Titre original :
The Lion King
Production :
Walt Disney Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 15 juin 1994 (Sortie Limitée à Los Angeles et New York)
Le 24 juin 1994 (Sortie Nationale)
Genre :
Animation 2D
IMAX
3-D
Réalisation :
Roger Allers
Rob Minkoff
Musique :
Elton John
Tim Rice
Hans Zimmer
Durée :
89 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Le lion Mufasa, Roi des animaux, et son épouse Sarabi donnent naissance à un héritier, Simba. Toute la Savane se réjouit. Toute la Savane sauf Scar, le frère de Mufasa, qui enrage de voir ainsi réduites à néant ses chances de monter, un jour, sur le trône. Il élabore aussitôt un bien sombre dessein visant à éliminer le lionceau décidément fort gênant...

La critique

rédigée par

Dans la famille des longs-métrages des Walt Disney Animation Studios, le 32ème du nom occupe une place toute particulière : d'abord parce qu'à dollars constants, Le Roi Lion est le plus gros succès de Disney de tous les temps (Toy Story 3 qui lui a soufflé sa première place au box-office en 2010 est un Pixar !) ; ensuite, parce qu'après lui, le monde de l'animation ne sera plus jamais comme avant...

Personne n'avait pourtant prédit l'incroyable succès du (Le) Roi Lion. A l'image de son illustre prédécesseur, Blanche Neige et les Sept Nains, le tout Hollywood ne se passionne, en effet, guère pour la sortie d'un film ne mettant en scène que des animaux de la savane. Les animateurs de Disney, eux-mêmes, n'ont d'ailleurs pas plus "senti" le coup venir, préférant se concentrer sur le Grand Classique suivant (Pocahontas, Une Légende Indienne) qu'ils jugeaient alors plus "noble". Clairement, lors de sa genèse, Le Roi Lion est vu comme un film de série B, un projet de second choix.

Les premières ébauches du film remontent au début de l'année 1989 quand Jeffrey Katzenberg lance un projet original basé sur un script qu'il a reçu via une candidature spontanée : l'histoire de lions dans la savane s'inspirant de la tragédie de William Shakespeare ; Hamlet. Les studios Disney ont, en effet, toujours présenté Le Roi Lion comme un projet original et non une adaptation directe d'un classique de la littérature : son staff insistant longtemps sur le fait que le scénario est l'œuvre de scénaristes maison. Cette affirmation, maintes fois répétées, n'empêche pas pour autant la polémique de naître, peu de temps après la sortie de l'opus, sur son étrange filiation avec Le Roi Léo d'Osamu Tezuka. Le tolet est d'ailleurs d'une telle ampleur que Disney se voit finalement contraint de présenter des excuses officielles en 2001, sans toutefois aller jusqu'à reconnaître un quelconque plagiat. Qu'en est-il réellement ? En comparant le manga original, lui-même mainte fois remanié de l'aveu de son auteur et dont il se désole d'avoir perdu les planches originales, quelques coïncidences frappantes apparaissent, il est vrai, ça et là, mais en nombre insuffisant pour pouvoir parler de copier-coller avéré. L'essentiel des similitudes réside dans le fait qu'il s'agit d'un lion en proie à l'aura à son père et au poids de son héritage. Ensuite, globalement, le film de Disney et le manga d'Osamu Tezuka, publié dans les années 50, sont somme toute assez différents. Si "inspiration" il y a eue, elle prend en réalité sa source dans l'anime sorti dans les années 60 et supervisé par son auteur. Nul ne saura jamais le sentiment d'Osamu Tezuka sur ce qui apparait aujourd'hui comme hommage indirect à son œuvre. Il y a fort à parier qu'il en aurait été flatté tant il avouait de son vivant être un fan absolu de Walt Disney ; leur rencontre lors de la Foire Internationale de New York de 1964 l'ayant beaucoup marquée. Il n'empêche ! Cela ne dédouane pas, après coups, les studios Disney de leur maladresse. S'ils se sont crus dispensés de mentionner la référence à l'anime, c'est, en effet, avant tout parce que l'animation japonaise est alors peu connue du public américain. Il y a là manifestement un déni de reconnaissance. Il est d'ailleurs amusant de noter que c'est en distribuant le studio Ghibli dans le monde occidental et en lui donnant, par la même, ses lettres de noblesses que Disney se voit finalement contraint de confirmer à un public devenu entre temps rompu aux chefs d'œuvres nippons, la filiation de son Grand Classique devenu mythique...

Roger Allers, le premier des réalisateurs sur le projet, est désigné en novembre 1991. Né en 1949, il commence sa carrière dans l'animation au sein du studio de Steven Liserberg, le réalisateur de Tron, pour lequel il signe quelques concept-art préliminaires. Il intègre après ça Disney en 1985 en qualité de scénariste sur Tron. Il y travaille ensuite sur l'histoire de chacun des projets animés des studios (La Petite Sirène, Le Prince et le Pauvre, Bernard et Bianca au Pays des Kangourous, La Belle et la Bête et Aladdin) avant de se voir finalement confier sa toute première réalisation sur Le Roi Lion. Il enchaine immédiatement sur un nouveau film épique, Le Royaume du Soleil mais s'en voit finalement écarté au profit d'un remaniement profond de l'œuvre qui se mue alors en Kuzco, L'Empereur Mégalo. Camouflet digéré, il participe aux scénarios de deux suites de DisneyToon Studios, Peter Pan 2 : Retour au Pays Imaginaire et Le Roi Lion 3 : Hakuna Matata, avant de réaliser le cartoon La Petite Fille aux Allumettes. Sans projet de taille, il se résout à quitter les studios Disney en 2005 pour rejoindre Sony Pictures Animation et réaliser Les Rebelles de la Forêt.
Sur Le Roi Lion, Roger Allers se voit adjoint en avril 1992 un co-réalisateur : Rob Minkoff. Né en 1962, il rentre aux studios Disney en 1985, la même année que son confrère. Il travaille alors à différents postes sur Taram et le Chaudron Magique, Basil, Détective Privé, Footmania pour Dingo, Oliver & Compagnie et La Petite Sirène puis fait ses débuts à la réalisation sur les cartoons de Roger Rabbit : Bobo Bidon et Lapin Looping. Après Le Roi Lion, il quitte les studios Disney et rejoint Sony Pictures pour y réaliser Stuart Little et Stuart Little 2, s'essayant ainsi aux films "Live". Il revient une dernière fois chez Disney en 2003, en qualité de réalisateur du longs-métrage -peu glorieux-, Le Manoir Hanté et les 999 Fantômes.

La gestation du (Le) Roi Lion se fait d'abord dans la douleur. Pour peaufiner les contours du projet, un groupe de scénaristes s'envole, en effet, pour le Kenya afin d'y mener de précieux repérages. De leur voyage, ils ramènent les idées de gigantisme et d'épique qui resteront fort heureusement dans l'œuvre finale. En revanche, le scénario retenu reste toujours bancal. Jeffrey Katzenberg s'en émeut puis tonne au point d'exiger pour King of the Jungle, (le titre d'alors) une "task force" composée des duos de scénaristes et réalisateurs originels aidés de leurs confrères venus de La Belle et la Bête, Gary Trousdale et Kirk Wise. Mais rien n'y fait : l'histoire ne parvient pas à décoller ! Seule la relation père / fils semble, en réalité, définitivement acquise, le reste demeurant laborieux. Il faudra finalement attendre un changement de scénaristes pour trouver la clé de l'ensemble : l'exil du héros et la création des personnages de Timon et Pumbaa. Tout s'emballe ensuite et permet au film de rentrer en production. Mais ces péripéties ont laissé des traces. Déjà, la sortie de l'opus est repoussée : prévue un temps en novembre 1993, elle est refixée à l'été 1994. Ensuite, le studio organise à tour de bras des projections tests, histoire de se rassurer un tant soit peu...

Recul aidant, les tergiversations du départ ont été terriblement profitables au projet ; les artistes réalisant pour lui le meilleur. Ils y abordent, en effet, des thèmes universels de façon totalement inédite chez Disney et les font résonner durablement dans le cœur des spectateurs. Le tout premier décès à l'écran d'un personnage disneyen emblématique bouleverse ainsi comme rarement le public. La réflexion sur la complexité du rapport père / fils, le poids des responsabilités, et au-delà l'exercice du pouvoir et de ses méfaits interpelle par ailleurs, tout autant que le traitement du sens de l'amitié et du respect de ses origines. Et que dire de l'audace visuelle entre un Scar, hitlérien jusqu'au bout des griffes et des hyènes nazillonnes sans états d'âmes si ce n'est qu'elle trouve son équilibre improbable à grands coups d'humour savoureux, servi par des personnages secondaires sublimés à l'image de Timon et Pumbaa, Zazu et Rafiki.

Si le scénario est considéré aujourd'hui comme l'un des plus solides des Grands Classiques Disney, sa partition musicale et chantée n'est pas en reste et peut se qualifier aisément de mythique. Elton John, sollicité spécialement pour l'occasion et aidé dans sa tâche par Tim Rice, le parolier des hits d'Aladdin, a en effet livré cinq magnifiques chansons. L'Histoire de la Vie (The Circle of Life) majestueuse à souhait, Je Voudrais Déjà Être Roi (I Just Can't Wait To Be King) superbement endiablée, Soyez Prêtes (Be Prepared) redoutable d'efficacité, Hakuna Matata, hymne mondial spontané et L'Amour Brille Sous les Étoiles (Can You Feel the Love Tonight ?) romantique par excellence ont, sans conteste, touché du doigt la perfection.
Mais la magnificence de la bande-son ne s'arrête pas à ses seules chansons. L'orchestration et les arrangements musicaux sont, il est vrai, tout autant somptueux. Hans Zimmer s'est littéralement surpassé sur le projet de sorte que Le Roi Lion ne peut plus aujourd'hui être désolidarisé de sa bande originale. Son idée de génie a été de mixer des sonorités africaines avec des chœurs chantées en zoulou, le tout dirigé et composé par le chanteur sud-africain Lebo M.
Phénoménal, le succès de la musique est tel qu'un second album, Rhythm of the Pride Lands, inspiré des chansons du film sort le 28 février 2005. A l'origine prévu pour un projet indépendant dirigé par le chanteur Lebo M., Disney en est tellement emballé qu'il décide de le sortir sous son label. La plupart des chansons y est chantée dans différentes langues et sonorités africaines. La beauté des titres fait qu'ils se voient repris, peu ou prou, dans tous les projets à venir sur Le Roi Lion comme ses suites vidéo, ses courts-métrages et même son musical de Broadway...

L'autre grande réussite du film réside à n'en pas douter dans sa galerie de personnages. Tous plus attachants les uns que les autres, ils ont ce don extrêmement rare de développer un énorme capital-sympathie dès les premières minutes de leur apparition et de le conserver bien au-delà de leur propre aventure.
Simba est le premier d'entre-eux. Principal personnage du film, interprété, à l'âge adulte, par Matthew Broderick en anglais et par Emmanuel Curtil en français, il est le fils de Mufasa et héritier légitime de ce dernier en tant que « Roi de la Terre des Lions » ; son nom lui venant du mot swahili « lion ». Lionceau turbulent et désobéissant, son voyage initiatique tout au long de l'opus en fait, à l'âge adulte, un monarque aussi sage et bienveillant que le fut son père. Ainsi, la véritable richesse du personnage lui vient du cheminement intérieur qu'il suit pour se défaire de son immense sentiment de culpabilité, persuadé qu'il est d'être responsable de la mort de Mufasa. Ce lien très fort qui lit les deux personnages, bien au delà de la mort, est assurément la plus belle trouvaille du film : elle a clairement bouleversé les spectateurs du monde entier.
Mufasa est le père de Simba. Son nom a pour origine le nom du dernier roi du Kenya. Régnant avec sagesse sur la Terre des Lions, il est aimé et respecté par ses sujets. Son principal ennemi se trouve d'ailleurs dans sa propre famille puisqu'il sera trahi et tué par Scar, son frère. D'allure fière et majestueuse, il est censé représenter l'inverse de ce dernier et mettre en valeur la fragilité des lionceaux. Sa voix renforce la sature du personnage qu'elle soit en anglais avec James Earl Jones ou en français avec Jean Reno.
Scar (ce nom vient de l'anglais « cicatrice ») est le frère cadet de Mufasa et l'oncle de Simba. Il est assurément le méchant principal de l'histoire. Il s'associe, en effet, à d'autres vilains, les hyènes, afin de se débarrasser du roi et du prince dans l'idée de prendre le pouvoir sur la Terre des Lions. Fourbe, machiavélique et cruel, il règne un temps en tyran avant d'être finalement destitué par Simba puis dévoré par ses alliées de circonstances, les hyènes. Le personnage est parfaitement abouti. Son animation, confiée à Andreas Deja, est tout d'abord sublime. La définition de son caractère est, ensuite, particulièrement développée. Enfin, certaines de ses scènes sont autant mythiques qu'ambitieuses : son gout pour l'apparat nazillon, son implacable jalousie, son incompétence à régner font que Scar est une superbe parabole sur les dérives du pourvoir. Son aura caractéristique sort d'ailleurs renforcée par sa voix roque, aussi impressionnante en anglais (Jeremy Irons) qu'en français (Jean Piat).
Autour de ces personnages principaux amenant toute l'intensité dramatique, une panoplie de rôles secondaires sert elle la touche comique du film.
Le plus drôle d'entre tous est clairement Timon. Jeune suricate à la personnalité très affirmée, manipulateur bienveillant, sûr de sa capacité d'analyse, il est le meilleur ami du phacochère Pumbaa. Ce dernier (dont le nom vient du swahili « étourdi », « désorienté ») brille, au delà de ses problèmes de flatulence, surtout par une intelligence tranquille dont il n'a même pas conscience et que Timon lui dénie. Tous deux sont à la recherche de confort et de bien-être et sont pour cela adeptes de la philosophie « Hakuna matata » (« sans soucis » en swahili). Dès lors, ils n'ont pour seul souci que celui d'éviter les problèmes...
Zazu est un calao à bec rouge occupant le poste de majordome royal. Fier d'exercer son rôle auprès de Mufasa, se sentant investi d'une mission divine, il conserve ses fonctions lorsque Scar devient roi, même s'il se voit confiner alors dans un rôle de subalterne. Successivement qualifié de « bec-de-banane » par Simba enfant et de « loufiat du Grand Manitou » par Shenzi, il reste toujours fiable. L'une de ses scènes les plus drôles est assurément celle où répondant à un vœux de Scar de le voir mettre de l'ambiance, il entonne It's a Small World, la fameuse chanson entêtante des parcs Disney.
Rafiki (du swahili signifiant « ami ») est un mandrill qui occupe le poste de « sage » de la savane. Omniscient (ou presque), il intervient ponctuellement pour aider un personnage en l'amenant à se poser sur sa vie, « les bonnes questions ». Sorcier à ses heures, il devient naturellement l'ange gardien et la conscience de Simba quand celui-ci doute de la voie qu'il a pris ou qu'il doit prendre.
Shenzi, Banzaï et Ed forment un trio de hyènes tachetées, affamées et présentées comme des sauvages par opposition aux lions civilisés. Elles obéissent ainsi à Scar plus par intérêt que loyauté. Chacune à une personnalité différente et très marquée. Shenzi, la femelle (doublée à merveille par Whoopi Goldberg), dirige le groupe ; vulgaire et dominante, elle a beaucoup d'influence sur ses compagnons. Banzaï, une hyène mâle, hait, par dessus tout, les lions, même s'il accepte de se faire dominer un temps par Scar. Ed, enfin, est le second mâle du trio : débile léger au sens clinique du terme, il ne parle pas et se contente d'approuver les initiatives des deux autres en riant de manière hystérique.
Enfin, le dernier personnage secondaire notable est Nala. Jeune lionne, amie d'enfance de Simba, elle est l'élément déclencheur du retour de ce dernier parmi les siens. Elle apporte également la touche romantique et féminine à un casting somme toute assez masculin.

Les éléments constitutifs du (Le) Roi Lion (ses personnages, sa musique, son histoire...) ne souffrent, à n'en pointer douter, d'aucune critique tant leur extrême qualité est évidente. Au-delà d'eux, la technique d'animation utilisée sur le film est, elle aussi, époustouflante. L'opus regorge, en effet, de scènes d'anthologie qui scotchent littéralement les spectateurs à leur siège. Sa séquence d'ouverture est notamment mythique ! D'un réalisme saisissant, digne de Bambi, accompagnée d'une chanson majestueuse et d'un animation parfaite, elle est épique au point de donner des frissons. Elle est d'ailleurs tellement forte que le studio décide de l'utiliser en guise de bande-annonce du film. Et force est de constater qu'elle a fait son effet sur la foule. L'autre séquence dantesque à souligner reste la débandade des gnous. L'utilisation pour elle de l'ordinateur (qui a manifestement gagné en précision à grands coups de bonds technologiques) restitue un moment criant de vérité, prenant et époustouflant. Vue au cinéma, cette scène est véritablement saisissante !

Fort de tous ses atouts, Le Roi Lion ne pouvait qu'être encensé par la Critique, et chose rare pour Disney, des deux côtés de l'Atlantique. L'opus croule, en effet, vite sous les prix. Recul aidant, les Oscars paraissent chiches en ne lui accordant les fameuses statuettes que pour la Meilleure Musique et la Meilleure Chanson (Can You Feel the Love Tonight ; deux autres titres ayant été aussi nommées : Circle of Life et Hakuna Matata). Les Golden Globes sont eux nettement moins timorés en lui décernant les prix dans les mêmes catégories mais également -et surtout- celui du Meilleur Film pour une Comédie ou Film Musical ; et ce pour la deuxième fois pour Disney après La Belle et la Bête. Le public, pour sa part, se rue dans les salles et fait de l'opus le second film de l'année 1994 aux Etats-Unis et le premier au niveau mondial. Le Roi Lion rapporte ainsi 783 millions de $ au niveau mondial dont 312 rien qu'aux USA ! Il demeure le film d'animation le plus rentable pendant près de 10 ans jusqu'à son détrônement en 2003 par Le Monde de Nemo. Il le reste toutefois à ce jour dans la catégorie des films d'animation 2D...

Le succès du (Le) Roi Lion porte en lui l'idée d'en faire une lucrative franchise pour Disney, en sortant pour cela parfois des sentier battus. L'exemple le plus flagrant est son adaptation en comédie musicale. Le show est produit par Walt Disney Theatrical Productions, et devient vite l'une des productions les plus populaires jamais conçus par cette structure Le spectacle est pensé pour Broadway mais d'abord présenté pour une période d'essai au Orpheum Theater de Minneapolis à partir du 8 juillet 1997. En raison de son excellent accueil, il est déplacé au New Amsterdam Theatre sur Broadway à New York à compter du 10 octobre de la même année même si officiellement sa grande première a lieu le 13 novembre 1997. Sa caractéristique principale est de combiner acteurs costumés en animaux et marionnettes géantes. Comme la précédente comédie musicale de Disney, La Belle et la Bête, le spectacle densifie sa partition en ajoutant de nombreuses chansons par rapport à son film de référence comme L'Écho du Matin chantée par Zazu ; Shadowland, adaptée de Lea Halelela et initialement composée pour le disque Rhythm of the Pride Lands ou One By One, également issu du même album. Le succès est immédiat aussi bien auprès du public que de la Critique. Il rafle pas moins de onze nominations aux Tony Awards et en remporte six, dont Meilleure Comédie Musicale, et Meilleur Metteur en Scène attribué, pour la première fois, à une femme : Julie Taymor. Non seulement, le spectacle n'a pas quitté l'affiche depuis sa création, mais des versions ont vu le jour dans de nombreux pays et langues. Toutes adaptations confondues, il a été vu par plus de 34 millions de personnes dans plus de 18 000 représentations à travers le monde. En octobre 2007, sa version française débarque au Théâtre Mogador à Paris. L'adaptation est l'œuvre de Stéphane Laporte et reste assez proche de la version originale même si le fait de ne pas avoir repris les paroles françaises des chansons du film est une hérésie en soi, au regard de leurs grandes qualités originelles. Le spectacle tire le rideau en juillet 2010 après près de 1 000 représentations et 1 300 000 spectateurs, un exploit inégalé dans la capitale française pour ce genre de productions...

La franchise se décline également sur des formes plus conventionnelles comme des jeux vidéos, des produits dérives et des adaptations dans les parcs à thèmes via des spectacles, attractions ou parades. Mais c'est en audiovisuel qu'elle s'est fait la plus dense. Les studios commencent en 1995 par la série Timon & Pumbaa - Les Héros du Film Le Roi Lion. Produite par Walt Disney Television Animation, elle comprend 85 épisodes doubles répartis sur quatre saisons. Elle est diffusée entre le 8 septembre 1995 et le 9 novembre 1996 sur CBS puis sur Disney Channel. La branche film de Walt Disney Television Animation, qui deviendra DisneyToon Studios, produit, quant à elle, deux suites pour le marché de la vidéo : Le Roi Lion 2 : L'Honneur de la Tribu (1998) et Le Roi Lion 3 : Hakuna Matata (2004). Enfin, le court-métrage One By One, réalisé par les Walt Disney Animation Studios, et prévu à l'origine pour faire partie du film Fantasia 2006 sort finalement via des festivals puis en vidéo à l'occasion de la ressortie, en 2004, en DVD du (Le) Roi Lion 2 : L'Honneur de la Tribu.

Après la sortie remarquée de l'édition spéciale de La Belle et la Bête en 2002, Disney remet ça l'année suivante avec Le Roi Lion, son film le plus lucratif. Cette édition collector s'accompagne alors de deux expériences nouvelles :
L'une est d'abord technique puisque le film ressort pour l'occasion en salles, uniquement équipées en IMAX, l'écran géant par excellence. Cette technologie utilise les pellicules les plus larges au monde (10 fois la taille du 35 mm) et nécessite, pour un rendu optimal, un écran huit fois plus grand qu'à la normale, s'approchant des dimensions d'un terrain de football ; le tout, bien sûr, accompagné d'un son d'une pureté incroyable, capable d'emmener le spectateur au cœur de l'action.
L'autre est ensuite narrative puisque, pour la seconde fois dans l'histoire du studio, un film est retouché pour lui fournir une nouvelle scène, originairement coupée au montage lors de son élaboration, et ce, bien avant sa première sortie. Il s'agit de la chanson Le Rapport du Matin, déjà reprise dans la comédie musicale de Broadway. Cette séquence reste toutefois assez anecdotique et n'apporte pas grand chose au récit si ce n'est un doublage différent au sein du même film (quelle horreur !) et une légère dénaturation de la personnalité de Zazu. En dehors de ce changement criant, quelques petites retouches sont également apportées à l'œuvre comme la refonte graphique des crocodiles de la chanson I Just Can't Wait To Be King ou la révision de certains effets spéciaux...

En 2011, pour la première sortie en Blu-Ray du (Le) Roi Lion, les studios Disney prévoit une nouvelle expérience. Ils souhaitent, en effet, proposer le film parallèlement au cinéma mais en trois dimensions afin de lui redonner un coup de jeune. Si la 3-D s'avère globalement inutile, voire déstabilisante (elle est assurément moins évidente, dans l'esprit, pour un film d'animation traditionnelle au contraire d'un film en CGI), elle permet d'apprécier le film en version numérique magnifiant ainsi les décors. Une chose est sure, comme pour La Belle et la Bête, Le Roi Lion est encore un des seuls grands classiques des studios Disney à pouvoir prétendre à une ressortie au cinéma avant sa remise en vente sur le marché de la vidéo. Pratique courante jusqu'au milieu des années 90, elle s'est, en effet, arrêtée avec le développement des supports VHS, DVD et aujourd'hui Blu-Ray.

Si Le Roi Lion marque artistiquement Disney, il porte en lui un bouleversement, interne et externe, qui va profondément révolutionner le monde de l'animation tout entier et ébranler les fondements du studio. Comme le décrit très bien le documentaire Waking Sleeping Beauty, le film marque, en effet, la fin du troisième âge d'or du studio aux grandes oreilles. La direction de Disney se déchire alors sous fond d'une guerre d'égos qui amène le départ de Jeffrey Katzenberg. Parti créer DreamWorks avec David Geffen et Steven Spielberg, il ambitionne publiquement de tailler des croupions à Disney, jusque là bien tranquille dans l'univers de l'animation. Son départ va ainsi, petit à petit, semer le doute chez les animateurs du studio de Mickey, qui, pressés comme des citrons pendant une décennie pour sortir des films toujours plus beaux et toujours appréciés du public, sont en mal de reconnaissance et courtisés par ailleurs. Le succès planétaire du (Le) Roi Lion fait, en effet, naître chez d'autres studios de nouvelles vocations pour l'animation. DreamWorks bien-sûr, mais aussi la Fox, Sony ou Warner investissent le genre 2D ou 3D, avec certes plus ou moins de réussites mais toujours, comme conséquences, de faire perdre un peu plus à Disney sa suprématie naturelle. Le couperet ne met d'ailleurs pas beaucoup de temps à tomber. La Walt Disney Company acte, purement et simplement, l'arrêt de l'animation en 2D, jugée peu rentable et boudée par le public. Après une timide renaissance avec La Princesse et la Grenouille (2009) et un mauvais résultat pour Winnie l'Ourson (2011), son avenir demeure toujours autant incertain...

Envisagé à l'origine comme un simple film de série B par son propre studio, Le Roi Lion a pris tout le monde par surprise : créateur, critique et public ! Contre toute attente, il est devenu le film emblème de la renaissance de Disney des années 90, tant au point de vue artistique que commercial. Il est un chef d'œuvre qui a bouleversé les spectateurs du monde entier et qui reste aujourd'hui parmi les plus grand films du label Walt Disney. Une véritable pépite !

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