers Marvel. Connaissant bien la saga cinématographique du Fils d'Odin puisqu'ayant supervisé la production des deux premiers épisodes, ils émettent dès le départ le souhait de faire s'affronter Thor et le Colosse Vert, Hulk, au sein d'une arène de gladiateurs. Une idée inspirée d'un comics dont ils avaient auparavant développé le film d'animation direct-en-video Planète Hulk. Toute bonne histoire méritant un vilain efficace et le MCU manquant de rôles féminins de premier plan (hormis la Veuve Noire, Natacha Romanov), ils décident aussi d'introduire le personnage d'Hela, Déesse de la Mort, dont les pouvoirs et les ambitions sont de taille à tenir tête au plus nordique des Vengeurs. Après quelques mois de travail sur un scénario original, le titre de ce troisième opus est dévoilé en janvier 2014, lors du line-up Marvel ; ce sera Thor : Ragnarok. Feige annonce alors qu'il contiendra des éléments du comics éponyme. En juillet 2015, les Studios Marvel choisissent Taika Waititi pour réaliser l'opus dont la sortie est fixée à la fin juillet 2017 (puis sera décalée à novembre 2017 pour ne pas faire d'ombre au reboot Spider-Man produit par Disney en partenariat avec Sony : Spider-Man : Homecoming).

Taika Waititi est né en 1975 en Nouvelle-Zélande. Acteur (dans Thor : Ragnarok il prête sa voix au rocailleux et facétieux Korg), scénariste reconnu pour la télévision dans son pays, il s'essaye rapidement à la réalisation avec un succès assez fulgurant pour être qualifié comme l'un des dix nouveaux réalisateurs à suivre par le magazine Variety. L'un de ses courts-métrages est même nommé en 2005 pour l'Oscar du Meilleur Court Métrage de Fiction, tandis que son film Vampire en Toute Intimité rencontre un vrai succès populaire. N'ayant fait qu'une inclusion dans le monde des super-héros en tenant un petit rôle dans l'échec commercial Green Lantern (DC/Warner Bros), c'est avec un œil neuf qu'il pose donc son regard sur les personnages de Thor. Ayant connaissance des épisodes du MCU à venir, il décide tout de go de changer complètement l'ambiance du film, et engage, juste après son arrivée, une nouvelle scénariste, Stephany Folson, pour réécrire le scénario original de Kyle et Yost et suivre une nouvelle direction. Si les deux premiers films de Thor reposaient uniquement sur le personnage incarné par l'australien Chris Hemsworth, il choisit de faire du troisième opus un film chorus, en créant une multitude de personnages secondaires et dotant d'une équipe le Dieu Tonnerre qui s'apprête à se battre sans moyen contre le pire adversaire qu'il ait jamais eu à affronter. « Je voulais faire un buddy movie comme dans les grandes années 80, dit-il, le potentiel comique insuffisamment exploité dans les films Marvel de Chris (Hemsworth) m'a inspiré. Le public a découvert dans les films Avengers qu'il avait un pouvoir humoristique puissant très éloigné de son coté divin très solennel dans les films Thor. Le Dieu du Tonnerre disparaît à la fin d'Avengers : L'Ère d'Ultron, en même temps que Hulk, et cela me paraissait primordial de les réunir, mais non pas comme co-équipiers pour une fois mais comme adversaires. Je me suis beaucoup inspiré des films comme Un Ticket Pour Deux, Midnight Run, Butch Cassidy et le Kid et surtout pour l'ambiance et les dialogues des (Les) Aventures de Jack Burton dans les griffes du Grand Mandarin ».

Et c'est indéniable, tout le film découle de cette alchimie sans fausse note que le réalisateur insuffle. Les décors, les costumes, la musique, ou encore les dialogues, dont Taika Waititi assure que 80% d'entre eux ont été improvisés pour que les répliques soient les plus naturelles possible. De fait, tout est ici cohérent, soutenu par un montage distillant des surprises. De nombreux caméos, des références multiples aux épisodes précédents du MCU voire à d'autres films cultes du cinéma peuvent d'ailleurs parfois laisser penser que le récit se veut parodique ; pourtant, il n'en est rien, ce sont bien là des hommages ! Et cela marche, les rires fusent et ne desservent jamais le propos, bien au contraire. Le film assume ainsi que tout ce qui se passe dans l'univers bariolé, emprunt d'eighties, de la planète du Grand Maître soit très léger : que ce soit la musique, dans le plus pur style de Vangelis ou de Moroder, avec des accents qui lorgnent vers du Daft Punk sur Tron L'Héritage ou que ce soit les décors en carton-pâte et les costumes kitsch dignes d'un spectacle scolaire de fin d'année, sans parler des robots et autres créatures animées par les équipes du Weta Workshop et volontairement maladroites dans la pure tradition de celles des Jim Henson Studios à leur grande époque. A l'opposé, tout ce qui se passe sur Asgard est plein de solennité car il s'agit là de guerre, de massacre de population, de résistance héroïque de certains et de lâcheté d'autres. C'est donc la mise en danger d'un idéal de société, d'une civilisation qui se déroule tout au long du scénario, le tout illustré brillamment par la beauté des décors naturels ou ceux créés par Industrial Light & Magic, servie par une musique lyrique, tantôt bucolique, mais toujours grave.

Mark Mothersbaugh, le compositeur du film qui a travaillé notamment pour de nombreuses productions télévisuelles Disney, et dont les musiques les plus connues sont celles de la saga vidéo-ludique Crash Bandicoot, a réussi l'exploit de faire de la musique un élément de repère du récit. Les thèmes joués permettent ainsi à l'oreille de situer géographiquement l'action : la musique électronique des synthétiseurs pour la Planète Sakaar, la musique symphonique wagnerienne pour la majestueuse Asgard en danger, et une musique traditionnelle folklorique pleine de nostalgie pour les scènes se déroulant sur Midgard, la Terre. De plus, le choix de la chanson Immigrant Song du groupe Led Zeppelin, entendue à plusieurs reprises comme un jingle, devient la signature de la colère du Dieu du Tonnerre, ajoutant encore plus de dynamique et de modernité aux scènes déjà épiques de combats.

Toute cette opposition entre les scènes psychédéliques sur Sakaar et celles apocalyptiques sur Asgard est renforcée par un casting d'acteurs choisis à la perfection.
Chris Hemsworth enfile évidemment pour la cinquième fois son costume de Dieu du Tonnerre, qui, au fil de la saga, est devenu de plus en plus humble. Dans cet opus, il est même l'anti-héros par excellence dont la meilleure arme est l'humour. Il a dans cette optique une réelle interaction avec tous les nombreux rôles secondaires, se montrant, tour à tour, protecteur, cabot, mais aussi touchant. Ses répliques font ainsi mouche à chacune de ses apparitions dédramatisant la situation quand il le faut.
À ses cotés, Hulk a enfin droit à des dialogues de plus de deux mots, pour la première fois, et conserve par ailleurs la voix de l'acteur original de la série télévisée, Lou Ferrigno. Quant à Mark Ruffalo, interprète de son alter ego humain, le Dr Bruce Banner, et de la motion capture du monstre vert, il livre une prestation de sidekick un peu trop appuyée, parfois à la limite du ridicule. Il respecte toutefois la hiérarchie des personnages : le héros du film étant bel et bien le dieu asgardien auquel Hulk ne vole jamais la vedette.
Tom Hiddleston est, pour sa part, toujours aussi parfait dans le rôle du rusé Loki, et assoit son rang de fauteur de trouble, tantôt joueur, tantôt lâche, parfois courageux, mais toujours prêt à tout pour se tirer d'un mauvais pas.
Enfin, Idris Elba reprend son incarnation du sage Heimdall, le Gardien du Bifrost et de la Porte des Mondes et pour une fois voit son personnage de protecteur d'Asgard étoffé devenant aussi le meneur de la Résistance.

La grande et bonne surprise de Thor : Ragnarok vient des nouvelles recrues de l'univers. 
Le couard Skurge, interprété par Karl Urban, dans le rôle nuancé de celui qui se retrouve prisonnier d'une situation qu'il n'a pas voulue mais qui finalement sert ses intérêts est l'un d'entre eux. Sa prestation consiste surtout à donner la réplique à la vénéneuse Hela, pétrie de morne à l'écart d'Odin qui lui a tout donné puis tout repris, l'enfermant pendant des siècles, et dont elle a juré la perte. Cate Blanchett habituée à tout jouer, des films grand public (Cendrillon, Indiana Jones et le Crâne de Crystal, la saga du Seigneur des Anneaux) aux films d'auteurs plus intimistes, est ici tout simplement superbe. Dans le rôle acide de La Déesse de La Mort emplie de vengeance, elle n'est jamais ridicule malgré un costume qui n'est manifestement pas aisé de porter avec élégance. Son discours de revanche sonne avec beaucoup de justesse malgré un certain cynisme qui pointe ici ou là. Parfaite dans les dialogues comme dans les scènes de combat ou de bataille, l'actrice donne vie certainement au vilain le plus crédible jusqu'à présent de la saga.

Tessa Thompson est, quant à elle, Valkyrie, pendant féminin de Thor. Forte et caractérielle, sa performance ambiguë est certainement le petit point négatif du scénario même si la comédienne ne démérite pas dans les scènes de combats ; un peu de féminité, même entrée à grands coups de poing et de litres d'alcool, faisant certainement le plus grand bien à cet univers cinématographique rempli de testostérone.
Enfin, le meilleur pour la fin, le Grand Maître, incarné par l'acteur multi-récompensé, Jeff Goldblum, pressenti un temps pour jouer le rôle du Dr Banner, est la grande révélation de Thor : Ragnarok. Jouant en permanence avec la folie douce du personnage qui oscille entre l'autorité du dictateur, la douceur d'un père de la nation, et l'hystérie du bouffon du roi, il compose une performance délirante, électrisée et marque les esprits. Jeff Goldblum est le méchant amusant et attachant à la fois, et il serait dommage que son rôle ne se limite qu'à un seul film de la franchise.

En conclusion, pas ou peu de bémols à trouver à Thor : Ragnarok. Son scénario, s'il reste simple, n'en est pas moins survitaminé et prenant. Marvel a eu, en effet, la bonne idée de reprendre l'humour distillé dans Les Gardiens de la Galaxie, Thor évoluant dans ce même univers coloré et volontairement rétro. Ainsi, même si l'opus présente de nombreux passages graves, les situations vécues avec humour de son personnage principal allègent le propos et le mettent vraiment en valeur là où jusqu'à présent Thor et ses aventures consistaient surtout à créer des pierres angulaires pour faire progresser l'histoire de fond du Marvel Cinematic Universe.
Un vilain charismatique, une galerie réussie de personnages secondaires justes et toujours à leur place, un héros qui apprend à en devenir vraiment un, le tout étayé par une direction artistique cohérente en tout point, permettent de ne jamais enfermer le film dans une catégorie.

Tour à tour peplum, film potache, d'humour, de guerre, d'anticipation, engagé, d'héroïc fantasy, ou fantastique, chaque scène de Thor : Ragnarok est une grande découverte. Superbement réalisé avec une belle photographie, monté de main de maître pour un vrai rythme, soutenu par une bande-son efficace et conçue comme un élément à part entière mais aussi rempli de références pour les fans comme pour les non-initiés à l'univers Marvel, le film étonne à chaque plan. 
Sans aucun doute l'un des meilleurs films du MCU et certainement le meilleur opus consacré au Dieu du Tonnerre, vrai grand moment de cinéma super-héroïque, énergique, drôle et intelligent, Thor : Ragnarok frise le génie !

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