Burny Mattinson
Date de naissance : Le 13 mai 1935 Lieu de Naissance : San Francisco, en Californie, aux États-Unis Date de Décès : Le 27 février 2023 Lieu de Décès : Canoga Park, Los Angeles, en Californie, aux États-Unis |
Nationalité : Américaine Profession : Animateur Artiste de Layout Scénariste Producteur Réalisateur |
La biographie
Un jeune coursier sans aucune formation artistique qui devient un dessinateur prolifique et le créateur de séquences d’animation d’anthologie... Cette histoire pourrait s’apparenter à l’un de ces contes de fées dont Disney a le secret. Cette histoire, en réalité, est bien réelle. C'est celle de Burny Mattinson, artiste incroyable et rayonnant qui, durant près de soixante-dix ans – un record ! – illumina de son talent le département animation des studios de Mickey.
Burnett Anthony (Burny) Mattinson, Jr. voit le jour le 13 mai 1935 à San Francisco. D’origine canadienne, son père, Bernie, est batteur dans le groupe de jazz formé par Horace Heidt. Sa maman, quant à elle, travaille un temps dans un cinéma de San Jose. Le petit garçon a six ans lorsqu’il vit l’une de ses toutes premières expériences cinématographiques. Assis dans la grande salle de l’Orpheum Theatre, il découvre alors Pinocchio, le deuxième grand classique animé des studios Disney. Émerveillé et parfois effrayé, Burny vit ainsi une expérience mémorable. Pinocchio, Jiminy Crickey, la Fée bleue, le duo de gredins Gédéon et Grand Coquin, le terrible Stromboli ou bien encore l’imposante Monstro s’ancrent dans sa mémoire. Immédiatement, le dessin devient son nouveau passe-temps. Dans les marges de ses cahiers d’écolier, il fait revivre les personnages emblématiques de Disney.
En 1945, après la dissolution du groupe d’Horace Heidt, la famille Mattinson quitte San Francisco et s’installe à Los Angeles. Comme sa sœur cadette, Doralee, Burny ouvre de grands yeux au moment d’arriver dans la capitale du cinéma. Les grands studios sont pour lui un véritable eldorado. L’entrée des studios Disney, avec leur mat au sommet duquel flotte la Bannière étoilée et le contrôle de sécurité surplombé par la pancarte portant la mention « Walt Disney Productions » suffisent à éveiller son imagination. Adolescent, Mattinson poursuit ses études. Lorsque sa mère lui demande alors ce qu’il compte faire une fois son diplôme en poche, Burny Mattinson ne réfléchit pas longtemps. « Je vais peut-être tenter ma chance chez Disney », lui répond-il, des étoiles plein les yeux et le sourire jusqu’aux oreilles. Dubitative, Madame Mattinson dépose donc Burny devant l’entrée des studios. Son portfolio sous le bras, l’artiste amateur montre quelques dessins à l’agent de sécurité posté là pour filtrer les allées et venues. Amusé par ce gentil jeune homme qui se présente à lui et surtout impressionné par la qualité de ses dessins, l’officier prend sur lui de décrocher son téléphone et d’appeler Ken Seiling, le responsable du personnel. Autorisé à entrer, Burny Mattinson rayonne de bonheur. Malheureusement pour lui, les effectifs ayant été considérablement réduits, aucun poste n’est pour l’heure à pourvoir au sein du département animation. En revanche, l’entreprise est toujours à la recherche de jeunes coursiers pour trier le courrier et acheminer les documents d’un bout à l’autre du campus. Ce n’est pas ce que Mattinson souhaite faire, bien sûr. Mais c’est néanmoins une occasion en or de travailler chez Disney et, pourquoi pas, de percer un jour.
Entré par la petite porte, Burny Mattinson débute ainsi sa carrière aux studios Disney le 4 juin 1953. Son rôle consiste notamment à distribuer les chèques de paye aux différents employés. Traverser les couloirs des différents départements est une belle opportunité pour découvrir les projets en cours. Passer la tête par une porte entrouverte est une merveilleuse chance d’admirer les travaux des uns et des autres. Durant ses courses, Mattinson peut également apercevoir les plateaux de tournage de films comme 20 000 Lieues Sous les Mers. Son travail lui donne enfin l’occasion de croiser des figures incontournables de la compagnie et des vedettes comme Kirk Douglas, James Mason ou Fred MacMurray. Deux ou trois jours seulement après son arrivée, Burny Mattinson croise même Walt Disney dans l’ascenseur. « Bonjour, Monsieur Disney », lance-t-il, intimidé. « Fils, moi, c’est Walt », répond alors le papa de Mickey que Mattinson retrouve chaque vendredi dans son bureau. Comme n’importe quel collaborateur de l’entreprise, Walt Disney reçoit en effet chaque semaine son salaire. Mattinson est alors chargé de prendre le chèque et de le porter à la cheffe comptable Jo Sears afin que celle-ci l’encaisse. Le jeune homme doit alors faire le chemin inverse et rapporter les trois-cents dollars en liquide que Walt glisse dans son portefeuille pour les dépenser à sa guise en attendant la prochaine paye, la semaine suivante !
Pour Mattinson, chaque jour passé aux studios Disney est le plus beau jour de sa vie ! Mais le jeune homme n’est pas au bout de ses surprises. En 1953, les studios travaillent sur plusieurs projets, en particulier La Belle au Bois Dormant et La Belle et le Clochard. Si le premier film est ambitieux avec son style graphique si détaillé imaginé par Eyvind Earle, il souffre néanmoins de retards conséquents. La création des décors est laborieuse. Le script est plusieurs fois revu. En attendant de lancer le processus d’animation, les dessinateurs s’attèlent pour l’heure à donner vie aux personnages de La Belle et le Clochard. Pour ce faire, ils ont besoin d’être épaulés par une armée de petites mains. Six mois seulement après avoir été embauché, et malgré le fait qu’il ne possède aucune formation artistique, Burny Mattinson se retrouve lui-même assis devant une table de dessin. Placé sous les ordres de Johnny Bond, il apprend alors le métier d’intervalliste qui consiste à compléter les séquences animées conçues par les animateurs. Dans la même équipe que Ken O’Brien en charge des personnages de Jim et Darling, il s’occupe aussi de mettre leurs dessins au net. Après La Belle et le Clochard et le court-métrage Paul Bunyan, Burny Mattinson intègre l’équipe de Marc Davis et collabore avec Johnny Walker sur le personnage d’Aurore, l’héroïne de La Belle au Bois Dormant. Lorsque Walker quitte les studios, Mattinson récupère sa place d’assistant animateur. Ainsi promu, il travaille sur la grande méchante, Maléfique. Durant la production, il commence à sortir avec l’une de ses collègues, Sylvia Fry, qu’il épouse le 23 mars 1962. Le couple aura trois enfants.
Déçu par les résultats mitigés de La Belle au Bois Dormant, Walt Disney consent malgré tout à lancer la production d’un nouveau long-métrage animé, et ce contre l’avis de son frère Roy et des comptables des studios qui pointent du doigt le coût de ce genre de production. Son choix se porte alors sur Les 101 Dalmatiens, d’après l’œuvre de Dodie Smith. Retrouvant un temps son modeste poste d'intervalliste, Burny Mattinson dessine ainsi des centaines de chiots. Aux côtés de Marc Davis, il prend un plaisir fou à mettre au propre certains plans de Cruella d’Enfer. Il apprend surtout que l’animation, « c’est 25% de dessins et surtout 75% de réflexion avant de commencer à tracer quoique ce soit sur sa feuille. Il faut en effet d’abord penser à la meilleure manière de représenter les personnages, à leurs déplacements sur le papier puis sur l’écran. La chose importante à retenir à propos d’une bonne animation, c’est que le mieux est l’ennemi du bien. Faire trop bouger les personnages est le signe d’un véritable amateurisme. Il faut consacrer tous ses efforts à créer des actions les plus subtiles et soignées possibles afin de faire passer les informations clairement mais également de manière divertissante ».
Également chargé d’illustrer l’adaptation de La Belle au Bois Dormant parue dans la collection des (Les) Petits Livres d’Or, Burny Mattinson passe bientôt sous les ordres d’Andy Engman. Impliqué sur le court-métrage Goliath 2, il intègre ensuite l’unité d’Eric Larson dont il devient l’un des assistants durant douze ans. À l’époque, celui-ci travaille sur les épisodes animés de l’émission Walt Disney’s Wonderful World of Color présentés par le canard excentrique Ludwig Von Drake. Considérant Larson comme un « second père », Mattinson l’assiste également durant les productions de Merlin l’Enchanteur, Mary Poppins, Le Livre de la Jungle, Les Aristochats et le court-métrage C’est Pas Drôle d’Être un Oiseau.
Dans les années 1970, le département animation des studios Disney n’est plus que l’ombre de lui-même. Ses fondateurs, Walt et Roy, étant à présent décédés, la compagnie souffre d’un marasme qui impacte largement les réalisations en cours. Mais la nouvelle direction mise en place sous l’égide de personnalités telles que Ron Miller, Card Walker et Donn Tatum souhaite malgré tout préserver l’héritage des frères Disney et continuer de faire vivre la branche animation. Un programme de formation interne est alors mis en place afin de former une nouvelle génération d’artistes qui, le moment venu, prendra la relève. Eric Larson fait en particulier partie des formateurs tout comme ses collègues Frank Thomas, Ollie Johnston, Milt Kahl, John Lounsbery ou encore Wolfgang Reitherman qui, dès le début des années 1960, avait pris un poste de réalisateur. Burny Mattinson saute alors sur l’occasion et s’inscrit à ce programme de huit semaines. Pour ce faire, il réalise un test d’animation mettant en scène le Prince Jean de Robin des Bois. Fructueux, cet essai lui permet finalement d’obtenir un poste d’animateur à part entière.
Aux côtés d’Ollie Johnston, Burny Mattinson œuvre ainsi sur le moyen-métrage Winnie l’Ourson et le Tigre Fou dans lequel il anime certaines apparitions de Maman Gourou, Petit Gourou, Tigrou et Coco Lapin. Remarqué par Frank Thomas, il lui est ensuite demandé de travailler sur Les Aventures de Bernard et Bianca. Mattinson développe alors certains storyboards, en particulier ceux de la séquence du générique joliment mise en image par Mel Shaw. Salué pour sa créativité, l’artiste storyboarde ensuite certaines scènes de Peter et Elliott le Dragon, du (Le) Petit Âne de Bethléem et de Rox et Rouky. « Les storyboards donnent en quelque sorte la direction que doit prendre le film », explique Mattinson, « Ce sont eux qui disent où la caméra doit être placée, ce qui se passe à l’écran, ce qui doit être gardé ou coupé. C’est le plan directeur d’un film ».
Avec Mel Shaw et Joe Hale, Burny Mattinson planche également dès la fin des années 1970 sur Taram et le Chaudron Magique, l’adaptation des deux premiers tomes des (Les) Chroniques de Prydain. Il se charge alors en particulier de la séquence d’introduction avec les personnages de Taram et Dalben. Mais tout ne se passe pas comme prévu. Durant une réunion, Mattinson voit son travail être sévèrement critiqué par la direction des studios qui estime que ladite introduction est complètement ratée. Pourtant affable, Burny Mattinson écoute pendant un bon moment les reproches qui lui sont faits avant, finalement, d’exploser de colère. Incapable de se contenir, il vide son sac avant de quitter la pièce et de rentrer chez lui. Persuadé d’avoir ruiné sa carrière, il est finalement encouragé par sa femme, Sylvia, à réagir. Pour le faire sourire, ses collègues décident de lui faire une petite blague en donnant le nom de « Burny » au chien agressif de l’un des hommes de main du Seigneur des Ténèbres !
De retour au bureau, Burny Mattinson décide de laisser derrière lui cette mauvaise expérience. À la place, il fait le choix de se concentrer sur un autre projet qui lui tient davantage à cœur. En 1974, Disneyland Record avait en effet édité An Adaptation of Dickens’ Christmas Carol Performed by the Walt Disney Players, un livre-disque reprenant le classique de la littérature Un Chant de Noël de Charles Dickens avec Picsou dans le rôle de Scrooge, Mickey dans celui de Bob Cratchit et Dingo en Fantôme de Jacob Marley. Pour Mattinson, cette histoire mérite absolument d’être portée à l’écran. Surtout, c’est une occasion en or de réunir les vedettes emblématiques des studios, Mickey, Minnie, Donald, Dingo et Pluto dont les carrières sont en berne depuis des années. Encouragé par sa femme, il écrit ainsi une petite lettre de motivation qu’il envoie à Ron Miller accompagnée du livre-disque. Le lendemain, ce dernier convoque Mattinson. Persuadé qu’il va lui passer un savon, quelle n’est pas sa surprise d’apprendre que Miller valide l’idée. Burny Mattinson est promu réalisateur de ce qui doit alors devenir un petit téléfilm animé de vingt-quatre minutes prévu pour Noël 1982. Une grève des animateurs retarde toutefois la production de plusieurs mois. Le Noël de Mickey est finalement achevé en 1983 et diffusé en salle en avant-programme d’une ressortie des (Les) Aventures de Bernard et Bianca. Animé par la jeune garde, notamment Glen Keane, Mark Henn, Ed Gombert, Dale Baer, John Lasseter, David Block et Randy Cartwright, le moyen-métrage est unanimement salué par la critique. Mieux, il décroche une nomination à l’Oscar du Meilleur Court-Métrage d’animation !
Le succès du (Le) Noël de Mickey conforte la position de Burny Mattinson qui obtient un poste de réalisateur sur le grand classique animé suivant, Basil, Détective Privé. Il collabore alors avec trois autres metteurs en scène, John Musker, Ron Clements et David Michener. Il s’entoure en outre une fois de plus de la jeune génération qui donne vie à des personnages hauts en couleur. Mattinson passe également de super moments à diriger les comédiens choisis pour incarner les différents protagonistes. Les séances d’enregistrement avec Vincent Price, qu’il a lui-même choisi pour être la voix du Professeur Ratigan, sont notamment des moments inoubliables. Celles de la partition d’Henry Mancini, lui aussi engagé par ses soins, sont tout aussi merveilleuses. Burny Mattinson apprend par ailleurs durant la production du film que l’équipe dirigeante des studios vient d’être débarquée. Ron Miller fait partie de la charrette. Immédiatement, une nouvelle direction arrive avec comme membres le triumvirat Michael Eisner/Frank Wells/Jeffrey Katzenberg et Roy E. Disney qui, devenu responsable du département animation des studios, rétrocède son poste de producteur à Mattinson.
Devenu une figure de proue de l’animation Disney, Burny Mattinson ne cache pas, cependant, que ses fonctions de producteur et de réalisateur ne sont pas si amusantes que cela. L’artiste trouve en effet que diriger un film est une tâche laborieuse. Ce qu’il préfère, lui, c’est dessiner et concevoir des séquences. « Ce qui est le plus amusant », expliquait-il, « c’est de plonger au cœur de tous ces mondes, de prendre un personnage et d’imaginer dans quel univers il évolue, où il va, ce qu’il s’apprête à faire, ce qu’il ressent à l’instant précis. Il faut essayer d’entrer dans sa tête, dans son esprit. Mais le plus important dans tout cela, c’est de s’amuser ! Si vous vous amusez en faisant ces films, alors ça marche ». Parfois déçu de voir son travail critiqué et jeté par Jeffrey Katzenberg qui ne mâche pas ses mots quand une séquence ne lui plaît pas, Burny Mattinson délègue dès lors une bonne partie de ses missions de réalisateur à Musker, Clements et Michener qui, en fin de production, chapeautent l’essentiel des travaux sur Basil, Détective Privé. Laissant ses collègues finir le film sans lui, Mattinson peut par ailleurs davantage prendre soin de son épouse, Sylvia, qui décède le 16 juillet 1986 à seulement cinquante-trois ans...
En 1988, Burny Mattinson est chargé de réaliser une courte séquence animée pour la soixantième cérémonie des Oscars. Au cours de la soirée, le prix du Meilleur Court-Métrage animé est en effet remis par le comédien Tom Selleck accompagné sur scène par Mickey Mouse. Entouré d’une toute petite équipe formée par Nancy Beiman et Mark Henn, Mattinson ajoute également quelques plans avec Minnie, Donald et Daisy, assis dans le public. Durant la production d’Oliver & Compagnie, l’artiste s’envole ensuite pour la Floride afin de diriger le département courts-métrages des Disney-MGM Studios. À la recherche de nouveaux projets pour les stars maisons, il ressort notamment des cartons Plight of the Bumblebee, un ancien script avec Mickey Mouse. Mais Mattinson essuie malheureusement un refus de Jeffrey Katzenberg qui ne souhaite pas relancer la réalisation de ce court-métrage qui, de fait, est de nouveau remisé au placard. La souris fait cependant son retour sur les écrans dans Le Prince et le Pauvre dont Mattinson signe quelques storyboards.
De retour aux studios de Burbank, Burny Mattinson travaille comme artiste de storyboard sur tous les longs-métrages ayant contribué au renouveau de l’animation Disney : La Belle et la Bête, Aladdin et Le Roi Lion. Il collabore alors avec le vétéran Joe Grant qui, en son temps, avait œuvré sur Dumbo. Il retrouve aussi Vance Gerry avec qui il avait conçu le générique des (Les) Aventures de Bernard et Bianca. Surnommés avec humour « la Gériatrie » par les collègues plus jeunes, tous les trois planchent sur des dizaines de projets. Mattinson est en particulier associé aux productions de Pocahontas, une Légende Indienne, Le Bossu de Notre-Dame, Mulan, Tarzan et Kuzco, l’Empereur Mégalo.
Choisi pour recevoir un Winsor McCay Award lors de la cérémonie des Annie Awards organisée en 1996, Burny Mattinson réfléchit à la même époque à une autre histoire, Bitzy, ou les aventures d’un éléphant d’Inde déraciné de sa jungle pour être envoyé à Hollywood. Il est également un temps attaché à l’écriture de Dumbo II, la suite du classique de 1941 finalement annulée par John Lasseter au moment de sa nomination à la tête du département animation. Mattinson ajoute enfin sa patte au script de Comment Brancher son Home Cinéma, un nouveau cartoon avec Dingo.
Marié en secondes noces avec Ellen Siirola, Burny Mattinson reçoit un Disney Legends Award en 2008. Ce prix récompense alors cinquante-cinq ans de bons et loyaux services. « Plus de cinquante ans, c’est sacrément long », déclare alors l’artiste, « Mais dans ma tête, j’ai l’impression d’être encore et toujours ce jeune homme de dix-huit ans arrivé ici en 53. Je n’ai jamais eu l’impression de vieillir ! ». Âgé de soixante-treize ans, Mattinson est bien décidé à ne pas raccrocher les gants. Il souhaite en effet poursuivre sa collaboration avec les studios. En 2009, les réalisateurs Stephen J. Anderson et Don Hall lui proposent ainsi de superviser la création des storyboards de Winnie l’Ourson. Heureux comme un pape, Mattinson retrouve ainsi les habitants de la Forêt des Rêves Bleus qu’il avait déjà animés près de trente-cinq ans plus tôt. Proposé en salle en 2011, le nouveau long-métrage avec le célèbre ourson partage l'affiche avec le court-métrage La Ballade de Nessie de Stevie Wermers-Skelton et Kevin Deters auquel contribue également Mattinson en tant que scénariste. En mars 2011, il travaille ensuite sur une idée de long-métrage avec Mickey Mouse. En parallèle, Don Hall et Chris Williams l’associent à la production des (Les) Nouveaux Héros. Mattinson est aussi impliqué dans l’écriture de Ralph 2.0.
Invité à parler de sa prolifique carrière au cours de nombreuses conventions, expositions et autres festivals, Burny Mattinson voit malgré tout le poids des années peser de plus en plus sur lui. Résident à présent au sein du Canyon Oaks Nursing and Rehabilitation Center, une maison de repos située à Canoga Park, dans la vallée de San Fernando, il continue cependant de travailler, son ami Don Hall lui offrant notamment de participer à la création d’Avalonia, l’Étrange Voyage. Il s’agit alors de l’ultime long-métrage de la longue filmographie de Burny Mattinson qui, malade, s’éteint le lundi 27 février 2023. Il avait quatre-vingt-sept ans et était sur le point de fêter ses soixante-dix ans de carrière chez Disney, un record absolu !
« Disney a toujours été un endroit très familial », expliquait Burny Mattinson, « Je pense que c’est ce qui fait sa richesse. La famille. C’est exactement ce que Walt voulait, à l’époque. Il était de la famille ». Dès l’annonce de son décès, plusieurs membres de la « famille » ont alors témoigné de leur émotion et exprimé toute leur gratitude.
« Au cours de ces sept décennies, le talent artistique, la générosité et l’amour que Burny avait pour l’animation Disney et toutes ces générations de conteurs qui ont passé nos portes nous ont tous rendus meilleurs », explique notamment Jennifer Lee, la présidente des Walt Disney Animation Studios, « Grâce à lui, nous sommes de meilleurs artistes, de meilleurs techniciens et de meilleurs collaborateurs. Chacun de ceux qui ont eu l’honneur de le connaître et d’apprendre de lui continueront de faire vivre son héritage ».
« Pendant trente ans, j’ai eu le privilège de travailler avec Burny Mattinson », explique pour sa part le réalisateur Don Hall, « J’ai été émerveillé par son talent. J’ai adoré son humour. Je l’ai écouté avec ravissement parler de l’histoire de Disney. Durant soixante-dix ans, il a savouré chaque jour son rêve de travailler pour les studios tout en inspirant chacun de ceux qui ont eu la chance de suivre sa trace. Je l’aime profondément ».
“Burny a contribué au renouveau de l’animation Disney », ajoute l’animateur Eric Goldberg, « Il a tout fait ici, aux studios : assistant, animateur, scénariste, producteur et réalisateur de tant de films ayant laissé une marque indélébile sur la perception que chacun a de la philosophie Disney. Burny était discret, charmant, inventif et admirablement doué en tant que dessinateur et conteur. Ses storyboards étaient magnifiquement réalisés. Je l’ai rencontré pour la première fois lorsque j’ai rejoint les studios pour travailler sur Aladdin. Et plus je voyais son travail, plus j’étais impressionné par l’étendue de son talent. J’ai apprécié son amitié joyeuse et son inspiration. Il nous manque déjà mais nous ne l’oublierons pour autant jamais ».
Caricature d'Eric Larson, Burny Mattinson et Joe Grant réalisée par John Musker
« Burny Mattinson était un dessinateur chevronné et un collaborateur très généreux », écrit John Musker, « Il souriait invariablement. Même lorsque Jeffrey Katzenberg a balancé nos premières bobines de Basil, Détective Privé après n'en avoir regardé que dix minutes, Burny est resté imperturbable. Il manquera à tous ceux qui ont eu la chance de croiser sa route et, mieux, de collaborer avec lui. Que Dieu préserve ton âme, Burny ! ».
« Burny était un homme avec qui il était très agréable de travailler », témoigne l’animatrice Nancy Beiman, « C’était un bon réalisateur qui savait exactement ce qu’il voulait ».
« Profondément attristé d’apprendre le décès de Burny Mattinson, notre employé le plus ancien », note Bob Iger, « Il avait commencé comme coursier en 1953 et est depuis devenu une véritable icône de l’animation Disney. Nous sommes tous éternellement reconnaissants pour ses contributions et ses sept décennies de service ».
Burny Mattinson est enterré au cimetière de Forest Lawn, à Hollywood Hills. « Le plus important dans son travail, c’est de s’amuser », disait-il souvent. Mattinson aura donc passé soixante-dix ans à s’amuser en contribuant à la création de films intemporels qui, eux-mêmes, auront amusé et continueront d’amuser des générations et des générations de spectateurs. Chapeau, l'artiste !
Il Était une Fois un Studio
Burny Mattinson signe une ultime apparition à titre posthume le 16 octobre 2023. Ce jour-là, les Walt Disney Animation Studios célèbrent en effet en grande pompe leur centième anniversaire avec Il Était une Fois un Studio, un court-métrage spécial dans lequel sont exceptionnellement rassemblés des centaines de personnages Disney d’hier et d’aujourd’hui pour une gigantesque photo de famille devant le Roy E. Disney Animation Building. Burny Mattinson apparaît alors au tout début du petit film qui lui est dédié.
La filmographie
011 |
C'est Pas Drôle d'Être un Oiseau
Assistant Animateur • Animation 2D / Film "Live"
1969
Cinéma
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1969
Cinéma
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016 |
Peter et Elliott le Dragon
Artiste de Storyboard • Animation 2D / Film "Live"
1977
Cinéma
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1977
Cinéma
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024 |
La Belle et la Bête
Artiste de Storyboard / Scénariste • Animation 2D • 3-D
1991
Cinéma
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1991
Cinéma
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027 |
Pocahontas, une Légende Indienne
Artiste de Storyboard / Scénariste • Animation 2D
1995
Cinéma
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1995
Cinéma
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028 |
Le Bossu de Notre-Dame
Artiste de Storyboard / Scénariste • Animation 2D
1996
Cinéma
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1996
Cinéma
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037 |
Le Roi Lion
Artiste de Storyboard / Scénariste • Animation Motion Capture • 3-D
2019
Cinéma
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2019
Cinéma
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