Titre original :
Ralph Breaks the Internet
Production :
Walt Disney Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 21 novembre 2018
Genre :
Animation 3D
IMAX
3-D
Réalisation :
Rich Moore
Phil Johnston
Musique :
Henry Jackman
Alan Menken
Durée :
112 minutes
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Sugar Rush, le jeu de Vanellope von Schweetz est sur le point d'être mis au rebut : le volant de sa borne d'arcade est, en effet, cassé et le coût de la réparation est trop important pour la rendre envisageable. Avec son ami Ralph, elle décide donc de prendre tous les risques en s’aventurant dans l’étrange univers de l'Internet à la recherche d’une pièce d'occasion…

La critique

rédigée par
Publiée le 02 décembre 2018

Digne héritier des (Les) Mondes de Ralph, Ralph 2.0 propose une aventure ébouriffante avec une vision de l'internet magnifiée et inventive sans pour autant oublier la quête intérieure de ses personnages. Le film, souvent brillant, apporte un émotion palpable, de nouveaux personnages remarquablement définis et terriblement attachants, et bien sûr, un humour qui fait mouche grâce à des caméos Disney où le studio se moque avec délice de lui-même.

Les années 2010 ont été une décennie prolifique pour les Walt Disney Animation Studios. Le succès surprise de Raiponce en 2010 a, en effet, prouvé que le public, mais aussi les critiques, pouvaient embrasser les histoires de princesse en animation assistée par ordinateur. Avec plus de 591 millions de dollars, le film de la belle aux cheveux guérisseurs relance ainsi le studio historique. En 2013, La Reine des Neiges confirme l'embellie provoquant un véritable raz-de-marée au box-office en s'invitant dans le cœur des spectateurs : il rapporte au final la somme folle de 1,276 milliard de dollars. Le succès se poursuit alors avec Les Nouveaux Héros en 2014 et Vaiana, la Légende du Bout du Monde en 2016, tous deux pointant à près de 650 millions de dollars, mais aussi Zootopie, lui aussi sorti en 2016, et qui dépasse, à la surprise générale, le milliard de dollars porté par un excellent bouche-à-oreille. Parmi tous ces films, si Les Mondes de Ralph a été également un succès, aussi bien critique que public, son résultat au box-office est moindre par rapport aux productions récentes du studio rapportant "seulement" 471 millions de dollars. À l'époque, il est tout de même considéré comme un succès car, en dehors de Raiponce, il demeure alors le meilleur résultat au box-office du studio depuis une douzaine d'années.

Autre bémol, la réussite des (Les) Mondes de Ralph a été contrastée en fonction des territoires. En France, à cause d'une mauvaise campagne de marketing et d'un relai qui ne se fait pas dans le monde du jeu vidéo, le film vivote à peine réunissant péniblement 1,6 million d'entrées ; un échec cinglant pour un Disney de Noël, période pourtant propice aux films d'animation du studio de Mickey. Ce mauvais résultat cause bien vite un dommage collatéral : Les Nouveaux Héros qui se voit décaler sa sortie de trois mois, passant des vacances de Noël à celles de février ; la filiale française de Disney trouvant que le film de Baymax ne se prête pas à une sortie pour les fêtes. Malheureusement, Disney France sous-estime alors complètement la propension des Français pour le téléchargement illégal et ce délai de trois mois tue la carrière des (Les) Nouveaux Héros dans les salles françaises ; le public se l'étant déjà procuré en vidéo illégalement. Contre toute attente, Disney France décide de reproduire la même erreur pour Ralph 2.0. Avec une fin d'année embouteillée entre Casse-Noisette et les Quatre Royaumes et Le Retour de Mary Poppins, elle préfère, en effet, sacrifier les nouvelles aventures de Ralph jugeant la capacité de l'opus à l'orée de celle du premier : ainsi, tout comme elle avait considéré qu'il ne faisait pas assez "Noël", elle applique le même raisonnement à sa suite. Elle prend là le même risque de voir les trois mois de décalage plomber ses résultats en salles alors même que la situation est différente ; Les Mondes de Ralph boudé à sa sortie ayant gagné depuis en notoriété auprès du public français...

Ralph 2.0 marque une étape au sein des Walt Disney Animation Studios. C'est, en effet, la toute première fois qu'une suite du studio est réalisée par le même réalisateur que celui du film d'origine. Cette affirmation mérite tout de même un bémol puisque quelques co-réalisateurs de Saludos Amigos ont participé aux (Les) Trois Caballeros : si les deux films ont la même thématique, il est cependant difficile pour lui de parler de suite en tant que telle. En fait, sur les 57 longs-métrages produits en plus de 80 ans, peu sont de vraies suites : Bernard et Bianca au Pays des Kangourous en 1990 et Winnie l'Ourson en 2011 ;  Fantasia 2000 en 2000 peut aussi être comptabilisé même s'il s'agit ici plus de renouveler un concept... Avec Ralph 2.0, les Walt Disney Animation Studios deviennent, donc, un peu, un studio comme un autre où les films originaux alternent avec des suites des plus grands succès. Jusque là, le label historique de Disney était, il est vrai, resté éloigné de cette pratique en proposant des univers inédits tous les ans. Qui plus est, cette impression de machine à suites est accentuée avec La Reine des Neiges 2 programmé pour 2019 et plus encore car, pour le coup, le premier ne dispose pas forcément d'une histoire qui se prête à un deuxième volet. Le studio enchaîne ainsi deux suites, coup sur coup, laissant peut-être à penser qu'il est en panne d'imagination...

Il faut dire que le studio de Mickey connaît quelques turbulences depuis la sortie de Vaiana, la Légende du Bout du Monde. En 2017, Gigantic, un film original adapté du conte Jack et le Haricot Magique qui était prévu de sortir entre les deux suites fin 2018, est en effet annulé à cause d'un problème de scénario. Conséquence, Ralph 2.0 se voit décalé en prenant sa date de sortie de Thanksgiving 2018. À peu près à la même période, John Lasseter, le patron des studios d'animation Disney et Pixar, est obligé de s'éloigner des studios pendant six mois, en contre coup de l'affaire Weinstein, suite à des accusations de conduite déplacée vis-à-vis d'employées. Bob Iger, le PDG de The Walt Disney Company, décide au final de se séparer du créateur de Pixar à la fin de cette mise à pied qui n'a pas dit son nom. La direction des Walt Disney Animation Studios est alors reprise par Jennifer Lee, la réalisatrice de La Reine des Neiges Ralph 2.0 étant ainsi le premier film qui sort sous sa responsabilité. Néanmoins, il sera difficile de savoir sur ce seul film quelle impulsion la nouvelle patronne va donner aux studios et surtout si la créativité et la qualité seront aux rendez-vous comme ils le furent à l'époque de John Lasseter.

Rich Moore reprend donc pour Ralph 2.0 son rôle de réalisateur.
Ancien étudiant de CalArts, ce dernier débute comme dessinateur et scénariste sur Mighty Mouse - The New Adventures et devient ensuite l’un des trois réalisateurs durant les cinq premières saisons des (Les) Simpson, signant de nombreux épisodes qui lui valent un Emmy Award. Il enchaîne alors sur la série animée, Profession Critique en qualité de réalisateur superviseur. Á la fin des années 90, il supervise le développement créatif et la production de la série Futurama pour laquelle il obtient, là aussi, un nouvel Emmy Award. Il continue sa carrière tout aussi brillamment avec notamment le court-métrage des Looney Tunes, Duck Dodgers in Attack of the Drones, que Warner sort en salles en 2004, puis sur les séries Drawn Together ou Sit Down, Shut Up. Il intègre les Walt Disney Animation Studios en 2009 où il réalise Les Mondes de Ralph, aisément qualifiable d’OVNI dans la filmographie du label historique avant d'aider Byron Howard en tant que co-réalisateur sur Zootopie sorti lui en 2016.
S'il avait réalisé seul le premier film, il est aidé sur sa suite par Phil Johnston. Il s'agit ici de sa première réalisation d'un long-métrage après avoir travaillé sur les scénarios des (Les) Mondes de Ralph et de Zootopie

L'idée de Ralph 2.0 remonte presqu'à la sortie du premier film. Rich Moore sentait, il est vrai, bien que l'univers de Ralph et de Vanellope était si riche qu'il se prêtait parfaitement à une suite. Le réalisateur a ainsi eu très vite l'envie de faire plonger les deux héros dans un jeu en ligne ou les jeux de console. Une rumeur persistante parlait d'ailleurs de faire apparaître le personnage de Mario dans le second opus sans que finalement le projet n'aboutisse. Il faut dire que la suite va voir son histoire grandement évoluer au fur et à mesure de son développement. Déjà, très vite, l'idée d'élargir son assise s'impose et il n'est plus question de se limiter à des jeux vidéo hors arcade : c'est clairement tout le monde d'internet dont l'exploration est envisagée ouvrant un champ incroyable de possibilités. Mais il fallait également trouver une accroche émotionnelle qui serve de point de départ à la nouvelle aventure : les réalisateurs vont la puiser dans la dernière phrase du premier opus quand Ralph gagne en estime personnelle grâce essentiellement au regard que porte sur lui Vanellope. Ainsi, malgré ce bond dans la confiance en soi, il a encore du travail pour s'aimer, s'accepter tel qu'il est et vivre pour lui et non à travers ce que pensent les autres. Le terrain était dès lors idéal pour creuser plus encore la relation entre les deux personnages.

Clairement, la grande richesse et le cœur de la réussite de Ralph 2.0 sont l'amitié entre Ralph et Vanellope. Les deux personnages apportent, en effet, beaucoup au film sans jamais que l'un soit laissé de côté ; les deux évoluant au cours du long-métrage. D'un côté, Ralph manque de confiance en lui. Sa nouvelle vie tourne entièrement autour de Vanellope alternant sa journée de travail avec ses soirées avec sa meilleure amie. Tout est parfait pour lui et il ne veut que rien ne change dans sa routine. À l'inverse, Vanellope ressent un certain ennui et aspire à découvrir de nouvelles choses et vivre de nouvelles expériences. Et le déclenchement de toute cette aventure va être la conséquence de la propension de Ralph à vouloir toujours faire plaisir à son amie, mais sans se rendre compte qu'en réalité, il fait aussi tout pour préserver leur vie de tout changement. Le début du film pose ainsi parfaitement les bases de cette relation quitte à prendre son temps : cette lenteur, toute relative, est alors nécessaire pour permettre aux spectateurs de bien cerner les envies de la petite Vanellope.

Le film décolle vraiment quand Ralph et son amie arrivent dans le monde de l'internet. Le contraste entre l'arcade et le web est saisissant. Il donne vraiment l'impression de passer d'une petite bourgade de province où il ne se passe pas grand chose et où le train-train est routinier à une mégapole foisonnante où le regard se perd dans les méandres d'une vie cosmopolite. La représentation du web dans Raph 2.0 est tout simplement bluffante. Encore plus que dans le premier volet, l'aspect technique des personnages et des environnements, le fait que ce soit en réalité des programmes faits de code binaire, compilé ou interprété, est encore plus palpable. Le film est clairement un bonheur pour tout développeur web car il propose une vision artistique de ce qu'il pratique quotidiennement un peu comme Vice-Versa le faisait des émotions. D'un point de vue de l'influence geek involontaire, le design de cette ville gigantesque rappelle beaucoup Coruscant, la planète capitale de Star Wars. L'internet de tout le monde se retrouve ainsi mis en pleine lumière avec les plus grands sites disposant des plus grands buildings, les petits sites étant dans des bâtisses bien plus modestes où un seul chemin mène à eux tandis que le dark web, là où un utilisateur peut trouver des contenus peu recommandables, se trouve logiquement situé dans les bas-fonds où la lumière ne perce jamais. Les réalisateurs ont aussi la bonne idée d'utiliser beaucoup de sites réels d'eBay à Amazon en passant par Facebook, Twitter, Snapchat ou Pinterest, tous relais d'une authenticité incroyable. C'est bien simple : l'univers est tellement foisonnant qu'il faut plus qu'un visionnage pour tout explorer. L'arrêt-sur-image sera donc nécessaire lors de la sortie en vidéo pour appréhender tous les détails. Et le spectateur n'aura qu'une envie : visiter cette toile sans pareille et surfer à travers cette jungle urbaine numérique.

Ce foisonnement et cet ancrage dans la réalité sont à la fois la force mais aussi la faiblesse du film. Il date clairement Ralph 2.0 dans la seconde moitié des années 2010 ! Le web évolue tellement vite que nombre de sites présentés ici auront peut-être disparu ou leur utilisation et leur représentation sûrement fortement changé d'ici quelques années. Il sera d'ailleurs curieux de voir comment l'opus vieillira dans le temps. Il gagnera sûrement un côté un peu kitch, fenêtre d'une époque spécifique. Quoiqu'il en soit, Ralph 2.0 est clairement le long-métrage des Walt Disney Animation Studios le plus ancré dans son époque. Fort heureusement, s'il propose une vision stylisée et colorée d'internet, il n'en gomme pas pour autant ses travers. Déjà, il montre les virus et la toile peu recommandable mais il s'attarde aussi sur le côté le plus sombre qui peut ressortir des internautes dans l'utilisation des sites pourtant censés être bienveillants à la base. Une scène en particulier s'avère particulièrement touchante quand elle révèle les conséquences de l'anonymat et comment elles peuvent atteindre les gens qui se trouvent de l'autre côté de l'écran. Mais Ralph 2.0 ne se veut pas, pour autant, moralisateur ou accusateur. Il est dans le constat et pose les bons et les mauvais côtés d'internet expliquant, de façon intelligente et pertinente, comment l'utiliser tout en apprenant à se protéger.

Ralph 2.0 propose aussi un certain nombre de sites fictifs que Ralph et Vanellope vont visiter. Parmi eux, se remarque le jeu en ligne Slaughter Race, sûrement l'endroit au design le plus réaliste de l'opus. L'ambiance semble être un mélange entre les films Mad Max, Fast & Furious et le jeu Grand Theft Auto, proposant un Los Angeles post-apocalyptique avec des courses-poursuites de bolides dignes de Ready Player One. L'endroit est couleur rouille, poussiéreux et toxique. À côté de lui, le site de vidéo en ligne, le plus populaire du moment, BuzzzTube entend tenir son rang. Lui est tout son contraire : foisonnant, moderne, avec une couleur lorgnant vers le magenta, le rose et le mauve. C'est le lieu des tendances et de la mode où les utilisateurs viennent mettre leur cœur aux vidéos qu'ils préfèrent et où les stars éphémères vivent leur moment de gloire en se pavanant à la manière d'un défilé de mode. Ralph 2.0  ne pouvait pas non plus s'épargner une visite d'OhMyDisney.com, une sorte de D23 Expo virtuelle où il est possible de rencontrer de nombreux personnages des univers de The Walt Disney Company. Il est représenté par une version stylisée du château de Cendrillon de Walt Disney World Resort. tandis que plusieurs univers ressortent : Disney bien sûr mais aussi Star Wars, Marvel, Pixar ou The Muppets Studio.

Le nombre de caméos dans Ralph 2.0 est clairement un grand atout du film. Le fan service est total si bien que les repérer est très amusant et apporte un côté jouissif à l'ensemble. C'est d'autant plus vrai que, par rapport au premier opus, il offre un éventail moins concentré sur les jeux vidéo vintage. Ici, ce sont plutôt des apparitions de personnages Disney et donc bien plus grand public. Ils sont tellement nombreux qu'il est difficile de tous les lister. Il sera particulièrement apprécié pour les plus geeks l'apparition du jeu Tron au tout début. Il y a ensuite des clins d'œil évident comme le personnage d'Iron Man, l'avatar de Stan Lee, les stormtroopers ou C3-PO de Star Wars, Buzz l'Éclair de Pixar, les peluches Disney Tsum Tsum ou encore Bourriquet des (Les) Aventures de Winnie l'Ourson, Baymax des (Les) Nouveaux Héros ou Nick Wilde de Zootopie. Parfois, les apparitions sont plus furtives comme par exemple l'animation inédite de Humphrey l'Ours et du Ranger J. Audubon Woodlore inspirée du cartoon Dans le Sac (1956).

La séquence la plus attendue de Ralph 2.0 est sûrement celle de la réunion de toutes les princesses Disney. Les spectateurs retrouvent ainsi Blanche Neige, Cendrillon, Aurore de La Belle au Bois Dormant, Ariel de La Petite Sirène, Belle de La Belle et la Bête, Jasmine d'Aladdin, Pocahontas, Mulan, Tiana de La Princesse et la GrenouilleRaiponce, Anna et Elsa de La Reine des NeigesVaiana et Mérida de Rebelle. La scène est très amusante car elle voit Disney se moquer de lui-même à travers les personnages qui les représentent le plus après Mickey. Les princesses sont donc ici consciente de leur formatage et voient toutes ici un trait de leur caractère exploité et grossi à l'extrême. La séquence, potentiellement subversive, a été soigneusement retravaillée et ceux qui l'ont vue en avant-première lors de la D23 Expo se rappelle d'une durée plus longue et surtout avec plus de gags. A priori, elle a subi des coupes drastiques. De plus, la version française a été faiblement travaillée. Il est déjà dommage de ne pas avoir fait appel à toutes les voix originelles, notamment Anaïs Delva qui ne double pas ici celle d'Elsa. Il sera aussi reproché la traduction du passage de Mérida où la VF gomme complètement la phrase originale qui stipule que la princesse écossaise est incompréhensible parce qu'elle vient d'un autre studio [NLA : Pixar]. Au final, aussi drôle qu'elle soit, cette rencontre des princesses Disney ne s'avère pas autant hilarante que celle des paresseux dans Zootopie.
Ralph 2.0 étonne tout de même en faisant revenir les princesses dans le final pour une intervention aussi improbable que complètement déjantée. Pas sûr qu'elle plaise à tout le monde, tellement ce rappel tombe un peu comme un cheveu sur la soupe bien qu'il soit drôle. Reste alors un beau message d'égalité homme / femme dans un joli inversement des codes attendus...

Malgré l'exploration du monde de l'internet et les nombreux caméos corporate, Ralph 2.0 n'en oublie pas pour autant son histoire et ses personnages, et ce, tout au long du film. Il construit brique par brique sa réflexion sur l'amitié pour arriver à un dernier acte assez étonnant. Une chose n'est pas coutume dans un long-métrage Disney de cette envergure, il n'y a pas de vrai méchant. Le danger vient en réalité des fragilités des deux personnages, et en particulier de Ralph. Le climax permet à ce dernier d'enfin comprendre le vrai sens de l'amitié mais surtout appréhender comment son amie le voit réellement sans jamais réussir à le lui dire. Ralph doit donc puiser au fond de son âme la force pour, à la fois, se faire confiance tout en acceptant que l'amitié n'est pas la fusion émotionnelle. Les deux personnages doivent en réalité accepter de grandir dans une conclusion logique et satisfaisante qui permet de les faire avancer tous les deux. Les spectateurs seront touchés par Ralph et Vanellope qui vont devoir apprendre à mettre leur amitié dans la balance pour avancer dans la vie. C'est ainsi un beau miroir de la vie réelle qui risque de faire verser une petite larme à une partie du public. Visuellement et thématiquement parlant, le climax de fin est intéressant. D'abord, au delà de son clin d'œil évident à King Kong, il est une parabole à peine voilée sur la bestialité égocentrique de tout un chacun et les dommages qu'elle peut causer. Le symbole du lieu où se passe la bataille finale est également révélateur : la tour du site le plus puissant face au pire que peut engendrer le web. Enfin, les plus férus de technologies aimeront l'image symbolisant le hackage de sites web par déni de service.

L'autre grand atout de Ralph 2.0 est d'arriver à proposer des nouveaux personnages aussi réussis qu'attachants.
Shank est encore un superbe rôle féminin parfaitement caractérisé. À la fois forte tout en étant attachante, son animation est exemplaire avec des expressions superbes. Le personnage est la grande sœur et l'idôle de Vanellope. Elle devient vite son amie, sauf qu'à la différence avec Ralph, elles partagent toutes les deux, la passion commune pour les courses automobiles et se comprennent parfaitement lorsqu'elles conduisent une voiture. Qui plus est, Shank prodigue des conseils avisés à Vanellope en l'invitant à être la plus franche possible avec son vieil ami. Le personnage de Shank est joué en anglais par Gal Gadot qui s'est faite récemment remarquer dans le rôle de Wonder Woman.
L'autre personnage parfaitement défini est Yesss. Il s'agit de la patronne de BuzzzTube toujours à l'affût de ce qui est ou sera à la mode. Son design est particulièrement avenant dans les tons de mauve et de bleu avec des tenues improbables qui brillent de mille feux. Même si elle sert d'abord ses propres intérêts, elle s'avère très vite attachante en aidant Ralph à réaliser ses objectifs tout en lui donnant les clés pour naviguer dans cet internet qui peut être parfois déstabilisant.
Spamley est également une belle surprise. Il s'agit d'un propriétaire d'un petit site, pas forcément très recommandable, qui essaye de faire venir à lui les utilisateurs via des spams. Bon gars, il va être d'une aide précieuse pour Ralph et Vanellope afin qu'ils puissent se retrouver dans ce labyrinthe qu'est l'internet.
Monsieur JeSaisTout tient, quant à lui, un moteur de recherche possédant une saisie automatique un peu nerveuse alors qu'il essaye, dès la moindre syllabe prononcée, de deviner ce que ses clients veulent trouver. Son design est amusant tout en rondeur habillé à la façon d'un universitaire qui viendrait de recevoir son diplôme.
Enfin, le dark web est représenté par un personnage qui, s'il s'agissait de restituer l'aspect peu recommandable de cet internet de la pègre, est une réussite dans ce qu'il est totalement repoussant... 

Henry Jackman reprend son rôle de compositeur pour la musique de Ralph 2.0. Il livre de nouveau une mélodie qui s'accorde parfaitement avec les images, en continuité de ce qu'il avait fait pour le premier opus, tout en se permettant aussi quelques petits clins d'œil musicaux à différentes oeuvres du catalogue Disney, caméo oblige. La grosse surprise est qu'il existe, à la différence du premier volet, une chanson façon comédie musicale en plein milieu. En réalité, c'est un écho à la scène des princesses et son exécution, et le lieu où elle se produit, est hilarante car totalement hors contexte. A Place Called Slaughter Race est ainsi composée par Alan Menken avec des paroles de Phil Johnston et Tom MacDougall. Si la séquence est très drôle, la chanson en elle-même n'est pas transcendante... Il existe aussi deux autres chansons génériques : Zero écrite et interprétée par les Imagine Dragons ainsi que In this Place par Julia Michaels, la version pop de A Place Called Slaughter Race.

Ralph 2.0 est brillant sur de nombreux points et, en cela, le digne successeur du premier opus. Par certains côtés, notamment dans son émotion et l'équilibre de son scénario, il arrive même à dépasser son aîné. Il étend son univers en apportant des lieux réellement inédits, de nouveaux personnages réussis et des aventures qui font avancer ses personnages sans que cela ne soit une redite (comme cela a pu être le cas dernièrement avec Les Indestructibles 2, paresseux copié-collé du premier volet). Pour autant, il manque un zeste de quelque chose, difficile à définir, pour que Ralph 2.0 apporte la même étincelle dans les yeux du spectateur que son prédécesseur. Peut-être ce manque de découverte qu'une suite, aussi bonne soit-elle, ne peut apporter ; les clés du monde de Ralph et de Vanellope étaient déjà donnés par Les Mondes de Ralph. Ici, il s'agit en réalité d'une extension du principe à l'internet. C'est réalisé avec imagination et réussi sur de nombreux points mais rien ne pourra jamais remplacer la découverte d'un lieu totalement inédit et de nouveaux personnages dont les Walt Disney Animation Studios s'étaient faits les grands spécialistes par rapport aux autres studios d'animation, y compris Pixar.

Ralph 2.0 reçoit des critiques positives, saluant l'inventivité du film et le fait que le second opus prolonge à merveille l'univers du premier volet. Il sort pour Thanskgiving 2018 aux États-Unis et signe un beau démarrage rapportant 85 millions de dollars sur son premier week-end prolongé, soit le deuxième pour un film Disney proposé à cette époque derrière La Reine des Neiges et ses 93 millions de dollars mais dépassant  les 82 millions de dollars de Vaiana, la Légende du Bout du Monde. Il surclasse en outre le démarrage du premier film et ses 49 millions de dollars sur trois jours. En revanche, à y regarder de plus près, cet excellent résultat s'est concentré sur les premiers jours. Dès le troisième, le score de Vaiana, la Légende du Bout du Monde et de Ralph 2.0 semble se suivre. La nuance est importante car le film fait figure de test pour les Walt Disney Animation Studios. Est-ce qu'une suite avec des personnages établis signifie un succès garanti et supérieur à un film original ? C'est à analyser avec attention...

Ralph 2.0 fait honneur à son aîné. Son discours sur l'amitié est particulièrement touchant et sonne juste tandis que sa vision inventive du monde de l'internet invite à un voyage bluffant. La présence de l'humour avec de nombreux caméos, et en particulier cette réunion de princesses aussi improbable que jouissive, ainsi que les deux scènes du générique final, racoleuses mais drôlissimes, finiront d'asseoir sa réussite.

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