Titre original :
Raya and the Last Dragon
Production :
Walt Disney Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 05 mars 2021 (Cinéma • Disney+)
Genre :
Animation 3D
Accès Premium
Réalisation :
Don Hall
Carlos López Estrada
Paul Briggs
John Ripa
Musique :
James Newton Howard
Durée :
112 minutes
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Au royaume de Kumandra, humains et dragons vivaient unis en harmonie jusqu'au jour où une force maléfique s’abattit sur le royaume. Les dragons livrèrent alors bataille et se sacrifièrent pour sauver l’humanité. Cinq siècles plus tard, tandis que la menace réapparaît et que la division du royaume est plus forte que jamais, Raya, une guerrière solitaire, se met en quête du légendaire dernier dragon dans le but ultime de ramener l’harmonie...

La critique

rédigée par
Publiée le 14 mars 2021

Après deux suites, les Walt Disney Animation Studios reviennent à leur grande spécialité : proposer un film totalement original aussi dépaysant qu'envoutant. Alors que le projet a subi de nombreux changements dans sa conception, mais aussi de grand défis dans sa réalisation, les studios proposent ainsi une nouvelle pépite. Raya et le Dernier Dragon est, en effet, une petite merveille aux décors époustouflants, à la musique sublime, aux personnages attachants, à l'action particulièrement épique et, cerise sur la gâteau, à la belle morale, idéale en ces temps difficiles.

Les années 2010 ont vraiment été une période bénie pour les Walt Disney Animation Studios ! La décennie commence il est vrai avec Raiponce, le premier conte de fées en animation CGI du studio salué par la critique et le public. Si le quatrième âge d'or du studio débute plutôt avec le film d'animation 2D La Princesse et la Grenouille en 2009, le long-métrage de la princesse aux cheveux d'or a permis au label d'animation historique Disney de retrouver ses lettres de noblesses auprès du public ainsi que le chemin du succès après des années 2000 très difficiles. Winnie l'Ourson en 2011 constituant plutôt une parenthèse, les studios confirment ainsi leur succès retrouvé en 2012 avec Les Mondes de Ralph et surtout s'illuminent en 2013 avec La Reine des Neiges qui devient un phénomène mondial, et surtout à l'époque, le plus gros succès pour un film d'animation, rapportant 1,261 milliard de dollars dans le monde. La Reine des Neiges remporte également le prestigieux Oscar du Meilleur Film d'Animation, une première pour les Walt Disney Animation Studios. Le studio réitère l'exploit d'obtenir cette précieuse récompense avec Les Nouveaux Héros, sorti en 2014, et Zootopie deux ans plus tard, tandis que Vaiana, la Légende du Bout du Monde, sorti lui aussi en 2016, et Ralph 2.0 en 2018 obtiennent eux une nomination dans cette catégorie, comme l'avait aussi eu Les Mondes de Ralph quelques années plus tôt. La décennie 2010 se termine alors en 2019 avec La Reines des Neiges II, la deuxième suite proposée consécutivement par les studios, chose qui n'était jamais arrivée de leur histoire. Néanmoins, de par sa qualité, le film ravit les fans du premier opus qui se ruent massivement dans les salles et lui font un triomphe, rapportant 1,447 milliard de dollars dans le monde, le plus gros score du studio et le deuxième box-office historique pour un film d'animation, battu seulement par les 1,654 milliard de dollars du remake du (Le) Roi Lion sorti la même année.

L'idée de Raya et le Dernier Dragon naît de l'imagination d'un duo de réalisateurs, Paul Briggs et Dean Wellins.
Né le 17 décembre 1974, Paul Briggs rentre en 1997 au sein des Walt Disney Animation Studios en tant que stagiaire, travaillant sur les effets spéciaux d'Hercule avant d'être embauché à plein temps. Il s'occupe ensuite des effets spéciaux de Mulan, Tarzan, Lilo & Stitch et Frère des Ours avant de passer au département histoire sur Volt, Star Malgré Lui. Il continue sur cette voie avec La Princesse et la Grenouille, Raiponce, Winnie l'Ourson ou Lutins d'Élite : Méchants Contre Gentils avant de devenir un scénariste confirmé sur La Reine des Neiges et Les Nouveaux Héros.
Dean Wellins, quant à lui, est né le 27 mars 1971. Son premier projet d'envergure est Le Géant de Fer de Brad Bird, chez Warner, où il est à la fois artiste de storyboard et superviseur de l'animation. Toujours pour Warner, il participe ensuite à Osmosis Jones. Il intègre finalement Disney pour s'occuper d'abord de l'animation de Jim Hawkins dans La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers puis, toujours au sein des Walt Disney Animation Studios, du projet Chicken Little en 2005 pour lequel il travaille sur l'histoire. Il occupe la même fonction sur Volt, Star Malgré Lui, La Princesse et la Grenouille, Raiponce et tous les films des studios de La Reine des Neiges à Ralph 2.0. Sur La Princesse et la Grenouille, il supervise en plus l'animation de Docteur Facilier. En parallèle, il réalise aussi le court-métrage Tick Tock Tale.

Même si cela fait déjà plus de deux ans que les réalisateurs travaillent sur le projet, les premiers échos de Raya et le Dernier Dragon remontent à mai 2018. À l'époque, le film se dénomme Dragon Empire. L'ébauche de l'histoire est écrite avec l'aide du scénariste Kiel Murray. Le long-métrage se déroule alors dans un lieu imaginaire rappelant le sud-est asiatique et parle d'une jeune héroïne nommée Jan-Nin, rejointe dans sa quête par Bolin, une sorte de mentor comique âgé de 900 ans. À partir de là, l'histoire évolue beaucoup. L'écriture du récit est alors étoffée grâce à l'arrivée de Adele Lim, connue notamment pour avoir signé le scénario du film à prises de vues réelles Crazy Rich Asians. John Ripa, quant à lui, assiste les deux réalisateurs en tant que co-réalisateur. Quand le long-métrage est présenté officiellement par Disney lors de la D23 Expo de 2019, le synopsis a déjà bien changé, tout comme le titre du film qui se nomme désormais Raya et le Dernier Dragon. Le panel de présentation en profite pour mettre en avant l'actrice Cassie Steele, qui doit tenir le rôle de Raya. Les bases de l'histoire sont là avec une jeune héroïne partant à la recherche du dernier dragon pour sauver son royaume divisé par des luttes intestines.

Malheureusement, le développement de Raya et le Dernier Dragon est loin d'être serein. De nombreux problèmes dans l'histoire n'arrivent, en effet, pas à être réglés. Jennifer Lee, responsable des Walt Disney Animation Studios, décide alors d'appeler à la rescousse d'autres réalisateurs afin de remettre le projet sur les rails. En août 2020, les studios officialisent le changement même s'il a déjà eu lieu dans les faits depuis plusieurs semaines. Les productions de films d'animation ne sont, en fait, jamais un long fleuve tranquille, comme l'a montré l'excellent documentaire Dans un Autre Monde : Les Coulisses de La Reine des Neiges II sur Disney+. Pour autant, une telle annonce à six mois de la sortie d'un film est extrêmement rare et ne présage souvent rien de bon. Surtout qu'ici, c'est un profond remaniement qui est effectué. Don Hall et Carlos López Estrada reprennent, en effet, le poste de réalisateurs. Paul Briggs est rétrogradé en tant que co-réalisateur aux côtés de John Ripa, qui reste à cette responsabilité. Dean Wellins, lui, quitte le projet et se voit assigné à un nouveau film. Enfin, Qui Nguyen vient renforcer l'équipe de scénaristes. Comme l'histoire et les personnages sont réorientés, les artistes de Disney décident alors de changer la voix du personnage principal. Ce genre de modification de casting au dernier moment pour le héros d'un film est réellement très étonnant à un stade si avancé. Cassie Steele cède donc sa place à Kelly Marie Tran dans le rôle de Raya.

Don Hall et Carlos López Estrada sont désormais les metteurs en scène de Raya et le Dernier Dragon.
Né le mars 1969, Don Hall intègre les Walt Disney Animation Studios en 1995. Il commence par la case de scénariste stagiaire sur Tarzan et travaille ensuite comme storyboardeur sur plusieurs longs-métrages parmi lesquels Kuzco, l'Empereur Mégalo, Frère des Ours et Chicken Little. Il prend enfin du grade sur Bienvenue Chez les Robinson en qualité de responsable de l'histoire puis assume une fonction assez proche (superviseur de l'histoire) sur La Princesse et la Grenouille ; Winnie l'Ourson offrant à Don Hall son premier poste de co-réalisateur. Félicité pour la qualité de son travail, il obtient un projet de plus grande envergure en prenant les rênes du projet des (Les) Nouveaux Héros puis vient épauler Ron Clements et John Musker sur Vaiana, la Légende du Bout du Monde.
Né le décembre 1989, Carlos López Estrada est, pour sa part, un nouveau venu chez les Walt Disney Animation Studios. Découvert grâce à son premier film à prises de vues réelles Blindspotting, diffusé lors du Festival de Sundance en 2018, il est en train de tourner son deuxième long-métrage, Summertime, quand les studios de Disney lui proposent de venir réaliser un film pour eux, ceci afin d'injecter du sang neuf et des voix différentes dans leur équipe. Ce film est prévu pour une sortie en 2023. Il est aussi chargé de mettre en scène un remake en CGI de Robin des Bois pour la branche "Live" des Walt Disney Studios. Mais alors qu'il travaille sur son propre film d'animation, il est appelé soudainement à l'aide pour finir Raya et le Dernier Dragon.

Mais les péripéties de Raya et le Dernier Dragon ne s'arrêtent pas là. En plus de tous ces changements de dernière minute, la crise sanitaire que traverse le monde entier avec la pandémie liée à la maladie infectieuse émergente COVID-19 vient tout bouleverser. Les artistes des studios se retrouvent confinés chez eux à partir de mars 2020 alors qu'il reste encore beaucoup à faire pour sortir le film dans les temps impartis. La fermeture des salles fait que tout le line-up des sorties Disney est chamboulé et l'opus se voit décalé de trois mois. Finalement, ce surplus de temps se transforme en aubaine pour peaufiner le tout. Il n'en reste pas moins que la production et l'animation à distance, sans compter la réorientation subite du long-métrage et son changement de réalisateurs, font que le développement du projet reste une vraie gageure. Il faut d'ailleurs absolument saluer la qualité du résultat final quand il est su les contraintes incroyables que l'équipe a subies durant son élaboration. Être parvenu à un tel niveau de qualité tient presque du miracle.

Malgré tous ses aléas de productions, Raya et le Dernier Dragon s'avère, en effet, être une excellente surprise, se hissant sans mal comme l'un des meilleurs films du studio depuis Zootopie. Si le film s'appuie sur un récit assez linéaire, il ne l'empêche fort heureusement pas d'être convaincant. Après une présentation des enjeux, le récit déroule ainsi sa quête passant d'un point à un autre. À chaque fois, l'héroïne Raya cherche à récupérer des objets précieux et nécessaires pour avancer vers son objectif, ce que les professionnels du cinéma désignent souvent comme des MacGuffin. Il s'agit ici de fragments de la pierre du dragon. Durant sa quête, elle tombe alors sur des protagonistes qui vont l'aider dans son périple puis devenir ses acolytes. Le film donne ainsi l'impression d'être un mélange d'anciens opus Disney, de Vaiana, la Légende du Bout du Monde à l'Atlantide, l'Empire Perdu en passant même par un zeste de Mulan. Sur le papier, le scénario a d'ailleurs l'air fort simple et empli de déjà-vu mais il fonctionne pour autant très bien. Chaque film n'a, en fait, tout simplement pas besoin d'être foncièrement original pour être une réussite. L'important est de savoir porter ses personnages et son univers tout en touchant son auditoire, comme c'est le cas ici. La recette propose certes les mêmes ingrédients, ceux que certains appelleront la touche Disney, mais elle arrive à être subtilement différente pour donner au final une saveur particulière, bien à elle. Pour commencer, il s'agit surement du premier film de princesse Disney... sans chanson ! Mais surtout l'univers, l'ambiance et le ton général sont tellement dépaysants qu'il est tout bonnement impossible de se sentir en territoire connu ou d'éprouver une once d'ennui. Au contraire, l'émerveillement prime.

La première chose qui impressionne dans Raya et le Dernier Dragon est, à l'évidence, l'incroyable richesse de l'univers exploré. Se déroulant dans le passé fictif d'un monde imaginaire, il invite les spectateurs à découvrir le royaume de Kumandra, une contrée inspirée de la culture des pays sud-asiatiques comme le Laos, la Thaïlande, le Cambodge, le Vietnam, la Birmanie, la Malaisie, l'Indonésie et les Philippines. Les artistes de Disney sont d'ailleurs partis dans quelques-uns de ces pays afin de s'imprégner de l'ambiance locale pour y trouver l'inspiration. Ils s'entourent même d'un groupe de spécialistes sud-asiatiques afin d'être le plus fidèle possible aux mœurs et coutumes de la région ; le film étant ainsi un melting-pot des atmosphères des différents contrées visitées. Il faut dire que Raya et le Dernier Dragon a l'excellente idée de proposer cinq environnements différents que le spectateur va avoir le plaisir de découvrir au fur et à mesure de la quête des personnages. Le royaume Kumandra, uni et prospère, a en effet été divisé plus de 500 ans auparavant en cinq provinces rivales : la luxuriante Cœur de Dragon, la prospère Crocs de Dragon, la rugueuse Dos de Dragon entourée par une froide forêt, la lacustre Griffe de Dragon avec sa ville sous pilotis et enfin la désertique Queue de Dragon. Les ambiances sont tellement variées que le dépaysement est total. Le public ne sait, en fait, plus où donner de la tête à travers toutes ces pérégrinations.

Mais Raya et le Dernier Dragon n'est pas qu'une invitation au voyage. Le film propose aussi un univers fantastique mélangeant magie disparue et dystopie apocalyptique. En plus d'être divisée, la société humaine doit faire face aux Druuns, des entités vaporeuses qui transforment les hommes et les animaux en statues de pierre. La population a ainsi grandement diminué et de nombreuses familles ont été décimées. Souvent, seul un membre d'une fratrie a réussi à survivre ; nombre d'enfants se retrouvant orphelins et livrés à eux-mêmes. Ce qui étonne aussi dans le long-métrage est l'incroyable nombre de "morts" montrés, une chose vraiment étonnante pour un film d'animation Disney. Alors bien sûr, rien de sanglant ici, mais il faut avouer que la métaphore du changement en pierre est particulièrement bien trouvée. Elle permet de montrer une société en perdition et en danger sans que cela ne soit forcément trop violent. Surtout que le remède est donné dès le début du film, ce qui fait que le public, notamment les enfants, comprennent rapidement qu'il existe un processus d'inversion du phénomène. Rien de désespéré donc. Le film ne fait ainsi pas peur mais propose les éléments nécessaires pour se rendre haletant jusqu'à son dénouement, certes attendu mais ô combien grisant.

De façon contre-intuitive, Raya et le Dernier Dragon, malgré sa durée plutôt longue et son impression de scénario allant à cent à l'heure, arrive aussi par miracle à poser son récit. Il laisse, en effet, souvent le temps à son histoire de respirer. L'ensemble alterne ainsi les scènes d'action avec des moments plus paisibles où les personnages ont le temps de souffler et d'apprendre à se connaître petit à petit. Cela peut se produire via des scènes amusantes comme celle du déjeuner sur le bateau, des séquences plus tendres où un grand costaud s'avère plus attentionné que son apparence le laisse présager, ou encore dans des scènes émouvantes comme celle où les héros rendent hommage à leurs familles disparues. Cette dernière séquence est d'ailleurs à saluer tellement elle offre un moment aussi touchant que juste. Le film sait aussi doser son humour par petites touches, principalement via des répliques cinglantes mais sans qu'elles soient par trop envahissantes. Le comique vient d'ailleurs souvent des reparties de la dragonne Sisu en poussant son décalage avec l'environnement qui l'entoure. Mais l'animal légendaire n'est pas l'unique vecteur de rire puisque presque tous les personnages amènent, à un moment ou à un autre, subtilement à sourire.

Raya et le Dernier Dragon est, par contre, le film des Walt Disney Animation Studios le plus épique depuis longtemps, sûrement depuis Atlantide, l'Empire Perdu. La quête de Raya propose, il est vrai, de nombreux moments palpitants que ce soient des courses-poursuites dans des décors grandioses ; des combats aussi haletants qu'intenses, qui plus est superbement chorégraphiés ; ou alors de simples scènes de contemplation de décors à couper le souffle. Le long-métrage rappelle aussi quelques films de kung-fu avec des affrontements physiques que les longs-métrages d'animation Disney avaient rarement proposés de façon aussi acharnée, le spectateur étant plutôt habitué à les retrouver dans les animes. L'opus offre ainsi une aventure avec un grand A faisant parfois penser à une sorte d'expédition digne d'Indiana Jones ou de Lara Croft mélangeant carte au trésor, ancien temple et combats acharnés pour s'emparer du précieux sésame. Alors oui, il pourra toujours être reproché au premier abord de voir les péripéties facilement résolues et les protagonistes peu mis en vrai danger. Pour autant, après analyse, ce n'est pas vraiment le cas. Raya et ses acolytes jouent pas moins que leur vie et celle de leur pays, la menace venant aussi bien des Druuns que de certains habitants des autres contrées visitées. Enfin, il ne faut pas non plus réduire l'ensemble au simple statut de film épique et plein d'action. Il sait aussi proposer quelques moments merveilleux emplis de magie, notamment toutes les séquences tournant autour des dragons.

Raya et le Dernier Dragon possède aussi une jolie morale qui lui permet d'apporter une belle touche d'émotion tout au long de son récit. Et pour le coup, elle est assez originale par rapport à ce que le studio propose d'habitude. Il n'est pas ici question d'amour, de liberté ou de quête de soi. Ce qui est particulièrement mis en avant dans le long-métrage est la notion de confiance, et dans un certain sens, aussi celle du pardon. L'histoire essaye de démontrer qu'il faut savoir aller au delà des a priori sur les gens, faire confiance à son prochain et surtout oser faire le premier pas, même si la démarche est forcément difficile. Tandis que Raya pense que, comme le monde va mal, la confiance a disparu, Sisu lui fait justement remarquer que c'est possiblement l'inverse : le monde va mal parce que la confiance a disparu ! Sans vouloir imaginer qu'il se veuille prophétique ou prosélytique, le message tombe à point nommé. Au lieu de se méfier les uns des autres, surtout quand tout semble aller de travers, un peu d'optimisme et de bienveillance est sûrement le remède dont le monde a besoin par les temps qui courent ; la conclusion de l'opus en étant d'ailleurs une excellente parabole...

Pris dans un tourbillon d'aventures, les personnages de Raya et le Dernier Dragon savent se rendre vraiment attachants.
La première d'entre-eux, l'héroïne Raya, est ainsi particulièrement convaincante. Princesse guerrière de la tribu du Cœur du Dragon, elle s'est entraînée pour devenir la gardienne de la pierre du dragon. Mais une terrible erreur de jeunesse plonge le monde dans le chaos et elle se jure de retrouver ce qu'elle a perdu. Le personnage est remarquablement bien écrit car elle apparaît toujours humaine. Guerrière et combattante, courageuse, elle n'est pas exempte de défauts, à commencer par le fait de rester meurtrie par son erreur et de se méfier désormais de tout le monde. De plus, il est intéressant de voir l'héroïne échouer, et parfois lourdement. La voir également se relever et apprendre de ses erreurs afin d'avancer et d'évoluer est alors vraiment inspirant. Kelly Marie Tran, connue pour avoir joué le rôle de Rose dans Star Wars : Les Derniers Jedi, apporte en anglais toute sa fraîcheur et son énergie au personnage. Émilie Rault en français est, quant à elle, convaincante même si un cran en dessous par rapport à son homologue américaine.
Raya est toujours accompagnée de Tuk Tuk, son tatou géant domestique qui lui sert aussi de fidèle destrier. Acolyte disneyen par excellence, ses mimiques sont tout simplement irrésistibles et font que le spectateur voudrait bien en avoir un vrai pour lui.
Sisu est, quant à elle, une femelle dragon, la dernière de son espèce. Restée cachée pendant des siècles, Raya la fait réapparaître. Sauf que la jeune fille s'attendait à retrouver un grand dragon capable d'un claquement de doigts de tout réparer. En réalité, Sisu est aussi désemparée qu'elle sur la marche à suivre. Mais à la différence de Raya, la dragonne est d'un optimisme à toute épreuve. Elle est persuadée que tout peut s'arranger en faisant confiance aux gens. Le design très coloré et très imaginaire du personnage se démarque du reste du casting bien plus réaliste. Ce contraste permet ainsi d'insister sur sa personnalité extravagante. L'animal imaginaire est aussi très drôle de par sa répartie très directe alliée à une certaine innocence dans le fait de prendre certains concepts au premier degré. La voix anglaise de Awkwafina, une chanteuse de rap américaine, est tout simplement parfaite, apportant beaucoup d'énergie au personnage. En français, l'actrice Géraldine Nakache est bien plus décevante, faisant perdre au personnage quelques traits de caractère.
La princesse Namaari de la tribu des Crocs du Dragon est l'ennemie de Raya. Elle cherche à protéger son peuple, coûte que coûte, et peu importe les moyens qu'elle devra employer. Pour cela, elle entend absolument à arrêter Raya dont les agissements peuvent se retourner contre elle et sa tribu. Dangereuse, elle est une magnifique guerrière dont les aptitudes de combat comme celle de meneuse sont impressionnantes. Elle est parfaitement doublée aussi bien en anglais par Gemma Chan qu'en français par Jade Phan-Gia.
Enfin, lors de son périple, Raya rencontre de nombreux personnages des différentes contrées comme Boun, un jeune entrepreneur et chef d'un restaurant ambulant âgé de 10 ans venant de Queue de Dragon ; Noi, un bébé pickpocket avec ses trois singes œuvrant à Griffe de Dragon ; et Tong, un guerrier, dernier survivant de la tribu du Dos du Dragon. La réunion de ces personnages plutôt hétéroclites fonctionne particulièrement bien. Leurs réactions sont à la fois amusantes et le fait de les voir s'allier à Raya et Sisu permet de créer une équipe aussi originale qu'exaltante.

Si tous les spectateurs tomberont d'accord sur un point, c'est bien sur la magnificence des visuels de Raya et le Dernier Dragon. Ainsi, l'animation est particulièrement fluide, les décors sont magnifiques et les couleurs superbes. En fait, c'est bien simple, le public passe son temps à être bouche bée devant la beauté des images. Les textures, les lumières, les ambiances ; tout est vraiment est splendide. Surtout, la variété et la richesse des univers rencontrés font qu'il n'y a aucune redondance rendant le dépaysement total. L'exotisme joue à plein et le public aura souvent envie de faire un arrêt sur image pour jouir de la beauté des paysages comme de la scénographie. Le design des personnages est aussi remarquablement travaillé. Par rapport aux derniers films du studio, les animateurs ont fait un grand effort pour s'éloigner de l'apparence des personnages qui avaient tendance à se ressembler d'un opus à l'autre, tout en gardant pourtant la petite touche Disney si caractéristique. Enfin, Raya et le Dernier Dragon propose aussi quelques scènes avec des images plus stylisées, particulièrement durant les séquences de flashbacks.

Autre élément qui mettra tout le monde d'accord : la musique ! Disney fait ici appel au compositeur James Newton Howard, qui avait déjà apporté tout son talent aux Walt Disney Animation Studios au début des années 2000. Ses compositions pour Dinosaure, Atlantide, l'Empire Perdu ou La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers sont d'ailleurs restées dans les mémoires alors que durant les années 2010, il s'est fait remarquer avec les bandes originales des films Disney à prises de vues réelles de Maléfique et de Casse-Noisette et les Quatre Royaumes. Ici, il livre une partition tout simplement fabuleuse qui illustre à merveille les images et invite au voyage en s'inspirant des sonorités des pays de l'Asie du Sud-Est. Certains thèmes reviennent régulièrement et restent facilement en tête. Son utilisation régulière de chœurs fait que la musique ajoute un côté majestueux et épique au film. Il est impossible de ne pas être subjugué et d'avoir des frissons lorsque retentit la mélodie juste avant la conclusion de fin. La magnifique bande originale alliée à la resplendissance des visuels font que Raya et le Dernier Dragon est un bonheur pour les sens du spectateur. Petit bémol certes toutefois sur la chanson du générique de fin, Lead the Way, écrite et composée par Jhené Aiko, au demeurant assez quelconque.

Prévu à l'origine pour une sortie le 25 novembre 2020, Raya et le Dernier Dragon se voit repoussé à cause de la crise sanitaire. Il est alors fixé au 12 mars 2021 avec l'espérance que la crise sera terminée d'ici là. Malheureusement, c'est loin d'être le cas. Finalement, en décembre 2020, Bob Chapek, le nouveau CEO de The Walt Disney Company, annonce que le film sortira une semaine plus tôt, le 5 mars 2021, mais dans une combinaison inédite pour les studios Disney : à la fois une sortie en salles dans les pays où les cinémas sont ouverts et une diffusion sur Disney+ en Accès Premium. Seuls les pays où Disney+ n'est pas disponible auront uniquement droit à une sortie au cinéma. La France fait figure d'exception puisqu'à l'image de Mulan, Disney France refuse de proposer le film en Accès Premium et préfère repousser la sortie du film dans l'attente d'une réouverture des salles de l'hexagone, toujours fermées lors de la sortie mondiale du long-métrage.

Raya et le Dernier Dragon récolte alors des critiques presse plus qu'élogieuses saluant à la fois la beauté formelle et la modernité de la nouvelle princesse. Le box-office est malheureusement loin d'être à la hauteur des espérances avec 26,2 millions de dollars dans le monde lors de son premier week-end de sortie, dont 8,6 millions de dollars seulement aux États-Unis. Il faut préciser que dans de nombreux pays, notamment aux États-Unis, non seulement toutes les salles ne sont pas ouvertes mais en plus des jauges de restrictions font qu'il est impossible d'avoir des séances pleines. De plus, certaines chaînes de cinémas dont Cinemark, la troisième du marché américain, ont décidé de boycotter le film Disney. En effet, les propositions du studio pour le partage des bénéfices n'étaient pas acceptables à leurs yeux. Disney voulait répartir les prix du ticket de la façon suivante : 50% pour lui et 50% pour les cinémas, alors qu'en période pré-pandémique la norme était plutôt de 60% pour le studio et 40% pour le cinéma. Or les salles de cinéma estimaient que Disney aurait dû leur proposer de leur remettre une partie des recettes qu'ils allaient gagner avec Disney+, ou alors abaisser le pourcentage qu'ils percevraient de la vente des billets. Disney refusant de revoir le taux proposé, Cinemark et d'autres chaînes ont alors préféré ne pas diffuser le film.

Raya et le Dernier Dragon est une véritable pépite, nouvelle grande réussite des Walt Disney Animation Studios. Le film sait reprendre la recette Disney tout en la réinventant. Il propose alors une aventure aussi dépaysante que fabuleuse portée par des personnages attachants, une belle morale, un visuel bluffant et une musique envoûtante ; le tout dans un univers foisonnant et dépaysant.

Raya et le Dernier Dragon est un petit joyau apte à émerveiller les spectateurs, petits et grands.

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