Titre original :
Brother Bear
Production :
Walt Disney Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 1er novembre 2003
Genre :
Animation 2D
Réalisation :
Aaron Blaise
Bob Walker
Musique :
Phil Collins
Mark Mancina
Durée :
85 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Trois frères vivent, dans le Grand Nord, au cœur d'une nature sauvage baignée de Légendes et de Grands Esprits. Le plus jeune des trois, Kinaï, a toutes les raisons de détester les ours. Mais un spectaculaire sortilège vient ébranler ses certitudes. Changé en l'animal qu'il déteste le plus au monde, il va devoir apprendre à dépasser sa haine pour devenir un homme....

La critique

rédigée par
Publiée le 28 janvier 2018

Frère des Ours marque la fin d'une époque au sein des studios Disney. L'animation 2D en vit, en effet, ses derniers moments tandis que les différents studios des Walt Disney Animation Studios en dehors de Burbank vont fermer les uns après les autres. Le film sonne ainsi comme le testament du studio d'animation Disney d'Orlando en Floride et d'artistes désireux de prouver que l'animation 2D était encore un art populaire qui pouvait toujours toucher le grand public en signant un succès au box office. Au final, Frère des Ours s'avère un film émouvant à l'animation somptueuse mais qui perd un peu de puissance en son milieu en raison d'un humour pas toujours maîtrisé. La portée de ses quelques faiblesses n'expliquent pas en revanche qu'il soit devenu un grand oublié du public contemporain.

Frère des Ours est donc le troisième long-métrage entièrement produit dans les studios de Floride des Walt Disney Animation Studios à Orlando après Mulan et Lilo & Stitch. À la fin des années 80, la Direction de Disney sous l'impulsion de Michael Eisner exige, il est vrai, que le studio sorte un film d'animation par an. Pour remplir cet objectif, la capacité de production est augmentée et plusieurs succursales sont ouvertes en dehors de Burbank. L'une d'entre-elle se trouve à Orlando dans le nouveau parc de Walt Disney World, Disney-MGM Studios (rebaptisé vingt ans plus tard Disney's Hollywood Studios). Le 1er mai 1989 ouvre d'ailleurs l'attraction The Magic Of Disney Animation qui devient la maison de Walt Disney Feature Animation Florida avec 73 artistes lors de son ouverture. Prévue à l'origine pour être une simple attraction-vitrine du savoir-faire Disney en matière d'animation, le complexe devient au fur et à mesure des années une vraie structure avec une équipe conséquente, capable dans un premier temps de produire des cartoons entiers, puis d'animer dix à vingt minutes de chaque long-métrage. En 1992, il est décidé que le premier film a être animé intégralement dans les studios d'Orlando serait Mulan prévu pour une sortie en 1998. Suivent Lilo & Stitch en 2002 puis Frère des Ours en 2003.

Le réel instigateur de Frère des Ours est le premier de ses réalisateurs, Aaron Blaise.
Né à Burlington, dans le Vermont aux États-Unis, il part habiter à Naples en Floride à l'âge de 8 ans. Après ses études secondaires, il s'inscrit à la Ringling School of Art and Design, où il suit un cursus de peinture et dessin avant de se faire remarquer par l'équipe de Mickey. Il obtient, en effet, une bourse de formation chez Disney et s'installe en 1988 à Los Angeles pour étudier avec ses mentors dont Glen Keane avant ensuite de revenir dans les studios de Floride à Orlando. Il devient alors assistant animateur sur le court-métrage Lapin Looping et sur le long-métrage Bernard et Bianca au Pays des Kangourous puis animateur sur le personnage de la Bête dans La Belle et la Bête. Il passe ensuite superviseur de l'animation sur le personnage de Rajah dans Aladdin, Nala sur Le Roi Lion et Yao sur Mulan. Frère des Ours représente ainsi son tout premier film au poste de réalisateur.
Il se fera seconder plus tard par le co-réalisateur Robert, dit Bob, Walker.
Né à Scarborough, dans la banlieue de Toronto, au Canada, ce dernier intègre la St Lawrence de New York où il apprend l'art puis se tourne vers l'animation en passant par le Sheridan College d'Oakville. Il débute sa carrière chez Atkinson Film Arts, un studio d'animation d'Ottawa où il reste pendant cinq ans. Il décide de quitter le Canada lorsqu'il se fait embaucher en avril 1989 dans la nouvelle division animation de Disney en Floride où il rencontre Aaron Blaise qui deviendra l'un de ses meilleurs amis. Il débute en qualité de sénior layout (artiste compositeur d'images) et travaille sur Lapin Looping, Bernard et Bianca au Pays des Kangourous, La Belle et la Bête, Ami Oublié, Aladdin, Panique au Pique-nique, Le Roi Lion, Mulan et Lilo & Stitch. Frère des Ours représente ainsi sa première et dernière réalisation. Prévu un temps sur le film King of the Elves, basé sur une nouvelle de Philip K. Dick, le projet est malheureusement annulé. L'artiste meurt d'une crise cardiaque à l'âge de 54 ans le 1er avril 2015.

Les origines de Frère des Ours remontent à plus de dix ans avant sa sortie alors que Le Roi Lion était en production. Michael Eisner, à l'époque PDG de The Walt Disney Company, suggère, en effet, qu'il faut au label plus de films avec des animaux et qu'il en verrait bien un se passant en Amérique du Nord. Visuellement, il aimerait que l'opus s'inspire des illustrations d'Albert Bierstadt, peintre américain du XIXème siècle dont les œuvres représentaient des paysages épiques, réalistes, de lieux aussi beaux qu'inexplorés. Le héros pourrait alors être un ours, le roi de la forêt. Les premières ébauches du récit s'inspire ainsi de la tragédie de Shakespeare, Le Roi Lear, avant de se transformer en histoire familiale où un fils rebelle se voit transformer en ours et doit s'amender auprès de son père pour redevenir humain, décidant, au final, de rester un ours. Le projet, qui se prénomme alors Bears, se voit ensuite retravaillé et développé par Aaron Blaise. Le réalisateur est véritablement motivé par le projet car il souhaite absolument livrer un film prenant pour thème les ours qu'il adore dessiner. Le père est donc abandonné en cours du processus de création du storyboard et remplacé par un puis deux frères.L'histoire se transforme peu à peu pour voir finalement le jeune homme, alors changé en ours, se retrouver épauler par un autre ours plus âgé dans un relation élève / mentor. Mais les artistes trouvent toujours que le récit manque d'émotion et choisissent alors de transformer le vieil ours en petit ourson que le jeune homme devra prendre sous son aile. L'histoire redevient de la sorte un récit fraternel, avec d'un côté les trois frère humains, de l'autre les deux ours. Frère des Ours qui est un projet totalement original aura donc finalement connu beaucoup de revirements, avec de nombreux scénaristes ayant travaillé sur son script dont Tab Murphy et Steve Anderson, pour arriver au résultat final qui, même s'il n'est pas parfait, est porteur d'une émotion particulièrement bien retranscrite. 

Comme son titre l'indique, Frère des Ours est une magnifique histoire sur l'amour fraternel.
Il y a d'abord celui des trois frères humains que sont Kinaï, Denahi et Sitka. Cette triple fratrie voit ainsi l'aîné (Sitka) veiller sur ses deux petits frères tandis que le benjamin (Kinaï) ne rêve que d'une chose, devenir un homme. Le cadet (Denahi) coincé entre les deux n'a de cesse d'embêter son petit frère et d'impressionner son plus grand. La relation entre les trois jeunes gens est vraiment touchante tant elle est crédible et réaliste. Le spectateur ressent tout de suite leur amour et leur respect mutuel. En cela, le sacrifice de Sitka est ainsi encore plus poignant et déchirant. Le fait qu'il guide ses frères au delà de la mort apporte également beaucoup au film. Il permet, en effet, de les faire évoluer pour leur ouvrir les yeux sur le monde qui les entourent mais également sur eux-mêmes.
Le second amour fraternel développé dans l'opus est celui qui naît entre Kinaï, transformé en ours, et Koda le petit ourson qu'il croise sur sa route. Le processus est là-aussi très touchant car il n'est pas immédiat et les deux compères vont devoir apprendre à se connaître et à s'apprivoiser. Le rôle de Kinaï se voit d'ailleurs ici inversé : de petit dernier surprotégé, il en devient le réfèrent protecteur d'un plus jeune que lui et tout autant le modèle auquel Koda s'identifie. Ce renversement de statut est d'autant plus intéressant que Koda peut se retrouver bien plus débrouillard que l'empoté de Kinaï qui doit, lui, s'habituer à son nouveau corps. Là encore, la relation qui se construit entre la notion de grand frère à la recherche de tranquillité et le petit frère pot de colle et bavard est terriblement crédible et bien écrite. Ainsi, quand Kinaï décide de révéler toute la vérité à Koda sur ce qu'il vit, la révélation est encore plus difficile pour le petit ourson car il se sent complètement trahi. Et elle en est encore plus déchirante pour le spectateur qui doit attendre la toute fin pour en mesurer la portée à travers le choix fait Kinaï sur son destin.

L'autre thématique forte de Frère des Ours est l'apprentissage de la vie au travers les yeux d'un autre, différent de soi. Il ne faut ainsi pas s'arrêter à sa propre vision mais savoir se poser, observer et découvrir le monde. C'est là toute la démarche qu'entreprend Kinaï dans son périple. Alors qu'il est humain, il a des idées préconçues sur ce qui l'entoure, en particulier sur sa vision de l'avenir, sur ce qu'il veut représenter mais aussi sur l'univers qu'il côtoie, notamment la nature et les ours. Quand l'ours vient de lui voler ses poissons, il décide, en effet, tout de go de partir à sa poursuite pour le punir. Sauf qu' à y regarder de plus près, la faute première lui incombe en réalité car il n'a pas fait correctement son travail. Quand l'animal l'attaque puis tue son frère, il reporte sa haine dessus tant il le pense seul responsable de sa mort. En fait, il va découvrir, tout au long de son périple, que ses certitudes étaient complètement fausses et que l'ours était simplement en état de légitime défense, au point qu'il aurait sûrement fait la même chose à sa place. C'est précisément là, l'une des grandes forces du film. Il n'a aucun manichéisme avec un monde blanc ou noir mais simplement des visions différentes selon le point de vue. Frère des Ours propose ainsi une belle morale qui parlera à tous et fait réfléchir sur la perception des choses.

Frère des Ours est aussi un film qui s'inscrit dans la pure tradition Disney. Il arrive, en effet, à conjuguer deux éléments qui forment la marque inconsciente du studio de Mickey dans l'esprit du grand public : les animaux qui parlent et la magie ! Les animaux qui parlent n'ont pourtant ici cette capacité uniquement quand Kinaï est transformé en ours, ceci afin que le public ressente la même chose que le héros. La magie est, quant à elle, présente grâce aux esprits de la montagne. Ce sont eux qui vont transformer Kinaï en ours, sous l'influence de son frère Sitka devenu un aigle éclaireur, afin de guider le jeune homme sur la voie de l'amour. La transformation en elle-même est d'ailleurs de toute beauté, impressionnante graphiquement mais aussi superbe parabole. La sensation générale de magie est en outre renforcée par le recours à des pratiques d'un autre temps, l'action de Frère des Ours étant situé aux débuts de la civilisation en s'inspirant des croyances et coutumes des inuits et toute la mythologie de ce peuple de la préhistoire. Le fait que tout homme ou femme doive consacrer sa vie à suivre les préceptes de son totem rend alors le destin de chacun presque surnaturel car dicté par les esprits et les ancêtres. Les animaux totems sont ainsi au nombre de douze : le loup, le faucon, le castor, la biche, le pivert, le saumon, l'ours brun, le corbeau, le serpent, la chouette, l'oie et la loutre. Tous ces animaux, dont certains uniquement ressortent dans le film, se retrouvent dans l'aurore boréale comme autant de guides prêts à indiquer le chemin à emprunter ; la chaman étant là pour servir de messager entre les hommes et les esprits.

Pour autant, malgré ses thématiques fortes, Frère des Ours ne peut s'empêcher quelques faiblesses coupables dans son script. Si le début et la fin de l'opus sont particulièrement émouvants et touchants, le milieu est lui bien trop léger. À partir du moment où Kinaï devient un ours jusqu'à celui où il atteint avec Koda la montagne où "la lumière touche la terre", le récit se transforme en un simple road trip allié à un buddie movie. Le nécessaire voyage d'introspection de Kinaï, là où il doit apprendre à se connaître et à ouvrir les yeux sur le monde se transforme alors maladroitement en balade champêtre rythmée par les disputes incessantes de Kinaï envers Koda. Alors, certes, il y a aussi la chasse de Denahi contre son frère ours qui crée un peu de tension mais elle est trop vite balayée par les touches de comiques venant de Truc et Muche. S'ils détendent bien l'atmosphère, l'humour des deux personnages n'est pas toujours bien senti et ils ont trop tendance à alourdir le récit là où ils devraient participer à l'alléger... Au final, la baisse de régime au milieu du film, en plombe l'aura durablement : si l'ennui n'a pas sa place, elle l'empêche de devenir un classique indémodable resté gravé dans les mémoires.

Visuellement, Frère des Ours est sans conteste une merveille. Les réalisateurs sont pour cela partis du principe qu'ils voulaient rendre leur long-métrage réaliste. Ainsi, pour eux, cela passait nécessairement par une rencontre avec les ours et une expérience dans les grands espaces. Comme à l'époque du (Le) Roi Lion et de Mulan, un voyage de recherche est alors organisé, avec des étapes en Californie, au Parc National de Séquoia et dans le Wyoming, à Yellowstone. En 1999 puis en 2000, l'équipe se rend aussi en Alaska pour découvrir le sud d'Anchorage, le Parc National des Fjords Kenai, le Parc National Denali et la rivière McNeil où les ours ont l'habitude de se rassembler pour pécher le saumon. Grâce à cela, les décors sont à couper le souffle portés par des couleurs chatoyantes rendant hommage à une nature aussi grandiose qu'apaisante et préservée.

Le parti pris technique est également rehaussé par une idée aussi innovante qu'ingénieuse. Pour mettre en avant deux choses bien distinctes, la grandeur de la nature mais aussi le changement de perspective de Kinaï, le format de l'image change en effet au milieu du film. Ainsi quand Kinaï est en humain, le film est en 16/9, c'est-à-dire au format 1.85:1. Par contre, dès qu'il devient conscient de son état d'ours, quand il est réveillé par Nanaka, l'image s'agrandit à droite et à gauche pour passer en scope, autrement dit au format 2.35:1. La chose est rare : Les Walt Disney Animation Studios n'avaient plus, il est vrai, utilisé ce format grand écran depuis 1985 et Taram et le Chaudron Magique. Il permet clairement de donner bien plus d'ampleur aux décors, en particulier ceux des paysages majestueux. Le même principe de changement de format sera utilisé en 2007 dans le film mélangeant prises de vues réelles et animation, Il Était une Fois : la partie animée en début du film étant en 16/9 et la partie live en scope.

Les personnages de Frère des Ours offrent une galerie d'intervenants particulièrement bien définis
Kinaï est ainsi le héros de l'histoire. Le dernier et le plus jeune de trois frères ne rêve que d'une chose : devenir un grand chasseur. Mais quand les grands esprits lui désigne son totem, celui de l'ours représentant l'amour, il ne comprend pas. Il est encore plus enragé quand il croit un ours responsable de la mort de son frère. Par vengeance, il décide, en effet, de tuer l'animal qu'il pense coupable de son malheur. Mais il se trompe si bien que les esprits, en le transformant en ours, vont lui donner une leçon de vie et lui faire comprendre le sens de son totem. Le personnage est ainsi intéressant car il est foncièrement humain et grandit au fur et mesure de l'aventure en apprenant de ses erreurs et allant au delà de ses préjugés. Sa voix est merveilleusement interprété en anglais par Joaquin Phoenix comme en français par Bruno Choël.
Denahi est le cadet de la fratrie. Il n'a de cesse de taquiner son jeune frère et de se faire raisonner par son aîné. Quand ce dernier trépasse, il essaye alors de prendre la place du sage et du guide pour son benjamin. La disparition de Kinaï, coup dur supplémentaire, décuple sa haine et sa rage au point qu'il ne poursuit dès lors plus qu'un seul but : tuer l'animal lui ayant oté ses deux frères. Il ne sait pas ainsi que l'ours qu'il poursuit n'est autre que son frère transformé.
Sitka est l'aîné des trois frères. Aimant et protecteur, il s'occupe de la fratrie. Quand un ours attaque ses frangins, il n'hésite pas une seconde à sacrifier sa vie pour les protéger. Devenu grand esprit, il continuera de guider et montrer la voix à ses frères déboussolés.
Koda est le petit ourson dont Kinaï va croiser la route et dont il va devenir le protecteur, dans un premier temps sans vraiment le vouloir, puis en s'attachant petit à petit à lui. Adorable pipelette, le petit ourson est un moulin à paroles qui a un avis sur tout. S'il respire la joie de vivre, il a pourtant déjà connu une tragédie dont il ne prend manifestement pas toute la mesure. Kinaï devient pour lui le grand frère qu'il a toujours rêvé d'avoir.
Sur leur route Koda et Kinaï croisent deux frères élans, Truc et Muche. Ils ne sont pas moins que les éléments comiques du film. Leur relation est d'ailleurs relativement amusante car ils n'arrêtent pas de se disputer sur des broutilles même si un véritable respect est palpable entre les deux. Ce sont Rick Moranis et Dave Thomas qui les doublent en anglais tandis qu'en français le duo Kad et Olivier assume leur voix.
Parmi les autres personnages, plusieurs méritent attention : la chaman Nanaka tenue par Annie Cordy en français, Goliath le gros ours sage doublé par Michael Clarke Duncan en anglais et David Douillet en français, enfin les deux mouflons pas très futés à qui Omar et Fred prêtent leurs voix en français.

La bande originale de Frère des Ours est un immense atout du film. Ses chansons dues au talent de Phil Collins font mouche à chaque titre. C'est ici la deuxième fois que l'auteur compositeur travaille pour les Walt Disney Animation Studios après son superbe travail sur Tarzan pour lequel il a gagné l'Oscar de la Meilleure Chanson. Pas moins de six chansons originales sont proposées : cinq dans le film et une dans le générique de fin. La première est Les Grands Esprits, chantée en anglais par Tina Turner et en français par Kristel Adams. Elle permet d'introduire les trois frères Kinaï, Denahi et Sitka. Transformation est une superbe chanson en inuit interprétée par The Bulgarian Women's Choir et qui donne une spiritualité magique à la transformation de Kinaï en ours. En Chemin est le titre de Koda et Kinaï alors qu'ils sont sur le chemin de la montagne où "la lumière touche la terre". Elle est interprétée en français comme en anglais par Phil Collins. Bienvenue est la chanson où Kinaï et Koda retrouvent d'autre ours venus au rendez-vous des saumons. En anglais, elle est interprétée conjointement par The Blind Boys of Alabama, Oren Waters et Phil Collins tandis qu'en français ce sont Jean-Marie Marrier, François M'Pondo et Phil Collins qui en assume la prestation. Mon Frère Ours est la chanson thème du film où Kinaï avoue à Koda les atrocités qu'il a faites. Cette chanson clé dans l'émotion est elle aussi chantée en anglais comme en français par Phil Collins. Enfin, dans le générique final, Phil Collins chante Regarde dans mes Yeux. Il sera aussi noté la superbe musique instrumentale de Mark Mancina qui signe des prouesses pour souligner l'action et surtout la majesté des décors.

Frère des Ours sort le 1er novembre 2003 après une premier semaine d'avant-premières dans un cinéma de New York ainsi qu'au El Capitan Theatre, la salle appartenant à Disney sur Hollywood Boulevard à Los Angeles. Les critiques sont alors plus que froides sur le film le trouvant par trop convenu au niveau de l'histoire et, très injustement, peu qualitatif dans animation. Il faut dire que, pour la presse de l'époque, l'animation traditionnelle était devenue has-been et taper sur Frère des Ours était un moyen facile d'attaquer "l'ogre Disney" contre les petits poucets qu'étaient alors DreamWorks ou Pixar qui proposaient, eux, des films plus inventifs comme Shrek ou Le Monde de Nemo. Au niveau du public, Frère des Ours est bien mieux accueilli que La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers. Après un premier week-end à 19 millions de dollars où il arrive deuxième au coude à coude avec Scary Movie 3, il récolte un total de 85 millions de dollars sur le territoire américain, soit plus que La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers ou Atlantide, l'Empire Perdu. Au niveau mondial, il récolte 250 millions de dollars soit presqu'autant que Lilo & Stitch qui avait été considéré comme un succès. A l'international, c'est en France qu'il signe son meilleur score après les États-Unis. Alors que dans l'hexagone, les films Disney marchent traditionnellement mieux à Noël, la sortie de Frère des Ours le 28 janvier 2004 pendant les vacances de février n'a pas gêné sa carrière, réunissant pas moins de 3.5 millions d'entrées soit 600 000 de plus que La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers pourtant sorti à Noël en 2002.

Ces résultats corrects ne vont malheureusement pas sauver les studios de Floride et leurs artistes. Le 25 mars 2002, Tom Schumacher, le responsable des studios d'animation Disney réunit en effet toute son équipe à Burbank. Sa double annonce est terrible : licenciement de 250 artistes et fermeture des studios d'animation 2D ; le but étant désormais de se recentrer sur une petite équipe dédiée uniquement à la 3D ! Après cela, il est évident qu'il a dû être terriblement difficile pour les artistes Disney de proposer le meilleur d'eux-mêmes quand les dirigeants Disney ne croyaient manifestement déjà plus en leurs destinées. Les animateurs péchaient ainsi par un manque de motivation, évidemment excusable compte tenu de l'épée de Damoclès qui pendait au dessus de leur tête ; leur seule erreur étant d'avoir pensé que le rêve (travailler chez Disney) était éternel... Mais il y a pire ! Les échecs successifs des films animés ont d'autres lourdes conséquences puisqu'ils confortent la Direction de l'époque de fermer les studios d'animation en dehors de la Californie. Le seul mot d'ordre est désormais la concentration des moyens et des équipes. Toutes leurs forces vives sont fixées en un seul et unique studio : Burbank en Californie, et sa voilure considérablement réduite dans l'idée d'obtenir une structure voulue soudée, plus réactive et, surtout, moins coûteuse. La première conséquence est donc la fermeture des studios parisiens des Walt Disney Animation Studios situés à Montreuil en septembre 2003, un mois avant la sortie de Frère des Ours. Les animateurs de Floride qui, à la différence de ceux de Burbank avaient cru jusqu'au boût dans leur film, peut-être grâce à l'éloignement de la toxicité de la direction, espéraient que la qualité plairait au public et prouverait aux dirigeant Disney que leur studio était viable. Malheureusement, le box office, s'il est de bonne tenue, n'est pas non plus extraordinaire. En janvier 2004, l'annonce de la fermeture des studios d'Orlando tombe aussi. Le quatrième film qui aurait dû sortir de Floride, My Peoples, est purement et simplement abandonné.

Frère des Ours ne sera pas une franchise très lucrative pour Disney. Se compte ainsi une suite, produite par DisneyToon Studios, sortie le 29 août 2006 sous le simple titre de Frère des Ours 2. Dans les parcs, les personnages ne seront utilisés que dans l'attraction Redwood Creek Challenge Trail à Disney California Adventure au Disneyland Resort en Californie tandis que les personnages Koda et Kinaï apparaissent régulièrement dans les allées des resorts du monde entier et notamment à Disneyland Paris.
Frère des Ours vit également au delà de son propre parcours. Même s'ils s'en défendent vigoureusement, deux films Pixar, semblent, en effet, s'en inspirer. Rebelle voit ainsi un humain être changé en ours dans une sorte de parcours initiatique inversé où la fille doit sauver la mère transformée. Dans Le Voyage d'Arlo, le lieu et l'époque sont très proches de celui de Frère des Ours tandis que des éléments visuels empruntent des ressemblance troublantes comme le fait de mettre les empreintes des pattes pour prouver le passage à l'âge adulte.

Peu de choses sont en réalité à reprocher à Frère des Ours mis à part peut-être un récit un peu mou en son milieu et un humour faiblard. Il possède en revanche de l'émotion avec une belle morale, des personnages attachants et des visuels resplendissants... Mais voilà, cela n'a pas suffit pour le voir s'ancrer dans l'inconscient collectif comme si aucune scène emblématique n'arrivait à rester imprégnée dans l'esprit des cinéphiles. Et pourtant, consciemment ou inconsciemment, de nombreux artistes contemporains se sont inspirés du film dans les visuels ou la thématique. Il faut réhabiliter ce grand classique des Walt Disney Animation Studios qui a eu juste le mauvais destin de sortir à une période où les films d'animation traditionnels n'étaient plus à "la mode".

L'équipe du film

1961 • 2015

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