Titre original :
Strange World
Production :
Walt Disney Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 23 novembre 2022
Genre :
Animation 3D
Réalisation :
Don Hall
Qui Nguyen
Musique :
Henry Jackman
Durée :
102 minutes
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Les Clade, une famille d'explorateurs, voyagent aux confins d’un territoire inexploré où vivent des créatures fantastiques. Mais leurs querelles risquent de compromettre leur mission vitale pour la survie de leur communauté...

La critique

rédigée par
Publiée le 15 janvier 2023

Avertissement : une fois n'est pas coutume sur Chronique Disney, cette critique va se permettre de divulgâcher quelques pans de l'intrigue et sous-entendre des révélations amenées dans le film, ceci afin de pouvoir analyser en profondeur toutes ses thématiques. Il est donc vivement conseillé d'avoir vu le long-métrage avant de lire les lignes qui suivent...

Avalonia, l'Étrange Voyage est une nouvelle tentative des Walt Disney Animation Studios de s'essayer au genre du film d'aventure mêlant du fantastique et de la science-fiction, près de vingt ans après Atlantide, l'Empire Perdu et La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers. Si le long-métrage n'est pas parfait, il est tout de même plus convaincant que ses aînés grâce à des personnages plus attachants et une morale écologique plus poussée. Il sera également salué le discours inclusif aussi bienveillant que naturel. Malheureusement, l'opus a été totalement boudé par le public qui en a fait l'un des plus gros échecs de l'animation Disney.

Les années 2020 sont difficiles pour tous les studios d'animation américains. Les Walt Disney Animation Studios ne font malheureusement pas exception. Son dernier succès, La Reine des Neiges II, remonte ainsi à 2019 et semble déjà loin. Les nouvelles aventures d'Anna et d'Elsa sont à l'époque un véritable un triomphe, rapportant 1,447 milliard de dollars dans le monde, le plus gros score du studio et le deuxième box-office historique pour un film d'animation, battu seulement par les 1,654 milliard de dollars du remake du (Le) Roi Lion sorti la même année. Prévu pour Noël 2020, Raya et le Dernier Dragon se voit lui décalé à mars 2021 à cause de la pandémie de COVID-19. Disney décide finalement de le sortir conjointement sur Disney+ et au cinéma. En France, à cause du confinement et de nombreux décalages, il est proposé uniquement sur la plateforme de streaming trois mois après le reste du monde. La conséquence de cette sortie hybride est sans appel : le film ne rapporte que 130 millions de dollars au box-office ; le chiffre le plus bas depuis Winnie l'Ourson en 2011. En novembre 2021, Encanto, la Fantastique Famille Madrigal sort également dans les salles alors que la pandémie de COVID-19 sévit toujours avec son variant Omicron. Résultat, le long-métrage fait à peine mieux avec un résultat de 256 millions de dollars même s'il marche très bien en France, où il totalise 3 229 762 entrées. Il faut dire que le nouveau film n'a pas le temps de s'installer dans la durée puisqu'il ne reste qu'un seul mois à l'affiche avant son arrivée sur Disney+, partout dans le monde à l'exception de la France, à partir du 24 décembre 2021 pour le réveillon de Noël. Et c'est d'ailleurs à ce moment-là que la popularité du film explose sur les réseaux sociaux, faisant de la chanson Ne Parlons pas de Bruno le hit Disney que tout le monde fredonne. Avalonia, l'Étrange Voyage arrive donc dans cette période morose et incertaine pour l'animation Disney.

Avalonia, l'Étrange Voyage est imaginé par son réalisateur, Don Hall. Ce dernier intègre les Walt Disney Animation Studios en 1995. Il commence par la case de scénariste stagiaire sur Tarzan et travaille ensuite comme storyboardeur sur plusieurs longs-métrages parmi lesquels Kuzco, l'Empereur Mégalo, Frère des Ours et Chicken Little. Il prend enfin du grade sur Bienvenue Chez les Robinson en qualité de responsable de l'histoire puis assume une fonction assez proche (superviseur de l'histoire) sur La Princesse et la Grenouille ; Winnie l'Ourson offrant à Don Hall son premier poste de coréalisateur. Félicité pour la qualité de son travail, il obtient un projet de plus grande envergure en prenant les rênes du projet des (Les) Nouveaux Héros puis vient épauler Ron Clements et John Musker sur Vaiana, la Légende du Bout du Monde. Le réalisateur est à nouveau appelé en pompier sur Raya et le Dernier Dragon quand le long-métrage change d'orientation après un problème de production alors que l'artiste est en plein développement d'Avalonia, l'Étrange Voyage. Il délaisse ainsi un temps son projet pour s'occuper de la princesse sud-asiatique.
Don Hall se fait seconder sur le film par Qui Nguyen. Ce dernier est rentré dernièrement au sein des Walt Disney Animation Studios pour aider à peaufiner le scénario de Raya et le Dernier Dragon. Avalonia, l'Étrange Voyage est ainsi son premier poste en qualité de coréalisateur. Avant cela, il était principalement connu pour ses scénarios, que ce soit pour le théâtre sur les pièces She Kills Monsters ou Vietgone ou pour la télévision sur les séries Incorpated pour Syfy ou Les Envoyés d'Ailleurs pour AMC.

L'origine d'Avalonia, l'Étrange Voyage prend racine dans une conversation que Don Hall a entendue entre son fils et l'un de ses camarades sur la véracité du changement climatique. Si les enfants sont vite passés à autre chose après leur joute verbale, cette discussion a longtemps gambergé dans l'esprit du réalisateur. Il a ainsi réfléchi au monde qu'il laisserait à ses enfants mais aussi à celui que son propre père, agriculteur, lui a transmis. La petite graine du récit était plantée : celle d'une histoire mêlant famille et aventure entre différences d'approches entre générations et sauvegarde du monde où ils vivent ; celle d'une intrigue mélangeant fermiers et aventuriers qui partent découvrir des lieux inexplorés, peuplés de créatures fantastiques ; mais surtout celle d'un périple entre un grand-père, un père et un fils ainsi que l'héritage que donnent les parents à leurs enfants. À l'origine du projet, le long-métrage se résumait pourtant à une simple ambiance proche de la saga Indiana Jones mais avec trois générations d'explorateurs, le tout englobé avec une fibre écologique. Il a ensuite évolué pour bien offrir plus que cela, notamment un univers plus riche et inventif.

L'une des thématiques d'Avalonia, l'Étrange Voyage est ainsi la famille et le conflit de génération. Si les relations entre grand-mère et petite-fille ont été plutôt abordées dans la filmographie des studios, surtout récemment dans Mulan, Vaiana, la Légende du Bout du Monde ou Encanto, la Fantastique Famille Madrigal, celles entre un grand-père et son petit-fils sont plutôt marginales chez les Walt Disney Animations Studios, surtout quand, en plus, est rajouté le père entre les deux. Pour la première fois, en effet, trois membres masculins d'une même famille sont les premiers rôles de leur film ; et en plus, sans qu'aucun ne meurt pour rajouter de la tension dramatique au scénario. Et mine de rien, l'idée est rafraîchissante car cela faisait longtemps que les héros n'avaient pas eu autant d'importance dans un long-métrage d'animation Disney ; les héroïnes ayant particulièrement été mises en avant durant la dernière décennie.

Avalonia, l'Étrange Voyage aborde ainsi de façon assez convaincante l'amour et le respect mais aussi le conflit et l'incompréhension qui peuvent exister entre un père et son fils. Le premier veut souvent transmettre au second un héritage, que ce soit via un métier, un art de vivre ou des valeurs. Le fils veut, lui, que son père comprenne qu'il cherche à vivre sa vie à sa manière et non pas comme lui l'a programmée. Ce qui est intéressant ici, c'est qu'en plaçant trois générations de la famille Clade, le grand-père Jaeger, le père Searcher et le fils Ethan, le long-métrage aborde plusieurs modes d'éducation et différentes relations : Searcher en veut à son père d'avoir choisi sa passion pour l'exploration plutôt que sa famille ; Jaeger est déçu que son fils n'ait pas embrassé la même carrière que lui, persuadé de lui avoir transmis sa passion ; Searcher cherche à tout prix à avoir un lien plus étroit avec son propre fils, en se montrant aimant, apaisé et présent, sans se rendre compte qu'il applique finalement les même méthodes que son père ; Ethan tente lui de dire à son père ce qu'il cherche dans la vie sans en avoir une idée très précise lui-même ; Ethan découvre également un grand-père qu'il croyait mort ; Jaeger peut, lui, enfin transmettre à son petit-fils son expérience. L'une des scènes importantes du long-métrages et qui illustre à merveille toute cette conflictualité est sûrement celle de la partie du jeu de cartes Primal Outpost. Elle montre parfaitement l'incompréhension qui peut exister entre ces différentes générations et se révèle un parfait miroir de la réalité. Le père comme le grand-père sont très manichéens dans leur façon de penser, cherchant toujours un méchant dans l’histoire même si le grand-père vise plutôt à résoudre ses problèmes via les armes et la violence alors que le père le fera par des outils et du pragmatisme. Le petit-fils, lui, a une vision totalement différente voyant plutôt le monde comme un équilibre, où il n'y a ni bien ni mal, et où l'être humain se doit de vivre en harmonie.

Dans le but de raconter les aventures de la famille Clade, les artistes de Disney ont alors créé entièrement un monde qui justifierait une telle prise de risque. Il fallait que le monde étrange que découvre la famille Clade soit inédit pour eux mais également pour le spectateur. Ainsi est né Avalonia, un pays fictif situé dans une région inconnue. Entourée de montagnes infranchissables, la contrée imaginée par les scénaristes se devait de ne pas abriter une civilisation trop avancée technologiquement. Un simple radar ou un satellite aurait en effet permis de savoir où celle-ci se trouvait sans prendre le risque de partir à l'aventure dans l'inconnu. Ainsi, ils ont opté pour une ville pré-industrielle qui évolue en quelques années vers une technologie mécanisée. Le public ressent alors beaucoup l'influence de Jules Verne dans le design des véhicules à l'apparence rétro-futuriste. Les bâtiments en eux-mêmes sont par contre d'inspiration sud-américaine, façon maya / aztèque, surtout dans leurs couleurs jaunes orangées ainsi que dans l'utilisation des briques et des faïences. L'ensemble est ainsi incroyablement dépaysant tout en donnant l'impression familière de se retrouver dans l'un des Ports steampunk du Parc Tokyo DisneySea.

Don Hall avoue qu'il a eu plusieurs inspirations pour Avalonia, l'Étrange Voyage. Parmi elles se trouvent les pulps, des publications peu coûteuses et de piètre qualité matérielle, très populaires aux États-Unis durant la première moitié du XXe siècle. Le début du film leur rend d'ailleurs hommage ainsi qu'aux comics avec une animation 2D à laquelle est rajoutée un grammage en forme de points comme dans Spider-Man : New Generation. Une fois que l'aventure commence et qu'elle entraîne les Clade dans un monde étrange, le long-métrage lorgne alors vers des classiques de l'anticipation ou de la science-fiction comme le roman Voyage au Centre de la Terre de Jules Verne, les sagas littéraires de l'auteur de pulps Edgar Rice Burroughs, notamment les aventures de John Carter dans Le Cycle de Mars, et surtout celles de David Innes dans Le Cycle de Pellucidar, le roman Le Monde Perdu d'Arthur Conan Doyle mais aussi des films comme Le Voyage Fantastique de Richard Fleischer et sa version plus légère et moderne L'Aventure Intérieure de Joe Dante. À défaut d'être totalement novatrices, toutes ces influences offrent aux spectateurs un dépaysement total et un émerveillement devant ce monde mystérieux aux tons rose-saumon, à la faune et la flore étonnantes qui font penser par certains côtés à celles du film pré-Ghibli Nausicaä de la Vallée du Vent d'Hayao Miyazaki.

L'aventure en elle-même s'avère bienveillante, positive sans vraiment mettre en avant une notion de danger vis-à-vis de ses personnages. C'est un parti pris des artistes Disney qui ne plaira malheureusement pas à tous les spectateurs. Il existe pourtant plusieurs scènes intenses, que ce soit l'arrivée dans le monde étrange, l'attaque des Gobeurs - sorte de pieuvres géantes roses aériennes -, la traversée du lac d'acide ou le combat final. Mais la vie des héros n'est jamais mise à mal et l'action n'est jamais stressante, grâce à l’interaction des personnages qui sont le plus souvent à s'invectiver les uns et les autres au lieu de s'inquiéter de ce qui leur arrive. Cela donne à l'ensemble un côté bon enfant où la menace n'est jamais présentée comme mauvaise. En réalité, l'action comme l'aventure sont à l'image de la philosophie d'Ethan où il n'y a ni bien ni mal. Et donc, dans l'optique de ne pas présenter certains éléments comme négatifs ou mauvais, le film s'avère au final très léger mais malheureusement aussi un peu prévisible et parfois mineur. Pour autant, Avalonia, l'Étrange Voyage se suit vraiment avec plaisir surtout que ses péripéties revêtent une optique totalement différente quand la fin du long-métrage explique ce qu'est réellement cette contrée insolite que traversent les Clade.

L'écologie est une autre thématique importante d'Avalonia, l'Étrange Voyage. Déjà, le début du film insiste sur une plante, le Pando, capable de créer de l'énergie propice au développement technologique s'éloignant ainsi de l'énergie fossile et polluante. Mais le long-métrage va aller encore plus loin dans son message grâce au twist qui arrive lors de son dernier tiers. Pour cette révélation, Qui Nguyen raconte s'être inspiré de mythes de quelques cultures indigènes. L'idée est donc excellente même si elle n'est pas nouvelle. Elle a été en effet déjà reprise dans la littérature fantastique occidentale comme dans la saga Les Annales du Disque-Monde de l'écrivain britannique Terry Pratchett ou la série La Tour Sombre et le roman Ça du romancier américain Stephen King. Elle peut être également trouvée dans certains mangas japonais à l'image de l'arc Zo dans One Piece d'Eiichirō Oda. Ce retournement de situation finit par transformer les convictions d'Ethan sur l'importance de vivre en harmonie avec la nature comme l'autre thématique centrale du long-métrage, en plus de celle de la famille. Le film se permet même d'aborder le principe de décroissance et de renoncement à un certain confort technique dans le but de sauver le monde de sa destruction programmée.

Si Avalonia, l'Étrange Voyage est un savant mélange ingénieux de plusieurs concepts piochés dans la culture et la littérature populaires, le film se permet d'apporter de la nouveauté, surtout en tant que film d'animation à destination de la jeunesse. Son inclusivité est ainsi incroyable et avant-gardiste. La civilisation d'Avalonia étant fictive, le film peut alors se permettre de la présenter comme exempt de racisme, d'homophobie ou de de toute autre forme de rejet. Le public a donc le plaisir de découvrir un couple mixte, un chien handicapé à trois pattes ou encore, à travers une courte scène, une vendeuse en fauteuil roulant. Mais la vraie avancée se trouve dans le personnage d'Ethan qui est ouvertement et explicitement gay. Ce qui est rafraîchissant ici c'est que son homosexualité n'est pas un sujet. Personne ne s'étonne, ne s'émeut ou ne fait une quelconque réflexion sur le fait qu'Ethan soit attiré par Diazo. Au contraire même, une scène mignonne comme tout voit son père Searcher faire l'entremetteur pour son fils, comme le public a l'habitude de le voir au cinéma pour des jeunes hétérosexuels. Même quand Ethan parle de sa difficulté à aborder le garçon qui lui plaît, son grand-père Jaeger lui donne des conseils de séduction. Son orientation sexuelle ne gène absolument personne, et ce, peu importe l'âge ou la situation des gens qu'il rencontre. Tout est naturel et évident au point que le seul problème d'Ethan est celui de dépasser sa timidité et son manque de confiance en soi, comme tout adolescent.

Les personnages d'Avalonia, l'Étrange Voyage n'ont pas fatalement des personnalités très recherchées. Cela ne les empêche pas pour autant d'être tous très attachants à leur manière.
Jaeger Clade est un aventurier qui rêve de gravir la montagne qui entoure le pays d'Avalonia afin d'être le premier à découvrir ce qu'il se cache derrière. Il est un explorateur old-school, un peu macho, qui part bille en tête, machette à la main, désirant conquérir tout ce qui se trouve devant lui. Forcément, il gère son rôle de père selon le même principe, à la façon d'un rouleau compresseur sans se poser la question de savoir si les valeurs qu'il cherche à transmettre à son fils sont vraiment celles qui lui correspondent le mieux. Mais son obsession et son ego sont tels que, alors qu'il doit choisir entre sa quête et sa famille, il prend la mauvaise décision après avoir entendu son fils lui dire qu'il ne voulait pas suivre sa trace. Le personnage est doublé en anglais par Dennis Quaid, qui campait, dans un joli clin d’œil, le rôle principal dans le film L'Aventure Intérieure ayant en partie servi d'inspiration au film d'animation Disney. L'acteur est également apparu dans les films Disney À Nous Quatre et Rêve de Champion.

Searcher Clade est le fils de Jaeger. Gentil garçon, loyal vis-à-vis de son père, il est plutôt du genre maladroit, curieux et passionné de botanique. Il cherche une vie plus tranquille, tournée vers la terre. Il devient ensuite un héros aux yeux de sa communauté après avoir découvert le Pando, une plante capable d'apporter de l'énergie. Une fois adulte, il devient fermier afin de s'occuper pleinement de sa famille. Il cherche à inculquer à son propre fils le goût des plantes et des cultures tout en voulant surtout être l'opposée de son père qui l’obligeait à devenir aventurier puis qui l'a abandonné lorsqu'il lui a avoué son désintérêt. Aimant la stabilité et la sécurité, il se trouve vite désemparé lorsqu'il se retrouve emporté dans une aventure qui le dépasse. Jake Gyllenhaal (Prince of Persia : Les Sables du Temps) se charge d'incarner le personnage et l'acteur apporte beaucoup de chaleur et de charme à celui-ci.

Ethan Clade est le fils de Searcher et le petit-fils de Jaeger. Adolescent moderne, il aime retrouver ses amis pour jouer à leur jeu de plateau préféré. Amoureux, il ne sait pas comment aborder le garçon qui lui plaît. Comme tout jeune homme de seize ans, il lève les yeux au ciel quand ses parents lui font honte en tentant de s’immiscer dans sa vie. Mais son apparente nonchalance cache une personnalité qui se cherche. Il aime beaucoup son père mais il n'est pas sûr d'avoir envie d'hériter de la ferme familiale. Il aimerait également qu'il lui parle de son grand-père qu'il ne connaît pas. L'aventure dans le monde étrange au-delà d'Avalonia va lui permettre de trouver enfin sa voie et de comprendre qui il est vraiment. Le jeune Jaboukie Young-White a été choisie pour prêté sa voix au jeune Ethan. L'acteur avait déjà fait deux autres doublages pour les Walt Disney Animation Studios : un figurant dans Ralph 2.0 ainsi que Mbita dans la série Baymax !.

Parmi le reste des personnages d'Avalonia, l'Étrange Voyage, deux personnages féminins sont importants.
Meridian Clade, doublée par Gabrielle Union (Treize à la Douzaine), est la mère d'Ethan et l'épouse de Searcher. Pilote hors pair, elle joint l'utile à l'agréable en s'occupant de l'épandage des récoltes de la ferme tout en s'occupant avec amour de sa famille.
Callisto Mal, interprétée par Lucy Liu (La Fée Clochette), est la président d'Avalonia. Ayant fait partie de l'équipe de Jaeger, elle a choisi de suivre l'intuition de Searcher sur le Pando. À la différence des Clade, elle ne cherche pas à laisser un héritage mais à aider sa communauté.
Enfin, le film propose aussi deux acolytes amusants avec Legend, le joyeux chien à trois pattes de Searcher, et avec Splat, un être gélatineux caractériel.

D'un point de vue technique, Avalonia, l'Étrange Voyage est vraiment superbe. Les textures, les couleurs, la lumière, les décors, la fluidité de l'animation, tout y est absolument magnifique. Là où le long-métrage se démarque de ses prédécesseurs, c'est peut-être dans le chara-design des personnages. Ceux-ci sont un peu plus cartoonesques qu'ils ne l'étaient auparavant dans les derniers films Disney. Ils ont même un côté bandes dessinées franco-belges, façon gros nez, à la Uderzo ou à la Franquin. De plus, l'animation des personnages en tant que telle s'avère très expressive, notamment via la déformation des traits du visage pour insister sur le comique. La technique est particulièrement utilisée pour les mimiques d'Ethan, rendant le personnage encore plus attachant. Tout ceci accentue le côté joyeux et positif des aventures des Clade, donnant tout son charme au film mais enlevant par la même un aspect réaliste et sérieux que certains spectateurs auraient pu attendre et dont l'absence risque de les décevoir.

La musique d'Avalonia, l'Étrange Voyage est confiée à Henry Jackman qui n'en est pas à son premier projet avec les Walt Disney Animation Studios puisqu'il a écrit les bandes originales de Winnie l'Ourson, Les Mondes de Ralph, Les Nouveaux Héros et Ralph 2.0. Le compositeur n'est malheureusement pas le plus mémorable de sa génération et ses compositions, si elles sont souvent efficaces, ne restent pas dans les têtes des spectateurs avec des thèmes marquants. Et c'est le cas ici. Il arrive ainsi à parfaitement souligner l'action et donner des accents d'extraordinaires dans la découverte du monde étrange. Pour autant, rien n'accroche vraiment. Il sera remarqué tout de même une petite chanson C'Est les Clade ! qui sert d'introduction amusante en début de film pendant la séquence 2D façon comic books puis est reprise dans le générique de fin.

Avalonia, l'Étrange Voyage sort finalement au cinéma le 23 novembre aux États-Unis lors du week-end normalement lucratif de Thanksgiving. Les critiques sont plutôt mitigées mais loin d'être catastrophiques pour autant, appréciant la diversité du long-métrage mais déplorant un manque d'originalité dans le script. Le public boude lui complètement le film. Il ne rapporte que 18 millions de dollars sur ses cinq premiers jours aux États-Unis, et pire encore, seulement 66 millions de dollars dans le monde entier sur toute sa carrière. Ce score mondial est à peine 16 millions de dollars de plus que le résultat américain lors du premier week-end de Buzz l'Éclair de Pixar, qui était déjà considéré comme un échec. Pour donner un ordre d'idée de la catastrophe, parmi les échecs des Walt Disney Animation Studios, La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers avait rapporté 110 millions de dollars dans le monde, La Ferme se Rebelle 75 millions de dollars ou Winnie l'Ourson 50 millions de dollars mais pour un budget six fois moindre pour ce dernier. Et tout ceci, sans compter l'inflation. Il s'agit donc d'un véritable accident industriel qui devrait faire perdre environ 100 millions de dollars au studio sachant que le budget du long-métrage est estimé, hors coup de marketing, entre 135 et 180 millions de dollars.

Les raisons de ce fiasco sont sûrement multiples. Avalonia, l'Étrange Voyage est un film de qualité avec des personnages attachants mais il n'en demeure pas moins mineur dans la filmographie des studios, sans être fatalement époustouflant ou inoubliable. Pour autant, il ne méritait pas un tel échec. Il faut dire que comme souvent, quand Disney ne croit pas à un projet, le strict minimum est fait en termes de marketing. Personne ou presque ne savait que l'opus sortait, et pour ceux qui étaient au courant, ils ne comprenait pas bien de quoi il parlait. Comme pour John Carter, ils ont aussi choisi un titre anglais, Strange World, générique au possible. Et une fois n'est pas coutume, le titre français Avalonia, l'Étrange Voyage est bien plus inspiré. Ensuite, le studio aux Grandes Oreilles ne sait définitivement pas vendre la science-fiction, que ce soit en film à prises de vues réelles ou en animation. Après Atlantide, l'Empire Perdu, La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers, Tron L'Héritage, John Carter, À la Poursuite de Demain et Buzz l'Éclair, il rajoute ainsi un nouvel échec à son actif. Au final, le long-métrage n'a généré aucune envie particulière auprès du public, créant un désintérêt total. De plus, le choix ambitieux d'avoir proposé un héros ouvertement gay a malheureusement été aussi pénalisant pour la carrière du film puisqu'une frange réactionnaire du public a décidé de le boycotter tandis que certains pays ont carrément refusé de le sortir !

Mais au-delà des problèmes strictement liés à Avalonia, l'Étrange Voyage, d'autres facteurs viennent s'ajouter, expliquant les piètres résultats de la production Disney. Depuis la pandémie de COVID-19, les films d'animation sont un des genres qui n'arrivent pas à retrouver leurs performances d'antan ; un peu comme les films d'adultes à moyen budget réalisés par des grands noms du cinéma. Le seul a avoir tiré son épingle du jeu est Les Minions 2 : Il Était une Fois Gru d'Illumination Entertainment qui a frôlé le milliard de dollars ; tous les autres ont plus ou moins eu des résultats décevants. Quand, en plus, il s'agit d'un long-métrage original, non basé sur une franchise ou n'étant pas une suite, comme c'est le cas pour Avalonia, l'Étrange Voyage, la mobilisation du public s'avère encore plus difficile. Après, il faut dire que les studios, Disney en tête, ont habitué durant la crise le public à retrouver des films d'animation de qualité directement sur les plateformes de streaming au lieu de les garder en stock pour les salles en attendant de jours meilleurs. Les familles se sont alors rendues compte qu'il était bien plus rentable d'attendre quelques semaines voire quelques mois pour voir ce genre de long-métrage chez soi tranquillement dans son canapé avec ses enfants. Mine de rien, Disney a tout de même mis gratuitement - minus le prix d'un abonnement mensuel - pas moins de trois Pixar sur Disney+, Soul, Luca et Alerte Rouge, tandis qu'il a fallu seulement attendre 30 jours pour avoir Encanto, la Fantastique Famille Madrigal ou Avalonia, l'Étrange Voyage sur la plateforme ; Raya et le Dernier Dragon étant, quand à lui, disponible en accès premium en même temps que dans les salles alors que Buzz l'Éclair est arrivé 45 jours après sa sortie cinéma. Tout ceci a fait que le public s'est habitué à attendre et estime désormais que les films d'animation Disney ne sont plus des évènements qui méritent d'être vus sur grand écran.

À tout ceci s'est ajouté un problème franco-français. Disney France a en effet décidé de proposer Avalonia, l'Étrange Voyage directement sur Disney+. Le studio s'affranchit ainsi de la chronologie française des médias qui s'enclenche si et seulement si un long-métrage passe par la case « sortie au cinéma ». Le but était alors de faire peur aux professionnels du secteur français afin de négocier l'accord que la filiale française de Disney trouvait désavantageux pour elle. Malheureusement, cette décision n'a pas fait sourciller le secteur et c'est uniquement quand Disney France a menacé de ne pas sortir Black Banther : Wakanda Forever de Marvel Studios que les lignes ont commencé à bouger et qu'un accord verbal a été trouvé permettant d'aboutir à une nouvelle mouture de la chronologie des médias convenant à toutes les partis. Avec le recul, le choix de Disney France a finalement été payant car vu le fiasco du film dans le monde, il aurait été peu rentable de le sortir dans l'hexagone, tandis que cela a constitué en même temps un levier pour améliorer la diffusion de leurs autres films sur la plateforme Disney+.

Dommage qu'Avalonia, l'Étrange Voyage soit passé totalement inaperçu auprès du public car il a de nombreux d'atouts : ses personnages attachants, ses multiples références, son inclusivité bienveillante, son aventure bon enfant, son message écologique... S'il souffre peut-être d'un manque d'originalité qui lui donne l'impression d'être un film mineur, il n'empêche que son visionnage est un vrai plaisir surtout pour les amateurs de science-fiction ou d'anticipation vintage.

Les personnages

L'équipe du film

1958 • ....

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