Raison, Déraison
L'écran titre
Titre original :
Inner Workings
Production :
Walt Disney Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 17 juin 2016 (Festival du Film d'Animation d'Annecy)
Le 23 novembre 2016
Série :
Genre :
Animation 2D / Animation 3D
3-D
Réalisation :
Leo Matsuda
Musique :
Ludwig Goransson
Durée :
6 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Paul, un employé de bureau très strict dirigé par son cerveau, écoute enfin son cœur pour profiter de la vie...

La critique

rédigée par
Publiée le 30 juin 2016

Décidément, avec Paperman en 2012 qui a gagné l'Oscar du Meilleur Court-Métrage, À Cheval ! en 2013 nommé pour l'Oscar du Meilleur Court-Métrage et Le Festin en 2014 à nouveau gagnant de l'Oscar du Meilleur Court-Métrage, les Walt Disney Animation Studios sont dans une période de grande forme dans leur programme de production de cartoons. Raison, Déraison leur permet en effet de transformer une nouvelle fois l'essai grâce à un opus aussi inventif que drôle. Il démontre par la même que la mise en place d'un programme spécifique de courts-métrages au sein du label d’animation historique de Mickey est une réelle réussite. Il faut dire que depuis l'arrivée de John Lasseter et la production de Comment Brancher son Home Cinéma en 2007, les cartoons sont devenus presque systématiques tous les ans au sein des Walt Disney Animation Studios, pour le plus grand plaisir des spectateurs, mais moins des exploitants, notamment français, qui se font toujours un malin plaisir à zapper l'avant-programme afin d’optimiser le rythme de séances de leurs cinémas. John Lasseter, bien loin de ces préoccupation mercantiles, poursuit donc sa politique de production de cartoons en offrant à ses collaborateurs l'opportunité de proposer jusqu’à trois idées de courts-métrages. Raison, Déraison a, de la sorte, été choisi face à 73 autres propositions formulées en 2014.

Leonardo Matsuda, dit Leo Matsuda, a commencé sa carrière chez la Fox, sur Les Simpson - Le Film en 2007. Il entre ensuite au service des Walt Disney Animation Studios où il est assigné au scénario sur Les Mondes de Ralph puis Les Nouveaux Héros et Zootopie. Raison, Déraison marque ainsi sa toute première réalisation pour le studio de Mickey.

L'origine de l'idée du court-métrage est double. D'abord, le réalisateur s'est clairement inspiré de son enfance, lui jeune japonais dont les parents sont venus s'installer au Brésil. Il a, en effet, toujours été tiraillé par les deux cultures : d'un côté, son origine japonaise très stricte, logique et répétitive ; de l'autre, la culture brésilienne pleine de vie et d'entrain. Très souvent, il n'arrivait pas à savoir où placer le curseur. Pour bien encrer son histoire par rapport à son enfance, Leo Matsuda décide vite de situer l'action de son court-métrage dans les années 80. L'autre source d'inspiration du cartoon vient des livres d'anatomie qui existaient avant l'arrivée d'internet ; ceux-là mêmes où le corps humain était décrit avec des schémas qui se superposaient via des feuilles transparentes montrant différents niveaux de la biologie humaine : la peau, les muscles, les organes, les os... 

Pour les trentenaires français, le concept de personnification de l'intérieur d'un corps n'a rien de très nouveau. Beaucoup se souviennent, en effet, de la série, Il Était une Fois... la Vie créée par Albert Barillé et représentant cellules, globules blancs et autres parties du corps, dont le cerveau. L'idée d'explorer ce qui se passe dans le corps humain n'est pas, non plus, une idée nouvelle chez The Walt Disney Company. Dès 1943, le cartoon Raison et Émotion montre visuellement comment les émotions et la raison pilotent chaque être humain. Cette idée de personnification des émotions sera d'ailleurs reprise une autre fois chez Disney : en 1989 dans l'attraction, désormais fermée, Cranium Command située alors dans le pavillon Wonders of Life de Future World à Epcot à Walt Disney World en Floride. En 2015, Vice-Versa chez Pixar cette fois-ci, pousse encore plus loin l'idée d'explorer le côté abstrait de l'esprit avec le mécanisme de la pensée, des souvenirs et des sentiments. Même si le principe de base semble identique ici, il y a néanmoins une grosse différence entre Raison, Déraison et les autres œuvres citées. Si Il Était une Fois... la Vie s'attachait, en effet, aux organes dans leurs fonctionnements stricts mais avec peu d'interaction avec l'extérieur, Vice-VersaRaison et Émotion ou Cranium Command étaient eux plutôt centrés sur ce qu'il se passe dans le cerveau aux niveaux des émotions ou des humeurs. Raison, Déraison se situe, lui, à la frontière entre les deux. Très stylisé, il insiste bien sur les organes mais dans une métaphore sur l'émotion et la raison. Dès lors, le concept de base semble le même mais sa représentation en est totalement différente.

La force du court-métrage provient de ses trois personnages principaux : Paul d'abord, cet employé de bureau tourmenté ; le cerveau ensuite qui fait tout pour que la vie de Paul soit sur les rails et enfin le coeur qui veut permettre à Paul de vivre pleinement. Se remarquent également d'autres personnages secondaires aussi truculents que cela soit les poumons, l'estomac ou la vessie pour le corps humain mais aussi la belle vendeuse ou les dirigeants de l'entreprise de Paul pour le monde réel. La richesse d'Raison, Déraison se retrouve aussi dans son montage incroyable. Le cartoon ne dure, il est vrai, que six minutes mais propose beaucoup de plans dans un univers ultra développé, un joli tour de force en si peu de temps. Il faut le voir pour le croire ! La fluidité entre les différents environnements du court-métrage est tout bonnement exemplaire. Le spectateur voit ainsi jongler devant lui, le monde réel - celui des organes et celui de l'esprit - le tout allié à des décors soit sinistres, comme le bureau, soit ultra colorés, comme la plage. Sans aucun mot, le parti pris visuel du cartoon qui donne dans l'ultra-caricature permet au spectateur de s'inviter tout de suite dans l'univers de Paul : ce qui est triste, strict et répétitif épouse alors une forme carrée tandis que ce qui est vivant, joyeux ou festif adopte une forme arrondie !

Raison, Déraison peut alors revendiquer plusieurs sources d'inspiration de renom que cela soient les décors à la Jacques Tati ou l'animation stylisée de Ward Kimball dans Mars et Au-Delà. Même les Muppets ont servi de référence pour la personnalisation des organes ! Enfin, il reste à signaler les superbes dessins en animation traditionnelle qui forment les pensées du cerveau, dus aux talents de l'artiste Ami Thompson dont le travail est tout simplement remarquable sur la caractérisation des personnages.

Raison, Déraison est une pépite aussi drôle qu'inventive : son montage impressionne notamment en constituant un véritable trait de génie.

L'équipe du film

1958 • ....

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