Titre original :
Simply Irresistible
Production :
New Regency Productions
Date de sortie USA :
Le 05 février 1999
Distribution :
20th Century Fox
Genre :
Comédie romantique
Réalisation :
Mark Tarlov
Musique :
Gil Goldstein
Durée :
98 minutes

Le synopsis

À New York, Amanda Shelton tient un restaurant hérité de sa défunte mère. Malgré son optimisme, l’établissement est menacé de fermeture. Un jour, au marché, elle fait la connaissance d’un homme prétendant être un vieil ami de sa mère. Ce dernier lui offre un cadeau lui donnant des facultés culinaires insoupçonnées, ainsi que certains pouvoirs magiques. Elle y rencontre également Tom Bartlett, dirigeant d’un magasin. Ce dernier va aussitôt tomber sous le charme de la belle Amanda.

La critique

rédigée par
Publiée le 04 novembre 2021

Co-produit par 20th Century Fox et New Regency Productions, Simplement Irrésistible est une comédie romantique passée légèrement inaperçue lors de sa sortie au cinéma, et ce malgré sa tête d’affiche qui n’est autre que la célèbre Sarah Michelle Gellar, alors star montante grâce à son rôle iconique de Buffy Summers dans la série culte Buffy Contre les Vampires. Fleurant bon les années 1990, agrémenté d’une touche de surnaturel et de magie, le métrage vaut le coup d’œil, ne serait-ce que pour son couple vedette et son intrigue plutôt originale pour un film romantique.

Simplement Irrésistible est réalisé par Mark Tarlov, producteur, réalisateur et producteur exécutif américain ayant peu travaillé derrière la caméra, puisqu’il ne réalisera qu’un seul autre film, Temptation (2004), une comédie musicale. Parmi les quelques films notables auxquels il a participé figurent Christine (1983) de John Carpenter, Les Coulisses du Pouvoir (1986), Pensées Mortelles (1991), Un Anglais sous les Tropiques (1994) avec Sean Connery, Pecker (1999) et Cecil B. Demented (2000). Il s’est également fait un nom du côté de la série B d’horreur en collaborant entre autres sur White Water Summer (1987) et Serial Mom (1994) et apportera sa contribution sur certains films produits New Regency Productions, à savoir Copycat (1995) avec Sigourney Weaver et L’Homme Qui en Savait Trop… Peu (1997) avec Bill Murray.
Le scénario du film est, quant à lui, écrit par Judith Roberts, femme dans la vie de Mark Tarlov, et basé sur une idée originale développée par elle-même et son époux. Très connus en tant que producteurs, ils connaissent avec l'opus l'une de leurs rares expériences dans l’écriture et la réalisation. À l’origine, l’intrigue tournait autour d’une femme dans la cinquantaine, n’ayant jamais trouvé l’âme sœur car elle n’a pas trouvé sa véritable passion. Lorsque cette passion finit enfin par se présenter, en l’espèce, la cuisine, elle fait la rencontre d’un homme avec lequel elle pourrait enfin partager sa vie. Afin d’apporter de la nouveauté, le couple introduit un élément surnaturel autour duquel, à l’aide d’un objet fétiche, l'héroïne transmettrait toutes sortes d'émotions à travers ses plats, les clients éprouvant les mêmes sentiments que la cheffe lors de la conception de ses plats. Elle se sert alors de cette nouvelle capacité pour gravir les échelons, passant d'une inexpérimentée à une grande cheffe, gagner confiance en elle et séduire l'homme dont elle est secrètement amoureuse.

Il faut le reconnaître, Simplement Irrésistible n’est clairement pas une franche réussite. L’intrigue se résume à peau de chagrin : une jeune femme, dont les émotions se transmettent aux clients de son restaurant qui mangent sa cuisine, grâce à un crabe magique, va aussitôt attirer l’attention du responsable d’un grand magasin chic qui, via ses plats, se retrouve “ensorcelé” par l’héroïne, elle-même pas insensible à son charme. Le film n’attire donc certainement pas par son synopsis, dont les grandes lignes font penser à un téléfilm d’après-midi et pourquoi pas de Noël. Difficilement crédible, il vaut surtout pour son couple vedette et par-dessus tout pour Sarah Michelle Gellar, alors en quête de gloire au cinéma après avoir conquis le cœur des jeunes téléspectateurs et dont la présence justifie à elle seule que le spectateur éprouve de l’intérêt au métrage.

Devenue star de la télévision à la fin des années 1990 pour son rôle de Buffy Summers dans la série Buffy Contre les Vampires (1997-2003), rôle qui lui vaut plusieurs récompenses et une nomination aux Golden Globes, l’actrice se fait d’abord remarquer dans le feuilleton La Force du Destin. En parallèle de la série qui l’a propulsée, elle entame une carrière au cinéma dans des films à succès pour adolescents, dont les films d’horreur Souviens-toi… l’Été Dernier (1997), Scream 2 (1997) et The Grudge (2004), la comédie dramatique Sexe Intentions (1999) et les comédies Scooby-Doo (2002) et sa suite en 2004. Elle s’illustre dans des productions plus indépendantes à la fin des années 2000 (Southland Tales, Possession, Veronika Décide de Mourir), avant de revenir à la télévision dans les séries Ringer (2011-2012) et The Crazy Ones (2012-2013) qui ne rencontrent pas le même succès que Buffy. Elle se consacre depuis essentiellement au doublage et à son entreprise culinaire.
À ses côtés, Sean Patrick Flanery incarne donc Tom Bartlett, dirigeant d’un grand magasin à la recherche d’un nouveau chef pour un projet de restaurant. Alors connu pour avoir joué dans des productions indépendantes dont Powder (1995), Suicide Kings (1997), Les Anges de Boston (1999), l’acteur s’est auparavant illustré à la télévision dans la série Les Aventures du Jeune Indiana Jones (1992-1996) où il tient le rôle principal. Il retourne progressivement à la télévision à partir des années 2000, enchaînant les rôles récurrents dans des séries populaires (Charmed, Dead Zone, Esprits Criminels, Les Feux de l’Amour, Dexter). Il continue à apparaître dans quelques blockbusters (Saw 3D : Chapitre Final) tout en tournant dans des films moins exposés destinés principalement au marché de la vidéo (Phantom, Acceleration, The Outsider). Il est également scénariste et auteur, son premier livre ayant été publié en 2016.

Premier film où Sarah Michelle Gellar tient le rôle principal, Simplement Irrésistible sonne donc comme un défi pour l’actrice. Mêlant fantastique et romantisme, le métrage ne manque pas de charme et d’humour et s’avère intéressant dans sa manière d’aborder les relations entre ses personnages et leur coup de foudre totalement excentrique et loufoque. Bien que l’un des deux soit déjà en couple, leur attraction est indiscutable et s’effectue sous la forme des cinq sens, en particulier le goût et l’odorat, même si l’hésitation se fait régulièrement ressentir à certaines étapes de leur relation. Issus de deux mondes différents, ils peinent à se lancer, jusqu’à ce que la magie et un petit coup du destin fassent leur apparition. Le côté surnaturel fonctionne également et aussitôt, la séduction opère et le spectateur, tout comme les héros, se laisse lui aussi emporter par le film et ce qu’il raconte. Malgré une intrigue quelque peu simpliste et banale, le résultat, souffrant de très peu de longueurs, est plutôt satisfaisant, agréable, avec un petit côté burlesque et cocasse assez original pour sortir l'opus tout entier du lot. 
Il n’empêche, l’écriture est clairement le point noir du film. Il est en effet dommage que cette histoire d’amour un brin ensorcelante pâtisse d’une écriture aussi mauvaise. Le scénario est naïf à souhait et ne cherche jamais à se démarquer, sortant à chaque fois l’aspect surnaturel comme excuse pour tenter de dynamiser une intrigue qui ne se renouvelle décidément pas. Le schéma est très répétitif, que ce soit les apparitions du crabe ou les émotions des clients, dont la plupart sont surjouées et peuvent parfois agacer. Seuls les sentiments représentés apportent de la nouveauté et réussissent à décrocher quelques sourires, le tout accompagné de gags et de répliques inégaux, qui font rire autant qu’ils consternent, alternant sans cesse entre le bon et le mauvais. L’intrigue amoureuse n’est pas épargnée non plus et stagne une bonne partie du film ; le scénario perdant beaucoup trop de temps à mettre en scène les personnages et leur attraction, au risque de faire perdre patience.

De même, les conflits et obstacles sont résolus trop facilement. La prise de conscience de Tom, qui permet de bousculer l’intrigue et donner de nouvelles perspectives aux héros et de nouveaux enjeux, intervient par exemple bien trop tard dans le film et l’argument magique sert alors de prétexte pour arranger la situation au détriment de la tension et du dramatique. Simplement Irrésistible ne prend ainsi aucun risque et l’ennui se fait ressentir devant une histoire aussi lisse qu’éculée. Un gâchis pour une idée de départ originale et porteuse, qui aurait pu être mieux travaillée si les studios n’étaient pas aussi pressés de sortir le film pour profiter de la popularité naissante de sa tête d’affiche. La satire sociale retranscrite par les deux mondes auxquels appartiennent les personnages réussit tout de même à dynamiser l’ensemble. Enfin, la réalisation ne rend pas non plus tellement service au scénario, tout étant tourné sans grande inventivité, hormis les scènes de rêverie et fantastiques. 
L’interprétation est sans aucun doute ce qui sauve Simplement Irrésistible, Sarah Michelle Gellar illuminant chaque scène de sa présence, apportant la sensibilité et l’humour qu’il faut à Amanda pour la rendre attachante. Lumineuse, elle porte presque le film à elle seule et crève littéralement l’écran par sa beauté et son talent, prouvant qu’elle est une actrice remarquable. Loin du rôle de tueuse de vampires et d’enfant riche vénéneuse et manipulatrice qu’elle jouera la même année dans Sexe Intentions, elle incarne ici une jeune femme rêveuse et optimiste, dont la foi et l’abnégation touchent autant qu’elle enjoue. L’actrice tire le film vers le haut, bien qu’elle ne fut pas le premier choix des studios. Le rôle avait, en effet, d’abord été proposé à Holly Hunter, qui rejeta la proposition, tandis que Sarah Jessica Parker a été gentiment remerciée car considérée comme... trop vieille (!). 

À ses côtés, Sean Patrick Flanery, un peu plus effacé que sa partenaire, offre une belle palette de jeu, entre charme et envoûtement. Limité par la direction de son personnage, il est pourtant celui auquel le public peut aisément s’identifier dans la mesure où il se laisse complètement aller à l’attraction, de la même manière que le spectateur se laisse embarquer par le film. Si Tom est majoritairement passif et subit régulièrement l’intrigue, l’acteur parvient à le rendre attachant et les moments qu’il partage avec Amanda sont tout simplement attendrissants.
Autour d’eux, gravite une sympathique galerie de personnages secondaires qui servent le récit à leur manière et contribuent à l’humour du film, à l’image du chef français au comportement vulgaire et hautain, la secrétaire de Tom, complice et entremetteuse, ou la petite amie éconduite de Tom, facile et superficielle. D’autres acteurs sortent du lot et se démarquent des deux amoureux, dont Amanda Peet (Mon Voisin le Tueur, Sept Ans de Séduction, X-Files : Régénération), encore peu connue lors de la sortie du film, ou Christopher Durang (les films Le Secret de Mon Succès, Deux Cow-Boys à New York, Escapade à New York), qui incarne Gene O’Reilly, vieil ami de la mère d’Amanda.
Entre amour naissant et sensibilité, à défaut d’être véritablement surprenant, le film bénéficie d’un visuel étonnamment plaisant. Le film est composé de nombreux décors qui attirent l’oeil et laissent place à la rêverie. Les rues de New York, la Cinquième Avenue, le centre commercial Henri Bendel, le restaurant d’Amanda sont parfaitement mis en valeur et donnent au métrage des allures de carte postale. Bien que ces images soient légèrement clichées, elles ne sont jamais exagérées et bénéficient d’une jolie photographie. Si la volonté de faire la publicité pour la ville est indiscutable, la beauté des images accorde un charme indéniable à la caméra, ainsi que l’aspect gastronomique : le film réussit à ouvrir l’appétit du spectateur ! Simplement Irrésistible prend aussitôt des airs de comédie sucrée, à consommer sans modération, qui se déguste rapidement mais sans déplaisir, comme une pâtisserie, à l’image du soufflé glacé à la mandarine Napoléon préparé par Amanda. 

Par ailleurs, l'opus livre quelques références visuelles plaisantes aux comédies musicales portée par Fred Astaire, notamment L’Entreprenant Monsieur Petrov (1937), Yolanda et le Voleur (1946) ou La Belle de New York (1952), démontrant que sous ses airs de romance convenue, Simplement Irrésistible sait se montrer inspiré au détour de quelques scènes. La bande originale est également un plaisir pour les oreilles, enchaînant les chansons romantiques (Falling de Donna Lewis, The Angel of the Forever Sleep de Marcy Playground, Our Love is Going to Live Forever de Sydney Forest) et ballades jazzy entraînantes (Got the Girl de Reiss, Once in a Blue Moon de Sydney Forest, Bewitched, Bothered and Bewildered de Katalina).
Simplement Irrésistible débarque le 5 février 1999 dans les salles américaines, mais réalise un score décevant au box-office : en dépit de la présence de Sarah Michelle Gellar et de sa popularité, il sera un échec commercial. Tourné pour un budget de 6 millions de dollars, il en rapportera un peu moins de 4,5 millions et se fait détruire par la critique, qui le considère comme “désuet”, “insipide” et “prévisible”, bien que certains spécialistes apprécient le jeu des acteurs et les quelques séquences de rêverie qui parsèment l'opus. Malgré sa présence à l’affiche, l’actrice participera peu à la promotion du film, étant prise par le tournage de Sexe Intentions, et reconnaîtra avoir fait un “mauvais choix” en acceptant le rôle, bien que ce fut “une bonne expérience”.

Petite romance amusante et inventive, Simplement Irrésistible porte hélas mal son nom, laissant grandement le spectateur sur sa faim. Le charme de sa star principale, l’alchimie entre les acteurs et les quelques trouvailles visuelles et scénaristiques permettent néanmoins de passer un bon moment. Une comédie simple en somme, comme l’indique - en partie - son titre, sans prétention aucune, qui n’a d’autre ambition que divertir.

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