Courts-Métrages

Movietone

Créé par le physicien américain Theodore Case, le procédé Movietone est le premier dispositif d'enregistrement photographique du son sur pellicule, le long des photogrammes. En juillet 1926, William Fox rachète l'invention au Case Research Lab et débauche l'assistant de Theodore, Earl I. Sponable, afin d'en assurer la meilleure utilisation possible. En août est créée la société Fox-Case Corporation afin d'assurer la production de films sonores. Ainsi, le Movietone Studio s'implante à proximité de Fox Film, au sein d'un entrepôt new-yorkais qui sera surnommé Fox Annex. En avril 1927 à New York, est présentée sa première production sonore, West Point Academy, six mois avant que Warner Bros. ne sorte Le Chanteur de Jazz. Le 20 mai 1927, à l'occasion du décollage de Charles Lindbergh pour sa traversée historique de l'océan Atlantique en solo, le studio filme l'évènement avec du son et projette le tout le soir-même. Le succès est tel que les actualités Fox News, lancées en 1919, deviendront Fox Movietone News et, en avril 1930, ne produiront plus aucun film muet. Le journaliste Lowell Thomas en sera l’un des narrateurs les plus fréquents. Par ailleurs, en 1929, Fox rachète l’Embassy Theatre de Broadway et le consacre uniquement à la diffusion d’actualités jusqu’en 1934.

Le premier long-métrage à utiliser le nouveau système sonore est le chef-d'œuvre de 1927 de F. W. Murnau, L'Aurore, qui ne s'en sert que pour de la musique instrumentale, des effets sonores et quelques rares mots non synchronisés à l'image. Parallèlement aux actualités Fox Movietone News, de nombreux Movietone Shorts sont produits et firent concurrence aux Vitaphone Varieties de Warner Bros. Parmi eux, les premières comédies avec Robert Benchley ou encore Clark & McCullough sont toujours aussi divertissantes aujourd’hui. Le 25 juin 1928, George Bernard Shaw parle déjà dans un court-métrage mais il faudra attendre la sortie de Grande Vedette, le 28 octobre 1928, pour que des scènes parlantes soient interprétées par les acteurs d'un long-métrage.

Moins de deux ans après avoir racheté Movietone à Theodore Case, William Fox récupère les parts que ce dernier possédait dans la compagnie Fox-Case et tous les films sonores du studio utiliseront ce système jusqu'à 1931. Cependant, l'équipement sonore étant léger et simple à transporter, il sera utilisé pour les actualités Fox Movietone News (renommées Movietone News suite à la fusion de Fox Film Corporation avec 20th Century Pictures) jusqu'en 1939. Elles se poursuivront sous ce nom jusqu'en 1963 bien qu'elles ne se rapportent alors plus au système sonore utilisé lors des tournages. Certains documentaires étaient en outre présentés indépendamment de l’émission d’actualités en tant que Movietone Specials. Le 16 février 1948, NBC lance ainsi la première émission d’actualités de l’histoire de la télévision, NBC Television Newsreel (puis The Camel Newsreel Theater), et diffuse les mêmes images que les Fox Movietone News des cinémas. Des actualités seront également produites en Movietone au Royaume-Uni (British Movietone News, 1929-1979), en Australie (Fox Movietone News, 1929-1975), en France (Fox Europa Movietone) et en Allemagne (Fox Tönende Wochenschau, 1930-1940 puis 1950-1978).

Lancés en 1931, les carnets de voyage Magic Carpet of Movietone se démarquaient de ceux de la concurrence en limitant la narration au strict minimum afin de laisser profiter le spectateur des sons capturés sur place comme s’ils y étaient. Dans la mesure où il s’agissait du seul programme de courts-métrages du studio, d’importants budgets purent y être consacrés et pendant les deux premières années, pas moins de douze équipes (cadreurs et preneurs de son) parcouraient le monde simultanément. Sans surprise, ils étaient considérés comme les meilleurs de toute l’industrie. En 1933, le nouveau contrat de distribution des productions du très prolifique Educational Pictures ne justifie plus qu’autant de moyens soient consacrés aux Magic Carpet of Movietone, d’autant qu’Educational Pictures produisait également des carnets de voyage. Alors que le nombre de sorties fut fortement réduit, les actualités Fox Movietone News donnèrent également naissance à deux collections de courts-métrages : Adventures of the Newsreel Cameraman en assemblait plusieurs extraits de façon dynamique et amusante tandis que Movietone Tintypes incluait souvent des extraits d’anciens films muets du studio.

Entre 1934 et 1938, la collection principale de carnets de voyage était présentée sous le titre Along the Royal Road to Romance on the Magic Carpet qui laissait rêveur. Contrastant avec les débuts, des narrateurs (Ed Thorgersen et Lowell Thomas) sont finalement intégrés aux nouveaux épisodes qui perdent de leur spécificité face à la concurrence et prirent même du retard par rapport à MGM quant à l’utilisation du Technicolor. Par ailleurs, des épisodes de 1942 à 1944 à propos de The Thaw Asiatic Expedition (1939-1940) sont présentés en Cinecolor, un procédé moins onéreux utilisé par Warner Bros. et Paramount Pictures. Quant au Père Bernard Hubbard, un prêtre jésuite géologue et énergique qui mènera plus d’une trentaine d’expéditions dans les lieux les plus reculés d’Alaska, il se fera régulièrement accompagner de caméras Fox Movietone et aura l’honneur d’avoir sa propre série documentaire à son nom : Father Hubbard’s Adventures.

C’est à cette époque qu’est lancée la collection Movietone Adventures, entièrement en Technicolor (malgré quelques productions en noir et blanc durant la guerre), qui finira par remplacer définitivement Magic Carpet of Movietone. Movietone Melodies, une collection très succincte de concerts filmés, sera proposée en 1949 avant que 20th Century Fox ne cesse d’utiliser le nom Movietone Adventures en 1950 pour finalement le faire renaître en 1959 sur des courts-métrages tournés en CinemaScope, le format d’image large créé entretemps ; leur titre étant Movietone Adventures in CinemaScope. Certains courts-métrages de la collection CinemaScope Sports Reviews furent également parfois repris sous l’ombrelle Movietone Sports in CinemaScope.

À noter également, la collection documentaire The World Today et son dérivé The Feminine World Today qui couvrent divers sujets durant les années 1940. À partir de 1959, quelques documentaires sont également produits sous le nom Movietone Timely Topics tandis qu’en 1962, Movietone Amazing But True s’intéresse à quelques sujets voulus spectaculaires.

Au-delà des salles de cinéma, certaines productions furent réservées à des fins éducatives. William Fox avait, en effet, créé une division consacrée aux programmes éducatifs en 1922 et, en 1926, les premiers Fox Hour pour les écoles étaient produits, avec l’ambition que chaque classe et chaque église du pays soient équipées d’un projecteur. Ainsi, en juillet 1931, sont proposés de nouveaux films, sonores cette fois, de la nouvelle collection Movietone School Series, produits à New York en collaboration avec des éducateurs de tout le pays.

Aujourd’hui, les courts-métrages Movietone produits par Fox Film Corporation puis 20th Century Fox (aujourd'hui 20th Century Studios) apartiennent à The Walt Disney Company tandis que ceux produits entre 1930 à 1950 sont conservés à l’Academy Film Archive de l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences (celle-là même qui remet les Oscars du cinéma) au sein de la 20th Century Fox Movietone Shorts and Documentaries Series Collection. Quant aux actualités Movietone News, certaines sont aujourd’hui détenues par l’Université de Caroline du Sud tandis que les autres appartiennent à Fox Corporation et sont exploitées par sa filiale, Fox News Channel, créée en 1996. À ses débuts, la chaîne en diffusait certaines le weekend. Les British Movietone News sont, elles, détenues par l’Associated Press.

Voici la liste des courts-métrages Movietone produits par Fox Film Corporation puis 20th Century Fox entre 1927 et 1964, indépendamment des actualités Fox Movietone News. Les Movietone Sports in CinemaScope sont listés sur cette page sous le nom plus usuel Sports Reviews.

Ces listes se veulent les plus complètes possible mais il ne peut être garanti qu’elles soient parfaitement exhaustives.