Men in Black
International

Titre original :
Men in Black : International
Production :
Marvel
Columbia Pictures
Amblin Entertainment
Date de sortie USA :
Le 14 juin 2019
Genre :
Science-fiction
IMAX
3-D
Réalisation :
F. Gary Gray
Musique :
Chris Bacon
Danny Elfman
Durée :
115 minutes

Le synopsis

Après avoir découvert, jeune enfant, l'existence d'une agence secrète s'occupant de problèmes extraterrestres, la jeune Molly, devenue adulte, est bien décidée à tout faire pour intégrer cette organisation...

La critique

rédigée par
Publiée le 25 juillet 2019

Men in Black : International, quatrième volet de la franchise Men in Black, se base sur une série de comics à succès éditée par Malibu Comics, une filiale de Marvel même s'il convient de préciser que The Walt Disney Company ne participe pas du tout à l'adaptation cinématographique. Men in Black : International a ainsi pour ambition de faire revivre la franchise sans son acteur fétiche Will Smith. Un pari raté tant le blockbuster se révèle peu inspiré, insipide et oubliable venant finalement poser un constat simple : personne n'avait vraiment envie de voir ça.

Après une trilogie de films allant de 1997 à 2012, le monde avait-il en effet vraiment besoin d’un peu plus de Men in Black ? Fallait-il rappeler ces agents secrets habillés en costume noir, formés pour défendre la Terre des menaces aliens dans le secret le plus absolu et effaçant la mémoire des humains qui seraient témoins d’événements extra-terrestres ? À une époque où les studios font du revival de leurs franchises une priorité, Colombia Pictures se rabat donc sur la saga Men In Black et en propose un nouveau volet en 2019, censé introduire de nouveaux agents et s’affranchir du duo iconique composé de Will Smith et Tommy Lee Jones dans les précédents films. Un opus qui affiche un goût de lot de consolation tant le projet initialement développé était nettement plus ambitieux : faire un cross-over entre Men in Black et 21 Jump Street !

En 2012 sort en effet sur les écrans 21 Jump Street, une adaptation d’une série culte de 1987 qui a révélé Johnny Depp au grand public. Le film, réalisé par le duo Phil Lord et Chris Miller, réussit alors son pari en proposant une aventure complètement folle qui se moque autant d’elle-même que d’Hollywood en général, aux allures méta bienvenues et au ton décalé hilarant. La suite, 22 Jump Street s'inscrit dans la même veine et pousse l’absurde encore plus loin. Jonah Hill et Channing Tatum y forment une équipe improbable, grotesque, mais qui fonctionne instantanément. L’accueil critique est très bon et les résultats au box-office tout à fait satisfaisants. En 2014, la mise en chantier d’un troisième volet devient une évidence : au lieu de proposer une simple suite, le studio affiche pourtant une ambitieuse bien différente ; mélanger l’équipe de 21 Jump Street au monde de Men in Black. Le film, intitulé MIB 23, est produit et écrit par Phil Lord et Chris Miller tandis que sa réalisation se voit confiée à James Bobin. Dans le même temps, 24 Jump Street est annoncé, avec cette fois-ci un duo féminin au cœur de l’action. Mais les années passent et MIB 23 a bien du mal à se concrétiser ; les acteurs eux-mêmes doutant de la réussite du projet. En 2017, Columbia Pictures se rabat donc sur un film Men in Black sans lien avec le cross-over si bien qu'en 2019 le projet semble bel et bien enterré. Phil Lord, qui reste attaché à l’idée, précise toutefois que MIB 23 est toujours dans les cartons et que le studio continue d’y travailler. En attendant, Men in Black : International sort sur les écrans en juin 2019 dans une indifférence générale.

F. Gary Gray est ainsi choisi pour réaliser ce quatrième opus. Sa carrière cosmopolite est composée principalement de clips musicaux. Lorsqu’il se tourne vers le cinéma, il enchaîne succès et échecs critique avec des films comme Friday en 1995, Négociateur en 1998, Braquage à l’Italienne en 2003, Que Justice Soit Faite en 2009, NWA : Straight Outta Compton en 2015, ou encore Fast and Furious 8 en 2017. Avec Men in Black : International, le réalisateur rend une copie tout à fait quelconque, qui ne marque pas par la beauté de ses plans ni par l’ingéniosité des scènes d’action. Il faut dire que durant le tournage, plusieurs tensions éclatent entre lui et le producteur Walter Parkes. Selon The Hollywood Reporter, F. Gary Gray était même sur le point de quitter le film pendant la production tandis que plusieurs scènes ont été réalisées et montées par Walter Parkes lui-même. Une situation aussi grotesque que malsaine qui se ressent dans l'opus plombé par une manque absolu de personnalité, aucune marque distincte d’un auteur ou une quelconque thématique intéressante. C’est un long-métrage de commande, un film de studios et de producteurs dans le sens le plus péjoratif du terme !

Men in Black : International est donc, en réalité un film qui, sorti 15 ans plus tôt, n’aurait pas été si lassant à regarder. Mais à une époque où les spectateurs sont abreuvés de blockbusters jusqu’à plus soif, il apparaît comme une redite de ce qui a déjà été fait, des centaines de fois avant lui et ailleurs. Dès lors, le spectateur ne peut s’accrocher à rien d’un tant soit peu innovant ou inédit, apte à rendre l’ensemble agréable à suivre. Insipide et quelconque, l'ensemble devient vite ennuyeux. Le public sait pertinent quelles sont les séquences obligées à venir ; il voit, sans jamais être dupe, comment se construit le récit et reste à demi-éveillé en attendant que tout cela se "déroule comme prévu". L’empathie avec l’univers, avec les personnages, avec les enjeux ne se fait pas sentir. Dès lors, une fois le générique terminée, Men in Black : International est aussitôt oublié. Cerise sur le gâteau, la franchise Men in Black a toujours été la source d’un humour lourdingue. Cet opus souhaite ne pas déroger à la règle... pour en rajouter au supplice avec une majorité de ses gags à l’origine d’une profonde gêne. Le résultat n’est tout simplement pas drôle ! Un malheureux sourire peut être décroché par l’Alien Pawny, minuscule chevalier en armure réinventé qui ne manque pas de dire ses quatre vérités au personnage de Chris Hemsworth. Mais c’est bien peu pour convaincre et cela relève du minimum syndical. Du design des races extraterrestres aux différentes blagues présentes (et elles sont nombreuses), le film plonge constamment dans le mauvais goût.

Le spectacle proposé dans Men in Black : International peut être « divertissant » si le spectateur est prêt à ne rien en attendre. Il n'est pas non plus une purge et se tient de son début à sa fin en passant par le milieu. Trois actes posées sans aucun génie mais sans être non plus source d'erreurs ou d'incohérences énormes  Mais tout est tellement vain que cela en devient in fine pénible à suivre. Chaque poncif vu et revu est présent. Chaque archétype de personnage apparaît. Chaque retournement de situation, fausse surprise, pseudo grande révélation, a un goût resucé. Le visuel est correct mais là encore, il n’y aucune nouveauté et ce genre d’effets spéciaux n’impressionne plus vraiment en 2019. Columbia Pictures passe véritablement à coté de son sujet. Le studio, avec un peu d'audace aurait vraiment pu réinventer la mythologie des Men in Black en détruisant et reconstruisant ce qui avait été fait dans les précédents films pour emprunter une direction nouvelle. Un peu à la manière de deux sagas qui se basent également sur des organisations gouvernementales : James Bond et Mission Impossible. Depuis quelques années, les deux franchises ne cessent, en effet, de se renouveler, d'aller plus loin dans la maîtrise de l'action, de jouer avec les clichés des premiers films pour vraiment en faire quelque chose et sortir du simple blockbuster estival. Portés par Daniel Craig et Tom Cruise, ces films montrent qu'il est possible de faire du neuf avec du vieux. Men in Black, soit par manque de compétence, soit par flemmardise, reste lui cloué au sol, ne cherche jamais à s'élever et garde son aspect de cinéma spectacle des années 2000, sans avoir conscience que le public attend désormais autre chose. Dès lors, entre « divertissant » et « inutile », il n'y a qu'un pas, aisément franchi. C'est dit : Men in Black : International ne sert à rien !

Là où le film s’en sort plutôt bien en revanche, c’est dans son casting. Le duo composé de Tessa Thompson et Chris Hemsworth fonctionne bien. Ils arrivent à se rendre attachants, développent une bonne alchimie ensemble et se renvoient punchline sur punchline. La première incarne l’agent M, convaincue qu’une agence gouvernementale secrète existe, et dont elle compte bien rejoindre les rangs. Déterminée et brillante, elle cherche à rapidement faire ses preuves et montrer ses capacités. Chris Hemsworth est, quant à lui, l’agent H, une pointure chez les Men in Black qui a perdu de sa gloire d’antan. Arrogant mais sympathique, il se lance avec M dans une mission périlleuse liée à son passé. Les deux acteurs, qui ont déjà partagé l’écran dans Thor : Ragnarok, assurent sans mal la relève de Will Smith et Tommy Lee Jones. Deux autres pointures sont également présents : Emma Thompson (La Belle et la Bête, Dans l'Ombre de Mary - La Promesse de Walt Disney), qui dirige les Men in Black, et Liam Neeson, en charge de la division basée à Londres. Si la première a un rôle très restreint et se contente de quelques apparitions, le second bénéficie d'un personnage plus développé, sans toutefois disposer d'une réelle envergure. 

Mal conçu, mal écrit, mal réalisé, mal vendu... L'accueil de Men in Black : International ne pouvait qu'être très mitigé. Le public ne se déplace pas vraiment et les critiques se désintéressent complètement de l'opus. Pour un budget de 110 millions de dollars, il n'en récolte que 30 sur le sol américain lors de son premier week-end. À l'international, le résultat n'est guère plus brillant puisqu'il atteint difficilement les 250 millions de dollars après cinq semaines d'exploitation. Si le résultat commercial n'a aucun lien avec la qualité, force est de constater que le public a massivement boudé cette suite qui n'était ni attendue, ni désirée. Le pari est raté pour Columbia Pictures qui aura bien du mal à imposer à nouveau sa franchise sur grand écran. À moins que le projet de cross-over avec 21 Jump Street voit enfin le jour, ce qui sera peut être la meilleure solution pour redynamiser une saga complètement à bout de souffle 

Suite quelconque d’une franchise qui n’a en réalité jamais brillé, Men in Black : International n’est pas assez malin pour susciter l’intérêt. Vite vu, aussitôt oublié, le neurolaser des personnages agit visiblement aussi sur les spectateurs.

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