Titre original :
Cinderella
Production :
Walt Disney Pictures
Date de sortie USA :
Le 13 mars 2015
Genre :
Fantastique
IMAX
Réalisation :
Musique :
Patrick Doyle
Durée :
104 minutes
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Après la mort tragique de sa mère et pour l’amour de son père, Ella accueille bienveillamment sa nouvelle belle-mère, Lady Tremaine, et ses filles Anastasie et Javotte. Mais lorsque son paternel disparaît à son tour, la jeune fille se retrouve à la merci de sa nouvelle famille, jalouse et cruelle...

La critique

rédigée par
Publiée le 22 février 2015

La branche des films à prises de vues réelles des studios Disney a trouvé manifestement son credo pour les années 2010, quitte à l'user jusqu'à la moelle : faire des versions avec acteurs des plus grands contes ou livres pour enfants, y compris certains de ceux adaptés par ses propres studios d'animation. Si jusqu'à présent, elle avait essayé de raconter autres choses (la suite, une préquelle, ou une version réécrite), ici, avec Cendrillon, rien de tout cela. Il s'agit, ni plus ni moins, d'un remake presque à l'identique du film d'animation de 1950. Alors certes, le long-métrage "live" rajoute des éléments narratifs, en particulier au début, et change considérablement la fin, mais globalement l'opus n'offre rien de vraiment surprenant. Il apparait même un peu trop lisse tandis que son propos est très conservateur. Les costumes et les décors y sont toutefois sublimes et le casting, très convaincant, à une exception près...

Le label Disney a commencé à adapter ses films d'animation en prises de vues réelles dans le milieu des années 90. Le premier d'entre eux est Le Livre de la Jungle - Le Film en 1994 suivi par Les 101 Dalmatiens en 1996. Les deux ont aussitôt droit à des suites : le premier avec une préquelle sortie directement en vidéo en 1998, The Jungle Book : Mowgli's Story tandis que le second conserve les honneurs des salles obscures en 2000 avec 102 Dalmatiens. Mais c'est véritablement en 2010 que Disney relance le genre en grandes pompes avec son adaptation d'Alice au Pays des Merveilles par Tim Burton. En rapportant plus d'un milliard de dollars au box-office mondial, le film est incontestablement un immense succès et amorce une mode qui s'empare de tout Hollywood où de nombreux studios se mettent à adapter des contes en prises de vues réelles sur grand écran. Disney fait de même, lui, avec la littérature enfantine en proposant une préquelle au (Le) Magicien d'Oz avec Le Monde Fantastique d'Oz en 2013. Le film est également un succès. Le label continue donc sur son chemin en sortant en 2014 La Belle au Bois Dormant avec Maléfique ; encore un succès rapportant 758 millions de dollars dans le monde soit le quatrième résultat au box-office de l'année. En 2015, c'est Cendrillon qui est choisi pour être l'adaptation de l'année. Tandis que 2016 sera l'année d'un nouveau remake du (Le) Livre de la Jungle et offrira aussi une suite à Alice au Pays des Merveilles, il est envisagé une suite au (Le) Monde Fantastique d'Oz et une adaptation de La Belle et la Bête...

Cendrillon s'appuie d'abord sur une histoire universellement connue. La légende raconte même qu'il existe plus de trois cents versions du conte dont une remonterait à l'Egypte antique. Mais le film se base aussi - et surtout - sur l'adaptation animée produite par Walt Disney lui-même en 1950 : Cendrillon.  Le Maître de l'Animation choisit d'en retenir la version de l'auteur français, Charles Perrault.
Issu du milieu aisé de la bourgeoisie d'offices, ce dernier est le benjamin d'une famille de quatre frères. Après des études de droit et une première œuvre burlesque, Les Murs de Troie, il entre en 1654 en qualité de commis chez son frère aîné Pierre, receveur général. Ses poèmes, notamment les Odes au Roi, le font vite remarquer. Nommé commis auprès de Colbert, conseiller de Louis XIV, il devient ensuite Premier commis des bâtiments du Roi en 1665. Elu en 1671 à l'Académie française, il en est le bibliothécaire trois ans plus tard. Son œuvre la plus célèbre reste aujourd'hui ses contes (Cendrillon, La Belle au Bois Dormant...) nourris de l'imaginaire médiéval légendaire, chevaleresque et courtois. Charles Perrault reprend dans une prose faussement naïve des histoires transmises par la tradition orale, encore considérées aujourd'hui comme une influence majeure de l'inconscient collectif.

Lors de la sortie de Cendrillon, le film d'animation de 1950, le public lui réserve un véritable triomphe. Et c'est heureux ! Sans lui, il en était, en effet, fini des films d'animation chez Disney. Le pari financier de son créateur, qui investit alors les dernières ressources de son studio - encore une fois -, est gagné ! Les studios de Walt Disney sortent enfin d'une décennie difficile due à la Seconde Guerre mondiale et peuvent ainsi plonger à nouveau dans l'ivresse du succès et de la richesse. Ce vote de confiance du public encourage, comme jamais, le papa de Mickey à continuer de produire des longs-métrages d'animation. Des années plus tard, Cendrillon a droit à deux suites sorties directement en vidéo. Cendrillon 2 : Une Vie de Princesse, en 2002, est une véritable calamité qui fait honte au premier opus tandis que Le Sortilège de Cendrillon, en 2007, est lui de bien meilleure facture même s'il n'atteint pas, et de loin, la qualité du Grand Classique. Enfin, il sera noté également, La Légende de Cendrillon, une comédie musicale adaptée d'un classique de Broadway composé par Rodgers & Hammerstein, produite en 1997 tout spécialement pour l'émission de télévision The Wonderful World of Disney et qui constitue une vague adaptation du long-métrage d'animation originel. Enfin, en 2014, le personnage de Cendrillon apparait dans le film, lui aussi tiré d'une adaptation d'un autre classique de Broadway composée par Stephen Sondheim, Into The Woods : Promenons-Nous Dans les Bois.

La réalisation  de Cendrillon est confiée à Kenneth Branagh.
Sir Kenneth Charles Branagh, qui devient chevalier de l'ordre de l'Empire britannique en juin 2012, est né le 10 décembre 1960 à Belfast en Irlande du Nord. Il passe son enfance à Belfast jusqu'à ses 9 ans et arrive en Angleterre en poursuivant des études à la Royal Academy of Dramatic Art de Londres. Sorti de l'école en 1982, Branagh débute sur les planches londoniennes. En 1989, il passe devant et derrière la caméra avec l'adaptation cinématographique de la pièce de Shakespeare Henry V. À 29 ans, il est ainsi le troisième plus jeune réalisateur à être nommé pour l'Oscar du Meilleur Réalisateur. Il remporte, alors, il est vrai, de jolis succès en tant que comédien et réalisateur (Dead Again en 1991) ou simplement en tant que comédien (Swing Kids sorti en 1993 chez Hollywood Pictures). En 1994, il connaît son premier grand échec avec le pourtant réussi Frankenstein. Il réalise ensuite son rêve en adaptant Hamlet dans un film de 4 heures nommé dans plusieurs catégories aux Oscars 1997 sans toutefois obtenir de récompenses : loué par la critique, l'opus est de nouveau un four commercial. Il délaisse alors son image classique pour interpréter l'extravagant et démoniaque Dr Loveless dans Wild Wild West en 1999 ou le professeur de défense contre les forces du mal, Gilderoy Lockhart, dans Harry Potter et la Chambre des Secrets en 2002. En 2011, il étonne son monde en acceptant de réaliser le film Thor pour les Marvel Studios en donnant un aspect shakespearien aux relations du dieu nordique avec son père Odin. Il continue à travailler pour Hollywood en reprenant un personnage de l'auteur Tom Clancy dans The Ryan Initiative en 2013 avant de passer chez Disney dans l'adaptation du conte Cendrillon.

Cette énième adaptation de l'histoire de Cendrillon s'avère être une adaptation très fidèle du Cendrillon de Walt Disney sorti en 1950. Alors certes, de petits détails sont changés et le début est particulièrement étoffé. Par rapport au dessin animé, le passé de Cendrillon est en effet longuement raconté. La rencontre du prince est aussi modifiée tandis que la scène du bal est particulièrement soignée et densifiée, et, il faut l'admettre, nettement au dessus du film d'animation de 1950. La séquence est une superbe réussite aussi magique que romantique. D'ailleurs, si la scène du bal est une pure merveille, celles se déroulant dans le palais n'ont pas à rougir de la comparaison. Elles disposent toutes de cette touche de romantisme et de gigantisme qui donne beaucoup d'ampleur au récit, à commencer par la cour que fait le Prince à la jeune Cendrillon avant les fameux douze coups de minuit. La fin est également considérablement bouleversée, non pas dans sa conclusion, mais dans son déroulé. Pour autant, le spectateur ne doit pas s'attendre à être surpris : malgré ces changements, le ton des deux films est parfaitement identique. Il y a même une naïveté et un côté vieille école qui ne se retrouve plus dans les productions contemporaines ; Kenneth Branagh parvenant en cela à donner à son Cendrillon des airs de Sissi.

L'autre grande réussite du film est assurément l'aspect visuel de l'ensemble. Les costumes signés de Sandy Powell sont tout simplement splendides. Des robes élégantes et classieuses, des uniformes colorés et majestueux, les tenues sont un ravissement pour les yeux. Le tout est rehaussé par les décors supervisés par Dante Ferretti qui, en jouant sur les couleurs, sait donner un côté bucolique à la maison de Cendrillon et royale au Palais : un enchantement qui illumine le film en restituant une beauté envoutante. Le spectateur se sent, alors, emmitouflé dans un cocon de coton doux et apaisant. Un bonheur.

Pourtant, malgré cette magnificence, certaines scènes sont curieusement de fort mauvais goût. La plus étonnante est celle de la Marraine la Bonne Fée. Le réalisateur a, en effet, maladroitement voulu lui donner un côté comique qui frise le ridicule par rapport au reste du long-métrage. La fée en fait manifestement des tonnes et rend, ce qui aurait du être un moment magique, en épisode grotesque. L'autre mauvaise idée est d'avoir laissé des attributs animaliers à l'oie qui joue le cocher et aux lézards qui campent les valets. Même le dessin animé de 1950 ne s'était pas permis cette folie et les avait rendus totalement humains. A vouloir donner un côté très anglais lorgnant vers les personnages de l'adaptation live Du Vent dans les Saules, Kenneth Branagh rate totalement son effet. Autre erreur et pas des moindres : la gestion de la solitude de Cendrillon. L'opus tente de calquer le film d'animation de 1950 en utilisant les animaux et reprenant notamment les plus emblématiques (Gus-Gus, Lucifer).  Mais, le réalisateur semble avoir hésité sur le fait de leur donner la parole comme dans le dessin animé et a livré ce qui s'apparente à un non-choix. Certains d'entre-eux, grâce à des effets spéciaux bien maitrisés, prononcent en effet des paroles accélérées à peine compréhensibles... Sauf que... Si le procédé passe très bien dans un film d'animation, il rend très niaises les séquences en prises de vues réelles.

Le casting, formant un quasi sans faute, est indéniablement une grande force du film.
Lily James est une Cendrillon parfaite, douce, gentille et belle. La fraicheur du personnage est touchante même si bizarrement elle reste d'une passivité étonnante, quelque part, plus encore que sa version animée en 1950 ! Elle est enfermée dans le conseil de sa mère "soit courageuse et toujours bienveillante". Courageuse, elle ne semble pas l'être de façon extraordinaire tandis que sa bienveillance l'enferme dans son carcan. Elle n'essaye pas un instant de se rebeller là où le personnage du dessin animé demandait lui de l'aide à ses amis animaux, leur dictant même leurs actions. Ici, mise à part une scène où elle ose - enfin ! - dire non, elle subit son destin sans essayer une seule fois de le bousculer. Le discours du film se place là à mille lieues des messages féministes que les studios Disney ont formulé sur le statut des femmes ces dernières années de La Princesse et la Grenouille à Raiponce, de La Reine des Neiges à Maléfique en passant par Into The Woods : Promenons-Nous Dans les Bois. En cela, Cendrillon, version 2015, étonne par son ton extrêmement conservateur même si la morale finale est sauve dans ce qu'elle invite à avoir le courage d'assumer sa véritable personnalité (mais aussi sa position sociale) sans essayer d'être ou de paraître autrement. Autre détail amusant à savoir : les puristes comprendront en toute fin pourquoi Cendrillon n'est pas un film de princesse !
Le prince joué par  Richard Madden, le fameux Robb Stark dans la série à succès Game of Thrones - Le Trône de Fer, est charmant à souhait. Contrairement au film d'animation de Walt Disney, son rôle est incroyablement approfondi. Alors qu'il était une simple figure dans la version de 1950, le spectateur découvre ici ce que pense réellement le personnage. Il est même montré, dans une scène d'une force incroyable, dans l'intimité de ses sentiments. Par contre, ceux qui attendent un personnage avec des aspérités risquent d'être déçus. Comme Cendrillon, il est parfait : beau, séduisant, charmant, droit, honnête, humble... Bref, le prince charmant idéal dans toute sa splendeur !
Cate Blanchett (la fameuse Galadriel dans la saga du (Le) Seigneur des Anneaux mais aussi Irina Spalko dans Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal) est une Lady Tremaine convaincante. Elle est d'une froideur incroyable, poussée par sa jalousie mais aussi son désir d'accéder à un niveau social qu'elle juge digne pour elle et ses filles. Néanmoins, et malgré un beau monologue expliquant sa rancœur envers Cendrillon, le personnage n'a pas la force de la méchante créée par l'un des neuf vieux Messieurs, Frank Thomas, dans le classique de 1950. Le personnage campé par Cate Blanchett n'en reste pas moins injuste, intolérante et égoïste. Une vraie méchante en somme même s'il lui manque peut-être un côté dangereux qui ne transparait pas. Il faut dire que par rapport au film d'animation, la Marâtre est belle, d'une beauté froide certes mais qui empêche sa dangerosité de ressortir vraiment. Ce constat fait, la prestation de l'actrice ne souffre d'aucune critique : elle est tout simplement fabuleuse.
Helena Bonham Carter (La Reine Rouge dans Alice au Pays des Merveilles) est la Marraine la Bonne Fée. Comédienne la plus décevante de l'opus, elle donne à son personnage un côté fofolle là où le film de 1950 en faisait seulement une tête-en-l'air. Ce parti pris rend la scène de la préparation au bal stupide et grotesque alors qu'elle devrait être magique. La transformation de la citrouille en carrosse donne lieu également à une séquence de comédie visuelle qui semble totalement hors de propos avec le reste du long-métrage. Dommage car cela aurait dû être l'un des moments-clés du film ; le spectateur lui préfèrera donc la prestation de Whitney Houston dans le téléfilm La Légende de Cendrillon.
Le reste des personnages secondaires est plutôt réussi que cela soit Anastasie et Javotte incarnées respectivement par Holliday Grainger et Sophie McShera ; l'Archiduc joué par Stellan Skarsgård (Thor, Marvel's Avengers et Thor : Le Monde des Ténèbres) ; le fidèle ami du Prince sous les traits de Nonso Anozie (Game of Thrones - Le Trône de Fer), et enfin le Roi dont le rôle est tenu par Derek Jacobi.

Coté bande originale, la musique de Patrick Doyle est efficace même si la tonalité aurait pu essayer d'utiliser, même avec parcimonie, les mélodies des chansons du film de 1950. Si Cendrillon chantonne quelques airs connus comme A Dream Is a Wish Your Heart Makes, l'hommage aurait, en effet, mérité d'être plus appuyé ; une requête d'autant plus légitime que le long-métrage s'inspire clairement et avant tout du dessin animé de Walt Disney. Détail sympathique cependant, la berceuse Lavender Blue est fredonnée plusieurs fois : voulu ou non, c'est un joli clin d'œil au film préféré de Walt Disney, Danny, le Petit Mouton Noir.

Cendrillon, dans cette version de 2015, est objectivement une belle et grande adaptation, aussi romantique que charmante, du Grand Classique de 1950. Le spectateur peut toutefois lui reprocher de ne rien apporter de neuf étant simplement une redite du film d'animation, avec quelques scènes bonus et d'autres, bien présentes, mais maladroites. Il s'étonnera en outre d'un discours très vieux jeu. Mais tout cela ne pèse finalement pas lourd face à l'enchantement venu des sublimes costumes, décors et prestations de Lily James, Richard Madden et Cate Blanchett. Cendrillon est, dans son genre, un ravissement.

L'équipe du film

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