Titre original :
Dinosaur
Production :
Walt Disney Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 19 mai 2000
Genre :
Animation 3D / Film "Live"
Réalisation :
Ralph Zondag
Eric Leighton
Musique :
James Newton Howard
Durée :
90 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Il y a 65 millions d'années, pendant la période du Crétacé, Aladar, un iguanodon tout juste sorti de son œuf est adopté par des lémuriens. Devenu un adulte de trois tonnes, il voit sa vie basculer dans le chaos lorsqu'une pluie de météorites s'écrase sur la Terre. Commence alors pour lui et sa famille une course effrénée pour survivre...

La critique

rédigée par
Publiée le 03 septembre 2016

Dinosaure est un film à part dans la filmographie des Walt Disney Animation Studios. Commencé au sein des studios de Mickey, puis terminé dans une toute nouvelle structure créée spécialement pour lui, il se voit réintégrer finalement dans son label d'origine bien des années plus tard. Porté principalement sur la recherche de prouesses techniques, il est dépourvu d'un élément primordial : une bonne histoire au service de personnages charismatiques et attachants. Il est également plombé par ce qui est assurément le plus mauvais doublage français pour un film Disney. Restent alors des visuels époustouflants pour l'époque et une musique envoutante, sachant que l'opus est à déconseiller vivement au très jeune public.

Les dinosaures, créatures reptiliennes préhistoriques, ont toujours inspiré les studios Disney. Le film qui montre le plus cette fascination est d'ailleurs Fantasia, le classique d'animation de 1940. La séquence du Sacre du Printemps sous une musique d'Igor Stravinsky raconte, en effet, la jeunesse de la planète Terre de la naissance du système solaire à la disparition des dinosaures. La séquence est très rigoureuse - voire rigoriste - du point de vue scientifique et s'appuie sur une animation soucieuse du détail. Les animaux disparus, dont l'étude des squelettes fossilisés a été minutieuse, sont délibérément réalistes. L'extrait a ainsi servi dans de nombreuses écoles pour expliquer la naissance de la Terre tandis que l'intense scène de combat entre le stégosaure et le tyrannosaure est restée dans les mémoires des spectateurs. A côté de ce film, les studios ont proposé deux autres opus plus légers : le premier Objectif Lotus en 1975 est une comédie où un squelette de dinosaure est dérobé tandis que le second Baby... Le Secret de la Légende Oubliée en 1985 est un film d'aventure où deux zoologistes trouvent un dinosaure vivant ayant survécu à l'extinction. Enfin, en 1991, Walt Disney Television produit avec The Jim Henson Company, Dinosaures, une sitcom qui part du principe que les dinosaures n'ont pas disparu et vivent à l'ère contemporaine en ayant évolué comme des hommes. Il peut être cité également l'attraction pour la Foire Internationale de New York de 1964, Magic Skyway, sponsorisée par Ford, qui a offert ainsi une partie de ses dinosaures à l'attraction Disneyland Railroad en Californie au sein du Primeval World Diorama mais aussi inspiré Universe of Energy à Epcot à Walt Disney World.

Le projet de Dinosaure remonte donc à 1988, l'année de sortie du film Le Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles par Don Bluth et produit par Lucasfilm Ltd.. Cette année là, le studio des films à prises de vues réelles de The Walt Disney Company acquière, en effet, un scénario de Walon Green, qui s'est fait connaitre pour son scénario de La Horde Sauvage en 1969. À l'époque, les réalisateurs Paul Verhoeven et Phil Tippett s'y intéressent et pensent utiliser l'animation image par image pour représenter les dinosaures. A l'origine, le film devait ainsi raconter le combat entre un Styracosaurus et un Tyrannosaure Rex. Très violent et noir, il devait se terminer par la mort de son personnage principal lors de la chute du météore à l'origine de l'extinction de l'espèce. Mais le projet coute alors bien trop cher tandis que la technique n'était pas assez développée pour rendre le film crédible et réaliste. Le projet est donc mis en sommeil. Entre temps, un certain Jurassic Park de Steven Spielberg sort sur les écrans et enchante le public du monde entier...

En 1994, les Walt Disney Animation Studios alors nommés Walt Disney Feature Animation reprennent le projet : ils vont alors passer plusieurs années à seulement déterminer la meilleure approche technique possible tout en travaillant le scénario. Michael Eisner veut, il est vrai, un film de dinosaure qui ait une ambition au moins aussi grande que Jurassic Park. Très vite, il propose à la division technique des Walt Disney Animation Studios, celle responsable des effets en CGI, l'animation assisté par ordinateur, de réfléchir au projet. Il combine donc un petit groupe d'animateurs attachés au service CGI des studios d'animation mais qui serait tout de même autonome et ne serait dédié qu'au futur long-métrage Dinosaure. Disney fait même venir à Burbank pour renforcer l'équipe quelques artistes d'Industrial Light & Magic ayant travaillé sur le film de Steven Spielberg. Le staff est ainsi installé dans un tout nouveau bâtiment ; le but étant à terme de créer un deuxième studios d'animation, parallèle aux Walt Disney Animation Studios mais dédiés eux aux films d'animation assistée par ordinateur, les studios d'origine restant eux attachés à l'animation traditionnelle en 2D.

En parallèle, en 1996, Disney négocie avec Hoyt Yeatman et Abdi Sami le rachat de leur société d'effets spéciaux créée en 1979, Dream Quest Images ; le contrat se signant en avril. Toujours sous la supervision de Hoyt Yeatman, Dream Quest Images se concentre ainsi et dorénavant sur les effets visuels des productions Disney. Le studio se spécialise dans les personnages animés en images de synthèse tels que Shep l'éléphant de George de la Jungle, le monstre marin d'Un Cri Dans l'Océan ou l'impressionnant gorille Joe de Mon Ami Joe. En 1998, Dream Quest Images est nommé deux fois aux Oscars pour Mon Ami Joe et Armageddon. Afin de rentabiliser les équipements et centraliser les talents, Dream Quest Images fusionne avec l'équipe consacrée à l'animation assistée par ordinateur de Walt Disney Animation Studios en octobre 1999, les artistes emménageant aux Walt Disney Studios, dans une structure renommée The Secret Lab. Dinosaure a donc démarré sa production en tant que projet Walt Disney Animation Studios mais aborde sa phase finale de réalisation en tant que premier film complet de The Secret Lab.

Le film est confié à l'origine à George Scribner. Né le 28 septembre 1952 au Panama, il débute sa carrière chez Hanna Barbera Productions où il travaille notamment sur la série Les Schtroumpfs. Il commence à œuvrer pour les studios Disney à partir du milieu des années 80 en étant animateur sur Taram et le Chaudron Magique. Il obtient ensuite une promotion en devenant réalisateur sur Oliver & Compagnie puis sur le moyen-métrage Le Prince et le Pauvre. Par la suite, il travaille sur différents projets mais se voit toujours muté avant qu'ils arrivent à leur terme. Il sera entre autre pressenti pour être l'un des coréalisateurs du (Le) Roi Lion ou de la séquence Pomp and Circumstances dans Fantasia 2000. Sur Dinosaure, il intervient en tant que réalisateur puis se voit adjoint un coréalisateur en la personne de Ralph Zondag. Mais encore une fois, au bout de deux ans, il est muté ailleurs. Il part ensuite chez Walt Disney Imagineering où il signe l'animation des attractions Mickey's PhilharMagic, Disneyland : The First 50 Magical Years ou The Twilight Zone Tower of Terror.

D'origine russe, Ralph Zondag débute sa carrière dans la première moitié des années 80 au sein du studios Nelvana où il travaille sur Les Bisounours - Le Film mais aussi sur les séries Star Wars : Droïdes et Star Wars : Ewoks. Il rentre ensuite chez Sullivan Bluth Studios où il sera animateur sur Fiével et le Nouveau Monde, Le Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles, Charlie, Rock-O-Rico et Le Lutin Magique. Après cela, il est choisi  par Universal pour réaliser le film sorti directement en vidéo en 1993, Les Quatre Dinosaures et le Cirque Magique. Peu après, il intègre les Walt Disney Animation Studios où il travaille sur le scénario de Pocahontas, une Légende Indienne avant d'être chargé de celui de Dinosaure, puis d'en accepter enfin la coréalisation. Opus bouclé, il  travaille sur de nombreux projets chez différents studios. Chez Disney, il intervient ainsi à différents postes de l'animation du storyboard à la 3-D sur les longs-métrages Mickey, Il Était Une Fois Noël, La Ferme se Rebelle, La Petite Fille aux Allumettes, Bienvenue Chez les Robinson, Le Secret de la Petite Sirène, Volt, Star Malgré Lui ou Raiponce. Il est également animateur sur le film distribué par Disney, Vaillant - Pigeon de Combat !.

Après le départ de George Scribner, Ralph Zondag se voit adjoindre un autre co-réalisateur qui travaille déjà comme lui sur le projet Dinosaure et qui a droit à une promotion : Eric Leighton. Né le 6 novembre 1962 à San Diego, il commence sa carrière en tant qu'animateur image par image sur L'Étrange Noël de Monsieur Jack et James et la Pêche Géante réalisés par Henry Selick. Il est alors choisi pour travailler sur l'animation de Dinosaure avant de se voir confier la co-réalisation du film. Ce sera sa seule incursion à ce poste. Par la suite, il revient en effet à l'animation image par image travaillant entre autre sur le film d'animation Coraline d'Henry Selick mais également les effets spéciaux des films à prises de vues réelles tels que King Kong de Peter Jackson ou Le Petit Monde de Charlotte de Gary Winick.

Dès le début, il a été acté que les dinosaures seraient en animation assistée par ordinateur. Le but est alors de proposer une vision la plus réaliste possible. Un soin particulier est donc apporté à la démarche, musculature et ossature des lézards préhistoriques. Il fallait que le tout soit crédible, en s'efforçant en outre de ne pas trop s'éloigner de la réalité scientifique. Les artistes se sont toutefois permis de tricher au niveau des muscles du visage bien plus expressif que les dinosaures n'en avait réellement la capacité. L'astuce est utilisée pour faire passer bien plus d'émotions dans les yeux et permettre l'usage de la parole comme le demandait le scénario. Le remarquable travail sur le rendu de la peau mais également sur le pelage des lémuriens est au passage à souligner tant il était réellement révolutionnaire à l'époque. Depuis, et avec le temps, si la peau des dinosaures n'a pas pris une ride, il est en est pas de même des petits mammifères qui ont pris, eux, un sacré coup de vieux technique.

Lors du développement du film, les artistes se sont également posés la question de savoir comment réaliser les décors du long-métrage. Ils ont ainsi fait plusieurs essais en 1996 avec des maquettes ou des prises de vues réelles. Le but est d'être, encore une fois, le plus réaliste possible et surtout le plus époustouflant. Très vite, ils se sont rendus compte que la technique la plus belle serait de proposer des personnages animées sur un décors réel. Pour cela, il a fallu un gros travail de planification en storyboardant plusieurs années à l'avance le long-métrage. Le processus requiert une minutie incroyable car l'équipe de tournage doit avoir une vision exacte de ce dont l'équipe d'animation a besoin en terme de décors, quitte à utiliser des artifices comme des maquettes en carton des personnages ou des grosses traces d'empreintes. Les décors dans le film sont ainsi très variés et viennent pêle-mêle d'Australie, de Floride, d'Hawaï, du Venezuela, des Îles Samoa et de Californie. Certains ont même été superposés pour donner l'impression du Crétacé, même s'il est évident que tous les végétaux présents dans le film n'existaient pas à cette époque. Pour le ciel, par contre, il a été totalement refait numériquement pour adopter des teintes plus grandioses. Reste à souligner aussi la beauté des effets spéciaux à commencer par la scène des météores réellement impressionnante à l'époque mais qui subit depuis le poids des années.

Si l'aspect technique de Dinosaure ne souffre d'aucune critique, il n'en est malheureusement pas de même du scénario. Déjà, le film est parti sur des mauvaises bases. Afin de s'éloigner le plus possible de celui de Don Bluth, Le Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles, les artistes de Disney ont voulu en effet que leur long-métrage soit un peu plus dur mais surtout qu'il soit sans dialogues, ou au mieux, juste via un narrateur. Pour se donner une idée de ce qu'aurait pu être ce Dinosaure là, il suffit d'ailleurs d'apprécier l'extraordinaire ouverture. Le spectateur y voit l'œuf d'Aladar dont la mère prend soin avant qu'un Carnataure ne l'attaque. L'œuf est alors volé et voyage à travers l'océan pour arriver à l'île des lémuriens. Ainsi, rien qu'avec la beauté des images et la sublime musique, le public en prend plein la vue et les oreilles. Une sensation qui s'écroule aux premières paroles du premier personnage ! Michael Eisner, alors PDG de The Walt Disney Company, reste, il est vrai, sur de vieux modèles d'écriture narrative et estime que le film sera plus rentable commercialement si les animaux parlent. C'est donc à partir de cette décision que la médiocrité s'insinue dans l'histoire. Ce qui aurait pu faire de Dinosaure un film hors du commun à l'époque se transforme en pâle copie du (Le) Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles : des herbivores qui partent à la recherche d'une terre promise, ici la Terre des Nids. Pire encore que le désert imaginatif de l'histoire, les dialogues sont quant à eux d'une platitude incroyable. Et le public français est décidément fort mal traité : le doublage VF est assurément l'un des pires jamais effectués par la filiale hexagonale de Disney. Le "Zinédine Zidane du plongeon" clamé par Jamel Debbouze fait par exemple encore mal aux oreilles surtout pour un film qui se prend au sérieux et qui est censé se passer 65 millions d'années dans le passé. Les dialogues sont d'ailleurs sans doute l'arbre qui cache la forêt : l'histoire n'est, en effet, ni inspirée, ni palpitante. Dinosaure gagne tout juste en intensité et en émotion à partir de la blessure de Bruton et l'affrontement sanguinaire entre Kron et Aladar. Ces péripéties donnent alors un peu de relief à un scénario bien plat jusque là, ou du moins qui n'arrivait pas à retenir l'attention des spectateurs. Il faut dire que toutes les parties avec les lémuriens au début du film mais aussi la rencontre d'Aladar et sa famille avec le groupe de dinosaures dirigé par Kron sont soporifiques au possible. C'est bien simple : il est impossible de s'attacher aux personnages ; même la chute du météore, en dehors de sa beauté visuelle et de l'impact qu'il aura sur Aladar et sa famille, ne parvient pas à émouvoir. Seule la fin du film est en réalité prenante et intense car le récit commence à avoir quelque chose de plus épais à raconter : deux visions du vivre ensemble et de l'entraide diamétralement opposées, celles de Kron et d'Aladar. Disney doit d'ailleurs ici être félicité ne pas avoir voulu gommer la violence de ces animaux. Dinosaure n'hésite pas ainsi à montrer les morsures et le sang. révélant au passage un autre problème du film : ne pas avoir su où mettre son curseur. Parfois trop violent, parfois trop enfantin... Le scénario prouve qu'il a été clairement le parent pauvre de la production. Le planning minutieux que nécessitait le tournage de prises de vues réelles bien en amont a manifestement eu raison de lui. Difficile, il est vrai, de faire évoluer un scénario quand il faut renvoyer une équipe pour tourner des décors supplémentaires !

La bonne et ambitieuse idée de Dinosaure est sans nulle doute de proposer des espèces peu vues jusqu'à présent au cinéma comme l'Iguanodon, le Styrachosaure, le Brachiosaure, l'Ankylosaure ou le Carnataure. Malheureusement, la définition de leur personnalité est en revanche bien trop banale.
Aladar l'iguanodon est donc le héros du film. Séparé de sa mère, élève par des lémuriens, il a appris le sens de la famille et de l'entraide. Sa découverte des premiers membres de son espèce après le cataclysme l'impressionne au début puis le révolte quand il se rend compte que c'est la loi du plus fort qui l'emporte. Le personnage est censé porter sur ses épaules le film tout entier. Malheureusement, il est bien trop fade pour envisager un instant réussir sa mission. Certes, le spectateur apprécie de le voir partir au secours de la veuve et de l'orphelin mais il manque vraiment d'aspérité pour se rendre attachant.
Il faut dire qu'il n'est pas aidé par sa famille lémurienne : Zini le clown de service, Yar le grand-père grincheux, Plio la mère adoptive et Suri la petit dernière. Tous sont caricaturaux à souhait ; la palme revenant à Zini doublé en français par un Jamel Debbouze très mauvais. De plus, se remarque un gros problème avec les lémuriens dans le scénario : après qu'Aladar ait rencontré le groupe de dinosaures suite à l'impact du météore, ils ne servent plus à grand chose dans l'histoire et font tapisserie jusqu'à la conclusion.
Dans le groupe de dinosaures, Aladar fait la connaissance de P'tit Rex, un ankylosaure, sorte de chien préhistorique ; d'Eema, une vieille femelle styrachosaure et de Baylene, une consoeur brachiosaure toutes deux laissées sur le carreau par la troupe car bien trop lentes et enfin de Neera, une jeune iguanodon, sœur du chef de la troupe et future compagne d'Aladar. Le constat est terrible : aucun de ces personnages n'arrive réellement à ressortir du lot.
En fait, les deux seuls qui sont plutôt intéressants sont les deux antagonistes d'Aladalar (en dehors des carnataures qui ne sont que des carnivores sanguinaires sans paroles). Kron est ainsi un iguanodon qui est le chef de la troupe et le frère de Neera. Il a une vision très précise de la manière de diriger. Pour lui, seuls les plus forts doivent arriver à la Terre des Nids. Il préfère, en effet, sacrifier les plus faibles pour être sûr de perpétuer l'espèce plutôt que de s'entraider au risque de tous mourir. Intransigeant, il ne démordra jamais de sa vision. Ce n'est pas le cas de Bruton, son bras droit qui va se rendre compte en se faisant blesser qu'abandonner les plus faibles est en réalité faire preuve de lâcheté et de faiblesse. Son revirement le rend ainsi à la fois humain et attachant.

L'autre grand réussite de Dinosaure est sans conteste sa musique. James Newton Howard propose, en effet, une mélodie tout simplement magnifique, peut-être l'une des plus belles partitions jamais composées pour un film Disney. Lyrique, épique, elle souligne à merveille la magnificence des décors et des images. Il peut être cité par exemple la superbe ouverture The Eggs Travels qui donnera des frissons aux spectateurs dès le début du film. Les mélodies sont rehaussées, pour certaines d'entre-elles, par des chœurs dus à Lebo M qui avait déjà prouvé toute l'étendue de son talent sur la musique du (Le) Roi Lion. Ces magnifiques chants peuvent s'entendre dans les morceaux comme Across the Desert ou The Courtship. La musique de Dinosaure est si belle qu'elle vit en dehors du film, formant là sa plus grande réussite.

Avec un budget de 127 millions de dollars, Dinosaure est à l'époque un des films d'animation les plus chers, dépassé de peu par Tarzan de seulement trois millions de dollars. Disney va donc mettre les petits plats dans les grands pour récupérer sa mise. La première bande-annonce utilise ainsi de façon intelligente l'ouverture qui est à couper le souffle, en espérant donner envie aux spectateurs de se ruer dans les salles. Malheureusement, la critique n'est pas forcément conquise trouvant à raison le film très moyen. Elle considère l'opus beau techniquement mais malheureusement trop faible au niveau de l'histoire, pâle copie du (Le) Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles, avec des personnages peu attachants. Le public américain n'accorde pas un triomphe à Dinosaure. Il démarre certes premier lors de de son premier week-end à 38 millions de dollars, mieux que l'homme singe l'année d'avant mais son bouche-à-oreille mitigé freine sa course qui se termine à 137 millions de dollars comparativement aux 171 millions de Tarzan. Or, pour être rentable, il lui faut remporter au moins trois fois sa mise : le marché international se révèle donc vital. Il atteint finalement presque l'objectif mais s'arrête à 349 millions, ce qui demeure tout de même le meilleur résultat de Disney en cette année 2000, cinquième film au box-office annuel tout studio confondu. L'ambition était tout simplement bien trop grande ! En France, par contre, Dinosaure est un vrai succès puisqu'il rassemble plus de 5,2 millions de spectateurs. Il s'agit d'un résultat qu'aucun film des Walt Disney Animation Studios n'a dépassé depuis y compris La Reine des neiges (5.1 millions) et Zootopie (4.7 millions).

Peu après la sortie du film, l'attraction Countdown to Extinction situé à DinoLand U.S.A. à Disney's Animal Kingdom depuis son ouverture en 1998, est modifiée pour essayer de profiter de sa supposée popularité. Elle change son nom en Dinosaur, comme le film ; la statue de l'entrée cède sa place au personnage d'Aladar et le ride est ralenti pour rendre l'expérience plus familiale. De même, la bande-son et les effets sonores sont modifiés pour faire moins peur au public. Cette version changée en l'an 2000 est toujours d'actualité et demeure la seule tentative de franchise du film.

Le semi échec de Dinosaure a des conséquences concrêtes. Le second projet de The Secret Lab, Wild Life, est en effet rapidement annulé. Qu'à cela ne tienne, la structure continue de créer des effets visuels impressionnants pour des films "live" : de 102 Dalmatiens où cohabitent chiots réels et chiots en 3D qu'il est difficile de distinguer les uns des autres, au (Le) Règne du Feu et ses dragons extrêmement réalistes. Alors que les équipes planchent encore sur les dragons, Disney considère finalement qu'il est moins cher de faire sous-traiter les effets visuels par des studios externes et annonce en 2001 la fermeture de The Secret Lab. Il est démantelé en juillet 2002 alors qu'une petite équipe termine à la hâte son dernier film, Kangourou Jack. Dinosaure se retrouve dès lors orphelin, esseulé dans la filmographie des studios...

L'histoire aurait pu en rester là. Mais en 2006, Bob Iger, nouveau PDG de The Walt Disney Company, décide de renouer avec Pixar qu'il rachète en 2006. Il place également John Lasseter à la tête de la division Animation de Disney-Pixar. Une conséquence majeure de son arrivée est de clarifier l'identité propre de chaque studio d'animation de The Walt Disney Company. Il change ainsi le nom de l'entité historique de Walt Disney Feature Animation en Walt Disney Animation Studios. Il insiste d'ailleurs sur l'aspect patrimonial en retenant, pour lui, un logo comportant un Mickey extrait de Steamboat Willie. Toujours dans l'idée de positionner clairement le périmètre de chaque entité, un stratagème identique à celui imaginé à son temps pour Taram et le Chaudron Magique est réutilisé pour la numérotation de Raiponce. Afin que le film porte un numéro symbolique, Dinosaure, le long-métrage réalisé par The Secret Lab, une entité éphémère né de Walt Disney Feature Animation, est, en effet, rajouté dans la liste officielle de la filmographie des studios. Dinosaure n’avait pourtant pas été considéré à l’époque comme un long-métrage Walt Disney Animation Studios officiel, notamment parce qu'il était en 3D alors que le studio ne produisait que de la 2D. Autre raison moins glorieuse, la Direction de l’époque qui plaçait à son endroit de grosses ambitions (le film était, en effet, censé faire le prestige de The Secret Lab, lui-même appelé à damer le pion à Pixar) a sanctionné son échec cinglant au box-office en l'excluant de la liste prémium. Ainsi, grâce à la volonté d'accorder à Raiponce la place de 50ème Grand Classique Disney et quelques 10 ans plus tard, Dinosaure est célébré à sa juste valeur comme le 39ème long-métrage des Walt Disney Animation Studios et non plus comme un projet subsidiaire orphelin...

Dinosaure est un film ambitieux qui a tout misé sur une musique somptueuse et des images spectaculaires, des atouts pour la plupart intacts seize ans après sa sortie. Malheureusement, les personnages et l'histoire pêchent beaucoup trop. L'opus n'est pas mauvais en soi mais s'avère soporifique dans son rythme et déjà-vu dans sa trame. Un visuel époustouflant ne fait pas tout ! Ce qui porte un film, ce sont bien ses personnages et son histoire. Dinosaure est un long-métrage beau mais vide ! Il marque le début d'une décennie délicate pour les Walt Disney Animation Studios qui voit l'artistique sacrifié sur l'autel de fort mauvaises décisions marketing. Disney y perdra son âme avant de la retrouver au début des années 2010.

L'équipe du film

1941 • 2021

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