Titre original :
Frozen
Production :
Walt Disney Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 27 novembre 2013
Genre :
Animation 3D
3-D
Réalisation :
Chris Buck
Jennifer Lee
Musique :
Christophe Beck
Robert Lopez
Kristen Anderson-Lopez
Durée :
105 minutes
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Le royaume d'Arendelle se meurt peu à peu depuis qu'Elsa la Reine des Neiges l'a plongé dans un hiver éternel. Anna, sa jeune sœur, décide donc de partir à sa recherche afin de la convaincre de revenir à de meilleures dispositions : elle est accompagnée dans son périple de Kristoff, un montagnard expérimenté, et de son fidèle renne, Sven...

La critique

rédigée par
Publiée le 09 novembre 2013

Après avoir ébloui les spectateurs avec Raiponce et Les Mondes de Ralph, les Walt Disney Animation Studios prouvent avec La Reine des Neiges qu'ils sont manifestement entrés dans un nouvel âge d'or. Tout est un émerveillement dans ce spectacle magique : de son histoire émouvante à ses personnages attachants, de son animation parfaite à ses textures superbes, de ses chansons extraordinaires à sa musique envoutante ! Livrant l'adaptation d'un conte sous forme de comédie musicale façon Broadway, les studios de Mickey reviennent donc à ce qu'ils savent faire le mieux. Son ton, bâti sur de la magie, ses chansons, son petit côté sombre et ses personnages torturés inscrivent La Reine des Neiges dans la digne lignée de La Belle et la Bête à laquelle s'ajoute sans mal le côté épique du (Le) Roi Lion. Rares étaient ceux qui pensaient les Walt Disney Animation Studios capables de faire mieux que Raiponce : et pourtant, La Reine des Neiges déjoue tous les pronostics. Il est le film parfait à voir à Noël et en famille. Surtout en famille...

Avec La Reine des Neiges, les studios Disney renouent donc avec leur réflexe historique d'adaptation d'un conte classique. Ils choisissent ici l'œuvre d'Hans Christian Andersen (1805 - 1875).
Danois, né en 1805 et issu d'un milieu misérable, Hans Christian Andersen perd son papa encore enfant. Il quitte alors très vite le giron familial et se met à travailler dès l'âge de 14 ans. Il exerce ainsi plusieurs métiers, notamment dans le domaine artistique. S'il reste désargenté, une rencontre va pourtant changer sa vie. Il fait, en effet, la connaissance du Directeur du Théâtre Royal de Copenhague qui le prend vite sous son aile et finance, plus tard, ses études. Baccalauréat en poche, Hans Christian Andersen se met à publier. Son tout premier livre, Promenade du Canal de Holmen à la Pointe Orientale d'Amagre, ne rencontre d'ailleurs qu'un succès tout relatif. Il visite alors différents pays, notamment la France et l'Italie, dont les paysages lui serviront de décors pour certains de ses textes ultérieurs. De retour au Danemark, il publie Contes pour Enfants. Le succès est cette fois-ci immédiat. Toujours entre deux voyages, il écrit par la suite d'autres volumes de ses récits enfantins, mais aussi des poèmes, pièces de théâtre et romans. Destinés en premier lieu aux enfants, les contes d'Andersen s'adressent en réalité à un plus large public, tant ils bénéficient par leurs poésies, leurs morales et leurs thèmes, de différents niveaux de lecture.

L'auteur n'est, en fait, pas un inconnu aux studios Disney. Ils ont, en effet, déjà revisité un de ses écrits, dès 1931, en noir-et-blanc, avec Le Vilain Petit Canard, un cartoon dont ils feront d'ailleurs un remake en couleur en 1939. Ils lui empruntent également le thème de La Petite Sirène en 1989, du (Le) Petit Soldat de Plomb pour une séquence de Fantasia 2000 et de La Petite Fille aux Allumettes pour un cartoon sorti en 2006. De plus, de nombreuses adaptations de ses écrits ont été tentées du vivant de Walt Disney comme après sa mort à l'exemple des (Les) Habits Neufs de l'Empereur ou du (Le) Rossignol et l'Empereur de Chine. Tous ces projets devaient ainsi servir à créer des courts-métrages d'animation destinés à constituer des séquences d'un film plus ambitieux. Après Blanche Neige et les Sept Nains, Walt Disney envisage en effet un long-métrage autour d'Hans Christian Andersen. Il ne savait d'ailleurs pas à l'époque s'il convenait mieux de faire un film autobiographique, une anthologie de cartoons adaptés de ses contes ou un mélange des deux. Walt Disney dépose ainsi le titre The Story of Hans Christian Andersen en 1939. Sauf que le producteur, Samuel Goldwyn, lui grille la politesse et affiche également la volonté de sortir un film sur la vie de l'auteur sous le titre de The Life of Hans Christian Andersen. Disney retire donc son projet mais propose tout de même un compromis au producteur : une coproduction. Dans son esprit, les studios Disney se chargeraient des séquences d'animation tandis que Samuel Goldwyn, lui, aurait la responsabilité des prises de vues réelles. Mais le deal est stoppé quand la Seconde Guerre Mondiale éclate : Walt Disney a peu de temps pour lui, accaparé qu'il est par la réalisation de films de propagande. Finalement, le projet verra le jour mais sans Disney, qui est passé, entre temps à autre chose : en 1952, Samuel Goldwyn sort, seul, la comédie musicale, Hans Christian Andersen et la Danseuse.

La Reine des Neiges (en danois, Sneedronningen) est un conte publié en 1844 dans le recueil Nouveaux Contes (Nye Eventyr). Il parle de la lutte du bien contre le mal. Bien qu'il constitue l'un de ses plus longs contes, Andersen confesse l'avoir écrit en cinq jours. Il fait, lui aussi, partie des contes de l'auteur que Walt Disney a essayé d'adapter de son vivant. En vain... Le récit est, en réalité, trop violent pour être repris tel quel par Disney. Il est toutefois adapté au début des années 70 par Marc Davis, au sein du parc Disneyland en Californie. The Enchanted Snow Palace devait, en effet, être une attraction de Fantasyland avec de nombreux Audio-Animatronics. Il en reste finalement au simple stade du concept art. Les Walt Disney Animation Studios continuent, eux, de chercher un moyen d'adapter le conte. Les artistes tentent, il est vrai, de trouver un angle qui permettrait de faire de la Reine un personnage pouvant tenir sur ses épaules un long-métrage en entier. Le projet entre, alors, en production durant les années 2000 puis voit son développement stoppé en 2002. Nombreux artistes se sont, en réalité, cassés les dents sur le script comme les frères Brizzi (les réalisateurs de la séquence de L'Oiseau de Feu dans Fantasia 2000) ou Glen Keane, qui avant de travailler sur Raiponce, passa quelques mois sur La Reine des Neiges. En 2006, l'adaptation revient donc de nouveau à la case parc, mais en dehors des États-Unis, cette-fois-ci. Alan Menken se voit, en effet, confier l'écriture de chansons pour une version scénique de La Reine des Neiges pour un spectacle au Broadway Music Theater de Tokyo DisneySea. Mais le spectacle est lui aussi annulé. Les Walt Disney Animation Studios se réapproprient alors l'histoire en vue d'en faire un film. Il leur apparait vraiment dommage de griller une cartouche sur un projet directement dans les parcs sans passer par la case cinéma ! Alan Menken va donc se remettre à travailler avec (c'est toutefois une rumeur jamais confirmée) Mike Gabriel (l'ancien co-réalisateur de Pocahontas, une Légende Indienne) sur l'adaptation du conte avant de se voir de nouveau stoppé en 2010. Tous les projets d'adaptation de La Reine des Neiges en animation traditionnelle en sont donc restés au stade de l'ébauche...

Le succès critique et public de Raiponce va alors changer la donne ! La preuve est désormais faite que Disney est capable de réaliser un vrai conte de fée typique de sa signature sans passer par la parodie, en gardant la magie de la 2D mais en se tournant vers l'animation assistée par ordinateur. Mieux encore : le public s'en révèle friand. Le projet change pourtant de dimension : La Reine des Neiges devient en effet plus une inspiration du conte de Hans Christian Andersen qu'une adaptation littérale. De l'histoire originelle, ne sont conservés en fait que deux éléments symboliques : la reine et la neige. Pour le reste, tout est inédit ! Mais il manque toujours quelque chose, ce petit plus qui fait la différence. John Lasseter conseille alors de creuser encore afin de rendre l'histoire plus profonde. Les scénaristes remettent ainsi leur storyboard sur l'établi. C'est alors que la clé scénaristique du récit est trouvée : il s'agit de faire des deux protagonistes, Anna et Elsa, deux sœurs ; cet élément permettant d'apporter beaucoup d'émotions et de rendre le récit attrayant pour le public contemporain...

Malgré cette trouvaille, la genèse du film s'avère délicate.
Chris Buck est chargé dans un premier temps de réaliser seul le long-métrage. Né à Wichita (Kansas), il a étudié l'animation de personnages à CalArts avant de commencer sa carrière chez Disney en tant qu'animateur sur Rox et Rouky en 1981. Il travaille ensuite sur l'animation du cartoon Fun with Mr. Future et celle du moyen-métrage Footmania pour Dingo ; sur le design des personnages du (Le) Petit Grille Pain Courageux ; sur l'animation d'Oliver & Compagnie ; sur le design des personnages de La Petite Sirène et de Bernard et Bianca au Pays des Kangourous. Sur Pocahontas, une Légende Indienne, sorti en 1995, il supervise l'animation de trois personnages : Percy (le chien de Ratcliffe), la mystique Grand-Mère Feuillage, et le domestique Wiggins. Il assume par la suite, avec Kevin Lima, sa première réalisation avec Tarzan en 1999. Après avoir été superviseur de l'animation sur le personnage de Maggie dans La Ferme se Rebelle, il quitte les studios Disney pour revenir à la réalisation dans le film Les Rois de la Glisse pour Sony Pictures Animation. Il revient donc aux studios Disney pour signer la réalisation de son troisième long-métrage.

Fin 2012, la Direction des studios Disney décide de lui adjoindre une coréalisatrice, en la personne de Jennifer Lee.
Elle a, pour sa part, rejoint Walt Disney Animation Studios en mars 2011 en qualité de scénariste pour la très récente comédie d'aventures Les Mondes de Ralph. Son adaptation du roman de John Steinbeck, Le Roi Arthur et ses Preux Chevaliers, sera ensuite produite par Troika Pictures. Elle a également un scénario original en développement chez Appian Way, la société de Leonardo DiCaprio tandis que Radiant Productions, la société de Wolfgang Petersen, a pris une option sur un autre de ses scénarios originaux, Lucid Dreams.

Le duo fonctionne bien ; chacun se complétant l'un, l'autre. Chris Buck amène en effet l'expérience et la connaissance des classiques 2D tandis que Jennifer Lee apporte, elle, la fraicheur de la jeunesse, une belle capacité d'émotion entre les personnages et surtout, une touche féminine. C'est inédit pour le souligner : elle est la première femme à devenir réalisatrice d'un film d'animation des Walt Disney Animation Studios. Une immense première ! Autre gage de qualité, comme Glen Keane avait été le lien entre l'animation 2D et 3D sur Raiponce, Disney a voulu conserver ici le même schéma avec La Reine des Neiges. Mark Henn, l'animateur de Tiana dans La Princesse et la Grenouille ou de Belle dans La Belle et la Bête, supervise donc pour La Reine des Neiges l'animation et fait en sorte qu'elle soit, même en 3D, d'une fluidité digne de la 2D.

Force est de constater qu'après tous ces atermoiements, l'histoire de La Reine des Neiges fonctionne à merveille. Elle est, en effet, un savant dosage entre émotion, instants magiques, émerveillements, moments épiques, action et humour. Les six personnages principaux et leurs réactions touchent ainsi, et tour à tour, le spectateur à un moment ou à un autre. L'émotion passe par l'amour entre les deux sœurs qui dégèlera plus d'un cœur tellement la relation est crédible et belle. Si c'est d'ailleurs l'élément central du film, l'émotion effleure aussi le spectateur via les autres personnages dont certains s'avèrent bien plus attachants qu'au premier abord. Un autre élément est également bien plus présent que dans Raiponce où il a été juste effleuré : la magie. La Reine des Neiges en déborde littéralement. Certaines scènes sont tout simplement spectaculairement emplies de beauté grâce à ce simple élément. Grands comme petits seront alors les yeux grands ouverts devant tant de magnificence. Mais ce n'est pas tout : le film dispose aussi de son lot de séquences de bravoure avec des combats contre des loups ou un monstre des Neiges parfaitement bien réalisées et haletantes de bout en bout. Le côté épique transparait également par l'ampleur de l'action et une utilisation ultime des décors. Enfin, l'humour reste bien présent grâce principalement aux petits personnages secondaires que sont Sven et Olaf mais aussi par des répliques bien sympathiques d'Anna, Kristoff ou Oaken.

La grande force de La Reine des Neiges est assurément à rechercher du côté de son propos et de sa morale. Comme dans tous les films de princesses Disney, le cœur du film est bien évidemment l'Amour ; mais ici l'amour principal n'est pas celui de la belle avec son prince charmant. Alors certes, la romance est bien présente mais celui qui touche réellement le cœur du spectateur reste l'amour fraternel. L'amour entre les deux sœurs est terriblement touchant tant il sonne vrai ! Les réalisateurs ont su parfaitement introduire la belle et forte relation qui s'est créée entre les deux jeunes filles et le pourquoi de la tragédie qu'elles vont vivre. La Reine des Neiges a ainsi une part de sombre via le côté torturé de ses deux protagonistes. Elsa, d'abord, qui cache et essaye de contrôler un terrible secret au fond d'elle-même mais également Anna qui tente de contrebalancer la tragédie par une joie de vivre et une candeur à toute épreuve. Dans ce cadre, tous les choix, bons ou mauvais, joyeux ou tragiques, que font les deux jeunes filles le sont toujours par amour ; un amour qui aura des conséquences pour tout un peuple ! Un amour qui touchera les spectateurs leur renvoyant leurs propres expériences familiales, en particulier celles de leur enfance.

Raiponce avait déjà franchi un cap dans l'animation des humains en animation assistée par ordinateur. Et malgré la beauté formelle de Rebelle, Pixar, en dépit de son avance dans la maitrise 3D, n'est pas parvenu à faire mieux que Disney sur ce plan là : l'élève ayant manifestement dépassé le maitre. La Reine des Neiges prouve ainsi indéniablement que les Walt Disney Animation Studios sont devenus les meilleurs sur ce pan. Aucun autre studio, Pixar et DreamWorks y compris, n'arrivent à donner un tel jeu d'expressions et d'émotions à leurs personnages. Mieux encore, Disney a trouvé un moyen, en calquant l'animation CGI sur l'animation traditionnelle, de donner une fluidité et un naturel qui fait beaucoup penser à l'animation 2D. Alors certes, pour Elsa et Anna, les artistes sont partis du même modèle facial que celui de Raiponce. Ce n'est d'ailleurs pas une première chez Disney, l'aspect de Cendrillon avait été repris de Katrina dans Le Crapaud et le Maître d'École comme Wendy dans Peter Pan vient d'Alice. Disney a - en réalité, et enfin ! - trouvé son style en animation assistée par ordinateur comme il l'avait fait en animation traditionnelle. Raiponce et La Reine des Neiges ont de la sorte la même ambition : donner aux Walt Disney Animation Studios, une identité visuelle forte et reconnaissable entre mille. Ainsi, les personnages ont des yeux expressifs et une animation très fluide sans que, pas une seule fois dans la version finale, le spectateur de La Reine des Neiges ne pense à Raiponce. Leur personnalité et leur animation, sans parler de leur voix, font que le public est totalement happé par Anna comme Elsa tant leur jeu et leurs expressions sont tout simplement extraordinaires.

Au-delà de l'animation des personnages, tout l'aspect technique de La Reine des Neiges frise le sublime. Pour le projet, les artistes de Disney sont ainsi partis en Norvège afin de s'inspirer de l'ambiance, des paysages mais aussi des habits et des motifs. Certains ont même poussé leur périple jusqu'en Laponie et le Grand Nord. De là, ressortent des images tout simplement magnifiques. Le spectateur ne peut alors qu'être impressionné par les habits que cela soit leurs textures ou les détails de leur broderie. Le bois est également très présent en intérieur comme en extérieur. Là aussi, l'apparence des demeures, des bateaux, des constructions, des chalets est incroyable. Enfin, vu son titre, un effort particulier a été mené sur le rendu de la neige. La poudreuse semble, alors, réelle à la fois moelleuse et légère. Les paysages sont tout aussi splendides avec une première dans un film d'animation de princesse Disney. Cette fois-ci, le château est en contrebas alors qu'auparavant ils ont toujours été surélevés. Ici, le palace d'Arendelle se situe, en effet, sur le bord d'un lac, entouré de fjords escarpés, comme si, le but était de le rendre (et à travers lui, la présence humaine) petit et vulnérable par rapport à la Nature. Autre point apportant plus de majesté aux images : l'utilisation du scope ! La Reine des Neiges devient donc le septième film des Walt Disney Animation Studios à proposer un format d'écran large après La Belle et le Clochard, La Belle au Bois Dormant, Taram et le Chaudron Magique, Atlantide, L'Empire Perdu, Frère des Ours en partie et Les Mondes de Ralph.

La Reine des Neiges surprend également par la force et la beauté de ses personnages remarquablement définis et extrêmement attachants, tous tourmentés qu'ils sont à divers degrés.
Elsa est peut-être le personnage le plus complexe jamais dépeint par les Walt Disney Animation Studios. Pas véritablement une héroïne, pas véritablement une méchante, elle est pourtant le cœur central du film. Elle est le personnage qui est à l'origine de l'action mais n'est pas forcément au centre de celle-ci. Sa grande richesse vient du tourment qu'elle vit en raison de son don, fantasmagorie de sa différence. Celui-ci va se muer en mal-être au fur et à mesure de son éducation, de la pression sociale mais aussi, et surtout, de son amour. Un jour, la pression sera donc trop forte au point de n'avoir que la fuite pour solution. La fuite permet en effet à Elsa de se libérer de ses carcans. Pour autant, sa liberté retrouvée n'est qu'une façade car elle ne fait que renvoyer le balancier de son existence dans l'autre extrême. Sa désormais grande solitude due à son profond sentiment de culpabilité la ronge peu à peu. Elle n'arrive décidément pas à s'accepter telle qu'elle est. Mais ce qui la rend vraiment touchante et en fait un personnage hors norme, c'est qu'au final, le rejet de sa sœur et de son peuple, repose sur son profond amour pour eux. C'est l'extraordinaire Idina Menzel qui donne en anglais (en français c'est Anaïs Delva) toute l'intensité dramatique au personnage, que cela soit dans ses prestations chantées ou parlées. Très connue à Broadway, récompensée notamment pour son rôle d'Elphaba dans le musical Wicked, ainsi qu'à la télé pour sa participation à la série Glee, sa dernière participation cinématographique remonte déjà en 2007 et chez Disney dans le rôle de Nancy dans Il Était une Fois. Il est fort à parier que le personnage d'Elsa sera analysé, décortiqué et adoré par les fans pendant de nombreuses années tellement il est riche et passionnant.
Anna, la sœur d'Elsa, est tout son contraire. Pleine de vie et d'optimisme, elle veut croquer la vie à pleines dents, alors même qu'elle est privée de sorties à cause de sa sœur. D'une naïveté et candeur sans borne, elle n'a pourtant pas froid aux yeux un instant. Bien qu'elle ne soit pas à l'origine de l'action, elle est, elle, toujours en action dans l'unique but de sauver sa sœur malgré elle. Car, elle a un profond amour pour son ainée en souvenir des moments de joie de son enfance. Anna est une héroïne plus classique pour Disney mélange de Raiponce et d'Ariel, pleine d'entrain, de courage et de rêve. Mais, c'est sa relation avec sa sœur qui la transcende et fait de son personnage un être ultra attachant. Son amour fraternel est sans borne et sans reproche. Elle part ainsi sauver Elsa car elle culpabilise d'être, pense-t-elle, à l'origine de sa colère. Kristen Bell lui apporte sa voix à la fois douce et malicieuse ; le spectateur (fan des productions de The Walt Disney Company) ayant déjà apprécié l'actrice dans le long-métrage de Touchstone Pictures, C'Était à Rome.
Kristoff est un personnage également ultra-attachant. Alors que le spectateur peut penser qu'il s'agit d'un simple montagnard bourru et un peu rustre, lui aussi est bien plus profond qu'il n'y parait. Avec pour seul ami son renne Sven, il a du mal à lier contact avec les autres. Les pieds sur terre, il va donc entreprendre l'aventure de sa vie en aidant la jeune Anna à sauver le royaume d'Arendelle. C'est Jonathan Groff, venu lui aussi de Broadway, qui donne toute sa force et chaleur à la voix du montagnard.
Hans est le séduisant prince d'un royaume voisin d'Arendelle qui vient assister au couronnement d'Elsa. Ayant 12 frères aînés, il a toujours été effacé au point d'en être quasiment invisible. Pourtant, il n'en reste pas moins très intelligent, perspicace et courtois. Il ne laisse d'ailleurs pas indifférent Anna. Il faut dire que leurs solitudes et expériences de vie similaires font se rapprocher les deux jeunes gens. Santino Fontana, un acteur de Broadway ayant joué entre autre dans Billy Elliot the Musical, apporte une douceur toute masculine au personnage.
Olaf est, pour sa part, un petit bonhomme de neige. C'est une création inconsciente d'Elsa en souvenir des bons moments passés avec sa sœur. De par ce fait, le personnage n'a rien du comique imposé que laissent penser les bandes annonces du film. Son existence est, en effet, due à l'amour des deux sœurs et son apparence comme sa naïveté adorable ramène tout ce beau monde à l'enfance. Sa présence permet ainsi des réflexions sur l'action avec un angle décalé et amusant tout en distillant un charme incroyable. Le spectateur ne peut que fondre devant ce petit bonhomme aussi drôle qu'émouvant. Josh Gad, connu pour son rôle de Elder Cunningham dans le musical de Broadway, The Book of Mormon, offre tout son talent à ce gentil personnage. En France, c'est Dany Boon qui en assume la responsabilité.
Comme dans tout Disney qui se respecte, le récit dispose d'un personnage de pantomime qui, sans dire un mot, sert à amuser la galerie. Ici, le rôle incombe à Sven, le renne de Kristoff ; le plus drôle étant d'ailleurs de voir son maitre et ami humain le singer. Mais Sven n'est pas simplement attachant par ses facéties : il émeut dans sa détermination à prendre soin de son maître voulant qu'il reste la personne forte et courageuse que lui seul connait.
Aux cotés de ces six rôles principaux, d'autres personnages secondaires viennent agrémenter le long-métrage à commencer par le Duc de Weselton, un partenaire commercial du royaume d'Arendelle ; Oaken, un marchand de la montagne ou encore les trolls.

Les chansons et la musique jouent un rôle primordial dans La Reine des Neiges comme cela n'a plus été le cas depuis Le Bossu de Notre-Dame. Dans sa construction musicale, l'opus se rapproche ainsi de Pocahontas, une Légende Indienne et de La Belle et la Bête. Il s'agit assurément d'une vraie comédie musicale avec des chansons dignes de Broadway à faire frémir n'importe quel spectateur. D'ailleurs, si La Reine des Neiges a bien un point où le film est largement supérieur à Raiponce, c'est à l'évidence dans ses chansons. Là où dans Raiponce, elles pouvaient paraitre plutôt passe partout et n'étaient pas inoubliables à la première écoute ; ici, toutes sauf peut-être une, restent instantanément dans les mémoires. C'est à Robert Lopez, et sa femme Kristen Anderson-Lopez, que l'opus doit tant de félicité musicale.

Le compositeur, né le 23 février 1975 à Greenwich Village à Manhattan, commence sa carrière en collaborant avec Jeff Marx sur les chansons et les musiques du fabuleux Musical, Avenue Q. C'est une comédie musicale atypique, utilisant des marionnettes inspirées d'1, Rue Sésame et utilisées là pour s'adresser à un public d'adulte. Joué d'abord off-Broadway, elle est bien vite transférée à Broadway où elle en profite pour gagner le Tony Award du Meilleur Musical tandis que Lopez et Marx emportent eux celui de la Meilleure Musique.
Robert Lopez est aussi à l'origine d'un show qui triomphe une fois encore à Broadway ainsi qu'à Londres : The Book Of Mormon qu'il a coécrit avec Trey Parker et Matt Stone et avec lequel il décroche à nouveau un Tony Award pour la Meilleure Musique. En 2007, il commence à collaborer avec The Walt Disney Company dans l'épisode 6 de la saison 6 de Scrubs : Toubib Or Not Toubib !, Ma Comédie Musicale, en signant quatre chansons. La même année, il travaille avec sa femme, Kristen Anderson-Lopez, sur les chansons de l'attraction théâtrale, Finding Nemo - The Musical qui ouvre le 24 janvier 2007 au Theater in the Wild à Disney's Animal Kingdom à Walt Disney World Resort  et s'y joue sans discontinuer depuis. Enfin, en 2011, Robert Lopez et son épouse participent à l'écriture de quatre des chansons du long-métrage des Walt Disney Animation Studios, Winnie l'Ourson.

Le film aligne pas moins de neuf chansons, dont une seule reprise, faisant de La Reine des Neiges, un des longs-métrages des Walt Disney Animation Studios disposant du plus grand nombre de chansons aux côtés de La Belle et la Bête, Le Bossu de Notre-Dame ou Pocahontas, une Légende Indienne. Mais comme il dure une demi-heure de plus, elles ne prennent jamais le pas sur l'action, l'humour ou l'émotion. Le dosage est ainsi parfait et ne rend pas les interprétations omniprésentes. Ce savant dosage offre un charme indéniable à l'ensemble de l'opus. Dès la première chanson, Frozen Heart (Le Coeur de Glace), le spectateur est tout de suite emporté par la dureté des terres scandinaves avec une introduction qui donne des frissons dès les premières minutes du film grâce à une musique et des images de mises en condition. Les chansons des sœurs deviennent ensuite le pivot du film. Il y a d'abord Do You Want to Build a Snowman ? (Je Voudrais un Bonhomme de Neige) qui montre l'évolution de la relation entre Anna et Elsa, puis For the First Time in Forever (Le Renouveau) qui met l'accent sur Anna, son incroyable optimisme et sa joie de vivre. Cette dernière sera d'ailleurs la seule chanson reprise au cours du long-métrage. Vient alors, Let it Go (Libérée, Délivrée), assurément l'une des plus belles chansons Disney écrites depuis le milieu des années 90. Dès son écoute, elle donne des frissons au spectateur. Elle est le point central du film, celui-là même où Elsa décide d'accepter enfin qui elle est vraiment, de vivre sa vie et de se libérer de ses entraves psychologiques. Le public du monde entier va adopter tout de go l'air et se l'approprier comme rarement tandis que les professionnels lui décernent le précieux Oscar 2014 de la Meilleure Chanson. Les quatre autres chansons qui viennent ensuite sont plus comiques là où les autres étaient dramatiques ou psychologiques : il y a ainsi la chanson d'amour très amusante, Love Is an Open Door (L'Amour est un Cadeau), la petite dissertation sympathique de Kristoff à Sven, Reindeer(s) Are Better Than People (Le Chant du Renne), la chanson très Broadway d'Olaf, In Summer (En Été), et la chanson des trolls, Fixer Upper (Nul n'est Parfait) ; cette dernière étant peut-être la plus décevante du lot, seulement réussie, jamais extraordinaire.

Si les chansons sont magnifiques, la musique elle, n'a rien à leur envier. C'est ainsi Christophe Beck qui s'occupe du score pour La Reine des Neiges.
Né en 1972 à Montréal au Canada, l'artiste est un compositeur canadien de musiques de films et de séries télévisées. Il est à l'origine notamment des bandes originales de la série Buffy Contre les Vampires mais aussi des films comme Very Bad Trip, en 2009 ou Percy Jackson : Le Voleur de Foudre, en 2010. Pour Disney, il a commencé par composer la musique des (Les) Muppets, Le Retour en 2011. Il reprend d'ailleurs ce rôle dans sa suite, Muppets Most Wanted en 2014. Mais, toujours pour Disney, Christophe Beck a surtout fait sensation en 2012 pour avoir signé la superbe musique de Paperman, le court-métrage oscarisé des Walt Disney Animation Studios.
Pour La Reine des Neiges, il a travaillé avec Frode Fjellheim afin de mieux transposer les chœurs et les sons norvégiens. Le morceau titré Vuelie est ainsi un mélange de chants lapons et d'hymnes norvégiens et danois. Dès les premières notes, ce morceau fait donc entrer le spectateur dans l'univers scandinave du film assurant d'emblée le dépaysement. Le reste de la musique est, quant à lui, bien plus classique. Il se marie toutefois à merveille avec les chansons. Christophe Beck a, en effet, travaillé main dans la main avec leurs auteurs pour mieux intégrer, dans la partition, les réminiscences des ritournelles chantées, et créer de la sorte un univers musical cohérent de la première à la dernière note.

Au final, et comme pour Raiponce, même si la gestation de La Reine des Neiges a été bien longue, sa production et son animation en elles-mêmes ont été plus que rapides. Alors qu'il faut environ quatre ans pour produire un film d'animation, relancé fin 2011, il n'en aura eu ici que deux ! Un délai qui reste à l'évidence extrêmement court pour ce genre de film ! Il s'agit ainsi pas moins qu'un des temps de production les plus courts dans l'histoire des studios Disney sachant que ceux des (Les) Mondes de Ralph et de Raiponce étaient déjà serrés. A croire que les Walt Disney Animation Studios travaillent mieux sous la pression. Il faut d'ailleurs comparer ce constat avec trois des dernières productions Pixar (Cars 2, Rebelle et The Good Dinosaur) où les aléas ont été plutôt chaotiques pour un résultat pas forcément à la hauteur des espérances pour les deux premiers, en tous les cas.

La Reine des Neiges est assurément un superbe Disney, un classique instantané, qui peut trôner facilement aux côtés de La Belle et la Bête et du (Le) Bossu de Notre-Dame. Ses personnages attachants mais torturés, ses décors magnifiques, sa superbe animation, et ses chansons extraordinaires en font un film ultime. Déjà supérieur sur de nombreux points, il doit cependant tout de sa suprématie sur Raiponce à sa partie musicale qui fait la différence livrant un musical assumé et magnifié.

Le public ne s'y trompe pas et réserve à La Reine des Neiges un accueil triomphal à travers le monde permettant au film de dépasser le milliard de dollars de recettes, écrasant tous ses mythiques concurrents sur son passage au point même de faire trembler le record établi par Toy Story 3. La critique elle aussi tombe sous le charme d'Anna et d'Elsa et accorde à leurs aventures une pluie de récompenses avec notamment le fabuleux duo constitué du Golden Globe et de l'Oscar du Meilleur Film d'Animation.

La Reine des Neiges est le superbe cadeau de Noël par excellence, apte à faire fondre le cœur de toute la famille, des enfants aux grands-parents. Un trésor !

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