Le Père Noël Est en Prison

Le Père Noël Est en Prison
L'affiche du film
Titre original :
Ernest Saves Christmas
Production :
Touchstone Pictures
Date de sortie USA :
Le 11 novembre 1988
Genre :
Comédie
Réalisation :
John R. Cherry III
Musique :
Mark Snow
Durée :
92 minutes
Disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

À l’approche des fêtes de fin d’année, le Père Noël, alors vieillissant, se doit de trouver un remplaçant pour sa mission annuelle. Arrivé à Orlando, il fait, par un heureux hasard, la rencontre d’Ernest P. Worrell au volant d’un taxi et le choisit alors pour l’aider dans sa tâche. Une jeune fugueuse rejoint bientôt le duo tout juste formé...

La critique

rédigée par
Publiée le 07 décembre 2017

Deuxième aventure d’Ernest P.Worrell chez Disney et troisième incursion du personnage sur un grand écran, Le Père Noël Est en Prison est produit par Touchstone Pictures en association avec Silver Screen Partners III. Un peu plus d’un an après le succès critique et financier d’Ernest et les Joyeuses Colonies, le comique déluré revient ainsi dans une nouvelle aventure où la magie de Noël met son grain de sel. Mais force est de constater que même le Père Noël ne peut pas accomplir tous les miracles… KnowhutImean?

Long-métrage oscillant entre le téléfilm de Noël et la comédie mettant en vedette le gaffeur Ernest, Le Père Noël Est en Prison est réalisé par John R. Cherry III. Né en 1948, il crée, avec son associé Jerry Carden, l’agence de publicités Carden & Cherry, basée à Nashville dans le Tennessee. Alors qu’il doit trouver un moyen de faire la promotion d’un parc d’attractions, le Beech Bend Raceway Park sans le montrer pour autant, l’endroit étant peu aguicheur à l’époque, il imagine alors un personnage atypique, capable de vendre tout à n’importe qui : Ernest Powertools Worrell, un je-sais-tout gaffeur qui parle du nez de façon très rapide, simplet mais jamais méchant. Inspiré d’un employé de son père clamant tout savoir tout en prouvant le contraire, il demande à Jim Varney avec qui il travailla de par le passé, d’user de ses talents pour s’approprier le personnage. Le contrat est plus que rempli et Cherry en fait dès lors un personnage omniprésent sur le petit écran enchaînant à tour de bras des publicités pour tout type de produits : pizzas, stations de radios, boissons ou encore produits laitiers, le benêt grimaçant Ernest devient un vendeur de génie ! Il a trouvé sa poule aux œufs d’or tandis que Jim Varney goûte enfin au succès ! Dès 1983, un mini film sort directement en vidéo Knowhutimean? Hey Vern, It's My Family Album permettant à Cherry d’étendre l’aura de son personnage, lui ajoutant une famille entière, chaque membre étant joué par Jim Varney lui-même. Son succès est tellement retentissant que Cherry, dès 1986, lance la production du premier film des aventures d’Ernest Worrell sur grand écran : Dr Otto and the Riddle of the Gloom Beam, mélangeant science-fiction et comédie. Disney sentant le phénomène prendre de l’ampleur décide de produire le prochain film des aventures d’Ernest sous le label Touchstone Pictures. Ainsi, Ernest et les Joyeuses Colonies arrive sur les écrans en 1987 et devient le premier film de la franchise arborant le nom du personnage principal. Fort du succès de cette première collaboration, Disney décide tout de go la production de trois autres films, tous réalisés par John Cherry : Le Père Noël Est en Prison (1988), Ernest en Prison (1990) et Ernest à la Chasse aux Monstres (1991). La franchise développe même une série, Hey Vern, It’s Ernest! dès 1988, pour laquelle Varney décroche le Daytime Emmy Award, l’équivalent d’un Oscar dans le monde télévisuel. En 1989, Disney Channel utilise le personnage le temps d'une émission spéciale (Ernest Goes to Splash Mountain) pour l’ouverture de Splash Mountain à Disneyland Park d’Anaheim ! En 1993, Ernest Frappe Encore est un échec au cinéma ; dès lors, les longs-métrages du personnage clownesque se retrouvent directement en vidéo mais toujours à rythme soutenu : Ernest Va à l’École (1994), Ernest le Champion (1995) distribué sous le label Touchstone Home Video, Ernest va en Afrique (1997) et Ernest à l’Armée (1998). John Cherry arrête ensuite la franchise à la mort de l’interprète principal. En 1999, il produit dans un autre registre Pirates of the Plain, avec Tim Curry (Les Trois Mousquetaires, L'Île au Trésor des Muppets) en pirate égoïste et narcissique. Il avoue lui-même que le succès de son personnage fétiche est essentiellement dû au talent de son interprète, Jim Varney.

James Albert Varney Junior, dit Jim, naît à Lexington dans le Kentucky, en 1949. Dès son plus jeune âge, il s’amuse à imiter ses personnages de cartoons préférés, une aptitude qui n’échappe pas à sa mère qui décide alors de l’inscrire au théâtre du coin pour révéler ses talents pour la scène. Plus tard, à ses 15 ans, il joue le rôle du glacial Ebenezer Scrooge dans un théâtre et décroche même son premier rôle officiel, Puck, dans la pièce de Shakespeare : Le Songe d’une Nuit d’Été. Arrivant à Broadway en 1967, il enchaîne les diners-spectacles et autres stands-ups où il se complaît à évoluer sur scène. Il s’envole ensuite pour Hollywood où il se produit dans quelques séries à l’instar de Operation Petticoat, Pink Lady and Jeff ou encore The Rousters en 1983. Revenant dans son Kentucky natal, il reprend contact avec John Cherry avec lequel il avait déjà tourné quelques publicités et découvre le personnage d’Ernest P. Worrell qui ne le quittera désormais plus. Ce sont ainsi plus de 3 000 spots commerciaux qui seront tournés sur toute la carrière de Varney, qui ne fait désormais qu’un avec son alter-ego Ernest. S’exprimant toujours à un personnage hors-champ, Vern son voisin, il aime ponctuer ses interventions par son accroche devenue célèbre "KnowhutImean?" (littéralement "Tu vois c’que j’veux dire ?") ! Il est alors le héros de plus de neuf films, une série et moults spots télévisés, l’aura de son personnage le dépassant complètement. Il arrive cependant à s'en détacher en jouant un patriarche chanceux dans Les Allumés de Beverly Hills (1993) et prête sa voix à Zigzag dans les deux premiers opus de la saga Toy Story. Grand fumeur, Jim Varney affronte l’inévitable nouvelle en 1998 : un cancer des poumons lui est diagnostiqué. Malgré un traitement de chimiothérapie et une ablation partielle, il meurt dans sa maison dans le Tennessee à l’âge de 50 ans. Il laisse en héritage un personnage sincère, un ami que chacun souhaiterait avoir. Pour son dernier rôle, il donne sa voix au vieux Jebidiah Allardyce "Cookie" Farnsworth dans le Classique Disney Atlantide, l’Empire Perdu, un film qui lui est d’ailleurs dédié.

Contrairement à l’épisode précédent, il est intéressant de noter une apparition à l’écran sensiblement réduite de Jim Varney. Alors qu’il était la vedette incontestable dans Ernest et les Joyeuses Colonies, il semblerait que le personnage clownesque mais attachant, décrit par son interprète comme "un voisin ou un membre de la famille que l’on a tous eu à un moment de notre vie", laisse un peu plus de place aux rôles secondaires. Bien évidemment, ce Monsieur Tout-le-monde, savant mélange de bienveillance et d’humour, atypique dans l’univers télévisuel et cinématographique, facilement reconnaissable par son son look simple mais efficace (une casquette de baseball, une veste en jeans un tee-shirt et un jean), inventeur du "KnowhutImean?" ne manque pas ses interventions, certes plus rares, mais de qualités supérieures ! Au placard donc les gaffes à répétition et les mêmes gags inlassablement réchauffés, Jim Varney montre enfin qu’il est capable de mieux : les scènes le grimant en représentant du gouverneur, en Tante Nelda imposante ou encore en fermier livreur de serpents articulant à peine (s’avérant être Lloyd Worrell issu du film Knowhutimean? Hey Vern, It's My Family Album au même titre que Tante Nelda d'ailleurs), sont absolument irrésistibles ! Il prouve qu’il est avant tout un acteur accompli, capable de faire oublier en quelques instants le personnage qui l’a rendu célèbre, à coups de répliques cultes de John Wayne et de références à gogo. Le scénario joue également un grand rôle à la réussite toute relative de l'opus, étant un peu plus étoffé que celui du premier film. Le casting , enfin, se retrouve lui aussi amélioré, avec quelques personnages secondaires plus ou moins mémorables, toute proportion gardée.

Dans le rôle du Père Noël, aussi prénommé Seth Applegate, le spectateur retrouve ainsi Douglas Seale. Acteur et producteur anglais né à Londres en 1913, il s’illustre dans de nombreuses pièces de théâtre au sortir de la seconde guerre mondiale (Henry V, Le Roi Lear, César et Cléopâtre) puis use ses traits de vieil homme pour faire quelques apparitions dans S.O.S Fantômes 2 ou encore Monsieur Destinée. Il prête même sa voix à Krebbs le koala dans Bernard et Bianca au Pays des Kangourous et au Sultan dans le Classique Aladdin. Dans Le Père Noël Est en Prison, il livre une prestation convaincante d’un Père Noël usé par les années, prêt à passer le flambeau. Il contrebalance avec un bon équilibre la folie d’Ernest et forme un trio avec ce dernier et la jeune Mindy. Également appelée Harmony Starr, elle est jouée par l’actrice Noelle Parker qui s’illustre ici dans l’un de ses rares rôles au cinéma. Au début racoleuse, elle devient touchante quand la magie de Noël s’empare enfin d’elle.
Le digne héritier du Père Noël, Joe Carruthers, est joué par Oliver Clark. Cet acteur américain enchaînant les petits rôles dans diverses séries (Karen, Les Craquantes, Barney Miller) s’offre ici une courte incartade sur le grand écran, ayant en effet plus l’habitude de la petite lucarne. Un rôle somme toute sérieux qui lui va comme un gant et accentue de la même façon l’excentricité d’Ernest Worrell.

D’autres petits intervenants notables peuvent être soulignés comme Gailard Sartain, déjà vu dans Ernest et les Joyeuses Colonies où il formait aussi un duo. Il se voit, en effet, encore une fois flanqué d’un acolyte, Bobby, sous les traits de Bill Byrge (Ernest Va à l’Ecole, Ernest en Prison) ; tout deux jouant des agents d’entrepôt. Ce duo, signant sa première apparition sur grand écran dans Le Père Noël Est en Prison, n’est pourtant pas nouveau car il fait les beaux jours de l’entreprise de publicités Carden & Cherry dans une série de spots publicitaires nommée Me and My Brother Bobby et se voit présent également dans la série télévisée Hey Vern, It’s Ernest!. Ces deux frères, supposés jumeaux ne se ressemblant pas, sont absolument de parfaits contraires. Alors que l’un est un véritable moulin à paroles, l’autre use des mots avec parcimonie. Dans Le Père Noël Est en Prison, ils offrent quelques séquences prêtant à faire sourire, sans s’esclaffer pour autant.
Autre personnage notable, Robert Lesser (Piège de Cristal, Godzilla) interprète ici un agent artistique discourtois, prêt à tout pour se débarrasser du vieil homme voulant détourner Joe Carruthers de sa destinée de star du show-business. Bien que ses intentions soient aux antipodes de celles du Père Noël, cela ne fait pas de lui le méchant de l’histoire, ce film étant le seul de la franchise à ne pas en disposer.

La musique de l’opus est confiée à Mark Snow, un compositeur américain notamment connu pour son travail dans les séries X-Files : Aux Frontières du Réel, Smallville ou encore Les Frères Scott. Dans Le Père Noël Est en Prison, il parsème le long-métrage de notes classiquement utilisées dans les films de Noël, donnant ainsi l’illusion de magie qui manque cruellement au récit. Le contrat est rempli, sans délivrer un thème-titre pouvant être lié au film.

Tourné dans les Disney-MGM Studios à Orlando en Floride, alors inachevé, le film est alors le premier de la franchise à sortir des limites du Tennessee. La maison de Vern, qui fait également sa première "apparition" (et qui n’en est pas vraiment une) est en réalité une façade présente sur Residential Street, formant alors une partie de l’attraction Studio Backlot Tour, visible avant sa démolition en 2003. Question succès, l'opus rembourse son budget et atteint même un gain final supérieur à son aîné, à plus de 28 millions de dollars. Véritable phénomène outre-atlantique, les aventures d’Ernest ont, il est vrai, bercé toute une génération d’Américains, absolument comblés par l’humour et la répartie de l’alter-ego de Jim Varney.

Un dernier avis pourrait être émis sur le choix du titre français du long-métrage. Il s'avère en fait complètement inadapté vis-à-vis de l’histoire, le Père Noël restant pour ainsi dire que quelques minutes, à l’écran, et en prison ! Dès lors, pourquoi ce titre alors qu’une traduction littérale de l'original (Ernest Sauve Noël) aurait suffi ? Il faut voir dans ce choix une volonté certaine de mettre en avant le personnage du Père Noël pour le public français, davantage connu que celui d’Ernest, dont la renommée est encore à faire dans l'Hexagone. Pour autant, le titre français ne restitue pas du tout ce qu’il prétend offrir et tient plutôt de la publicité mensongère, tout en apportant une confusion supplémentaire avec l'opus suivant : Ernest en Prison.

Sensiblement supérieur à l’opus précédent essentiellement par son récit significativement étoffé, Le Père Noël Est en Prison offre la possibilité à Jim Varney de montrer toute l’étendue de son talent, plus cantonné à son personnage fétiche. Le scénario prend cependant peu de risques, recyclant la recette ayant fonctionné jusqu’ici, avec pour ingrédient principal un Ernest exubérant et excentrique. Définitivement ancré dans une époque et malheureusement desservi par des effets spéciaux bas de gamme, il ne manque pas grand-chose pour que la magie de Noël fasse son effet…

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