Titre original :
Lightyear
Production :
Pixar Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 17 juin 2022
Genre :
Animation 3D
IMAX
3-D
Réalisation :
Angus MacLane
Musique :
Michael Giacchino
Durée :
105 minutes
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Après s’être échoué avec sa commandante et son équipage sur une planète hostile située à 4,2 millions d’années-lumière de la Terre, Buzz l'Éclair tente de ramener tout ce petit monde sain et sauf à la maison. Pour cela, il peut compter sur le soutien d’un groupe de jeunes recrues ambitieuses et sur son adorable chat robot, Sox. Mais l’arrivée du terrible Zurg et de son armée ne va pas leur faciliter la tâche...

La critique

rédigée par
Publiée le 02 juillet 2022

Buzz l'Éclair est un spin-off de la saga Toy Story, censé être le film qu'aurait vu Andy et qui l'aurait fait devenir fan du personnage au point de vouloir un jouet à son effigie. Si l'idée en elle-même est bancale, l'opus souffre surtout d'un récit par trop convenu porté par des personnages peu attachants. Si les images sont naturellement superbes et l'action menée tambour battant, l'ensemble s'avère simplement divertissant sans génie ni fulgurance ; bien loin de la fraîcheur d'un Alerte Rouge ou de la poésie d'un Luca.

La saga Toy Story a toujours eu une place à part au sein des studios PixarToy Story, leur tout premier film, a en effet été une aventure aussi bien humaine que technologique. Non seulement il a marqué l'avènement d'une nouvelle forme d'animation en étant le tout premier long-métrage intégralement animé par ordinateur mais en plus, il s'est vu salué pour sa fraîcheur scénaristique. Plébiscité par la critique, le public lui a fait un triomphe, battant même à l'époque, en 1995, le film maison des studios Disney, Pocahontas, une Légende Indienne. Le succès est tel que Disney, qui a financé l'opus à 100% alors que les studios Pixar sont indépendants et appartiennent à Steve Jobs, le fondateur d'Apple, décide d'en commander une suite, prévue un temps pour le marché de la vidéo. Mais les artistes de Pixar sont persuadés de tenir une histoire encore meilleure que le premier volet et convainquent finalement la firme de Mickey de sortir Toy Story 2 au cinéma en 1999. D'excellent, le succès devient colossal et les critiques dithyrambiques le décrivent comme le Star Wars : L'Empire Contre-Attaque de l'animation. 2006 voit ensuite The Walt Disney Company racheter les studios Pixar et les intégrer dans son giron tandis que l'un des premiers films mis en chantier devient Toy Story 3. L'opus sort en 2010 et, là encore, signe un triomphe critique, devenant l'un des meilleurs films notés au sein du catalogue des studios de Luxo Jr.. Le public n'est pas en reste, pleurant devant sa fin totalement bouleversante. Lors de sa sortie, Toy Story 3 décroche ainsi la place de plus gros succès au box-office mondial pour un film d'animation avec 1,067 milliard de dollars (battu en 2013 par La Reine des Neiges et ses 1,276 milliard de dollars) et pour un film Pixar (battu en 2018 par Les Indestructibles 2 avec 1,242 milliard de dollars).

La fin de Toy Story 3 marque donc un point final aux aventures de Woody et Buzz l'Éclair et tout le monde s'attache à la qualifier de parfaite. L'adieu d'Andy à ses jouets et le passage de relai a, il est vrai, fait chavirer plus d'un cœur. Pour autant, même si aucun long-métrage n'est alors envisagé, les aventures des jouets continuent avec une série de courts-métrages sortis sous la collection des Toy Story Toons. Ils proposent ainsi de petites aventures de Woody, Buzz et leurs amis alors qu'ils sont désormais la propriété de Bonnie. Le premier, Vacances à Hawaï, est diffusé au cinéma en 2011 en première partie de Cars 2. Un peu plus tard dans l'année, toujours au cinéma, Mini Buzz est proposé devant Les Muppets, Le Retour. Le troisième cartoon, Rex, le Roi de la Fête, sort lui en 2012 avec la ressortie en 3-D du (Le) Monde de Nemo. Après, la saga Toy Story investit le petit écran à travers deux moyens-métrages : un spécial d'Halloween, Toy Story : Angoisse au Motel, en 2013 et un spécial de Noël, Toy Story : Hors du Temps, en 2014. À la grande surprise de tout le monde, un quatrième opus est annoncé pour finalement sortir en 2019. Toy Story 4 est à nouveau un énorme succès puisqu'il récolte 1,073 milliard de dollars. Les aventures de jouets continuent après tout cela sur Disney+ grâce à la série de cartoons Fourchette se Pose des Questions en 2019 ou encore le court-métrage La Vie en Lumière en 2020 qui raconte la vie de La Bergère entre le troisième et le quatrième opus.

Buzz l'Éclair naît de l'imagination de son réalisateur, Angus MacLane. Venu de Portland dans l'Oregon, l'artiste entre chez Pixar en 1997 pour travailler sur le cartoon Le Joueur d'Échecs. Il est ensuite animateur sur presque tous les longs-métrages du studio (1001 Pattes (a bug's life), Toy Story 2, Monstres & Cie, Le Monde de Nemo, Les Indestructibles, Cars - Quatre Roues, Ratatouille, WALL•E, Là-Haut et Toy Story 3) mais aussi certains de ses courts-métrages comme Drôles d'Oiseaux sur une Ligne à Haute Tension et L'Homme Orchestre. Il passe également derrière la caméra pour les cartoons BURN•E et Mini Buzz mais aussi le moyen-métrage télévisé Toy Story : Angoisse au Motel. Le Monde de Dory constitue ensuite sa première réalisation pour un long-métrage.

Après la sortie du (Le) Monde de Dory, Angus MacLane propose donc une idée de film aux responsables de Pixar. Il a toujours été attaché au personnage de Buzz l'Éclair, au point d'être devenu l'animateur de référence du cosmonaute jouet. Il s'est alors toujours posé la question de savoir quel pouvait être le film qu'avait vu Andy, avant les évènements de Toy Story, pour le faire devenir fan du personnage au point de vouloir un jouet à son effigie. Comme le réalisateur était également fan de films de science-fiction depuis l'enfance, notamment de Star Wars, le projet est vite devenu très personnel en cherchant également à le coupler avec une réflexion sur l'idéal héroïque et un hommage aux longs-métrages de science-fiction qu'il apprécie tant, notamment ceux proposant des planètes inhospitalières, des vaisseaux spatiaux et des robots en tout genre.

En réalité si l'idée est intéressante sur le papier, dans les faits, le rattachement du film Buzz l'Éclair à la franchise Toy Story semble forcé et donne l'impression de vouloir faire rentrer au chausse-pied ce spin-off dans le reste de la saga. Le concept est tellement flou et alambiqué que le long-métrage se doit même de placer une phrase d'explication en début d'opus pour clarifier ses intentions aux spectateurs. Et l'idée ne fonctionne pas : le personnage de Buzz n'a en effet jamais été créé comme étant une représentation d'un acteur réel mais bien comme celle d'un personnage animé.
Très vite lors de la conception du premier Toy Story, la figurine spatiale s'impose sans trop de mal pour le jouet neuf du duo principal. L'imagination fertile des animateurs fait le reste. Les gadgets en tout genre viennent ainsi équiper la marionnette qui gagne également en taille. Au début petit et rouge, elle accumule des centimètres supplémentaires et revêt aussi, histoire de gagner en assurance, une combinaison de cosmonaute à dominance "blanc scientifique" du plus bel effet. Mieux, son histoire en fait un héros de série télé et lui offre le nom clinquant de Buzz l'Éclair ; tout est dit, il est "ranger de l'espace", le copain idéal des petits garçons qui se respectent. Le personnage de Buzz est d'ailleurs tellement bien défini qu'il est, un temps, envisagé de débuter Toy Story par une séquence 2D supposée être un extrait de sa sérié animée. L'idée est toutefois vite abandonnée au motif qu'elle lui fait la part trop belle au détriment de son opposé, le jouet has-been.
Suivant la règle qui veut que rien ne se perd au cinéma, l'idée refait néanmoins surface dans Toy Story 2 quelques années plus tard ; la série autonome Les Aventures de Buzz l'Éclair est même créée au début des années 2000 avec les studios Disney Television Animation. Son épisode pilote est d'ailleurs proposé en long-métrage sorti directement en vidéo, Buzz l'Éclair - Le Film : Le Début des Aventures. Mais John Lasseter, le réalisateur des deux premiers Toy Story, et alors patron des studios Pixar, déteste particulièrement la série et fait tout pour qu'elle tombe dans l'oubli. Pourtant sympathique, elle n'est plus rediffusée depuis 2009 et n'est toujours pas disponible sur Disney+ à ce jour.
Les artistes Pixar vont donc complètement zapper Les Aventures de Buzz l'Éclair dans la conception du nouveau film alors qu'Angus MacLane avait pourtant animé les courts passages en CGI présents au début de la série et du pilote. Mais les fans de la série vont eux le presser de s'expliquer durant la promotion de Buzz l'Éclair. Le réalisateur finit par lâcher l'explication suivante : le long-métrage a amené la création d'une série animée dérivée dont le design de cette dernière a inspiré une ligne de jouets parmi lesquels figurent les fameux Buzz et Zurg. Pourtant, l'incohérence est toujours forte. Il est ainsi difficilement envisageable que Buzz l'Éclair ait été le genre de film capable de subjuguer un garçon du milieu des années 1990 au point d'acheter le jouet dérivé de la série. Il était sûrement fan de la série mais peu de chance qu'il l'ait été du film. Surtout que ce nouveau long-métrage possède une autre incohérence. D'un point de vue technique et sociétal, le récit de science-fiction est clairement marqué par son époque, c'est-à-dire les années 2020. Il est loin, par contre, de rappeler les années 1990...

Mais peu importe. Le fait que Buzz l'Éclair soit légitime ou non dans la franchise Toy Story est principalement un débat de fans. Ce n'est pas ce détail qui en fera un bon film ou non. Il peut tout à fait être vu comme un long-métrage indépendant. C'est sa propre valeur qui doit être jugée et rien d'autre. Dès lors, le résultat est que Buzz l'Eclair est un film divertissant rendant hommage aux sagas de science-fiction avec sa dose d'action, de surprises et même ses petites touches d'émotion de-ci de-là. Il lui manque pourtant ce zeste de poésie, de folie ou de prises de risques que les studios Pixar ont insufflé à leurs derniers opus. Même Toy Story 4 arrivait à déchirer le cœur des spectateurs grâce à des personnages attachants et un final doux-amer. Ici, rien de tout cela. L'ensemble est bien exécuté et l'ennui n'a globalement pas sa place mais il manque le petit quelque chose pour que le public sorte de sa séance ébahi. Le récit est assez quelconque et ses personnages peu attachants. Pour résumer ce sentiment, Soul, Luca et Alerte Rouge ont eu le mauvais sort de sortir sur Disney+ au lieu des salles de cinéma... alors que Buzz l'Éclair aurait bien plus mérité d'être proposé en exclusivité sur la plateforme, et ce malgré son budget conséquent et ses visuels magnifiques.

Buzz l'Éclair est donc un hommage aux grands films de science-fiction. Étonnamment, son récit est loin de faire penser à Star Wars dont le réalisateur est pourtant un grand fan : il rappelle plutôt la saga Star Trek, en particulier le reboot de 2009 réalisé par J. J. Abrams. Le récit évoque également par certains aspects Interstellar, le long-métrage de 2014 par Christopher Nolan ; Le Trou Noir, le film Disney de 1979 ; Independence Day : Le Jour de la Riposte, le blockbuster de 1996 par Roland Emmerich ; ou encore Alien, le Huitième Passager, le classique de science-fiction horrifique de 1979 par Ridley Scott. Visite de planète inconnue, notion scientifique complexe, droïdes bienveillants, robots tueurs, voyage dans l'espace, attaque de créatures étranges... Buzz l'Éclair propose de nombreux éléments emblématiques - certains diront clichés - des films de science-fiction. Il en fait un mélange qui fonctionne plutôt bien mais qui est loin de surprendre le spectateur, en particulier le fan accro au genre. Il y a tout de même quelques bonnes idées, en particulier dans les premier et troisième actes, notamment tout ce qui a trait au temps qui passe et ce que chacun en fait.

Buzz l'Éclair propose également une thématique autour du héros. Étant ranger de l'espace, Buzz dédie sa vie au service des autres. Et il prend extrêmement au sérieux son engagement. Mais l'idée qu'il se fait de son devoir est que la prise de risque se doit d'être un exercice totalement solitaire. Il veut que personne ne l'aide ; non pas par vanité, mais dans l'optique qu'il n'y ait aucun blessé. Il est persuadé que son travail et ses actions se doivent d'être parfaites à tout instant. Sa concentration, son sang-froid et son abnégation font qu'il ne peut connaître l'échec. Mais quand il se produit inexorablement, sa culpabilité est telle qu'il va vouloir corriger son erreur, seul, et peu importe le temps nécessaire pour cela. Quitte une nouvelle fois à mettre en jeu sa vie, dans tous les sens du terme. Le film aborde ainsi la définition même du héros et apporte des visions différentes de la réussite d'une mission. Est-ce qu'un objectif doit être accompli à tout prix ? À quel moment cet objectif devient-il obsolète au point de devoir en changer ? Et surtout, est-ce que le véritable héros est fatalement seul dans son cockpit de vaisseau ou alors en compagnie des gens qu'il est censé protéger ?

Malgré des thèmes globalement intéressants, Buzz l'Éclair reste assez décousu dans sa construction. Le premier acte est clairement et sans conteste le meilleur. Les thématiques abordées sont très intéressantes et l'exécution parfaite, bien qu'un brin trop rapide. Lorsque le deuxième acte commence, le film prend alors une tournure totalement différente qui vient malheureusement lui porter préjudice. Dans le but de débuter la prise de conscience du héros afin qu'il fasse sa transformation intérieure et qu'il accomplisse sa mue personnelle, il est obligé d'apprendre des autres pour s'ouvrir à des nouvelles perspectives. Le récit devient alors totalement convenu avec un énorme air de déjà-vu sans être jamais vraiment très touchant. Heureusement, le tout est emballé de péripéties qui apportent leur lot de scènes d'action. Mais même là, les séquences s’enchaînent par trop rapidement les unes à la suite des autres sans jamais arriver à maintenir l'intérêt. Le long-métrage remonte néanmoins la pente grâce à un troisième acte qui offre son lot de surprises et de révélations. Ces dernières tentent d'ailleurs un parallèle bienvenu avec la franchise Toy Story. Pour autant, cette dernière partie n'arrive pas totalement à retrouver l'ambiance si particulière du début du film, et c'est bien dommage.

Au-delà de son récit assez convenu, Buzz l'Éclair souffre d'un autre problème : ses personnages ne sont pas particulièrement attachants, à commencer par le héros lui-même.
En choisissant de faire une origin story sur le personnage du cosmonaute jouet qui n'en avait pas besoin, le réalisateur s'est lui-même enfermé dans un piège. Il essaye tant bien que mal d'ancrer Buzz l'Éclair dans la saga Toy Story, notamment grâce à de nombreux clins d’œil reprenant certaines des phrases emblématiques prononcées par Buzz dans les précédents opus mais en les plaçant dans des moments plus réalistes. Pourtant, Angus MacLane ne semble pas avoir véritablement compris ce qui faisait l'essence même du personnage.
Buzz était apprécié du public grâce à plusieurs aspects. D'abord, sa condition de jouet qui s'opposait à ce qu'il pensait réellement être : un ranger de l'espace. Il était alors sûr de lui, hautain mais aussi incroyablement charismatique. Pourtant, il croyait tellement à son rôle qui lui avait été attribué par son fabricant qu'il en était particulièrement drôle. Ainsi, quand il découvre sa vraie condition de jouet, il arrive finalement à se rendre terriblement touchant. Sa voix, que ce soit celle de Tim Allen en version originale ou celle de Richard Darbois en français, a fini par rendre le personnage iconique.
Ici, le réalisateur, en voulant restituer un Buzz plus réaliste et en le dépeignant comme un vrai héros, gomme fatalement de sa personnalité tous les côtés drôles venant du jouet. Il ne reste plus que les aspects un peu irritants du ranger. Pour accentuer le côté sérieux, une nouvelle voix, plus jeune, a été choisie. Chris Evans, le héros par excellence suite à ses rôles de Captain America dans les films du Marvel Cinematic Universe, était alors l'acteur idéal pour interpréter ce nouveau Buzz. En français, François Civil se charge correctement du doublage. Tous ces choix font que Buzz a vraiment du mal à voir le public percer sa carapace. Mis à part à quelques moments où une tristesse laisse transparaître quelques failles, il est souvent assez antipathique. Heureusement, la fin du récit lui offre une évolution salutaire, mais trop peu et trop tard.

Malheureusement, les autres personnages, à une exception près, ne remontent pas le niveau.
Les membres de l'entourage de Buzz, qu'ils soient coéquipiers de toujours ou acolytes d'un jour, ont vraiment du mal à exister et à se montrer intéressants. Par exemple, Mo Morrison, un quarantenaire maladroit, finit par être énervant à faire bourde sur bourde. Et ce n'est pas sa voix tenue notamment en anglais par Taika Waititi, le réalisateur de Thor : Ragnarok ou de Jojo Rabbit, qui remonte l'intérêt du personnage. Même chose pour Darby Steel, une vieille dame acariâtre qui adore tout faire exploser. Elle arrive à avoir un peu de relief en français grâce au doublage de Chantal Ladesou, toujours aussi drôle, mais qui fait... du Chantal Ladesou et donc ne permet pas au personnage d'exister par lui-même. Izzy est, quant à elle, plus passe-partout et relativement superficielle alors qu'il s'agit pourtant du deuxième personnage le plus important du film. Alisha est, elle, plus discrète, surtout qu'elle n'est visible qu'au début du long-métrage, mais elle arrive pourtant à faire passer une émotion bien plus réelle et sincère.
Étonnamment, le personnage le plus réussi du film est clairement Sox, le chat robot. Il est à la fois drôle, touchant et surtout incroyablement "humain" alors que c'est le seul à être fait de métal et de circuits électroniques. En plus, il est l'un des éléments centraux du récit, faisant avancer l'action mais également l'introspection émotionnelle du héros. Cette réussite est amplifiée par son admirable doublage aussi bien en anglais par Peter Sohn, le réalisateur du (Le) Voyage d'Arlo, qu'en français par Michaël Gregorio.
Enfin, reste le méchant, l’infâme Zurg qui est à l'origine d'un beau retournement de situation et qui est globalement réussi. Il s'éloigne, pour le coup, de la version de Toy Story 2 en lui offrant une motivation cohérente avec le nouveau film. Son affrontement avec Buzz est très intéressant et signe le summum du troisième acte.

Encore une fois, avec Buzz l'Éclair, les studios Pixar démontrent leur maestria technique. L'animation est tout simplement superbe. Le sens du détail est exceptionnel et il faut notamment apprécier le travail effectué sur la lumière. Certains plans sont ainsi de toute beauté. La seule chose qui pourra être regrettée dans les visuels est peut-être cet aspect un peu réaliste. La science-fiction présentée ici manque cruellement de fantaisie et d'inventivité, y compris dans les créatures et les plantes extra-terrestres rencontrées par Buzz et son équipe. Les artistes de Pixar sont restés dans une certaine zone de confort, cherchant davantage la perfection technique que l'imagination fertile. Autre élément technologique à connaître, Buzz l'Éclair sort dans toutes les salles de cinéma en scope, c'est-à-dire au format 2.39:1. Par contre, il est aussi le premier long-métrage d'animation à disposer de certaines scènes tournées spécialement au format IMAX, ce qui leur permet de passer au format 1.9:1. Ces salles proposent ainsi une version pouvant aller jusqu'à 26% d'images en plus par rapport au réseau normal. La version IMAX est donc la salle optimale pour découvrir l'opus !

L'autre réussite de Buzz l'Éclair est sa bande originale. Le talentueux Michael Giacchino est un fidèle de Pixar. Il a ainsi composé les musique des films Les Indestructibles, Ratatouille, Là-Haut pour lequel il est oscarisé, Cars 2, Vice-Versa, Coco et Les Indestructibles 2 ainsi qu'un certain nombre de courts-métrages. Il travaille également avec deux réalisateurs du studio à la lampe qui s'essaient à la prises de vues réelles pour le studio Disney et leur offre deux pépites auditives, que ce soit John Carter d'Andrew Stanton ou À la Poursuite de Demain de Brad Bird. Ici, le compositeur propose une partition autant épique qu'exaltante, utilisant même parfois des chœurs pour donner plus d'ampleur aux séquences, permettant ainsi de souligner magnifiquement l'action tout en composant un thème principal qui reste en tête après la séance. Il est d'ailleurs important de rester jusqu'à la dernière seconde car pas moins de trois surprises attendent les plus patients.

Buzz l'Éclair est donc le premier film Pixar à sortir au cinéma depuis En Avant, et encore ce dernier avait énormément souffert des conséquences du premier confinement mondial suite à la pandémie liée à la maladie infectieuse émergente COVID-19 provoquée par le virus SARS-CoV-2. Pour autant, les critiques ne sont pas autant emballées que d'habitude avec les productions du studio. S'ils sont globalement positifs, il trouvent pour la plupart que le long-métrage ne fait pas partie du haut du panier au sein du studio à la lampe. Il faut ainsi remonter à Cars 3 pour trouver un film moins bien noté en moyenne. Le public qui va le voir en salles semble lui l'apprécier mais le démarrage s'avère décevant, rapportant seulement 50 millions de dollars lors de son week-end de sortie aux États-Unis, un score qui aurait été considéré comme une contre-performance avant la pandémie. Il s'agit tout de même du meilleur démarrage pour un film d'animation depuis la COVID, même s'il a fait 20 millions de dollars de moins que ce que les experts attendaient. Le budget colossal du film - 200 millions de dollars - a sûrement convaincu The Walt Disney Company de le diffuser d'abord au cinéma, pensant que le nom de Buzz l’Éclair suffirait pour faire venir les spectateurs en masse. En somme, Pixar a fait la même erreur d'analyse que Lucasfilm Ltd. avec Solo : A Star Wars Story quand ils pensaient que le personnage de Han Solo ferait déferler le public. Dans les deux cas, l'aura des personnages aura été surestimée.

La promotion de Buzz l'Éclair a aussi été entachée de mauvaises rumeurs avant sa sortie. Variety rapporte en effet en exclusivité le 18 mars 2022 que le studio à la Lampe a obtenu une petite victoire suite au chaos dans lequel s'est embourbé Disney avec le scandale de la loi « Don't Say Gay » : un baiser lesbien, à l'origine retiré du film, a été réintégré dans le long-métrage ! Un personnage partage en effet avec sa moitié l'un de ces « moments d'affection ouvertement gay », si souvent remisés sous le tapis auparavant, pour le plus grand bonheur des artistes de Pixar comme des fans. Et si ce n'est pas le premier couple de femmes à apparaître dans une production Pixar, il s'agit néanmoins d'une grande avancée. Ici, le personnage est l'une des acolytes du héros et non un simple figurant. De plus, les deux femmes se font un baiser plein de tendresse et d'amour durant une scène, certes de quelques secondes à peine mais tout de même. Néanmoins, cette courte séquence a valu au film une censure et un boycott politico-religieux le voyant être interdit dans plusieurs pays du Moyen-Orient et d'Asie mais également en étant accusé de propagande progressiste par des conservateurs américains.

Buzz l'Éclair est au final une déception de Pixar. Si techniquement le film est magnifique et arrive à se rendre divertissant durant son visionnage, il n'en reste pas moins oubliable malgré quelques bonnes idées. La faute à des personnages assez transparents, un récit lambda et un concept de départ assez bancal qui bride plus qu'autre chose la créativité des artistes du studio.

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