Barbara Walters
Date de naissance :
Le 25 septembre 1929
Lieu de Naissance :
Boston, dans le Massachusetts, aux États-Unis
Date de Décès :
Le 30 décembre 2022
Lieu de Décès :
New York, dans l’État de New York, aux États-Unis
Nationalité :
Américaine
Profession :
Journaliste
Animatrice de Télévision

La biographie

rédigée par Karl Derisson
Publié le 07 janvier 2023

Le 31 juillet 1995, The Walt Disney Company se porte acquéreur de la chaîne de télévision ABC pour la modique somme de 19 milliards de dollars. Avec ce rachat, les présentateurs et journalistes maison entrent alors à leur tour dans la grande famille Disney à l’instar de la pionnière Barbara Walters.

Barbara Jill Walters naît le 25 septembre 1929 à Boston, dans le Massachusetts. Fille de Dena et Louis (Lou) Walters, la jeune fille grandit dans un milieu huppé où se côtoient de nombreuses célébrités de l’époque. Son père est en effet un impresario renommé ayant notamment découvert des artistes tels que les comédiens Fred Allen et Jack Haley. Lou possède également à l’époque plusieurs night-clubs de New York, en particulier le Latin Quarter, l’un des établissements les plus prisés de la ville situé à l’angle de Broadway et de la 7e Avenue qu’il rachète et remet sur pied en 1942. Grâce au travail et aux relations de son père, la petite Barbara croise ainsi de temps en temps ces stars qui, si elles brillent de mille feux sur scène, sont parfois confrontées à leurs propres problèmes lorsque s’éteignent les projecteurs. De ces rencontres, elle gardera une profonde admiration pour les artistes en tout genre sans pour autant éprouver la moindre intimidation à leur contact.


Barbara Walters en 1965

Élevée aux côtés de sa sœur Jacqueline atteinte de déficience mentale, Barbara Walters se donne dès l’enfance pour objectif de réussir sa vie et d’exceller dans tout ce qu’elle entreprendra. Pour ce faire, elle se consacre pleinement à ses études. Débutées à Boston, elles se poursuivent ainsi dès 1949 à Miami. Pleine d’ambition, la jeune fille s’inscrit ensuite au Sarah Lawrence College, l’une des universités d’arts libéraux les plus prestigieuses du pays fondée en 1926 à Yonkers, dans le comté de Westchester, au nord de New York. Là, elle étudie notamment les sciences humaines, l’écriture et les arts de la scène avant de décrocher un diplôme en littérature anglaise.


Barbara Walters vers 1966

En 1952, Barbara Walters entre chez NBC New York où elle débute modestement sa carrière en tant que jeune journaliste et rédactrice. À cette époque, la télévision est encore un média balbutiant. Très peu d’Américains disposent en effet d’un poste dans leur salon. À son modeste niveau, Walters fait ainsi partie des pionnières ayant misé avec d’autres sur la télévision. Parvenant à trouver ses marques et à faire ses preuves, elle voit son travail surtout consister à rédiger des fiches et des questions ensuite lues par les présentateurs dans leurs différentes émissions ainsi qu’à monter et écrire la narration de certains reportages. Remarquée, CBS l’engage bientôt comme productrice.


Barbara Walters lors de la Convention Démocrate de 1972

À partir de 1961, Barbara Walters intègre la rédaction de l’émission Today, l’un des programmes phares de NBC. Présenté par David Garroway puis John Chancellor, il s’agit là du tout premier concept de talk-show matinal diffusé chaque jour de la semaine entre 7h00 et 9h00. Le succès est au rendez-vous. Gagnant progressivement ses galons, Barbara Walters accepte alors de délaisser parfois son mari Lee Guber, qu’elle épouse en 1963, et sa fille adoptive Jacqueline, pour voyager aux quatre coins du pays afin de couvrir divers événements tels que la Convention du Parti Démocrate de 1972. Diffusés dans la partie information de Today, ses reportages lui permettent de devenir un visage récurrent de la chaîne.


Barbara Walters sur le plateau de Today, 23 avril 1976

En 1974, Barbara Walters est finalement choisie pour assurer la présentation de l’émission en compagnie de Jim Hartz. S’estimant être à mille lieues des canons de beauté propres aux présentatrices passant sur les antennes des différentes stations, c’est pour elle une surprise totale. C’est aussi une grande joie et une belle fierté pour celle qui pensait que son accent bostonien serait un obstacle. Walters est alors la première femme aux commandes de Today, une place qui lui permet de devenir un visage familier auprès des téléspectateurs américains et surtout de décrocher son tout premier Emmy Award. Elle doit cependant subir la défiance de Jim Hartz, qui souhaite diriger l’émission seul. Une partie du public est elle aussi très critique à son encontre.


Barbara Walters et Harry Reasoner sur le plateau d'ABC News, 30 septembre 1976

En 1976, l’année de son divorce, Barbara Walter est débauchée par la chaîne ABC qui lui offre la présentation d’ABC Evening News, le journal télévisé du soir, aux côtés d’Harry Reasoner. Elle est alors la première femme à occuper ce poste à la télévision américaine. Dès son premier journal, le 4 octobre 1976, elle marque les esprits en décrochant une interview exclusive d’Earl Butz, le secrétaire à l’agriculture qui vient de donner le jour-même sa démission au président Gerald Ford après avoir été accusé de tenir des propos racistes. Le lendemain, Barbara Walter crée une fois encore l’événement en interrogeant par liaison satellite le président égyptien Anouar El-Sadate questionné sur la guerre du Liban et la manière de trouver une issue au conflit. Le 9 juin 1977, la présentation du journal est délocalisée à Cuba où Barbara Walters rencontre Fidel Castro. Ne se gênant pas pour expliquer au dictateur cubain que sa conception de la liberté est aux antipodes de la sienne, elle dirige la même année la première interview croisée entre Anouar El-Sadate et le premier ministre israélien Menachem Begin. En 1977 puis en 1979, elle réalise, entre autres, des entrevues figurant parmi les dernières de Bing Crosby et de John Wayne avant leur mort.


Barbara Walters et Fidel Castro, 9 juin 1977

En seulement quelques mois, Barbara Walters fait sensation et devient l’une des intervieweuses les plus renommées et incisives du paysage audiovisuel américain. Ne renonçant à aucune question, y compris les plus directes et parfois les plus brutales, elle quitte malgré tout ABC Evening News, poussée vers la sortie du fait de ses nombreuses frictions avec Harry Reasoner. Elle rebondit toutefois immédiatement et se retrouve associée dès 1979 à l'émission d’information 20/20. Créé le 6 juin 1978 et diffusé chaque vendredi soir entre 21h00 et 23h00 (puis le jeudi soir à partir de septembre 1987), le programme est produit par le président d’ABC News Roone Arledge qui l’a imaginé comme un concurrent direct du célèbre 60 Minutes de CBS. Initialement présenté par Harold Hayes et Robert Hughes, le concept tourne ainsi autour de reportages et de rencontres de personnalités diverses issues du monde politique, économique et culturel. Rapidement vilipendé par la presse qui lui reproche de ne faire que du « journalisme poubelle », l’émission passe bientôt entre les mains d’Hugh Downs qui la transforme en magazine d’information et de reportages.


Hugh Downs et Barbara Walters, 1984

Contributrice régulière de 20/20, Barbara Walters en devient la coprésentatrice dès 1984. Elle partage alors l’écran avec Hugh Downs. Tous les deux avaient déjà travaillé ensemble sur l’émission Today entre 1964 et 1971. Formant un duo remarquable, ils obtiennent rapidement un beau succès, en partie dû aux entretiens exclusifs décrochés année après année par Barbara Walters qui interroge tous les grands de ce monde, Boris Yeltsin, Margaret Thatcher, Jiang Zemin, Indira Gandhi, Vaclav Havel ou bien encore Saddam Hussein... En janvier 1989, elle se rend à Tripoli afin d’interviewer Mouammar Kadhafi. « Puis-je vous poser une question un peu directe qui vous paraîtra certainement un peu grossière ? Dans nos pays, nous lisons que vous êtes quelqu’un d’instable. Nous lisons que vous êtes fou. Pourquoi, d’après vous ? », demande-t-elle alors au dictateur libyen, hilare ! « Je vais vous poser une question terrible... Avez-vous déjà donné l’ordre d’assassiner quelqu’un ? », demande-t-elle le 7 novembre 2001 à Vladimir Poutine qui, sans rougir, répond par la négative !


Vladimir Poutine et Barbara Walters, 7 novembre 2001

Mariée en secondes noces à Merv Adelson de 1986 à 1992, Barbara Walters est par ailleurs l’une des rares journalistes à avoir interrogé tous les présidents américains et toutes les premières dames depuis l’élection de Richard Nixon jusqu’à celle de Donald Trump. « Avez-vous songé à brûler les enregistrements ? », demande-t-elle notamment le 8 mai 1980 à Richard Nixon, six ans après sa démission suite au scandale du Watergate. « Nous sommes sur le point de connaître une récession, à moins qu’elle ne soit déjà là. Nous voyons nos programmes scolaires échouer. Nous voyons les doutes s’accroître. Vous sentez-vous responsable de cette situation ? », demande-t-elle sans sourciller à Ronald Reagan en 1980. « Peut-être devrions-nous commencer la séance de torture », commente-t-elle face à George W. Bush, amusé, qui lui répond qu'il l'a justement choisie pour cela ! « Comment pensez-vous unifier ce pays lorsque, dans le même temps, vous jouez sur les divisions ? », demande-t-elle à Donald Trump quelques jours avant son investiture.


Ronald Reagan et Barbara Walters, 1980

Au cours de ses milliers d’heures d’interview, Barbara Walters s’est entretenue avec des personnalités politiques telle que Mamie Eisenhower ou Henry Kissinger. Souvent en marge de la cérémonie des Oscars retransmise sur ABC ou bien dans les numéros de The Barbara Walters Specials, elle a par ailleurs questionné les plus grandes vedettes de cinéma, Arnold Schwarzenegger, Robin Williams, Patrick Swayze, Kim Bassinger, Sir Lawrence Olivier, Betty Davis, Audrey Hepburn, Clint Eastwood, Katharine Hepburn ou Judy Garland auxquels s’ajoutent pléthore de chanteurs, de scientifiques, de capitaines d’industrie, de sportifs : Stevie Wonder, Elton John, Brabra Steisand, Michael Jackson, Mohammed Ali, Bill Gates, Mariah Carey et Donald Trump alors "simple" entrepreneur en 1990...


Donald Trump et Barbara Walters, 2015

Parmi ses entrevues les plus notables, Walters a longuement interrogé Mark Chapman, l’homme qui a assassiné John Lennon. Le 3 mars 1999, elle réunit 74 millions de téléspectateurs (un record pour l’émission 20/20) avec son interview exclusive de Monica Lewinsky. « Avez-vous dit à Bill Clinton que vous l’aimiez ? », demande-t-elle à la jeune femme qui répond par l’affirmative. « Qu’est-ce que vous direz à vos enfants lorsqu’ils vous parleront de cette affaire ? », interroge-t-elle ensuite. « Eh bien... Que maman a fait une grave erreur », répond la candide Lewinsky, immédiatement remise en boîte par Barbara Walters qui s’autorise à ironiser en déclarant qu’il s’agit très certainement là de « l’euphémisme de l’année » ! Toujours prompte à rebondir sur les réponses de ses invités, certaines réparties de la journaliste ont d'ailleurs pu, à juste titre, choquer. Une tempête médiatique s'abat en particulier sur elle en 2014 lorsqu'elle fait le choix discutable de prendre la défense de Woody Allen après que sa fille adoptive, Dylan Farrow, l'a accusé de viol lorsqu'elle était enfant. En 2017, en pleine Affaire Weinstein, Walters soulève une nouvelle fois l'indignation lorsque ressort une interview de 2013 dans laquelle elle prend à parti le comédien Corey Feldman, responsable selon elle « d'endommager l'industrie du cinéma » en révélant les agressions sexuelles dont il aurait été victime enfant...


Barbara Walters et Monica Lewinsky, 3 mars 1999

En plus de 20/20 et de ses émissions spéciales destinées à couvrir certains grands événements de la planète et de ses reportages, notamment consacrés à la vie de Walt Disney, à la condition féminine ou bien au désastre du SIDA, Barbara Walters fait sa rentrée sur ABC le 11 août 1997 avec une nouvelle émission qu’elle a elle-même conçue avec Bill Geddie, The View, un talk-show diffusé quotidiennement entre 11h00 et 12h00 en lieu et place de Caryl & Marilyn: Real Friends dont les scores ont conduit à sa déprogrammation au bout d’un an seulement. Destiné à un public plutôt féminin, le programme est alors animé par un panel de quatre ou cinq personnalités féminines parmi lesquels Barbara Walters, Meredith Vieira, Star Jones, Debbie Matenopoulos, Joy Behar, Lisa King, Elisabeth Hasselbeck, Rosie O’Donnell, Whoopi Goldberg, Sherri Shepherd, Jenny McCarthy... Centré sur les sujets d’actualité du moment, The View rassemble des millions de téléspectateurs. Premier du genre à recevoir un président américain en exercice, Barack Obama, le talk-show est couronné par deux Emmy Awards en 2003 et 2009.


Whoopy Goldberg, Joy Behar, Sherri Shepherd, Elisabeth Hasselbeck, Barbara Walters, 2007

En 1999, Barbara Walters devient la seule maître à bord de 20/20 après le départ à la retraite d’Hugh Downs. En 2002, elle est finalement rejointe durant quelques mois par le journaliste John Miller puis, en mai 2003, par John Stossel. Parmi les vétéranes de la chaîne, Walters commence alors à passer progressivement le relais dès 2004 en laissant sa place de coprésentatrice à Elizabeth Vargas. Continuant malgré tout à apparaître de temps en temps à l’antenne, elle lègue par ailleurs The View à d’autres collègues.


Barbara Walters aux Emmy Awards, 2000

Forte d’une carrière incroyable, Barbara Walters a cumulé des centaines de récompenses et de titres honorifiques. Douze Emmy Awards jalonnent notamment ses années d’antennes sur NBC puis ABC. Dès 1989, son nom est inscrit au Television Academy Hall of Fame. En 2000, Oprah Winfrey lui remet un Lifetime Achievement Award de la part de l’Académie des Arts et Sciences de la Télévision américaine. En 2001, elle fait par ailleurs son entrée au musée Madame Tussauds de New York. En 2007, une étoile à son nom est apposée sur le mythique Hollywood Walk of Fame. L’année suivante, The Walt Disney Company récompense à son tour la pionnière de la télévision en lui décernant un Disney Legends Award. Barbara Walters est en outre récipiendaire de différents doctorats honoraires remis par le Sarah Lawrence College où elle étudia jadis, mais aussi par l’Université d’État de l’Ohio, la Temple University, le Marymont College, le Wheaton College, l’Université Hofstra ou bien encore l’Université Ben Gourion de Jérusalem.


Bob Iger et Barbara Walters, 2008

Auteure d’une autobiographie, Audition, publiée en 2008, Barbara Walters signe sa dernière apparition dans The View en 2014. Âgée de quatre-vingt-quatre ans, elle termine alors l’émission par un simple « À bientôt » en français dans le texte, mettant ainsi fin à soixante-deux ans de carrière. « Je ne souhaite plus intervenir dans un autre programme ou gravir une énième montagne », explique-t-elle, « Ce que je souhaite maintenant, c’est m’asseoir et contempler toutes ces femmes admirables – Bon, et quelques hommes aussi ! – qui prendront ma place ». Conservant malgré tout son rôle de productrice exécutive du programme et se chargeant occasionnellement de livrer quelques ultimes interviews, notamment celle de Donald et Melania Trump le 20 novembre 2015, elle est honorée par la direction d’ABC qui décide de baptiser l’un de ses immeubles new-yorkais le Barbara Walters Building. « Les gens me demandent souvent quel héritage je laisserai à la postérité », déclare-t-elle au moment de dévoiler la plaque portant son nom, « Il ne s'agira certainement pas des entretiens avec les présidents, les chefs d’état ou bien les célébrités. S'il ne doit rester qu'une chose de moi, et je l’ai déjà dit par le passé, c’est ma modeste contribution pour paver le chemin emprunté aujourd’hui par d’autres femmes fabuleuses ».

Retirée dans sa maison de New York, Barbara Walters décède le 30 janvier 2022 à l’âge de quatre-vingt-treize ans. Les hommages ne tardent alors pas à pleuvoir pour saluer la mémoire d’une journaliste en tout point exceptionnelle. « Barbara est une vraie légende », note en particulier Bob Iger, le président de The Walt Disney Company, « Elle était une reporter unique ayant mené certains des entretiens les plus importants de notre époque, qu’il s’agisse de chefs d’état, des plus grandes célébrités ou bien d’icônes du sport. J’ai eu le privilège d’être l’un de ses collègues durant trois décennies et, le plus important, de la compter parmi mes amies les plus chères. Elle manquera à tout le monde au sein de The Walt Disney Company, et nous adressons nos plus sincères condoléances à sa fille, Jacqueline ».

La filmographie

001
Intervenante • Compilation
1978
Télévision
1978
Télévision
002
The Best of Disney : 50 Years of Magic
Intervenante • Compilation
1991
Télévision
1991
Télévision

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